— Par José Alpha —
Face à la scène où se déroulait le drame familial que m’invitait à voir au Théâtre municipal de Fort de France la pièce « le cœur d’une mère » de Jean Michel Dubray du « Théâtre-du-bon-bout » de la Martinique, j’entendais les commentaires murmurés, les rires, les approbations et les soupirs d’une salle immergée par la douleur d’une jeune mère durement confrontée au protectionnisme maternel exercé sur le père de sa fille, par celle qui aurait pu être sa belle mère.
Une situation bien connue dans toutes les familles du monde et particulièrement dans les Antilles, les pays latins d’Europe, des Amériques et de la Caraïbe. La mère protège tellement son fils qu’elle en fait un lâche, un profiteur, un « coq en pâte » immature et manipulateur comme ont pu le souligner, avec l’auteur de la pièce, les cliniciens qui tentent encore d’éclaircir le rôle du père dans la famille antillaise. En fait, la mère courage (Solange) qui a élevé seule son fils (Roger), répète son propre échec affectif et conjugal en jetant l’opprobre sur la jeune « intrigante » (Brigitte) qui a tenté de lui dérober par la maternité, ce fils trop « bien aimé ».


« Folie » de Marie Vieux-Chauvet







Le hasard a fait que j’ai pu voir les œuvres de trois metteurs en scène lors d’un séjour récent à la Havane. Leur manière d’aborder des questions concernant l’identité cubaine – de nouveaux rapports avec les traditions afro-cubaines, la discussion sur l’identité sexuelle et les possibilités artistiques d’un renouveau des sources de la pensée révolutionnaire – a révélé l’importance grandissante de la pratique théâtrale en tant qu’espace de réflexion sur les rapports entre l’individu et la société cubaine en général.




Cette phrase de Jean-Paul Sarte à propos des « Mains sales » s’applique assez bien au théâtre de Marivaux (1688-1763) qui invite le spectateur à réfléchir sur l’inégalité sociale, sans pour autant réclamer un changement politique. Marivaux n’est pas révolutionnaire. Dans le langage moderne, tout au plus serait-il « réformiste ». Moraliste est semble-t-il le mot le plus adéquat. Dans l’Ile aux esclaves, qui nous est présentée le 28 janvier à 20 h 30 dans la salle Frantz Fanon du CMAC-ATRIUM, il fait appel sinon à l’humanisme des personnages, tout au moins à leur humanité, à leur raison, ce en quoi il préfigure le siècle des Lumières sans en avoir les audaces politiques. Résumons l’intrigue. En un temps qui fait référence à la Grèce antique, mais que le vocabulaire de la pièce dément, et à la suite d’un naufrage, quelques survivants, maitres et valets, échouent sur une ile dans laquelle les rapports sociaux sont inversés. D’anciens esclaves ont pris le pouvoir et rééduquent les maîtres qui débarquent dans la République en leur imposant l’ancien statut d’esclave tandis que les anciens esclaves sont mis dans la condition de maître.


