Catégorie : Littératures

Le respect de l’amour (3)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebaba

Suite de l’épisode 2

 « LE RESPECT DE L’AMOUR » Chapitre 1 « Le tourbillon »,

Quand Djeneba a huit ans, comme une école s’est ouverte dans cette ville, le père la ramène à Dougouké. Elle y retrouve sa mère, ses deux soeurs et son frère, tous nés après elle. Les deux épouses ont chacune leur habitation séparée par une barrière mais elles élèvent ensemble les enfants, font la cuisine à tour de rôle. Il arrive que la seconde épouse frappe Sirandine. Le père achète chaque mois la nourriture pour toute la maisonnée, mais la seconde épouse en prélève une partie pour la revendre à son profit, sans que le père le sache. Sirandine cultive un champ dont le produit représente un complément de nourriture familiale.

C’est une maison à l’africaine très simple avec un grand salon pourvu de meubles en bambou que l’on n’utilise presque jamais car il y a une terrasse tout le long de la maison et un abri tôlé à côté, et c’est là que séjournent à l’ombre toute la journée la nombreuse maisonnée et les innombrables visiteurs qui passent pour bavarder et boire le thé.

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Ballade de merci

villon_francois

François Villon (1431-1463)

A Chartreux et à Célestins,
A Mendiants et à Dévotes,
A musards et claquepatins,
A servants et filles mignottes
Portants surcots et justes cottes,
A cuidereaux d’amour transis,
Chaussant sans méhaing fauves bottes,
Je crie à toutes gens mercis.

A fillettes montrant tétins,

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100 regards sur Césaire : un hommage des cinq continents

Césaire (100)« Ma cour est un théâtre d’ombre.
Mais je lis au tableau noir tout ce qui est écrit
Sous leur cranes épais »
(La Tragédie du roi Christophe).

Par Michel Herland – Pour marquer le centenaire de la naissance d’Aimé Césaire (1913-2008), le conseil général a rassemblé dans un beau livre richement illustré cent témoignages qui sont autant d’hommages au poète et chef charismatique de la Martinique (1). Ce n’est que justice car c’est bien grâce à Césaire que ce petit département de l’arc antillais s’est fait connaître dans le monde, ou, à tout le moins, dans toute la francophonie. Sait-on que la poésie de Césaire, son théâtre sont mieux connus en Afrique (où ils sont au programme des lycées) qu’en France même ? Plusieurs contributions nous le rappellent opportunément, qu’elles fassent référence au Cameroun (Romuald Fonkoua), au Gabon (Wilfried Idiatha), au Congo-Brazzaville (René Kiminou – qui enseigne désormais à l’UAG), au Mali (Salia Malé) ou à la Mauritanie (Annie et Michel Rémond).

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Le respect de l’amour (2)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebaba

Suite de l’épisode 1

Mohamed se promène dans la rue. Il porte une belle ceinture à la taille et une montre de valeur au bras. Un individu l’aborde : « Mohamed, quelle magnifique ceinture ! Regarde, moi, je n’ai que cette ficelle pour tenir mon pantalon. » Mohamed donne sa ceinture et rentre à la maison en tenant de ses mains son pantalon. Mais avant d’arriver, il a donné sa montre à un autre quémandeur.

Mohamed est relativement aisé, il ne supporte pas de regarder la misère autour de lui sans réagir. Il achète régulièrement des sacs de céréales pour ses voisins.

 Force de la bonté. Sa propension innée à l’empathie lui fait ressentir toute souffrance, tout désarroi de l’autre. Il ne laisse personne sans secours.

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POUR GABRIEL GARCIA MARQUEZ

Par Patrick CHAMOISEAU

gabriel_garcia_marquez
Frère

ton escorte la voici

cent grappes de goyaviers en fleurs
tout autant de goyaves : saveurs puissantes en parfums d’alizés
deux trois galions fantômes où des musiques se dansent
et quelques autres enracinés dans des forêts d’errances

grands bouts d’éternité dans le secret des mots
haute tension de l’image
bouleversement de la vision dans un temps circulaire
somptueuses saisies du monde

puissance !

ce que tu avais vu de la littérature nous incline encore
(ici, l’initiation, le commencement et le recommencement
sont faits d’admiration)

ta Caraïbe avale toutes les Amériques
elle en connaît le lien
et ce qui chante ici et qui enchante
dans ces îles et ces rives
ces peuples créés
situations superbes et lieux inoubliables
nomment sur ton passage ce qui les a nommés

puissance
puissance

ne saurait disparaître l’insolitude solaire

17 04 2014

 

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Patrick CHAMOISEAU

 

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Le respect de l’amour (1)

Une vie du Sénégal à la France par Djenaba DIALLO & Michel PENNETIER

djebaba« Elle était satisfaite d’être Khady, il n’y avait eu
nul interstice dubitatif entre  elle et  l’implacable
réalité du personnage de Khady Demba …
A présent encore c’était quelque chose dont elle
elle  ne doutait pas –  qu’elle était indivisible  et
précieuse, et qu’elle ne pouvait être qu’elle-même. »

Marie Ndiaye : «  Trois femmes puissantes »

Avant-propos

Est-il vrai que toute vie, du moment qu’on la perçoit en  sa profondeur, mérite d ‘être racontée ? Est-il vrai aussi, comme le pense Christophe Donner, que l’imagination est plus un obstacle qu’une bénédiction pour un romancier ?  Dostoïevski disait : » Que peut-il y avoir de plus invraisemblable que la réalité ? Jamais un romancier ne proposera d’impossibilités aussi impossibles que celles que la réalité nous présente chaque jour par milliers, sous l’aspect des choses les plus ordinaires ».

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Le prix Nobel de littérature colombien Gabriel Garcia Marquez est mort

L'auteur de "Cent ans de solitude" est mort à Mexico, à l'âge de 87 ans. Il reste l'un des plus grands écrivains de l'histoire de la littérature de langue espagnole.

— Par Francetv info avec AFP —

gabriel_garcia_marquez C’est un monument de la littérature sud-américaine qui disparait. Le prix Nobel de littérature colombien Gabriel Garcia Marquez est mort à l’âge de 87 ans, jeudi 17 avril à Mexico (Mexique). Sa mort a été confirmée par le président colombien Juan Manuel Santos, puis par Fernanda Familiar, une porte-parole de la famille, dont elle relaie la tristesse sur Twitter.

Un journal avait évoqué un cancer ces derniers jours, mais le président colombien avait affirmé dans la foulée que l’auteur souffrait d’une pneumonie. A la suite de cette annonce, la famille de Gabriel Garcia Marquez avait précisé que ce dernier, après une hospitalisation de quelques jours, se trouvait dans un état de santé « très fragile » mais « stable » dans sa maison de Mexico, où il vivait depuis plus d’un demi-siècle.
« Cent ans de solitude », son chef d’œuvre

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Une mise au point de Noni Carter

L'auteure précise sa position après sa lecture à "Lire et dire pour le plaisir" : "un Quid pro quo"

— Par Noni Carter —

noni_carterI sit here and contemplate my response to your article. I am a writer of the brand that does not seek to justify a work. If you miss it, then you miss it. If we don’t agree, then we don’t agree. Still, I choose the affirmative for I think my work has been a bit misunderstood.

First a word on the text. On the last evening of the wonderful two week festival Lire et Dire pour le Plaisir in Martinique, I read a short extract from a book I am in the process of writing, entitled Womb Talk©. I shared an extract that was translated by a friend into French from the original English. The book is composed of imaginary letters written between a young teenage girl and the baby she aborts.

The scathing, red, heated review in Madinin-Art is written on what this critic picked up from the first extract I read, two-thirds of the very first letter in the novel.

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« Lire et dire pour le plaisir » avec Sophie Jeukens

Une soirée illuminée par le verbe d'une jeune poète québecoise

 sophie_jeukensSamedi soir l’association Virgul’ closait l’opération « Lire et dire pour le plaisir » par une soirée poésie réservée aux femmes dans l’ancienne purgerie du Domaine de Fonds Saint-Jacques. Quelques défections mises à part le plateau prévu répondait présent. Djeynaba Gueye, conteuse du Sénégal, a dit deux contes où il était question de petites filles désobéissantes et qui étaient punies, alors même qu’elles ne faisaient que suivre des garçons tout aussi désobéissants mais épargnés, sans doute parce justement ils étaient des garçons ! Puis elle nous a raconté une histoire de trois pintades ( énonciation au féminin!) sans beaucoup de cervelle ! A en croire Djeynaba Gueye,  il semblerait que les modes de socialisation des petites filles au Sénégal soient très fortement marqués par la soumission et que les études sur le genre y aient un bel avenir ! Le pire était à venir avec la lecture d’un long texte de Noni Carter, auteure étasunienne, sur l’interruption volontaire de grossesse, au contenu idéologique pour le moins ambigu si ce n’est franchement réactionnaire.

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Livraisons : René Maran, Frantz Fanon

rene_maranPar Michel Herland – Les hasards du courrier font atterrir dans notre boite aux lettres deux ouvrages composites, atypiques en tout cas, arborant respectivement sur leurs couvertures les noms de René Maran (1887-1960) et de Frantz Fanon (1925-1961). Deux Antillais, ressortissants de ce qui était encore à l’heure de leur naissance l’Empire français, attirés par la mère Afrique où ils trouvèrent chacun un destin contrasté : les désillusions du colonialisme pour le premier et les illusions de la Révolution pour le second.

René Hénane fut médecin avant d’être césairologue. C’est à ce titre, sans doute, qu’il a voulu sortir de l’oubli un curieux ouvrage de Maran intitulé Asepsie noire ! (1). Le prix Goncourt attribué à Maran pour son roman Batouala (1921) ne lui apporta pas toutes les satisfactions qui vont de pair, ordinairement, avec cette récompense.

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Marguerite Duras, un siècle entier en littérature

— Par Alain Nicolas —

marguerite_durasIl y a cent ans naissait la romancière de Barrage contre le Pacifique, la cinéaste d’India Song, la dramaturge de 
Des journées entières dans les arbres. Elle a marqué son siècle littéraire et artistique, et fut une résistante, une militante anticoloniale et une féministe.

Il y a cent ans, le 4 avril 1914, naissait à Gia Dinh, en Indochine française, aujourd’hui au Vietnam, Marguerite, ­Germaine, Marie, fille d’Henri Donnadieu et de son épouse Marie Legrand. C’est ce que dit, avec toute la sécheresse voulue, l’acte de naissance de celle qui sera célèbre sous le nom de Marguerite Duras. Rien, ni dans sa vie ni dans son œuvre, ne montre qu’elle attachait la moindre importance aux anniversaires et aux commémorations.

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Décès de l’écrivaine Régine Deforges, elle avait « les mots pour le dire »

regine_desforgesL’écrivaine, éditrice, féministe et ancienne chroniqueuse à l’Humanité, membre du conseil d’administration des Amis de l’Humanité, Régine Deforges, est décédée jeudi soir. A l’âge de 78 ans, ce sont les suites d’une crise cardiaque qui l’ont emportée à l’hôpital parisien Cochin.

« Je crois que les politiciens craignent l’écrit. Ils s’accommodent éventuellement de la presse, en raison de son caractère éphémère. Mais les livres restent toujours quelque part. On m’a déjà expédié des notifications de destruction de mes livres par le feu, dans certains pays où ils ont été traduits. Cela provoque pour le moins un malaise… » racontait Régine Deforges à Dominique Widemann de l’Humanité.

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Paradoxe électoral

— Par Philippe Pilotin —

poesies-360A chaque campagne électorale,
Le scrutin me sape le moral
Et au dépouillement des voix,
Je me retrouve sur la mauvaise voie.

Hi hi hi ! J’ai voté pour la droite,
En pleine face j’ai reçu une droite.
J’ai beaucoup pleurer
Car le coup m’a défiguré.

Hi hi hi ! J’ai voté pour la gauche,
C’était le même son de cloche.
Je n’ai pas cessé de pleurer
Car mes espoirs ont été dénaturés.

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Monde caraïbes : avis de parution, mars 2014

un_marin_martiniquaisUN MARIN, UN MARTINIQUAIS, NOTRE GRAND-PÈRE
Pierre Héber-Suffrin
Aux derniers temps de la marine à voiles, Marcel Héber-Suffrin commence à naviguer comme mousse le long des côtes de la Martinique. Il terminera capitaine au long cours. Il reviendra s’installer à la Martinique où il vivra la « Catastrophe », l’éruption de 1902. Voici ce que racontent ses manuscrits publiés tout juste cent ans après sa mort.

(Coll. Histoire de vie et formation, 18 euros, 182 p., mars 2014) EAN : 9782343028064
EAN PDF : 9782336339429 

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ÉVÉNEMENTS TRAUMATIQUES À LA MARTINIQUE
Le vivre et les surmonter
Claire-Emmanuelle Laguerre
Sous l’angle d’une psychologie géopolitique clinique, cet ouvrage questionne les répercussions des événements traumatiques actuels ou transmis rencontrés à la Martinique (traite négrière, névrose du colonisé, catastrophes naturelles). Il analyse la façon dont le trauma s’est figé dans un complexe culturel transmis de génération en génération. Il propose d’évaluer les capacités du Martiniquais à faire face aux événements traumatiques en ouvrant une réflexion sur la piste d’une justice restaurative, une des réponses possibles pour une réconciliation nationale.

(Coll. Sciences criminelles, 14 euros, 132 p.,

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Les gondoles de l’usine à rêves

Regarde les lumières, mon amour, Annie Ernaux, Seuil, 72 p., 5,90 euros.

— Par Patrice Trapier —
regarde_les_lumieresLes lumières de la vie se sont éloignées des centres urbains pour se poser dans d’immenses zones commerciales ultra-taylorisées assouvissant (tout en la suscitant) une très large palette de désirs planétaires. Ces scintillements artificiels suscitent du rêve, comme les arbres de Noël, mais aussi un dégoût et une aliénation grandissants. Pendant ce temps, les familles les plus aisées s’émerveillent des retrouvailles avec un commerce de proximité.

Annie Ernaux nous livre le journal de ses visites entre 2012 et 2013 à l’hypermarché Auchan de Cergy. Publié dans la collection de Pierre Rosanvallon qui raconte le roman vrai des invisibles, ce texte offre des intuitions de sociologue et des fulgurances de romancière.

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Jim Harrison, l’écrivain du sans-pareil

— Par Olivier Joly —
jim_harrisonLe romancier culte américain, Jim Harrison, revient avec Nageur de rivière, deux longues nouvelles, deux destins d’hommes à la croisée de leur vie et de leurs envies.

Historien de l’art mais artiste raté, Clive revient dans la ferme familiale du Michigan pour prendre soin de sa mère, ornithologue autoritaire, et renouer avec les chimères de son amour de jeunesse. Entre réminiscences et réalité, le retour aux sources va offrir à ce sexagénaire drôle et désabusé une cure de jouvence nourrie d’émois sexuels, de coups de pinceau et, au fil du temps, de prise de distance avec ses problèmes, réels et imaginaires.

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Le centenaire d’Albert Camus (1913-1960) – Camus et le théâtre

Albert Camus

Par Selim Lander – Hasard, bien sûr : deux auteurs français célèbres dont le nom débute par la lettre « C »  sont nés en 1913 (Camus, Césaire), un troisième (Cocteau) est mort en 1963. Un tel télescopage n’a pas aidé à ce que ces anniversaires fussent commémorés avec toute la ferveur souhaitable. Sans compter que 1913 fut également l’année de la publication du premier volume de la Recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, événement considérable qui n’a pas manqué de faire beaucoup d’ombre aux trois précédents. Dans le cas d’Albert Camus, le brouillage a été encore accentué par la polémique autour de l’organisation de la grande exposition commémorative, à la médiathèque d’Aix-en-Provence qui abrite le Fonds Camus.

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Maryse Condé se livre et se délivre

Maryse Condé : La vie sans fards, Paris, J.C. Lattès, 2012, 334 p., 19 €.

maryse-conde-Par Michel Herland – En plaçant d’entrée ce livre de mémoires sous l’invocation de Jean-Jacques Rousseau et de ses Confessions, Maryse Condé (née en 1937) annonce la couleur. Loin de vouloir dresser pour la postérité une statue à sa gloire, elle livrera aux lecteurs le récit « sans fards » de ses années de jeunesse. Ce livre devrait passionner, au-delà des admirateurs de l’auteure de Ségou (publié en 1984), les Africains, sans parler de tous les Européens ou Antillais qui, comme elle, ont laissé une part d’eux-mêmes sur « le continent ». C’est pourtant en Haïti que ces nouvelles confessions ont fait le plus de bruit (1) quand il est apparu que le père de Denis, le fils aîné de M. Condé, né en 1956, n’était autre que Jean Dominique (1930-2000), une figure de la résistance contre les Duvalier, coupable d’avoir abandonné Paris et sa jeune maîtresse passionnée lorsqu’il apprit qu’elle était enceinte de ses œuvres.

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Le cri de colère de Christiane Taubira face à « l’impensable »

—Par Franck Johannès —

taubira_paroles_liberte-325C’est un petit livre, une grosse centaine de pages, « écrites au pas de charge durant cette poignée de nuits plus calmes » de la fin de l’année. Un cri de colère, mesuré, raisonnable et passionné, dans ce style fleuri et un peu ampoulé qui est l’inaltérable marque de fabrique de Christiane Taubira. « Le temps n’est pas à l’ordinaire », rappelle paisiblement la garde des sceaux, alors qu’aucun ministre de la République, depuis Roger Salengro qui s’est tué en 1936 après l’ultime crachat au visage d’un inconnu, n’a été à ce point traîné dans la boue.

« Le temps n’est pas à l’ordinaire. Sinon l’ordinaire du malheur qui s’annonce et que l’on choisit d’ignorer », écrit la ministre dans Paroles de liberté (Flammarion, 128 pages, 12 euros), publié le 5 mars. C’est la seule qui cite encore le grand Frantz Fanon, « l’essentiel n’est pas ce que l’on a fait de toi, mais ce que tu fais de ce que l’on a fait de toi ». Les insultes, pendant le long combat du mariage pour tous l’ont grandie, mais bien sûr l’ont touchée.

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L’homme, capitale de la jouissance

— Par Thierry Blin, maître de conférences en sociologie.—
metastasesTout passe entre les griffes de Slavoj Zizek, philosophe classé à la rubrique marxiste. Il livre ici un ouvrage tout à la fois brillant, inattendu, jargonneux, et inutilement complexe.

Métastases du jouir. Des femmes  et de la causalité, de Slavoj Zizek, traduit 
par Daniel Bismuth. Éditions Flammarion, 2014, 336 pages, 24 euros.  Prenez du Lénine, ajoutez du Lacan, sans oublier énormément de Cahiers du cinéma, et vous obtiendrez Slavoj Zizek. Son objet : décortiquer la culture populaire contemporaine. Cinéma, littérature, cyberworld, gender studies… Tout passe entre ses griffes. On le classe généralement à la rubrique marxiste, tendance insolite. Certains fâcheux parlent même de philosophe-entertainer, de « l’entertainment », le « spectacle », « l’amusement ».

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Le virus de l’amour

— Par Philippe Pilotin—

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Tourmenté de n’avoir jamais eu de chagrin,
Un de mes nombreux amis et proche voisin,
Me conseilla vivement de consulter un médecin,
Ce que je fis le lendemain, jour de la Saint-Valentin.

Aux dires de ce grand prévôt de l’amour
Et sans trop jouer avec l’humour,
J’étais porteur sain du fameux virus de l’amour
Mais pour lui, ce n’était pas tellement glamour.

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« Première nuit : une anthologie du désir » sous la direction de Léonora Miano

premiere_nuitVient de paraître aux éditions Mémoire d’encrier le collectif Première nuit : une anthologie du désir sous la direction de la romancière Léonora Miano.

C’est sous le signe de la subversion que s’annonce cet ouvrage qui renverse le parcours thématique des littératures noires francophones. Un univers jusque-là inexploré – celui de l’intime et du désir –, nous est offert dans ces dix nouvelles écrites par des écrivains noirs pour notre plus grand bonheur.

Point de vue de l’éditeur :

Parlons du corps et de l’intimité avec Alfred Alexandre, Edem Awumey, Julien Delmaire, Frankito, Julien Mabiala Bissila, Jean-Marc Rosier, Insa Sané, Felwine Sarr, Sunjata et Georges Yémy. L’initiative est signée Léonora Miano, romancière.

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Un tombeau d’Aimé Césaire

        Je veux peupler la nuit d’adieux méticuleux
(Et les chiens se taisaient)

Aimé Césaire : Poésie, Théâtre, Essais et Discours – Édition critique coordonnée par Albert James Arnold – CNRS Éditions et Présence Africaine Éditions, coll. « Planète libre » Paris, 2013, 1805 p.

Aimé-Césaire-CNRSPar Michel Herland – Un monument, un temple, un tombeau à la gloire de Césaire : tels sont les mots qui viennent immédiatement à l’esprit quand on découvre cet ouvrage de papier de plus de 1800 pages grand format. On n’aurait même pas rêvé de voir rassemblés toute la poésie et tout le théâtre de Césaire dans un seul volume, tous les articles de l’Etudiant noir et de Tropiques plus quelques autres, les grands discours sur la négritude et autre ! Sans parler des textes désormais historiques consacrés au grand homme par des éminences intellectuelles (Breton, Sartre, Leiris, Glissant…), et sans oublier enfin les articles de présentation, de commentaires et plus généralement tout l’appareil qui accompagne une édition savante, préparée en l’occurrence par une douzaine de collaborateurs (mais aucun Martiniquais) sous les auspices de l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) et avec le soutien de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF).

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Glissant au tourbillon de la mondialité

Hommage à l’écrivain, poète et philosophe, fondateur de l’Institut du tout-monde, disparu il y a trois ans.

— Par Aliocha Wald Lasowski, philosophe. —

glissant-300C’est au début de l’année 2005, un soir de janvier, à la galerie Léo Scheer, rue de Verneuil, à Paris. Vêtu d’un chapeau noir, avec une veste noire sur une chemise rouge, Édouard Glissant est l’invité d’un débat philosophique. Sa voix est douce, presque chantante, ses mots profonds, puissants, mais immédiatement accessibles, communicatifs. Sans détour, sa pensée pointe au vif et donne le sentiment du mouvement, dans une sorte d’élégance qui suit son chemin.

Pétillement de la rencontre. Merveille du poète qui offre son sourire, dans le regard qui appelle le partage, la complicité et l’amitié naissante. Suivront des moments d’exception aux côtés de l’écrivain disparu il y a trois ans, le 3 février 2011, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, depuis les rencontres joyeuses à l’Institut du tout-monde, qu’il crée et fonde à Paris, jusqu’aux chaos-opéras chez la styliste Agnès B., poésie et musique mêlées, jusqu’aux soirées chez Arturo’s, le café de Soho à New York où Glissant fait partager sa passion du jazz.

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« La Porte » : à Dillon, la Simar rend hommage à Césaire, Allende & Néruda

allend_&_nerudaLa S.I.M.A.R. s’est engagée dans un processus d’amélioration du cadre de vie des habitants et d’embellissement de son patrimoine immobilier de Dillon en réalisant des travaux de résidentialisation dans le cadre du Programme de Développement et de Rénovation Urbain (PDRU) de la Ville de Fort-de-France. La S.I.MAR. a souhaité compléter ce programme important de travaux sur les espaces extérieurs de ses résidences par une intervention d’ordre culturel et esthétique liée à l’histoire de la Cité Dillon et à la dénomination de sa voie principale, l’Avenue Salvador Allende. L’idée de base étant de mettre en relation l’implication très forte dans l’évolution de la Cité Dillon de l’ancien Maire de Fort-de-France et poète Aimé Césaire, et sa décision de rendre hommage au Président Chilien Salvador Allende, symbole de courage et de résistance, en attribuant son nom à l’axe routier central de Dillon.

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