Catégorie : En librairie

Essais. Une rentrée entre ombre et lumière

— par Nicolas Dutent —

bibliothequeEn dépit d’une baisse inexorable du temps consacré à la lecture, de la mainmise d’Amazon qui bouleverse l’économie du livre, et plus largement le commerce des biens culturels, l’offre éditoriale des sciences humaines et sociales demeure fournie et impose d’innover.

Amazon est « un cancer, son but avoué est de supprimer les intermédiaires, d’en finir avec les libraires, puis d’en finir avec l’édition ». Éric Hazan, éditeur engagé à la tête de la Fabrique, ne mâche pas ses mots pour identifier la tourmente qui frappe son secteur. Invité par le site d’entretiens critiques Hors-Série, le professionnel devait concéder qu’« Amazon est notre premier client, comme c’est le premier client de tous les éditeurs », fustigeant l’obligation de se soumettre au cybermarchand omnipotent, le refus de vente demeurant un « délit correctionnel ». Dans cette tempête – le spectre de la faillite hantait récemment encore Aden en Belgique, les Éditions du croquant et les librairies Chapitre en France, pour ne citer qu’eux – le vocabulaire de la résistance est limpide : « On ne saurait trop inciter les gens qui lisent à acheter leurs livres dans les librairies. 

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Retour sur le roman « L’esclave » de Michel Herland.

— Par Roland Sabra —
l_esclave_herland-400Dans le roman « L’esclave » de Michel Herland, il y a peu de personnages positifs. Une figure centrale apparaît sous des identités différentes, Michel essentiellement, Emmanuel un peu moins, animée par un solide égo-centrisme qui n’est pas un égoïsme. Ce n’est pas un « moi d’abord » qui prévaut mais plutôt un « moi aussi ». Il ne s’agit pas tant de s’aimer plus que les autres, ce qui est assez banal, que de s’aimer dans le regard que les autres portent sur soi sans pour autant s’aimer véritablement. Cela paraît un peu compliqué mais que l’on se rassure Piaget définit l’égocentrisme comme un stade normal du développement. Il y a bien quelques personnages qui pourraient endosser la défroque du héros mais ce sont des personnages secondaires. L’histoire ou plutôt les histoires s’ordonnent autour de cette figure centrale, bien dessinée par M. Herland dans le personnage de Michel dont la philosophie est largement teintée d’utilitarisme.

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« Le respect de l’amour » 10e épisode

djebaba— Par Djénaba Diallo & Michel Pennetier—

Chapitre IV

Suite de l’épisode 9

La France

Le gigantisme de Roissy, cette façade prétentieuse de l’Occident ne l’impressionne pas. Sur le tapis roulant qui la surprend quand même un peu, pas d’émotions particulières, pas d’exaltation, pas de frisson de l’aventure, elle pense simplement à tous ces gens qu’elle a laissés en Afrique et qui ont voulu l’empêcher de faire sa vie, et elle a envie de leur dire : « Voilà, je vous ai échappé, maintenant je suis mon chemin ». Sur le sol de la France, elle se sent en accord avec elle-même. Elle téléphone à une tante de Dakar, une intellectuelle, pour lui dire qu’elle est bien arrivée. La femme lui demande ses premières impressions. «  Il y a beaucoup de Blancs, plus qu’à Dakar », dit Djen en riant. Puis elle appelle son père qui lui dit tout surpris : «  Ma fille, tu es un homme ! ».

Djen arpente l’aéroport bruissant de milliers de voyageurs qui arrivent ou partent, des appels sucrés des hôtesses. Elle trouve enfin la file des taxis et se fait conduire à la Gare de Lyon.

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« L’esclave » : un roman érotico-théologique original de Michel Herland

— Par Roland Sabra —

l_esclave_herland-400C’est un livre étrange que nous offre Michel Herland à l’aube de sa retraite de Professeur des Universités, en Sciences Économiques. Étrange, inclassable. Le titre ? L’esclave. Le genre ? Indéfini, il balance allègrement entre érotisme, théologie, philosophie avec une pointe d’histoire de la pensée économique. L’histoire ? Il y en a quatre qui se rejoignent à la fin. La première débute en 2009, un professeur de philosophie, à Aix-en-Provence, par ailleurs marié et père de famille, drague une de ses étudiantes, la séduit, la baise entre deux cours, lui fait cours entre deux baises. Situation de pouvoir, relation de domination entre le maitre, Michel et l’élève, Colette. La deuxième histoire est le prolongement de la première, soixante dix ans plus tard, nous sommes en 2081, Colette à l’annonce de la mort de Michel dont elle n’a cessé d’être amoureuse, recompose, revisite l’histoire première à la lumière d’une situation politique caractérisée par le dépérissement de l’Occident chrétien en voie d’islamisation. Pas moins!

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Le livre fait une rentrée de qualité sur fond de crise

— Par Alain Nicolas —

livres_rentreeLa nouvelle ministre de la Culture aura fort à faire pour rassurer une profession inquiète d’une baisse durable de ses ressources et de
la puissance des géants du Net. Fleur Pellerin, connue pour leur être très favorable, saura-t-elle défendre un secteur innovant mais fragile ?

Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en agace, le phénomène « rentrée littéraire » existe, et n’est pas seulement un effet de perspective. Bien entendu, six cents romans publiés entre mi-août et mi-novembre, c’est un rythme mensuel à peine supérieur à la moyenne de l’année⋅ Et la « rentrée de janvier » déverse sur les tables des libraires presque autant de titres⋅ Mais, course aux prix exige, la médiatisation à outrance crée l’« événement rentrée » autant qu’elle en rend compte⋅ Le bon côté de la chose, c’est que cette période de l’année est celle où l’on parle le plus de littérature.

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«Le respect de l’amour» (9e épisode)

djebaba

— Par Djénaba Diallo & Michel Pennetier—

Suite de l’épisode 8

Chapitre III

Les années Dakar

La jeune femme habillée à l’européenne, simplement mais avec goût, marche d’un pas ferme dans les rues de Dakar. Elle traverse les ruelles populeuses encombrées de marchands, elle arpente les grandes avenues sous les eucalyptus bordées de grands immeubles modernes où prospèrent les banques et les boutiques de luxe. Dakar, c’est déjà la France, se dit Djenaba, et elle respire l’air de la liberté. Pour autant, elle ne rêve pas, elle laisse sans regret le passé, l’ambiance de la famille et du village, l’oppression de la coutume où on ne peut rien dire, où la notion d’autonomie et de droits de l’individu, surtout pour la femme, n’a pas de sens. Non, ce monde-là, elle n’en a jamais voulu. Quelque part, se dit-elle, j’ai toujours été émancipée, je n’ai pas eu besoin de faire un chemin vers cela, c’était toujours en moi. Et maintenant, elle a ce sentiment de plénitude d’elle-même et d’indépendance. Cela se voit à sa démarche et à son regard assuré. Elle est entièrement dans le présent de sa vie à Dakar, une vie active de travail, ici le ménage et la cuisine chez des Français, là à l’ambassade de France chez un diplomate, autre part encore dans les bureaux d’une organisation de jeunesse.

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« Lucie solitaire » un livre de Clarisse Bagoé Dubosc

—Par Christian Antourel —

lucie_solitaireCHEMINS DE LIBERTE

Clarisse Bagoé Dubosq, qui partage sa vie entre la Martinique, Paris et la Provence, est à la fois écrivain, cinéaste et peintre. Lucie Solitaire est son second roman.

Dès les premières pages ça nous dit quelque chose. Comme une musique lointaine qui contient nos racines nous arrive auréolée d’un soleil mélancolique. Clarisse Bagoé Dubosq écrit un roman croissant dont la vérité veut éclater à chaque ligne. Elle donne une version originale d’un standard récurrent aux Antilles, dans ces années où elle plante le décor : rester là ou partir ? s’établir ou revenir ? être ou ne pas être ? La prose authentique de l’auteure, marquée d’une élégance naturelle est rendue vivante, concrète, et bat au rythme du temps maitrisé qui reflète l’époque et le lieu, écrits de profondes empreintes sociales⋅ La recréation de l’expérience étant la tâche première de l’auteure, elle écrit de manière vraie, qui signifie d’écrire de manière sincère La sincérité n’est pas tant une question de morale ici, qu’un aspect technique du style.

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Rentrée 2014: la riche moisson des romans d’Afrique et de sa diaspora

— par Tirthankar Chanda —

livres_afrikLes amoureux des littératures d’Afrique et de la diaspora noire n’ont pas à s’en faire, la succession des Achebe, Gordimer et Kourouma est assurée. Preuve en est cette rentrée littéraire 2014 dans laquelle la nouvelle génération d’auteurs plus talentueux les uns que les autres a la part belle. Sans pour autant faire de l’ombre à leurs aînés qui se distinguent encore et toujours par leurs productions étonnantes de puissance et d’inventivité. .

Avec les romans de Taiye Selasi, Fiston Mwanza Mujila, Chibundu Onuzo et Max Lobe programmés cet automne, la rentrée littéraire 2014 a mis le cap sur la nouvelle génération d’auteurs africains. Héritiers de la grande tradition de la fiction d’Afrique en langues européennes, ces nouveaux « afropolitains », terme par lequel ils aiment se désigner, donnent à lire des récits résolument modernes dont l’action se déroule entre l’Afrique d’où ils sont issus et l’Occident où ils battent le pavé à la recherche d’inspiration et de reconnaissance. Ils écrivent sans complexe dans les langues des anciens colonisateurs sans se plus poser les questions devenues aujourd’hui caduques sur le désespoir de devoir raconter « avec des mots de France ce cœur qui (leur) est venu du Sénégal » !

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Journée du livre haïtien : Claude Dauphin, invité d’honneur

Samedi 16 août 2014, 11 h 30 à 20 h

Centre N A Rive, 6971 St-Denis, Montréal

hst_styl_music_haitiHommage à Claude Dauphin
et lancement de son livre Histoire du style musical d’Haïti.

 L’ouvrage le plus considérable qui ait jamais été écrit sur la musique haïtienne et la diversité de ses pratiques.

 Samedi 16 août – 15h30

« Histoire du style musical d’Haïti représente pour moi l’aboutissement de plusieurs décennies d’observation, de réflexions et d’analyses des traditions et de la production musicales haïtiennes. Après moult publications que j’ai consacrées à l’esthétique musicale européenne du XVIIIe siècle, je suis particulièrement heureux de dédier cette étude à mes compatriotes haïtiens, aux amoureux de la culture caraïbe et à la communauté internationale des musicologues. »— Claude Dauphin.

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Métaspora, essai sur les patries intimes, de Joël Des Rosiers

"là où l’espérance fait défaut, l’âme se dessèche et s’exténue"

— Par Tanella Boni(*) —

joel_des_rosiersPoète, essayiste, psychiatre et psychanalyste, Joël Des Rosiers publie en novembre dernier Métaspora, Essai sur les patries intimes(1). Une publication parue chez Tryptique à Montréal, comme l’ensemble des titres de l’auteur depuis 1987. Joël Des Rosiers est récipiendaire de nombreux prix parmi lesquels, en 2011, le prix du Québec Athanase-David pour la qualité exceptionnelle de son œuvre. Focus sur son dernier essai.

Il y a d’abord la couverture, avec un titre énigmatique, comme souvent chez Joël Des Rosiers – Métaspora, Essai sur les patries intimes – énigmatique parce qu’il attire le regard et convoque, déjà, l’entendement comme dirait quelque philosophe.

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Faire l’amour par Skype : Ruppert & Mulot nous expliquent tout

technique_du_perinee— Par Le NouvelObs —

Sur la première planche, une tour filiforme s’élance à l’assaut d’un ciel jaune. Sur la deuxième, deux silhouettes se tiennent sur l’étroit sommet. L’homme tient un sabre, la femme, une dague. Ils plongent dans le vide. En même temps qu’ils tombent, ils se déshabillent, s’enlacent.

Elle : « J’ai deux, trois scénarios sur lesquels je jouis en ce moment.»
Lui : « Tu peux me raconter ou c’est trop perso?»
Elle : « Je te raconterai, mais pas aujourd’hui.»

Ils plantent leurs armes dans la paroi, y tracent deux sillons qui ondulent comme les vagues de la jouissance. La chute ralentit.

Lui : « Tu es sublime.»

L’extase s’achève en page 10 : sur un canapé, «jh. sympa», jeune trentenaire, se masturbe en skypant avec «sarah.chaude» via un site de rencontres. Une ouverture somptueuse où le dessin futuriste de Ruppert & Mulot raconte la sexualité au temps du numérique…

Ce sont les corps qui parlent

Au fond d’une impasse arborée dans le 10e arrondissement de Paris, Florent Ruppert et Jérôme Mulot reçoivent autour d’une table de jardin un peu branlante.

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Le Raconteur

le_raconteur— Par Rafaël Lucas —

Notre raconteur est un être minimum, un modèle d’insignifiance, qui observe une microsociété antillaise vivotant dans l’Impasse Bellenvent, la bien nommée. C’est un être de vision, d’audition, d’olfaction et de mémoire. Tantôt « submergé par l’odeur des rêves », tantôt paralysé par une nausée existentielle, il va et vient, furtivement, entre rêveries et observation, entre chronique et méditation, entre réflexion et racontage. Que raconte-t-il donc ? Des histoires de couples enlacés dans un tango de ratages, « trop peureux pour être heureux », des personnages pataugeant dans le bourbier de leurs pulsions et sensations, mais aussi des combats et des éblouissements. Comment oublier l’histoire du vélo suspendu, la disparition du Dr. Patch et la lutte de Zyé Kléré (les yeux ouverts) ?
Ici, comme chez le Martiniquais Xavier Orville, l’insolite côtoie l’analyse au sein d’une vision révélatrice. Dominique Deblaine révèle le va-et-vient entre le carnaval des apparences et la vérité des sentiments mais aussi les beautés d’une société saisie dans sa complexité⋅
Rafaël Lucas.

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L’Incertain témoigne de la fécondité littéraire des Antilles

L Incertain n1Par Selim Lander – Au temps des tablettes et des liseuses, une jeune maison d’édition martiniquaise lance une « revue de création littéraire et critique », sous la forme de petits livres au format de poche (1). L’avenir seul dira si la présentation adoptée par les copistes du Moyen Âge (une liasse de feuilles de même dimension) et continuée depuis sans autres changements que dans les techniques de fabrication, est condamnée à disparaître au profit d’autres supports. En attendant, les chiffres montrent que le papier résiste, car, même s’il est loin de disposer de la capacité de stockage des instruments modernes, il offre un confort de lecture jusqu’ici inégalé. La question de la capacité, au demeurant, importe peu à la plupart des lecteurs qui se satisfont de lire un livre à la fois et n’ont nul besoin de transporter en permanence une bibliothèque avec eux ! Si elle maintient son exigence de qualité, L’Incertain mérite donc d’échapper au sort de tant d’autres revues littéraires créées dans l’enthousiasme mais n’ayant connu qu’une existence éphémère. 

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Parutions… Sociologie… Monde caraïbes… Travail social… Juin 2014

foot_bresilLE FOOTBALL BRÉSILIEN

Regards anthropologiques, géographiques et sociologiques

Sous la direction de Bertrand Piraudeau

Cet ouvrage décrit d’abord une brève histoire du football brésilien. Il analyse ensuite les mouvements migratoires des footballeurs professionnels brésiliens, les zones et les frontières dans la circulation globale des footballeurs et la part d’ombre dans le football brésilien. Enfin il souligne les centralités urbaines en relation avec les clubs de football brésiliens pour conclure sur une réflexion sur le paysage et l’identité à travers les stades brésiliens. Le livre est illustré par de nombreuses cartes, figures et photographies.

(Coll. Inter-National, 19,5 euros, 218 p., juin 2014) EAN : 9782343037110

EAN PDF : 9782336349169

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Le respet de l’amour (8)

djebaba

Ch.2 « Les amants de Dougouké », 8e épisode

Suite de l’épisode 7

 Dans cette bourgade de Bayangara, beaucoup de jeunes trainent dans la rue sans emploi. Le niveau scolaire est très bas, l’ambiance est délétère avec des enseignants sans motivation. Djenaba a envie de renouveler sa première expérience associative et réunit des jeunes autour de l’idée que chacun doit commecter une certaine somme, en créant une petite activité comme livrer du bois, aider des commerçants, s’engager comme manutentionnaire sur des chantiers, en vue d’organiser une fête de temps en temps. L’objectif de la fête, la « colledera », un terme portugais qui s’est implanté au Sénégal,  est des plus motivant pour ces jeunes qui s’ennuyaient et les poussent à sortir de leur léthargie.

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« L’élite renvoie les nouveaux venus à leur pedigree »

Jules Naudet : Entrer dans l’élite. Parcours de réussite en France, aux États-Unis et en Inde (PUF)

— Par Jacques Minier —

reussite_socialePour de nombreux sociologues, le désir de mobilité et d’ascension sociale tiendrait aujourd’hui lieu d’« ontologie de l’homme moderne », certains suggérant même que le projet d’ascension sociale se serait imposé comme une alternative à la lutte des classes. Jules Naudet a étudié les parcours de près de 160 personnes dans trois pays très différents : l’Inde, les États-Unis et la France et cette comparaison fait clairement ressortir les particularités propres à chacune des sociétés à cet égard. Il a observé dans les récits de vie de ces nouvelles élites et les « identités narratives » qui s’y déploient, la manière dont celles-ci cherchent à réduire la tension qui existe entre leur milieu d’origine et leur milieu d’arrivée et comment elles parviennent avec plus ou moins de bonheur à s’intégrer sans pour autant renier ou « trahir » leurs origines Les trois pays étudiés offrent de ce point de vue des modèles presque opposés : l’Inde, avec son système de castes, même atténué aujourd’hui, apparaît comme l’archétype de la société fermée où les statuts sociaux sont assignés bien qu’une certaine mobilité sociale y reste possible.

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Le respect de l’amour (7)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebabaCh.2 «  Les amants de Dougouké », suite du 6e épisode

Julien devint un hôte assidu de la maison des Diallo. Ils bavardaient souvent en tête à tête, mais Djénaba ne livrait rien de ses secrets, ce n’était pas son genre de parler d’elle-même, de se confesser à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas encore bien. De temps en temps, elle lui rendait visite aussi dans la petite maison. Elle s’est attardée un soir. Il attire son visage vers le sien. Un chaste baiser.  «  Tu es si belle ». Je ne me suis jamais trouvée belle, à force de l’entendre, j’ai commencé à y croire. Mais venant de la bouche de Julien, en cette seconde, j’y ai cru vraiment. J’étais belle pour lui.

 Elle voulut partir. Il la retint.

Il fait déjà nuit. Ce n’est pas prudent de sortir maintenant. Reste avec moi, s’il te plait.

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Le monde de la bande dessinée en ébullition

dessinateurs748 auteurs de bande dessinée ont adressé une lettre ouverte à la Ministre de la Culture dans laquelle ils dénoncent une réforme injuste pour leur retraite. Nous en publions des extraits ainsi que la liste de quelques-uns des principaux signataires.
« Depuis des années, sans bruit, sans révolte, nous survivons par passion pour notre métier, pour nos histoires et ceux qui les lisent, mais aujourd’hui, nous voyons notre fin approcher et nous refusons de nous y résigner. En mars dernier, à l’occasion du Salon du Livre de Paris, le Conseil Permanent des Écrivains avait tiré la sonnette d’alarme, exposant de nombreux motifs d’inquiétude sur l’avenir immédiat de notre profession. À cela s’ajoute la paupérisation croissante qui frappe les auteurs, que ce soit au travers
des baisses d’avances ou de pourcentages, ou par l’apparition de formules numériques illimitées qui ne rémunéreront personne, sinon les diffuseurs.

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Le respect de l’amour (6)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebabaSuite de l’épisode 5

Chapitre II

Les amants de Dougouké

6ème épisode

Djenaba est revenue à Dougouké. Elle est en deuil de l’enfant et d’elle-même, de la vie rêvée, mais convalescente. Les blessures guériront, elle le sait. La maladie de la dépression est presque inconnue en Afrique. On peut souffrir immensément, mais il y a sur ce continent une réserve d’énergie vitale qui semble inépuisable. Djen a une foi simple et profonde, tout vient du Tout-Puissant, il donne et il prend. Elle n’a ni amertume, ni haine, elle n’accuse personne, ni elle-même. Elle est certes au plus profond dans la solitude avec sa souffrance, mais il y a toujours les autres autour d’elle, la solidarité tacite du groupe et elle le rejoint tout naturellement. Le travail ne manque pas à la maison et c’est une sorte de thérapie. Elle aide sa mère aux tâches ménagères, elle se lance dans la couture et le crochet et apprend le savoir-faire en lisant « Femme actuelle ». Son père, voyant sa dextérité – « Djenaba a douze métiers dans ses dix doigts », lui achète une machine à coudre.

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« Fernando Ortiz contre la race et les racismes » : un livre qui ne meurt pas

— Par Susana Méndez Muñoz —
fernando_ortizLors du dernier Samedi du Livre, la respectée Dr. Ana Cairo a présenté l’ouvrage Fernando Ortiz contra la raza y los racismos (Fernando Ortiz contre la race et les racismes), une compilation de textes réalisée par les Dr Jesús Guanche Pérez et José Antonio Matos Arevalos.
Le livre Fernando Ortiz contra la raza y los racismos a été publié par la maison d´édition Nuevo Milenio, sous son sceau de Sciences Sociales, et regroupe onze textes peu connus de Don Fernando Ortiz, datés entre les années 1910 et 1964, dans lequel l´auteur réfléchi sur le mythe des races et sur les différentes manières dont le racisme se manifeste.

José Antonio Matos Arevalos, docteur en Philosophie de l´Université de La Havane et spécialiste de l´étude des œuvres non publiées de Fernando Ortiz, a remercié les personnes présentes et la Fondation Fernando Ortiz pour le travail qu’il a réalisé durant de nombreuses années et il a souligné qu´une meilleure compréhension de cette personnalité paradigmatique de la culture cubaine dans les écoles et les universités est néanmoins nécessaire.

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Le respect de l’amour (5)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

ch 1 «  Le tourbillon » 4e épisode

djebaba

Suite de l’épisode 3

Djenaba, adolescente, a un grand besoin d’action. Elle fonde dans son quartier une association d’entre-aide avec d’autres jeunes. L’objectif est de gagner un peu d’argent pour l’achat des fournitures scolaires et de l’uniforme obligatoire à l’école. C’est aussi pour faire une fête de temps en temps. Elles vendent les feuilles d’une plante qui pousse à foison dans la brousse, du « bissap » vert que l’on mélange au riz ou du rouge pour préparer une boisson. Elles achètent de l’huile et de la farine pour préparer des beignets vendus ensuite dans la rue. Djenaba est la trésorière, la moitié de la recette est réservée aux achats scolaires, l’autre moitié pour faire de temps en temps une fête de quartier.

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Le respect de l’amour (4)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

Suite de l’épisode 3 djebaba

LE RESPECT DE L’AMOUR, Ch.1 «  Le tourbillon » ,

 Le narrateur :

 Les paroles de Djenaba entrent en moi depuis trois semaines, c’est un flux rapide émaillé de tournures percutantes dont j’essaie de restituer quelques unes : «  je gère le mal », «  il faut faire un bisou au lion » ( parlant de la seconde épouse) , «  Les mères déglutissent sur les enfants ce qu’elles ont sur le cœur » ( parlant de sa mère), «  les hommes sont des chasseurs », «  Je peux avoir de la colère, mais je n’ai pas de haine car je comprends chaque être humain et la colère devient pitié » (évoquant les hommes). J’aurais pu enregistrer tout simplement les paroles de Djenaba et en conserver toute la fraicheur.

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Le respect de l’amour (3)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebaba

Suite de l’épisode 2

 « LE RESPECT DE L’AMOUR » Chapitre 1 « Le tourbillon »,

Quand Djeneba a huit ans, comme une école s’est ouverte dans cette ville, le père la ramène à Dougouké. Elle y retrouve sa mère, ses deux soeurs et son frère, tous nés après elle. Les deux épouses ont chacune leur habitation séparée par une barrière mais elles élèvent ensemble les enfants, font la cuisine à tour de rôle. Il arrive que la seconde épouse frappe Sirandine. Le père achète chaque mois la nourriture pour toute la maisonnée, mais la seconde épouse en prélève une partie pour la revendre à son profit, sans que le père le sache. Sirandine cultive un champ dont le produit représente un complément de nourriture familiale.

C’est une maison à l’africaine très simple avec un grand salon pourvu de meubles en bambou que l’on n’utilise presque jamais car il y a une terrasse tout le long de la maison et un abri tôlé à côté, et c’est là que séjournent à l’ombre toute la journée la nombreuse maisonnée et les innombrables visiteurs qui passent pour bavarder et boire le thé.

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Le respect de l’amour (2)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebaba

Suite de l’épisode 1

Mohamed se promène dans la rue. Il porte une belle ceinture à la taille et une montre de valeur au bras. Un individu l’aborde : « Mohamed, quelle magnifique ceinture ! Regarde, moi, je n’ai que cette ficelle pour tenir mon pantalon. » Mohamed donne sa ceinture et rentre à la maison en tenant de ses mains son pantalon. Mais avant d’arriver, il a donné sa montre à un autre quémandeur.

Mohamed est relativement aisé, il ne supporte pas de regarder la misère autour de lui sans réagir. Il achète régulièrement des sacs de céréales pour ses voisins.

 Force de la bonté. Sa propension innée à l’empathie lui fait ressentir toute souffrance, tout désarroi de l’autre. Il ne laisse personne sans secours.

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Le respect de l’amour (1)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebaba« Elle était satisfaite d’être Khady, il n’y avait eu
nul interstice dubitatif entre  elle et  l’implacable
réalité du personnage de Khady Demba …
A présent encore c’était quelque chose dont elle
elle  ne doutait pas –  qu’elle était indivisible  et
précieuse, et qu’elle ne pouvait être qu’elle-même. »

Marie Ndiaye : «  Trois femmes puissantes »

Avant-propos

Est-il vrai que toute vie, du moment qu’on la perçoit en  sa profondeur, mérite d ‘être racontée ? Est-il vrai aussi, comme le pense Christophe Donner, que l’imagination est plus un obstacle qu’une bénédiction pour un romancier ?  Dostoïevski disait : » Que peut-il y avoir de plus invraisemblable que la réalité ? Jamais un romancier ne proposera d’impossibilités aussi impossibles que celles que la réalité nous présente chaque jour par milliers, sous l’aspect des choses les plus ordinaires ».

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