Catégorie : En librairie

« La Crête-à-Pierrot » de Charles Moravia

Réédition des Classiques et Livres Rares du Patrimoine haïtien des XIXe et XXe Siècles

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En cette année où nous nous apprêtons à commémorer le centenaire de l’occupation américaine en Haïti (28 juillet 1915 – 28 juillet 2015), les Editions BOHIO invitent tout un chacun à faire une revue de la question du patrimoine et de la souveraineté nationale. C’est l’occasion aussi de lancer notre vaste projet de « Réédition des Classiques et Livres Rares du Patrimoine haïtien des XIXe et XXe Siècles ».

Par la réédition, un éditeur contribue à la sauvegarde du patrimoine littéraire. Bien souvent, les rééditions sont accueillies avec le plus grand bonheur par les professionnels de la lecture. De plus, ces titres rendus à nouveau disponibles pour le lectorat contemporain, constituent des outils pédagogiques précieux pour les écoliers et les étudiants qui souvent connaissent les œuvres anciennes seulement à travers des extraits très courts ou des critiques ou commentaires contenus dans les manuels scolaires⋅

Charles Moravia, qui fut emprisonné pour s’être opposé à l’occupation de son pays, a l’honneur d’ouvrir cette liste dorée avec son épopée dramatique « La Crête-à-Pierrot », qui n’a jamais été rééditée depuis sa première publication du vivant de l’auteur en 1907 !

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Métaspora : au-delà de l’identité ou l’ouvroir anthropologique de l’écrivain des Tropiques

— Par Paultre Pierre Desrosiers —

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« Celui qui n’a pas de patrie acquiert une autre liberté. »
– Stefan Zweig, Le Monde d’hier

Métaspora. Essai sur les patries intimes de Joël Des Rosiers est le fruit d’un long et pertinent travail de réflexion qui se donne pour ambition de s’ouvrir aux expériences sensibles, aux modifications des pratiques et des représentations que les « égarés » produisent, car issues des richesses inépuisables de la confusion du monde et de l’enchevêtrement des cultures. C’est que la mondialisation des idées, des biens et de la littérature est un phénomène déjà ancien. Goethe jadis rappelait son espoir de la transfiguration du réel par une Weltliteratur (littérature mondiale). De l’univers contemporain souvent hybride et animé de complexités diverses dont une histoire postcoloniale toujours pesante, Des Rosiers rapporte des utopies culturelles et des fulgurances esthétiques qui congédient la suprématie du local sur l’universel, de l’origine instinctive sur la pensée mûrie⋅ Au fil de lectures et de compagnonnages qui vont bien au-delà des références communes : de la philosophie à la littérature, de la peinture contemporaine à la photographie puis du cinéma à la musique urbaine et à la politique, l’auteur s’empare de toutes les formes de la culture dominante dans une érudition héritée de Borges, fragmentaire et profondément poétique⋅

Lire aussi : Tanella Boni : Métaspora.

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A la mémoire d’André Schwartz-Bart, le Blanc qui avait osé écrire sur les Antilles

schwartz-bartDix ans après la mort de l’auteur du « Dernier des Justes », sa femme, Simone, reprend le cycle antillais qu’ils avaient imaginé ensemble et dû abandonner devant les critiques. Elle s’en explique.

C’est le plus beau couple métis de la littérature française. Un demi-siècle d’amour fou. Le mariage, pour l’éternité, du yiddish et du créole. Et le poids, sur leurs épaules accolées, de deux tragédies dont ils ont été les mémorialistes : le génocide des juifs et la traite des Noirs. Chacun a écrit son chef-d’œuvre.

Pour André, ce fut «le Dernier des Justes» (prix Goncourt 1959), qui retrace mille ans d’une lignée de Justes, les Lévy, depuis York, au Moyen Age, jusqu’au camp d’Auschwitz. Et pour Simone, de dix ans sa cadette, «Pluie et vent sur Télumée Miracle» (1972), la longue généalogie de femmes guadeloupéennes, les Lougandor, depuis l’époque de l’esclavage jusqu’aux temps modernes.

Deux livres monstres, deux romans encyclopédiques de la persécution, deux épopées lyriques, deux monuments de papier élevés à la mémoire de ces deux peuples réunifiés. Schwarz-Bart, sang mêlé.
« Abîmé, étrillé, ostracisé »

Le couple, installé en Guadeloupe, devenue la terre promise du Mosellan André, était fusionnel.

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Soumission = Démission de l’intelligence = Bonheur.

— Par Dégé —
soumission C’est l’ami Bernard Maris qui dans son Houellebeck économiste1 m’a convaincue de refaire l’effort de lire ce pénible auteur. Et grâce à son regard bienveillant, cette fois le narrateur, malgré sa sexualité si obsédante et si typiquement masculine, paraît émouvant à plusieurs titres.
Au début du roman, François (Tiens ?) semble se débattre contre une sorte de vision autiste du monde qu’il n’arrive à percevoir, ainsi heureusement atténué, qu’à travers le filtre de l’œuvre de Huysmans dont il est devenu « le » spécialiste universitaire. Sa souffrance vient non seulement de ses relations difficiles avec les femmes, du déni de ses affections, mais du fait que son intelligence remarquable l’éloigne de la plupart des hommes. Ainsi, comme à contre courant, il devine que les équilibres politiques de la France vont être pulvérisés. De fait le leader de la Fraternité musulmane, Ben Abbès, gagne les élections.  L’enquête, comparable et parallèle à celle personnelle de Huysmans, mène François à interroger  des représentants politiques, des intellectuels, des religieux, et même un espion car l’humour n’est jamais loin… Il serait plus juste de parler de quête car, au-delà des valeurs temporelles, les intemporelles importent au point d’être une tentation.

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Le retour de Romain Rolland

— Par François Eychart —

Romain Rolland revient en force. Les rééditions de ses livres se multiplient. C’est la conséquence du fait que, depuis janvier 2015, ses œuvres sont tombées dans le domaine public. L’an dernier avait paru, chez Bartillat, un important inédit, le Journal de Vézelay, en fait le journal que Romain Rolland a tenu pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur l’intérêt et la complexité de l’image parfois détestable qu’il
donne de lui-même, le lecteur se reportera aux commentaires du numéro 116 des Lettres françaises. Il faut simplement préciser que Romain Rolland n’a pas toujours été ce que montre ce Journal, ce qui apparaît fort bien dans les quatre ouvrages qui viennent de paraître.
La Vie de Beethoven date de l’époque de l’amitié avec Péguy. Elle fut publiée pour la première fois en 1903 dans les Cahiers de la quinzaine et connut un succès de librairie inattendu. Il faut reconnaître qu’on dispose maintenant de biographies de Beethoven plus exhaustives, mais cet ouvrage est loin d’être négligeable, rehaussé qu’il est par divers textes de Beethoven, dont le testament d’Heiligenstadt et un choix de lettres.

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20 ans de « Recherches en Esthétique »

— Par Selim Lander —

ESTHETIQUE_20_pages_couv_BD1« Loin de la vitre du train, je pense à la parole électrique des flamboyants,
que les pilotes de loin croient encore des  nappes de sang
/ demeurées sur les touches du crime » (Edouard Glissant)[i].

La revue Recherches en Esthétique, créée et animée par Dominique Berthet, professeur à l’Université des Antilles en Martinique, fête son vingtième anniversaire. Cette revue de très bon aloi, qui paraît suivant un rythme annuel, s’organise autour de thèmes successifs. Par exemple « La critique » (n° 3), « L’audace » (n° 8), « Utopies » (n° 11), « Le trouble » (n° 17), « Art et engagement » (n° 19). Si la place principale revient aux arts plastiques, la littérature est également bien représentée. Tel est en particulier le cas dans le dernier numéro consacré aux « Créations insulaires » : les articles passant en revue les formes de l’art contemporain dans les îles de l’outremer français (les fameux « confettis de l’empire ») ainsi que dans les Grandes Antilles (Cuba, Haïti, Saint-Domingue) sont précédés par un dossier qui explore le concept d’insularité en faisant largement appel aux romanciers, aux philosophes et à Edouard Glissant, lequel se révèle une référence incontournable pour la plupart des contributeurs de ce numéro.

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« An Ké » de Miss Baylavwa

 Une volonté de voir fleurir une belle réalisation !

an_ke« Konésans pou kléré lèspri. Konésans pou konprann é vwè douvan, Konésans pou konnèt é fè chwa a’w ki ta’w, Konésans pou aksèpté vou menm é vansé adan lapé. » Cet extrait traduit ce double engagement que prend l’auteur, à savoir un créole campé sur ses pieds et un texte où la profondeur du message ne peut qu’ébranler les bâtiments sans racines et tout cela en étant dans un rythme poétique. Un flux de prose qui rentre en harmonie avec la ligne éditoriale des Éditions Nèg Mawon, qui aujourd’hui ont voulu accompagner et ceci avec une grande fierté le livre « An kè ! » de l’auteur Miss Baylavwa. Ce livre est une excursion en terre créole. Une utilisation de la langue que l’auteur exerce avec professionnalisme en y incluant les couleurs, les senteurs, le charme de cet idiome. Cet ouvrage est une belle poésie mise au service d’un message de tolérance, de respect, de l’abnégation et de la conscientisation de l’Homme… An kè ! est un regard posé sur l’homme noir, une invitation à son auto-évaluation et pourquoi pas à une révolution quand l’homme n’est pas égal à l’homme.

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« L’expérience », un texte impressionnant de Christophe Bataille

chris_bataille« Je suis sorti de la tranchée et tout de suite ses yeux m’ont fixé : deux prunelles de cendre. C’était une chèvre, une pauvre chèvre que nous n’avions pas vue, enchaînée sur la plaine, face au pylône et à la bombe. Un chevreau semblait s’abriter derrière elle, sur ses pattes tremblantes. Tous deux étaient comme cuits. J’ai abandonné mon compteur, et la chèvre s’est mise à hurler. Le chevreau était tombé sous elle. Il y avait ce cri, mécanique, sans être, un cri à nous rendre fous. Pour ce cri, j’aurais renoncé à la France. »
Avril 1961, dans le désert algérien. A trois kilomètres de ce point inconnu, une tour de cinquante mètres porte une bombe atomique. Le jeune soldat qui parle, accompagné d’une petite patrouille, participe à une expérience. Il est un cobaye.
C’est cette zone d’intensité extrême que nous livre Christophe Bataille. Face à l’histoire et à la mort, il reste les mots, les sensations, la douceur du grand départ puis la lumière.


Christophe Bataille, le désert algérien

Christophe Bataille s’empare d’un fait historique tenu secret par l’État français.

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« Soumission » et « L’Esclave » : deux romans semblables de M.H.

— Par Michel Lercoulois —

Le déferlement inouï d’articles de presse consacrés au dernier livre de Michel Houellebecq avant même sa parution (1) devrait plutôt décourager toute nouvelle critique mais, en réalité, les articles publiés, pour la plupart obnubilés par le « pitch », ne s’intéressent pas à l’écriture. Il est donc légitime d’examiner Soumission d’un peu près. La tentation est d’autant plus grande qu’un autre roman, L’Esclave, publié quelque temps auparavant par Michel Herland, un collaborateur de Madinin’Art, traite d’un sujet très semblable. La ressemblance des thèmes se retrouve-t-elle au niveau de la forme ? On ne voit pas a priori pourquoi il en irait ainsi. La comparaison révèle pourtant de nombreuses proximités sur ce plan-là également.

Les deux auteurs imaginent que la France passera sous la coupe des islamistes : chez M. Houellebecq, ce serait pour demain (2022), chez M. Herland pour après-demain (2090). Le narrateur est dans les deux cas un universitaire, professeur de littérature chez Houellebecq, de philosophie chez Herland. La différence principale, ici, tient à la place du narrateur. Chez Houellebecq il s’exprime à la première personne, il vit les événements qui portent un musulman à la présidence de la République et les changements qui en résultent pour le pays et pour lui-même.

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Michel Houellebecq plagiaire de Michel Herland?

« Soumission », la fiction de Houellebecq qui met l’islam au pouvoir

soumission-2Le livre de Michel Herland  » L’esclave » aurait-il été copié? 😉 

2022. A l’issue du second mandat présidentiel de François Hollande, la France est au bord de la guerre civile. Mohammed Ben Abbès, président de la Fraternité musulmane, est élu président au second tour face à Marine Le Pen, grâce au ralliement de l’UMP et du PS. Dans la foulée, François Bayrou est nommé premier ministre.

Les deux forces politiques autrefois majoritaires ont en effet négocié un accord de gouvernement avec Fraternité musulmane, acceptant deux mesures phares : l’islamisation de l’éducation nationale et l’autorisation de la polygamie. François, professeur d’université dépressif, raconte cette société fracturée, où séduisent les extrêmes. Voici la trame de Soumission, le nouveau roman de Michel Houellebecq, à paraître le 7 janvier chez Flammarion.
A l’issue du second mandat du socialiste François Hollande, la France est au bord de la guerre civile. Mohammed Ben Abbès, président de la Fraternité musulmane est élu au second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen, dirigeante du Front national (FN).

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Le Goncourt des lycéens attribué à Foenkinos

charlotteLe prix Goncourt des lycéens a été décerné à David Foenkinos, mardi, pour son roman Charlotte.

Le 27e prix Goncourt des lycéens a été attribué mardi à Rennes à Charlotte (Gallimard), le roman de David Foenkinos consacré à une artiste peintre juive allemande assassinée à Auschwitz, déjà récompensé par le prix Renaudot début novembre. Les élèves de 57 lycées ont sélectionné ce livre parmi 15 autres ouvrages en compétition. Charlotte l’a emporté devant On ne voyait que le bonheur (JC Lattès) de Grégoire Delacourt, et L’amour et les forêts (Gallimard) d’Eric Reinhardt, a indiqué le jury. « C’est une émotion qui est très intacte tout au long de ce roman », a déclaré Naomi, l’une des 13 membres du jury, saluant dans l’oeuvre « la possibilité de s’identifier à Charlotte ». Favori du Goncourt, qui a finalement été remis à Lydie Salvayre, l’auteur de La Délicatesse se console donc avec une autre prestigieuse récompense.

« Ce prix, c’est un rêve pour moi »
« Grâce à vous, beaucoup de gens vont découvrir sa vie, son oeuvre », a déclaré David Foenkinos, intervenant par téléphone lors de la cérémonie de récompense.

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« L’arc en ciel de l’amitié », de Dominique Charles-Edouard

arc_en_ciel_amitie-2A l’heure où nos enfants, dès le plus jeune âge, sont soumis à l’imaginaire des faiseurs de robots et autres jeux électroniques qui abolissent le temps, et  où tout peut de nouveau recommencer avec le seul click sur un bouton, à l’heure où l’image informatisée, cette succession de signes et d’icônes, veut remplacer la lecture qui permet d’être en accord avec le temps qui passe et  avec son temps intérieur, voilà qu’apparait sur la scène littéraire, un conte, « L’arc en ciel de l’amitié » (Prix : 10 euros) ,  écrit par madame Dominique Charles-Edouard, épouse du plasticien et sculpteur du groupe Fwomajé, François CHARLES-EDOUARD.

-Quel meilleur cadeau de fin d’année, que cet ouvrage facile à lire, d’un joli graphisme, des couleurs attrayantes et une mise en page qui accentue le merveilleux, qu’il nous est donné de lire.
-Ce texte met en scène des enfants, la terre, le ciel, le soleil, de gentils nuages et un abominable cumulonimbus, porteur d’orages et de pluies incessantes et qui dérange le cours des choses sur terre.
-Qui va intercéder auprès de lui, qui va tenter de le séduire, seul ou collectivement, afin qu’il tempère ses ardeurs et permette au Soleil de revenir?

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« Orange sanguine » de Laure Morali

orange_sanguinePoésie de la mémoire, du vécu et de la route, Orange sanguine conte l’expérience des lieux et émotions. Tout semble concret et fluide dans cette quête liant action poétique et méditation sur le sens du monde. Les mots nous viennent au fil des saisons, telle une marée douce.
Laure Morali nous dit : Mon grand-père avait perdu son pays et me le rendait chaque matin en me faisant boire le jus de l’orange sanguine. Offrir le monde dans un fruit, tel est le don de la
poésie. L’humanité au creux de la main tendue, portée par le poème.

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Une écriture résolument actuelle

— Par Roland Sabra —

« La jupe de la rue Gît-le-Coeur » de Jean-Durosier Desrivières.

Si l’on en croit l’auteur, et il n’y a aucune raison de ne pas le faire, l’audience (l’odyans) est une forme narrative qui si elle emprunte au conte dans sa forme oralitaire, s’en éloigne définitivement dans son contenu par son ancrage dans une réalité vraie pourrait-on dire. Dans son dernier opus «  La jupe de la rue Gît-le-Coeur » il nous propose une confrontation entre un « audienceur » et un écrivain. Quand l’un décrit, l’autre écrit. Quand l’un est reporter, l’autre est prosateur. Sauf que la prétendue réalité n’existe pas en dehors des mots qui la construisent.

Un écrivain se balade, une ballade dans la tête. Toujours dans la tête. Une chanson d’un autre écrivain, Allen Ginsberg. Brusquement il se sent entouré par une multitude de femmes en pantalons blancs. Troublé il se perd dans les rues étroites du Quartier Latin. Il demande son chemin à une femme en pantalon bleu, puis à une autre toujours en pantalon mais de nouveau de couleur blanche…

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« Le Best-seller de la rentrée littéraire » : un regard drôle, désabusé et captivant sur le monde littéraire

— Par Roland Sabra —

le_best-seller_de_la_rentreOlivier Larizza vit en Martinique et à Strasbourg. Il n’a pas quarante ans et déjà une vingtaine de livres à son compteur. Cet auteur ne veut pas vieillir : plus du tiers de ses ouvrages sont consacrés à la jeunesse. Il a peur de mourir. Un de ses personnages, dans son dernier opus lui rappelle dés la quatrième page : « « Mais enfin Octave (Olivier) pas une minute ne passe sans que tu penses à la mort. » Le personnage, pas plus que le narrateur n’est l’auteur direz- vous ! Sauf que dans le cas qui nous occupe Olivier Larizza nous présente un narrateur, écrivain de 37 ans d’âge, qui parle à la première personne, qui vit à Strasbourg, qui se nomme Octave Carezza et qui cite Olivier Larizza. Et par moment l’écrivain Olivier Larizza, dans ce livre évoque nominativement l’écrivain Olivier Larizza. Moïsation , action de couper une chose en deux pour en obtenir une troisième ? Hypertrophie de l’instance moïque constitutive de l’écrivain ? Cancer narcissique ? Loin de là puisque l’humour « qui ne sert à rien » selon Houellebecq, épinglé à plusieurs reprises avec ce qui donc « ne sert à rien » est présent sur toutes les pages, à toutes les lignes.

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« Le Best-seller de la rentrée littéraire » d’Olivier Larizza

larizza_best_sellerQuel est l’hurluberlu qui a inventé la rentrée littéraire ? Si l’argent ne fait pas le bonheur, pourquoi les éditeurs n’en donnent-ils pas plus ? Comment un auteur traversant une période de vaches maigres peut-il faire un bœuf en librairie ? Et le grand Shakespeare, il chaussait du combien ?

Ces questions fondamentales tenaillent Octave Carezza, écrivain de 37 ans qui rêve d’écrire un best-seller et de trouver l’amour. Il lui arrive moult aventures rocambolesques avec ses lectrices, ses éditeurs, ses confrères croisés dans les salons du livre, cette drôle de dame qui s’appelle Inspiration ou encore l’e-book, invention fabuleuse qui va révolutionner nos vies avant de nous pousser à faire la révolution…

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« Aimé Césaire, la part intime », d’Alfred Alexandre

cesaire_part_intim-2Vient de paraître chez Mémoire d’encrier Aimé Césaire, la part intime, essai d’Alfred Alexandre, dans la collection Cadastres.
Avec Aimé Césaire, la part intime, Alfred Alexandre propose de revisiter l’oeuvre poétique d’un auteur fondamental. Les poèmes de Césaire se montrent à la lumière de cet essai dans ce qu’ils ont de plus déchirant, de plus profondément humain. Un bonheur que cette petite anthologie secrète de Césaire.
Point de vue de l’éditeur
Poème après poème, Aimé Césaire construit et conquiert sa part de liberté. Recueil après recueil, l’aventure du poème de Césaire est revendiquée pour sa part collective. La part intime est ainsi noyée, dans la foule à côté du cri. Alfred Alexandre nous dit que la poésie de Césaire est avant tout récit de soi, conjurant les démons de l’histoire et les mauvais vents de ces poussières d’îles déportées. Aimé Césaire, c’est une parole d’abord intérieure, bien que prophétique, un jaillissement interne qui deviendra plus tard cadastre. Un sujet libre qui regarde souverainement le monde, et qui rêve de magies, de cris et d’armes miraculeuses.
Point de vue de l’auteur
« Alors que l’habitude est de lire la poésie de Césaire à partir de sa théorie de la culture et de sa pensée politique (très postérieures, à vrai dire, à son engagement poétique), le pari de l’essai est de dégager le texte poétique du vacarme idéologique qui l’entoure.

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Monsieur Toussaint. Edouard Glissant. Misyé Tousen.

Traduction créole de Rodolf Etienne (Martinique).

monsieur_toussaintPréface de Michaël Dash, Université de New York
Toussaint Louverture
Un errant ingouverné
Edouard Glissant a souvent imaginé des gens qu’il admirait comme des villes. C’est ce à quoi il se livre dans Faulkner, Mississippi, où l’écrivain américain représente une ville du sud des Etats-Unis. Il en a été de même pour Toussaint l’Ouverture. Ce révolutionnaire a toujours fasciné Glissant parce que tout en cherchant d’autres façons de concevoir les relations postcoloniales, il n’a pas mené une lutte nationaliste. Il incarne le type d’insurrection qui hante l’oeuvre de Glissant. Vers la fin de La Cohée du Lamentin, Glissant dit à son sujet : « Un homme peut être une ville, a lui tout seul. Je pense à Toussaint Louverture, créateur de monde, perdu dans la glace du Jura, vers les années 1800. Ce fut une ville. Un spectre oublie, qui étendra bientôt ses avenues ». Une page plus loin, il dédie un court poème au spectre de Toussaint, où il lui écrit « Et vous errez ingouverné/Sous les remblais hagards du fort de Joux ».

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Les fils de l’indicible

— Par Michèle Bigot —

tenenbaum_peau_viveOn évoque ici ceux qui ont en héritage dans les fibres de leur chair les marques de l’histoire.
Gérald Tenenbaum est de ceux-là et son œuvre témoigne de ce tissage patient des liens qui nous constituent. L’un après l’autre, ses romans composent le palimpseste d’une mémoire incarnée. Son dernier titre Peau vive, paru en août 2014 à « La grande Ourse » est un nouvel élément de ce vaste patchwork qui tente de dire l’indicible, tel qu’il se loge dans la mémoire inconsciente, celle des enfants et des petits enfants de la génération sacrifiée.
Chacun de ses romans est l’histoire d’une perte, perte de virilité pour Simon dans L’ordre des jours (Héloïse d’Ormessson, 2008), perte de la mémoire pour Souffles couplés, (Héloïse d’Ormessson, 2010), perte d’identité pour L’Affinité des traces (Héloïse d’Ormessson, 2012), perte du sens du toucher pour Peau vive. Plutôt que de pures pertes, il faudrait d’ailleurs parler de dérèglement des sens, dans tous les sens du terme.

Car Ève, la fille aînée de Yankel Reizer, souffre d’un sens du toucher si aigu qu’il est douleur de tout instant et qu’il lui interdit tout contact humain.

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« L’esclave » : un roman politico-philosophico-théologico-et-poético-érotique de Michel Herland

— Par Quiestemont —
esclave_herland-2L’automne, est en France, la période où l’on parle le plus des livres, ou plus précisément des romans. Les éditeurs concentrent leurs publications sur cette période (qui s’étend en fait de la mi-août à la mi-novembre) et comptent sur l’effet « rentrée littéraire » pour en pousser quelques-uns. Cette année, 607 nouveaux romans sont ainsi proposés au public. Sur les 404 romans français, seuls 74 sont des premiers romans : quand on sait que le nombre des manuscrits reçus par les éditeurs chaque année se compte en milliers, on mesure combien sont minces les chances pour un auteur débutant de se faire publier par une de ces maison d’édition ayant pignon sur rue, dont tous les amateurs de littérature connaissent les noms et savent distinguer les jaquettes. Pour les nouveaux auteurs qui ne seront pas retenus dans le filet d’une sélection aussi impitoyable, il ne reste qu’à renoncer ou à se débrouiller par leurs propres moyens. Michel Herland, pour sa part, s’est adressé à l’un de ces éditeurs apparus avec l’ère internet qui distribuent des livres électroniques (e-books) ou les impriment à la commande.

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La jupe de la rue Gît-le-Coeur

la_jupe_jddLa jupe de la rue Gît-le-Coeur

Théâtre comme audience d’un petit roman

de Jean-Durosier DESRIVIERES

Prix Spécial du Jury Etc_caraïbe 2013

Synopsis:

Déambulant dans Paris, du côté de Saint-André des Arts, un écrivain tourmenté, apparemment démodé, dévoile son étrange histoire. Jusqu’à quel point le poème d’Allen Ginsberg qui l’accompagne apaisera-t-il ses pensées et ses humeurs, nourries des sanglantes actualités du monde et de l’insupportable réalité de la ville ? Par étourderie, il se trompe de rue, et brusquement l’image ou le mirage d’une jupe le fait basculer dans un autre espace-temps… Qu’adviendra-t-il de lui ?

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Essais. Une rentrée entre ombre et lumière

— par Nicolas Dutent —

bibliothequeEn dépit d’une baisse inexorable du temps consacré à la lecture, de la mainmise d’Amazon qui bouleverse l’économie du livre, et plus largement le commerce des biens culturels, l’offre éditoriale des sciences humaines et sociales demeure fournie et impose d’innover.

Amazon est « un cancer, son but avoué est de supprimer les intermédiaires, d’en finir avec les libraires, puis d’en finir avec l’édition ». Éric Hazan, éditeur engagé à la tête de la Fabrique, ne mâche pas ses mots pour identifier la tourmente qui frappe son secteur. Invité par le site d’entretiens critiques Hors-Série, le professionnel devait concéder qu’« Amazon est notre premier client, comme c’est le premier client de tous les éditeurs », fustigeant l’obligation de se soumettre au cybermarchand omnipotent, le refus de vente demeurant un « délit correctionnel ». Dans cette tempête – le spectre de la faillite hantait récemment encore Aden en Belgique, les Éditions du croquant et les librairies Chapitre en France, pour ne citer qu’eux – le vocabulaire de la résistance est limpide : « On ne saurait trop inciter les gens qui lisent à acheter leurs livres dans les librairies. 

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Retour sur le roman « L’esclave » de Michel Herland.

— Par Roland Sabra —
l_esclave_herland-400Dans le roman « L’esclave » de Michel Herland, il y a peu de personnages positifs. Une figure centrale apparaît sous des identités différentes, Michel essentiellement, Emmanuel un peu moins, animée par un solide égo-centrisme qui n’est pas un égoïsme. Ce n’est pas un « moi d’abord » qui prévaut mais plutôt un « moi aussi ». Il ne s’agit pas tant de s’aimer plus que les autres, ce qui est assez banal, que de s’aimer dans le regard que les autres portent sur soi sans pour autant s’aimer véritablement. Cela paraît un peu compliqué mais que l’on se rassure Piaget définit l’égocentrisme comme un stade normal du développement. Il y a bien quelques personnages qui pourraient endosser la défroque du héros mais ce sont des personnages secondaires. L’histoire ou plutôt les histoires s’ordonnent autour de cette figure centrale, bien dessinée par M. Herland dans le personnage de Michel dont la philosophie est largement teintée d’utilitarisme.

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« Le respect de l’amour » 10e épisode

djebaba— Par Djénaba Diallo & Michel Pennetier—

Chapitre IV

Suite de l’épisode 9

La France

Le gigantisme de Roissy, cette façade prétentieuse de l’Occident ne l’impressionne pas. Sur le tapis roulant qui la surprend quand même un peu, pas d’émotions particulières, pas d’exaltation, pas de frisson de l’aventure, elle pense simplement à tous ces gens qu’elle a laissés en Afrique et qui ont voulu l’empêcher de faire sa vie, et elle a envie de leur dire : « Voilà, je vous ai échappé, maintenant je suis mon chemin ». Sur le sol de la France, elle se sent en accord avec elle-même. Elle téléphone à une tante de Dakar, une intellectuelle, pour lui dire qu’elle est bien arrivée. La femme lui demande ses premières impressions. «  Il y a beaucoup de Blancs, plus qu’à Dakar », dit Djen en riant. Puis elle appelle son père qui lui dit tout surpris : «  Ma fille, tu es un homme ! ».

Djen arpente l’aéroport bruissant de milliers de voyageurs qui arrivent ou partent, des appels sucrés des hôtesses. Elle trouve enfin la file des taxis et se fait conduire à la Gare de Lyon.

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« L’esclave » : un roman érotico-théologique original de Michel Herland

— Par Roland Sabra —

l_esclave_herland-400C’est un livre étrange que nous offre Michel Herland à l’aube de sa retraite de Professeur des Universités, en Sciences Économiques. Étrange, inclassable. Le titre ? L’esclave. Le genre ? Indéfini, il balance allègrement entre érotisme, théologie, philosophie avec une pointe d’histoire de la pensée économique. L’histoire ? Il y en a quatre qui se rejoignent à la fin. La première débute en 2009, un professeur de philosophie, à Aix-en-Provence, par ailleurs marié et père de famille, drague une de ses étudiantes, la séduit, la baise entre deux cours, lui fait cours entre deux baises. Situation de pouvoir, relation de domination entre le maitre, Michel et l’élève, Colette. La deuxième histoire est le prolongement de la première, soixante dix ans plus tard, nous sommes en 2081, Colette à l’annonce de la mort de Michel dont elle n’a cessé d’être amoureuse, recompose, revisite l’histoire première à la lumière d’une situation politique caractérisée par le dépérissement de l’Occident chrétien en voie d’islamisation. Pas moins!

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