— par Roland Sabra —
Oh ce n’est pas un pièce de ce que l’on appelle « le répertoire » sous entendu celui de la Comédie Française. Ce n’est pas non plus un texte issu du théâtre d’interrogations métaphysiques. Les personnages sont outrés, un peu vulgaires, c’est parfois en-dessous de « mon cul sur la commode », mais n’en déplaisent aux précieux, aux délicats c’est quand même du théâtre. La troupe de théâtre amateur « Sa sé Nou » l’annonce très clairement dans son titre elle a vocation à la satyre sociale. C’est dans cette tradition que s’inscrit « L’affaire Fanotte Ti Sonson » que nous avons pu voir en matinée samedi 21 mai au théâtre municipal de For-de-France. Résumons l’intrigue. Ti Sonson, Nestor Migere dans le rôle, est parti dans les fournées du Bumidom, travailler ans en France pendant quarante ans ; Il revient pour sa retraite avec l’intention de vivre aux crochets de sa vieille maman, mais voilà l’aide-ménagère, Fanotte incarnée par Marlène Loza, à dilapider le compte en banque de la maman. Un procès s’engage et vont défiler à la barre les témoins, tous favorables à Fanotte.




Le hasard a fait que j’ai pu voir les œuvres de trois metteurs en scène lors d’un séjour récent à la Havane. Leur manière d’aborder des questions concernant l’identité cubaine – de nouveaux rapports avec les traditions afro-cubaines, la discussion sur l’identité sexuelle et les possibilités artistiques d’un renouveau des sources de la pensée révolutionnaire – a révélé l’importance grandissante de la pratique théâtrale en tant qu’espace de réflexion sur les rapports entre l’individu et la société cubaine en général.




Cette phrase de Jean-Paul Sarte à propos des « Mains sales » s’applique assez bien au théâtre de Marivaux (1688-1763) qui invite le spectateur à réfléchir sur l’inégalité sociale, sans pour autant réclamer un changement politique. Marivaux n’est pas révolutionnaire. Dans le langage moderne, tout au plus serait-il « réformiste ». Moraliste est semble-t-il le mot le plus adéquat. Dans l’Ile aux esclaves, qui nous est présentée le 28 janvier à 20 h 30 dans la salle Frantz Fanon du CMAC-ATRIUM, il fait appel sinon à l’humanisme des personnages, tout au moins à leur humanité, à leur raison, ce en quoi il préfigure le siècle des Lumières sans en avoir les audaces politiques. Résumons l’intrigue. En un temps qui fait référence à la Grèce antique, mais que le vocabulaire de la pièce dément, et à la suite d’un naufrage, quelques survivants, maitres et valets, échouent sur une ile dans laquelle les rapports sociaux sont inversés. D’anciens esclaves ont pris le pouvoir et rééduquent les maîtres qui débarquent dans la République en leur imposant l’ancien statut d’esclave tandis que les anciens esclaves sont mis dans la condition de maître.









Après une magnifique Antigone qui a enthousiasmé le public martiniquais la semaine dernière, l’Atrium nous offre, Vendredi 14 et Samedi 15 mai , « Sizwe Banzi est mort » dans une mise en scène du légendaire Peter Brook. La pièce écrite au début des années 70 par des auteurs sud-africains appartient à ce qu’on appelle le Théâtre des Townships. Issu des ghettos ce théâtre de par son existence même était un défi politique au régime de l’Apartheid puisque celui-ci avait interdit le théâtre aux populations noires.
Jacques-Olivier Ensfelder travaille depuis sept ans avec un petit groupe de femmes passionnées de théâtre. Un seul homme durant ce « septennat » s’est aventuré sur les planches. Le metteur en scène récuse la distinction entre théâtre amateur et théâtre professionnel. Il explique que bien des amateurs ont un talent au moins équivalent à certains professionnels. La preuve nous en est donnée chaque année par une troupe subventionnée dont le metteur en scène s’escrime à vouloir jouer, pour un résultat sur lequel on ne s’appesantira pas.