Catégorie : Littératures

Exposition Espace Aimé Césaire : l’insulte faite au poète

— Par  Jean-Luc de Laguarique – Photographe —
espace_aime-cesaire_lamenti En 2013, un nombre important de manifestations célébrant le centenaire du grand poète disparu ont eu lieu à la Martinique. Il serait vain d’en faire ici un inventaire exhaustif : ont-elles toutes été à la mesure de la pertinence de l’homme et de son legs littéraire ? On peut en discuter, tant celui-ci est novateur, immense, inégalé. Toutefois, si ne serait-ce que quelques unes d’entre elles ont pu donner au public envie de le lire, de le (re)découvrir, ou de simplement suggérer des pistes pour aborder une œuvre aussi complexe, elles auront — du moins en partie — atteint leur objectif et l’on tendrait alors à s’en satisfaire.

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Les poilus martiniquais

Le Bataillon créole, par Raphael Confiant, Mercure de France, 320 p, 19,80 euros
A l’approche du centenaire de la Grande Guerre, Raphaël Confiant rappelle, dans un beau roman, le prix payé par la jeunesse antillaise.
—par Jérôme Garcin —

poilu_martiniquaisPas une commune des Antilles françaises où ne se dresse un monument aux morts de la Grande Guerre. Brillant sous un soleil plus généreux qu’en métropole, la liste gravée des poilus martiniquais tombés au champ d’honneur compte près de 1900 noms. Si on y ajoute les victimes guadeloupéennes et guyanaises, on mesure le lourd tribut qu’ont payé, à la boucherie de 14-18, les îles lointaines. Si lointaines dans l’espace et le temps qu’elles ont disparu de l’abondante littérature déjà suscité par l’imminent centenaire.

Heureusement, il y a Raphaël Confiant. On peut en effet lui faire confiance pour réparer les outils et les ingratitudes. Né au Lorrain (ça ne s’invente pas), ce militant de la créolité donne enfin la parole, dans un roman puissant et terrifiant comme un orgue, à tous les jeunes Martiniquais passés de la plage volcanique de Saint-Pierre à la boue de Verdun, ainsi qu’aux mères, femmes, sœurs, qui les ont attendus dans le port de Fort-de-France où les bateaux ramenèrent, par vagues successives, des gueules cassées, des corps amputés et des cercueils.

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Pour le droit à l’errance

Petit rappel, en guise de non-salut à M. Manuel VALLS

— Par Patrick CHAMOISEAU —

expulsion_romsDe la création d’un ministère de l’identité nationale et de l’immigration, en passant par les nationalités révocables et le bannissement collectif des Rom, se dessine en France un effondrement éthique d’une ampleur sidérante.
Une indécence majeure qu’aucun bénéfice politicien ne saurait justifier.
De très vieilles ombres sont de retour et nous fixent sans trembler.

Dès lors, il ne s’agit même plus d’administrer une identité nationale, il faut maintenant lui infliger une purification, d’où ces déchéances de nationalité qui viennent parachever les charters, les camps de rétention et les procédures expéditives où les juges, garants des libertés, se font indésirables.

Si le présent que nous vivons n’interroge pas l’oubli, s’il n’est pas effervescent d’amour, de respect, de dignité, et d’une éthique vivante, notre futur peut se retrouver envahi de passé. L’éthique vivante n’est pas cette morale bien commode qui pose des à-priori de valeurs que l’on peut déposer en marge de sa conscience pour servir d’alibi à la dérive de nos actions. L’éthique vivante est faite de relation à l’Autre, elle est en relation à l’Autre.

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Lampedusa : ce que nous disent les gouffres

— Par Patrick Chamoiseau —

Toute horreur crée son gouffre

ainsi celle de la Traite à nègres qui fit de l’Atlantique

le plus grand oublié des cimetières du monde

(crânes et boulets relient les îles entre elles 

et les amarrent aux tragédies du continent)

 

Le gouffre chante contre l’oubli

en roulis des marées

en mots de sel pour Glissant pour Walcott et pour Kamau Brathwaite

(fascine des siècles dans l’infini de ce présent où tout reste possible)

 

Celui de l’Atlantique s’est éveillé

clameurs en méditerranée ! 

l’absurde des richesses solitaires

les guerres économiques

les tranchées du profit

les meutes et les sectes d’actionnaires

agences-sécurité et agences-frontières

radars et barbelés

et la folie des murs qui damnent ceux qu’ils protègent

 

chaussures neuves et crânes jeunes font exploser les vieilles concentrations !

 

les gouffres appellent le monde

les gouffres appellent au monde

 

les vents qui donnent l’humain

l’humain qui va au vent

les aventures des peurs et des désirs

la seule richesse des expériences menées à la rencontre

les solidarités qui se construisent et qui construisent

les coopérations qui ouvrent et qui assemblent

et le suc et le sel de l’accueil qui ose

 

L’enfant a eu raison de mettre ses chaussures neuves

ce qu’il arpente au delà de nos hontes

c’est le tranchant des gouffres génériques

qui signalent sous l’horreur

et qui fixent sans paupières

l’autre possible ouvert du meilleur de nous

 

en ombres en foudres en aubes

les gouffres enseignent longtemps

 

(toute douleur est apprendre et ce chant est connaître)

 

chant partagé d’une même planète.

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Pour saluer Paul Ariès

paul_ariesInvité par l’équipe de Matnik Solid (Plan d’actions pour le développement de la Martinique).M. Paul Ariès a donné une conférence devant une salle comble.
Voici le mot de bienvenue que lui a adressé Patrick Chamoiseau.

Cher Paul Ariès,
Au nom de la collectivité régionale
de ses agents, de ses élus et de son Président
Permettez-moi d’abord de remercier ceux qui sont venus si nombreux pour vous entendre et discuter avec vous.
Permettez-moi aussi, même si je sais que votre démarche est d’inspiration militante, de vous remercier vous, chaleureusement, d’avoir fait le déplacement, et d’avoir marqué un si vif intérêt pour cette tentative de définition d’une voie originale que nous appelons « Matnik solid ».
Je sais aussi que votre venue parmi nous a été largement motivée par le désir de nous entendre, et de découvrir (comme vous le faites dans les Amériques mais aussi en Afrique et dans bien des pays d’Asie), quelques pistes innovantes, quelques expériences inattendues, quelques surgissements improbables, dont la mise en œuvre, et les effets, pourraient s’avérer valables pour tous, ou à tout le moins partageables par beaucoup d’autres individus ou groupements de par le monde.

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Hyperion victimaire, de Patrick Chamoiseau

— Alain Leauthier —

hyperion_victimaireDans un polar atypique, le chantre de la créolité et prix Goncourt 1992, décrit une Martinique en proie à la violence nihiliste, l’acculturation et la perte des »valeurs »…

Dexter à la  Martinique ? A un premier niveau de lecture, voilà le fond de sauce du polar atypique que Patrick Chamoiseau, chantre de la créolité et prix Goncourt 1992, a commis pour la collection Vendredi 13 dont Boulevard du Crime a déjà eu l’occasion de vanter l’originalité (voir sur ce même blog la critique de « Nocturne le Vendredi » de Scott Philips.)
Dexter s’appelle ici Hyperion victimaire et, comme le personnage de Jeff Lindsay et de la sérié télé homonyme, habité par l’Archange, il « corrige » les imperfections d’un système judiciaire impotent, avec force dépeçages, dont il est devenu un expert tatillon, et occasionnellement absorption gourmande d’hémoglobine.
Au menu : du dealer, du pédophile, du proxo, rien qui à ses yeux ne mérite de survivre dans une liberté néanmoins accordée par des magistrats aveugles ou étourdis.
Qui est Hypérion victimaire ? Un indécrottable nostalgique d’une Martinique magique, celle que Chamoiseau a si merveilleusement fantasmée  et sublimée dans quelques livres majeurs, engloutie sous les assauts conjugués de la mondialisation néo libérale, de l’acculturation, de l’ensauvagement et de la vulgarité généralisée.

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Concours « Pas à pas avec Aimé Césaire »

pas_a_pas_acec_cesaire-1Voici les questions, le règlement et le bulletin de participation du jeu concours « Pas à pas avec Aimé Césaire », organisé par la Bibliothèque départementale de Prêt, service culturel du Conseil général de la Martinique.

  Ce jeu-concours est organisé dans le cadre des célébrations par le Conseil général du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire.

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 Le second fichier format PDF comporte les quatorze questions sous forme d’encart publicitaire.

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« Isuma » Anthologie de poésie nordique de Jean Désy

—Dossier de presse —

isumaOn est toujours d’un lieu. Un lieu où aller et revenir. Un ancrage qui forge l’identité et qui fonde notre présence au monde. Dans le cas de Jean Désy, c’est Isuma, c’est-àdire l’esprit du Nord qui fait de lui un capteur de songes, et de sa poésie une pierre de patience. Le poète regarde les points cardinaux et déclare : « l’infini, c’est pour moi ».
« J’ai bourlingué comme un fou dans le Nord, travaillé comme un fou, souffert avec les souffrants et les suicidaires. J’ai admiré les accouchées les plus stoïques du monde. J’ai appris à chasser. J’ai pêché des truites mouchetées et des ombles arctiques qui sautent encore dans mes rêves. »
Le point de vue de l’éditeur
Isuma, anthologie de poésie nordique est un manifeste de la nordicité. La parole nous apprend le bon usage du monde. Poète, médecin, Jean Désy revendique la chair blessée du Grand Nord, donnant aux mots et à cette blanche géographie une part d’humanité et de puissance jusque-là insoupçonnée. Bourlingueur, il court les routes, les soleils, les outardes, les blizzards, les lichens, nous montrant les chemins du nord dans l’humilité et la splendeur des paysages.

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Avis de parution … septembre 2013

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 Notre newsletter est disponible au format Excel

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L’IMPLANTATION COMMERCIALE
Alain Laguerre, Georges Virassamy
Sous la direction de Georges Virassamy et Alain Laguerre
L’implantation commerciale d’une entreprise est un acte fort reposant à l’origine sur des considérations industrielles ou commerciales. Mais les pouvoirs publics ont introduit des éléments qui pervertissent la rationalité du choix d’implantation, notamment des incitations fiscales. Par ailleurs, des contraintes (environnementales, d’urbanisme) réduisent voire suppriment le désir d’implantation. Celle-ci doit constamment concilier pouvoir public de volonté et pouvoir privé de volonté.

(Coll. C.E.R.J.D.A, 18 euros, 184 p., septembre 2013) EAN : 9782343007557
EAN PDF : 9782336322308  EAN ePUB : 9782336672397

PACIFIQUE DE PROVINS ET MAURILE DE SAINT-MICHEL
Missionnaires capucins et carmes aux Antilles
Julia DAVID, Bernard Grunberg, ROMAIN ZERBIB
Carmes et capucins ont participé aux premières étapes de la colonisation française des Petites Antilles. Seuls deux d’entre eux nous ont laissé un témoignage de leur mission et de leurs actions : Pacifique de Provins (1588-1648) et Maurile de Saint Michel (1615-1659).

(Coll. Corpus Antilles/Sciences sur les Indiens de la Caraïbe, 38,5 euros, 390 p.,

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Pour une stratégie de retrait

— Par Patrick Chamoiseau —

constructionsAu cours des quinze à vingt ans qui viennent, la planète terre aura bien entamé une nouvelle jeunesse.
Dans le renouvellement de cet écosystème, il est à craindre une montée plus ou moins considérable du niveau de la mer.
Quelle que serait l’ampleur du phénomène, il est inévitable que tout le littoral martiniquais se voit sérieusement avalé, creusé, – à tout le moins : très méchamment redessiné.

Or, 27 de nos 34 communes ont organisé leur centre, leur cœur, leur âme, sur la frange littorale, à quelques mètres des premières vagues.
Qu’en subsistera-t-il ?
Mystère.

A cela s’ajoutent l’actuelle lacune sismique et les bouleversements climatiques : cyclones, foudres, séismes et tsunamis…
Dans certaines conjonctions, la dévitalisation risque d’être totale.
Et donc : envisager les années qui viennent sans une stratégie de retrait constitue plus qu’une aberration.
Cela relève du crime.

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L’activité artistique au miroir marxien

—Par Florian Gulli, philosophe —

isabelle_garoÀ l’appui d’une relecture très documentée de l’histoire de l’art, Isabelle Garo montre comment la création artistique peut s’intégrer et échapper à la logique économique capitaliste.

L’or des images, d’Isabelle Garo. Éditions La Ville brûle, 2013, 
320 pages, 25 euros.  Isabelle Garo propose dans son dernier livre une approche marxiste de l’activité artistique, question à la fois difficile et centrale pour qui se réclame de cette tradition. Difficile, car on connaît la résistance de cet objet aux analyses de type matérialiste. Centrale, car déjà chez Marx, et malgré l’absence de théorie esthétique explicite, la référence à l’art est constante et sert de contrepoint à la critique de l’économie politique.

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« Pour en finir avec l’espèce humaine – Et les français en particulier », de Pierre Drachline. Parlons-en !

pierre_drachlineRappel au désordre. Toujours dans son style pamphlétaire corrosif, Pierre Drachline poursuit ici sa critique sans concession du système néocapitaliste et de 
son « économie cannibale ». Il s’insurge, crie et donne 
des claques à tout-va, parfois sans retenue. Trop ? 
À voir. L’époque est celle des impostures médiatiques avec ses « insoumis certifiés conformes de toutes les fausses révolutions ». Drachline en crève : les hommes, et singulièrement les Français, ne se révoltent pas devant cet ordre injuste. Au contraire, ils réclameraient « toujours plus de servitudes ». « Chacun, barricadé derrière son nombril ». Pourtant, comme un pied de nez, l’auteur prône le retour à la primauté de l’individu, au choix de la vie contre la marchandise. 
Un « rappel au désordre ». Sa colère est à la hauteur 
de la tendresse avec laquelle il pourrait regarder 
une humanité émancipée, libérée de sa soumission 
à l’argent roi et aux ordres néolibéraux. Le temps des nonagénaires. Éloge de la vieillesse, de Jacques Franck. Les lecteurs de l’Humanité connaissent bien Jacques Franck, médecin communiste et militant. Ayant atteint le dernier âge de la vie (Jacques Franck est né en 1925), il décrit et analyse dans ce livre, non sans dérision et avec parfois un soupçon de cynisme, les petits et grands maux qui s’y attachent, « les souvenirs et les regrets aussi ».

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Alzeimer : une guerre à gagner !

— Par Patrick Chamoiseau —

alzeimerCe qui est terrifiant dans la maladie d’Alzheimer ce n’est pas seulement qu’elle menace chacun d’entre nous, qu’elle menace nos proches, ou qu’elle peut frapper n’importe qui indépendamment de son âge. Le terrifiant c’est quelle est désormais au coeur de notre tissu social comme un monstre assassin qui nous mènerait une guerre insidieuse. Des dizaines de personnes sont régulièrement frappées. Des dizaines de personnes disparaissent lentement et désespérément devant leurs proches. À travers elles, des centaines de personnes doivent affronter seules et démunies cette espèce de mort qui précède la mort. Des centaines de personnes voient donc  leur existence basculer dans la douleur et dans le désarroi.
Une sorte de massacre.
Le tissu social est donc atteint par l’ampleur grandissante du phénomène, mais aussi et surtout par notre absence de réaction énergique et massive. Les structures d’accueil sont presque inexistantes, toujours insuffisantes. Les associations et les quelques bénévoles qui s’efforcent d’accompagner les malades, leurs familles, sont le plus souvent au bord de la faillite et du découragement.  

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A propos du traitement réservé à Derek Walcott lors du colloque Aimé Césaire

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Hanétha Vété-Congolo
à
Monsieur Paul-Christian Lapoussinière
Président du Centre Césairien d’Etudes et de Recherches
Ducos, 97 224

Objet : Objection ferme au traitement pauvre réservé à Derek Walcott lors du colloque Aimé Césaire :
Œuvre et héritage, du 24 au 28 juin 2013

Monsieur,

Nous vous avons déjà adressé à l’écrit – donc pour marquer l’importance que nous accordons au geste et au sentiment – nos remerciements sincères concernant la tenue du colloque hommage à Aimé Césaire, Aimé Césaire : Œuvre et Héritage, s’étant déroulé à la Martinique du 24 au 28 juin 2013.

 

Il fallait qu’un tel colloque ait lieu pour la crédibilité et la cohérence intellectuelles et éthiques de la Martinique. La portée, politique, intellectuelle et philosophique de la poésie et des idées d’Aimé Césaire, étant implacablement indéniable et haute, ne pas célébrer le Poète scientifiquement, à la Martinique, en ce moment symbolique et signifiant de son centenaire, nous aurait sans aucun doute présenté, nous, Martiniquais, dans le royaume intellectuel et universitaire mondial, comme d’indignes, d’ingrats et d’exhilarants petits djendjen, vraiment, vraiment trop petits pour ce bien grand Père intellectuel.

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Le CAC 40 caracole

 

Chtonien sulfureux panache
Eclabousse la croute des volcans
Le nègre vendu à l’encan
Sue et saigne sous la cravache

Pas si loin le maître parla
Viens me rejoindre sur ma couche
Je veux le plaisir de ta bouche
Jacaranda et pergola

Orient régiments laborieux
Air pollué puanteur acide
Fourmi automate livide
Trime ouvrier miséreux

A Shanghaï le luxe s’étale
Maserati Lamborghini
Jambes étirées robes mini
Le riche orgueilleux se régale

Chômeur au visage fermé
ANPE bureau immonde
C’est le triste sort du vieux monde
Irrésolu et désarmé

Mais il faut que je me console
La finance se porte bien
Les puissants ne manquent de rien
Le CAC 40 caracole

 

Michel Lercoulois, juin 2013

 

 

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Sur « Lémistè » de Monchoachi

 Ce livre ci est frère de très grandes sommes poétiques…

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— Par  Yves Bergeret, poète —

Le titre en créole pousse d’emblée le lecteur loin de la stable lumière apollinienne. Lémistè : Les mystères. Le livre entraîne le lecteur dans un très âpre tourbillon de gestes rituels et surtout de longues formules sacrées antillaises. Le livre est paroles en tous sens, extrêmement vivantes et actives. Presque aucune contemplation, presque aucune strophe où le temps s’arrête en s’ouvrant vers une sorte d’infini ou d’éternité. Tout ici est proche, odorant, sensible, tactile. Pas d’horizon lointain, pas d’infini océanique, pas de grands ciels. Mais le livre entraîne toujours son lecteur dans l’intensité d’un rite sacré dans un lieu cultuel ou d’un geste sacré de la vie pratique dans la cour et même dans le secret de la maison. Le livre entraîne son lecteur dans la proximité mobile de ce rite ou de ce geste. Continuels gros plans. Nous voici dans les Antilles, dont presque chaque habitant se rappelle la déportation esclavagiste de ses ancêtres.

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Appel à projet pour l’écriture d’un texte sur Lilian THURAM

thuram_etcETC CARAIBE
en partenariat avec l’Artchipel Scène Nationale de Guadeloupe 
et
Textes en Paroles
lance un appel à projet pour l’écriture d’un texte sur
Lilian THURAM
dans le cadre du projet de production de la Scène Nationale sur les
MYTHOLOGIES ACTUELLES DE LA GUADELOUPE
Cet appel est ouvert à tous les auteurs dramatiques francophones de la Caraïbe
POUR PARTICIPER À CET APPEL:
– envoyer un synopsis détaillé de votre projet d’écriture (voir détail en pj) en respectant le cahier des charges
– envoyer CV et bibliographie
L’ensemble du dossier ne doit pas dépasser 4 pages.
L’envoi se fait par mail à : etc_caraibe@yahoo.com
ORGANISATION/PLANNING:

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Toi Aimé Césaire

— Par Ozoua SOYINKA
Oui, en ce jour est né une étoile qui a traversé le monde et l’a marqué de son empreinte. Cet homme, Aimé  Césaire était un envoyé qui a été  très peu compris de ses contemporains.
 
 
TOI AIME CESAIRE
 
 
Toi Aimé Césaire
Chantre de la Négritude
Chantre de la liberté
Je t’adresse mes remerciements
Pour l’œuvre immense que tu as léguée
A la Martinique, à la Caraïbe, à l’Afrique
Et à l’humanité toute entière.
Je t’adresse mes remerciements
Pour avoir contribué
A redonner aux Nègres leur dignité perdue
Et dont l’honneur a été bafoué
Relégué au rang de bête, de meuble.
Césaire, ô toi Aimé Césaire
Toi le combattant
Toi le résistant
Toi digne fils de nos ancêtres.
 
GRAND PARMI LES GRANDS
 
Comment pourrais-je te laisser
Voguer à travers mers et cieux
Sans te donner ne serait-ce
Qu’une parcelle de reconnaissance
Pour tes gouttes d’eau jetées
Ça et là dans l’océan
 
Tes œuvres poétiques et politiques
Sont les armes employées
Pour redonner la dignité
A la négraille jetée pêle-mêle
Dans les cales de bateaux négriers
 
Tu lui intimes de se relever
Si elle ne veut vivre à tout jamais dans les fers
Tu lui intimes de se mettre debout
Afin de participer au concert des nations
 
Tu lui dis que l’esclavage
N’était qu’une parenthèse de son Histoire
Qu’elle doit se réapproprier les valeurs
Enfouies au plus profond de son être
 
Oui toi !

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Entretien avec Aimé césaire. Octobre 1967

 Le Monde n° 7071, samedi 7 octobre 1967, page 13.

aime_cesaire-7Pour l’ouverture de sa saison 1967-1968, le Théâtre de l’Est parisien accueille, en l’absence de la Guilde, en tournée aux États-Unis, la compagnie Serreau-Périnetti, qui crée la dernière œuvre du poète antillais Aimé Césaire, Une saison au Congo. Consacrée au destin tragique de Patrice Lumumba, cette pièce, qui était parue l’an dernier aux éditions du Seuil, a été considérablement remaniée par l’auteur1.

On retrouvera dans cette nouvelle mise en scène de Jean-Marie Serreau quelques uns des comédiens de La tragédie du roi Christophe, donnée par un nombre limité de représentations à l’Odéon en 1965. Douta Seck sera le peuple, représenté par un joueur de sanza ; Yvan Labejof, Mobutu ; Lydia Ewandé, Pauline Lumumba ; Jean-Marie Serreau, Dag Hammarskjœld ; Bachir Touré, Lumumba. Trente représentations d’Une saison au Congo sont prévues, jusqu’au 12 novembre.

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Entretien avec Aimé Césaire. Octobre 1961

Afrique (Paris, 1961), numéro 5, octobre 1961, pp. 64-67,

ISSN : 0568-174X

Cote Bibliothèque Nationale de France : FOL-JO-11121





cesaire-12Un noir prix Nobel ? Le journal suédois « Stockholmstridshingen » proposait voici quel-ques jours la candidature, M. Aimé Césaire, poète et député de la Martinique. L’anecdote serait de peu d’importance si elle ne révélait l’extraordinaire essor pris ces dernières années par la littérature noire d’expression française.

Aimé Césaire est, avec Léopold Sédar Senghor, le représentant le plus illustre de cette littérature et son œuvre, pour difficile qu’elle soit parfois, est déjà largement diffusée dans le grand public. Mais qui est-il ?

Né en 1913 à Basse-Pointe, Martinique, Aimé Césaire a vécu dans son île là vie de tous les petits Martiniquais. Dès les bancs du lycée, il écrit des vers, maladroitement, il « taquine la Muse, comme tout le monde », peu satisfait d’ailleurs des résultats. « Mais, dit-il, lais-sons mon enfance, elle n’a pas eu d’importance pour moi. Tout a vraiment commencé lorsque j’ai décidé de faire l’agrégation de lettres à Paris. Alors que la pensée de l’exil attristait la plupart de mes camarades de classe, elle me réjouissait : Paris, c’était une pro-messe d’épanouissement ; en effet, je n’étais pas à mon aise dans le monde antillais, monde de l’insaveur, de l’inauthentique.

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Les rentiers de Césaire sont des «césairophages»

cesaire-10HOMMAGE À AIMÉ CÉSAIRE AU PARLEMENT

Texte de l’intervention du député MIM Jean-Philippe Nilor

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, je tiens à dire d’emblée que je m’associe pleinement à l’idée de rendre hommage à Aimé Césaire pour son parcours, ses écrits et son combat politique, mené en particulier pendant quarante-sept ans sur les bancs de l’Assemblée nationale par des interventions magistrales qui ont marqué les mémoires et les consciences, dont la mienne. Là-dessus, il n’y a aucune ambiguïté. Néanmoins, il y a de quoi s’étonner du choix stratégique consistant à faire voter à l’Assemblée nationale une proposition de résolution d’hommage en vertu de l’article 34-1 de la Constitution pour émettre un avis sur l’hommage à Aimé Césaire. Très clairement, je considère qu’on ne vote pas un hommage, on le rend ou on ne le rend pas. J’irai même jusqu’à dire que Césaire, de son vivant, n’a jamais demandé ni attendu les hommages. Mais quitte à lui rendre hommage, ce à quoi j’adhère puissamment, la moindre des choses est de respecter sa pensée en cette circonstance historique.

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Crépuscule de la Négritude

— Par Selim Lander * —

 » Fortress of Negritude 2  » acrylics and watercolors on canvas 48″ x 48  » 2001

Texte publié initialement le 07/06/2006

« Ainsi la Négritude est pour se détruire, elle est passage et non aboutissement, moyen et non fin dernière…  » Jean-Paul Sartre

Il ne s’ agissait pas de métaphysique, mais d’ une vie à vivre, d’ un péril à courir, d’ une éthique à fonder et de communautés à sauver. A cette question, nous tâchâmes, vous et moi, de répondre… Et ce fut la Négritude…

Aimé Césaire, discours d’ accueil de Léopold César Senghor en Martinique, 1976.

L’ histoire de l’ invention de la Négritude a été plusieurs fois contée. La rencontre à Paris, au tournant des années trente de trois étudiants, l’ Africain, Léopold Sédar Senghor, le Martiniquais, Aimé Césaire et le Guyanais, Léon-Gontran Damas. Trois jeunes gens déracinés, trois poètes aussi pour lesquels l’ expression de le pensée politique passe d’ abord ou en tout cas tout autant dans l’ acte sacré de l’ écriture que dans les discours de tribuns. Le terme « Négritude » fut forgé par Césaire, d’ abord dans un article de la revue parisienne L’ Etudiant noir, puis dans le Cahier du retour au pays natal (1ère éd.

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« Nègre je suis, nègre je resterai »

 — par Aimé Césaire —

 cesaire-10Lycéen.

 Je trouvais les hommes martiniquais légers, superficiels, un peu snobs, porteurs de tous les préjugés qu’avaient les hommes de couleur autrefois. Tout cela ne me plaisait pas du tout, et je dois dire que je suis parti pour la France avec délectation. En mon for intérieur, je me disais: «Ils me foutront la paix. Là-bas, je serai libre, je lirai ce que je voudrai.» Me rendre en France avant-guerre était pour moi la promesse d’une libération, une possibilité, un espoir d’épanouissement. Autrement dit, contrairement à beaucoup de camarades de ma génération, j’avais constamment le sentiment que je vivais dans un monde fermé, étroit, un monde colonial. C’était mon sentiment premier. Je n’aimais pas cette Martinique. Et quand j’ai pu partir, ce fut avec plaisir. «Adieu!», pensais-je.

 

Senghor.

 Au lycée Louis-le-Grand, Senghor et moi, nous discutions éperdument de l’Afrique, des Antilles, du colonialisme, des civilisations. Il adorait parler des civilisations latine et grecque. Il était fort bon helléniste. Autrement dit, on s’est formé ensemble, au fur à mesure, jusqu’au jour où nous nous sommes posé une première question essentielle: «Qui suis-je?

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Centenaire Aimé Césaire

francophonieESPACE FRANCOPHONE
le magazine télévisé de la francophonie
MERCREDI 26 JUIN 2013 SUR FRANCE 3

Aimé Césaire
Sur les pas du fils d’un pays natal …

De la ville du Havre où il a débarqué à l’âge de dix-huit ans jusqu’à son île de la Martinique, Mona Makki a recueilli les témoignages de nombreuses personnalités comme les écrivains Alain Mabanckou et Lyonel Trouillot, Raymond Saint-Louis-Augustin son successeur à la mairie de Fort de France, le footballeur international, champion du monde, Lilian Thuram…

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« La Rigoise », de Félix-Hilaire Fortuné

— Par Gérard Dorwling-Carter —

felix-hilaire_fortune

« Cette société où l’individu a souvent plus de poids que le groupe ; cette société où le groupe a plus de poids que la collectivité ; cette société où la collectivité ne se considère pas comme étant la totalisation des individus qui la composent, mais une mosaïque ou un groupe de groupes, fermés sur eux-mêmes et juxtaposés, n’ayant pas la conscience d’être une entité à intérêts et destinées liés et solidaires.

Cette société-là anormalement submergée du poids du passé, alchimie de l’histoire, qui s’entête à ne pas confondre de crainte de fondre, cette société renferme plus de motifs de refus de l’effort commun et de la confiance réciproque, qu’elle n’offre de motivations à une volonté mutuelle de créations efficaces, progressistes et humaines.

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