— Par Marlène Hospice, docteur en ethnologie et en sociologie comparée —
Ô Chimères!. Il en va d’une certaine manière pour l’individu comme pour un groupe humain. Du fond des âges de l’humanité jusqu’à nos jours, des fantasmes s’emparent d’eux, les vampirisent, déroutant leurs actes vers des caps fous et fracassants.
Ô chimères!
Les Grecs les ont matérialisées en figures animales diaboliques au corps de chèvre, à la tête de lion et à la queue de serpent. Les Haïtiens – jamais en reste d’ironie créatrice collective quelque soit le poids des fléaux qui les accablent -ont eu à faire face dans les années 2001-2005 de Jean-Bertrand Aristide – aux Chimères en chair et en os, sous les figures prédatrices de bandes armées dignes émules des sinistres Tonton Macoutes des Duvallier père et fils.
En Martinique, nous avons les flambeaux de la demande de réparations de l’esclavage.















« J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire. » Ainsi Eric Zemmour traçait-il, en novembre 2008, sur Arte, une ligne de démarcation entre lui et son interlocutrice, la militante antiraciste Rokhaya Diallo. L’écrivaine Nancy Huston et le biologiste Michel Raymond (CNRS) viennent aimablement d’offrir au polémiste, cinq ans plus tard, une formidable caution scientifique et intellectuelle.

Que nous soyons tous différents, selon nos origines, nos conceptions politiques, religieuses, idéologiques, nos âges ou nos expériences diverses, quoi de plus normal dans toute société démocratique ? Mais il arrive que les démocraties se perdent, dans des expériences négatives. Cela se produit lorsque nous oublions le sens du bien commun, surtout quand l’Etat et les partis politiques n’ont guère le souci d’un sens plus élevé de la politique. C’est ce qui s’est produit avec la tragédie de la chlordécone. Des intérêts particuliers ont prévalu sur le bien public. Il appartient donc aux différentes composantes de la société civile de se révolter et de réaffirmer le sens du bien public c’est-à-dire de l’intérêt général. Telle la tache de l’heure, celle qui nous dicte de manifester le premier juin contre la reprise de l’épandage aérien. Et nous devons le faire pour plusieurs raisons :

