
—Par CHRISTINE DETREZ sociologue, maître de conférences à l’Ecole normale supérieure de Lyon, RÉGIS MEYRAN anthropologue, chercheur associé au Lirces (Nice-Sophia antipolis) —
A l’heure où le mot de race vient d’être supprimé de la législation et où des députés poursuivent leur cabale contre l’enseignement des théories du genre en SVT, le Monde publie un texte de Nancy Huston et Michel Raymond (1), intitulé «Sexe et race, deux réalités», surprenant de par son caractère rétrograde. Les sciences humaines et sociales sont accusées par les auteurs en question de «cécité volontaire» vis-à-vis des sciences de la nature, ces dernières seules ayant le privilège de dire ce que sont la race, le sexe et même la réalité.
C’est là opposer fictivement deux camps : car il n’existe pas un unique point de vue, ni en «sciences de la nature» ni en sciences sociales. Il est du reste naïf de penser que les premières produisent des «faits avérés et irréfutables» et les secondes seulement des «mythes modernes».











Est-il possible d’envisager des réparations financières pour les crimes commis lors de l’esclavage ? En décrétant que «l’histoire ne peut pas faire l’objet d’une transaction», François Hollande vient de répondre négativement à cette question, le 10 mai, lors de la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage. La formule est habile. Pourtant, si l’on regarde les choses de plus près, la question est plus complexe, et ne peut être évacuée aussi facilement. Christiane Taubira, qui est à l’origine de la loi de 2001 reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité, et instituant la journée du 10 mai, a eu raison de corriger immédiatement le tir présidentiel, en évoquant dès le lendemain la nécessité de réfléchir à des formes de politique foncière et de redistribution des terres en faveur des descendants d’esclaves dans les territoires français d’outre-mer. 








