L’éphéméride du 21 décembre

« Accord » de partage de la Martinique entre les Caraïbes et les Français le 21 décembre 1657.

Le 21 décembre 1657, le Gouverneur de la Martinique Jacques Dyel du Parquet, installé à Saint-Pierre conclut, après sept ans de violences, un premier « traité de paix » avec les Caraïbes, accord qui leur réserve une partie de l’île.

En 1657, les « indiens » autochtones, sont reclus dans la région nommée alors Cabesterre ou Capesterre (« Terres des caps »), qui recouvre le nord atlantique et le centre de la Martinique. Cette région comprend les communes du François, du Robert, de Trinité, du Gros-Morne, de Sainte-Marie, du Marigot, du Lorrain, de Basse-Pointe et de Macouba. Les Français occupent la région anciennement appelée Basse-Terre située sur la côte de la mer des Caraïbes.

L’installation et l’expansion des Français ont créé tensions et un conflit continu avec les autochtones. Avec la mort du gouverneur Jacques Dyel du Parquet éclate la guerre de 1658 contre les indiens caraïbes.

Plus de 600 Français se regroupent avec la bénédiction des prêtres de l’île pour attaquer les Caraïbes dans leurs territoires réservés par l’accord de paix du 21 décembre 1657 avec la volonté d’éliminer toutes présences indigènes dans l’île. Les Caraïbes sont massacrés et perdent les derniers territoires qui leur étaient réservés. Les survivants se réfugieront dans les îles de Saint-Vincent et de la Dominique. De là, ils organiseront par la suite plusieurs expéditions punitives contre les colons dans les îles voisines.

 

Caraïbes et Arawaks

Il était jusqu’à très récemment, couramment admis que les Arawaks avaient été exterminés par les Caraïbes. Cependant il semble que cette affirmation ne soit plus aussi nettement acceptée.

Thèse de l’absence d’extermination

Les enjeux économiques de la colonisation expliquent en grande partie que se soit forgée une histoire largement légendaire où des populations « caraïbes », terme qui pourrait venir de l’espagnol et ayant donné lieu à notre mot cannibale, sauvages mangeurs d’hommes, auraient exterminé d’hypothétiques populations arawaks pacifiques enlevant et réduisant en esclavage leurs femmes.

De nombreux travaux récents tendent à démontrer que ce schéma a souvent été évoqué dans l’histoire pour justifier l’extermination d’un peuple par un autre. Il s’agit en quelque sorte d’une auto-justification : certes, les Européens ont exterminé les « Caraïbes », mais ce n’est qu’un juste retour des choses, ces populations étant censées avoir fait de même avec leurs prédécesseurs.

Ce schéma se retrouve toujours plus ou moins développé par les chroniqueurs et perdure jusque dans de très sérieux ouvrages récents et est encore enseigné dans les écoles. Il faut simplement remarquer que la polysémie des termes Arawaks et caraïbes, recouvrant aussi bien des populations amazoniennes, des familles linguistiques et les protagonistes du « pseudo » drame des chroniqueurs, fait que les archéologues évitent de les employer pour se cantonner aux caractérisations purement archéologiques des différentes cultures mises en évidence dans les Antilles.

Thèse de l’extermination

Cette thèse, longtemps indiscutée, définit deux peuples : les Arawaks et les Caraïbes. Les premiers qui constituent un peuple de marins définissent une société peu belliqueuse et qui nous a légué de nombreuses poteries très ouvragées. Les seconds constituent un peuple aux aptitudes guerrières plus grandes qui par une politique d’expansion a exterminé le peuple arawak, en consommant la chair des vaincus et prenant comme femmes les veuves de ces derniers. En l’absence de tradition écrite, il est impossible de se fier à d’autres sources que celles des premiers explorateurs-colons. Les éléments plaidant en faveur de cette thèse sont :

Existence de trois langues, l’une parlée par les femmes et considérée comme 100 % arawak et celle des hommes, mélange de caraïbe et d’arawak ainsi qu’un dernier langage consacré à la guerre.
Existence avérée de deux familles culturelles différentes (tradition de poteries très différentes).
Écrits des premiers colons et notamment l’Anonyme de Carpentras qui livre un des récits les plus crédibles sur les petites Antilles avant l’installation des puissances coloniales.

Thèse intermédiaire

Si l’existence de deux « peuples » différenciés ne peut être totalement acceptée (les notions de caraïbes et Arawaks sont des termes polysémiques selon l’interlocuteur qui les emploie), les vestiges archéologiques mettent en évidence, notamment par le style des poteries au moins trois styles archéologiques dont les deux derniers pourraient être appliqués aux termes Arawaks et caraïbes. L’histoire humaine étant riche en épisodes d’élimination de peuples par d’autres, il est possible qu’une vague ait pu chasser la précédente. Cependant, cette élimination a très bien pu se faire de façon culturelle sans prépondérance guerrière.

La différence linguistique hommes-femmes peut également s’expliquer par des contacts plus approfondis de la gent masculine avec d’autres tribus. Ainsi l’hybride linguistique parlé par les hommes (structure grammaticale arawak avec du vocabulaire caraïbe) pourrait s’apparenter à un sabir.

Enfin il est certain que les traditions guerrières alliés à l’anthropophagie rituelle pratiquée par les Caraïbes ont contribué à créer l’image du sauvage propre à promouvoir le bien-fondé de la colonisation. D’après des historiens dont Deidre Rose, l’origine de cette prétendue anthropophagie serait liée au rituel aux morts, des ossements étaient conservés dans les maisons.

Carte originale