Catégorie : Arts de la scène

Bobo premier, roi de personne mais roi de la scène

24 mars Fonds St-Jacques à 19h

Womba1–– Par Janine Bailly ––

Lui, c’est Patrick Womba, le conteur. Je ne l’avais personnellement pas revu depuis la Katchopine ou la fille aux oiseaux, je l’attendais impatiemment, et voilà qu’il nous est revenu, tel une hirondelle avec le printemps, pour une unique représentation à Fort-de-France, dans la petite salle Frantz Fanon de Tropiques-Atrium ! Bobo premier, roi de personne, créé en février 2015 à l’Archipel Scène Nationale de Guadeloupe, fut joué avec succès au Festival Off d’Avignon en juillet 2015.

Ce soir, pour nous enfin il entre, sa voix d’abord devant lui, projetée dans le noir de la scène. Puis dans la lumière il est là, et l’espace aussitôt en est tout habité : par son corps pain d’épices dense et dansant, tout de couleurs chaudes vêtu et de cuir orange chaussé ; par cette drôle de construction colorée et conique, précédée d’un tambour, qui délimite le fond du plateau ; par la surface de jeu, comme qui dirait surface de réparation, dessinée au sol à l’aide de clairs paniers d’osier sur lesquels de petits instruments de musique étranges attendent sagement de donner de la note au spectacle.

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Paroles de vie, Paroles d’envie …

Tropiques-Atrium, le 30 mars à 20 h

slam_paroles_de_vieLe slam est une forme de lecture poétique considérée comme un mouvement d’expression populaire, initialement en marge des circuits artistiques traditionnels, aujourd’hui largement reconnu et médiatisé. C’est un art du spectacle oral et scénique, focalisé sur le verbe et l’expression brute avec une grande économie de moyens, un lien entre écriture et performance.

Si des poètes, en particulier issus de la mouvance hip-hop, le revendiquent comme issu de la rue ainsi que le rap à ses débuts, il est néanmoins pratiqué par des poètes de tous styles, de tous milieux sociaux, en ville comme à la campagne.

En anglais, Slam Poetry signifie schelem de poésie, comme on parle de schelem dans les tournois de rugby, de tennis ou de bridge. Les scènes slam prennent la forme ludique d’une rencontre sportive , impliquant une participation du public, un jury populaire étant désigné dans l’audience. Les scènes réunissent des poètes d’origine, d’inspiration et de styles variés, formant un spectacle populaire et démocratique. Trois personnes du jury, désigné dans le public présent, attribuent un score à la fin du passage de chaque poète.

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« La Fabrique à chansons » en Martinique

la_fabrique_a_chansonsLa fabrique  à chanson est une opération originale et novatrice  organisée  par la SACEM  , l’éducation nationale et le ministère de  la culture et le réseau CANOPE.

Elle  consiste  en la création d’œuvres musicales par des  classes de CM1 et de  CM2  encadrées par des  auteurs  compositeurs  dans chaque   de  département.

Les documents ci joints exposent les  motivations et les modalités d’organisation de cet projet  et indiquent les  écoles retenues pour la Martinique ainsi que les  artistes encadrants .

Un comité de sélection est  également constitué , composé de représentants des  entités sus indiquées, de journalistes , d’organisateurs de  festival ,   et  de la DAC et de personnalités  du monde  musical.

Des visites ont   déjà été réalisées  à Ravine  Vilaine, et à  Coridon, d’autres  sont programmées le 12 avril  prochain à compter de 8h30 dans les écoles  B. Encamée  de  Rivière-Pilote et des Anses d’Arlest .

Nous  souhaitons donner une déclinaison médiatique  à cet évènement et  sollicitions votre  media dans cet  objectif.

La restitution finale  se fera  au cours d’un spectacle programmé  le 10 mai prochain au cours duquel  l’école  lauréate sera sélectionnée  dans l’objectif de représentation de la Martinique  à  la finale  nationale.

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Tchernobyl, my love forever

— Par Roland Sabra —

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Le 26 avril 1986 à Tchernobyl dans la centrale nucléaire des apprentis sorciers ont voulu tester la possibilité d’une production supplémentaire d’énergie en cas d’arrêt d’urgence. Ils sollicitent le réacteur nucléaire numéro 4 au-delà des ses possibilités. A 1 h 23 minutes 49 secondes l’expérience prend fin avec l’explosion du réacteur. L’humanité va connaitre la plus grande catastrophe technologique de son histoire et sans doute la plus grande opération de camouflage et de dissimulation. Des dizaines et des dizaines de milliers de tonnes de ferrailles, de béton, de sable vont être transportés en catimini pour tenter de construire « le plus giganstesque et dérisoire sarcophage du monde« . Le nuage radioactif traversera l’Europe, l’Asie, l’Amérique du nord. Tchernobyl ne s’évoque qu’avec des superlatifs, qu’il s’agisse de l’incurie, du cynisme, du mensonge, du mépris, de la complicité, du mutisme il n’y a pas dans l’histoire d’événement qui l’égale. Aujourd’hui trente ans plus tard nous continuons de faire comme si cela n’avait pas été. Et le pire est à venir. Il est celui que nous réservent les vingt tonnes d’uranium toujours en fusion instable au coeur du récteur numéro quatre et dont peronne ne sait que faire.

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« Tribunal des femmes bafouées » : un théâtre créole nécessaire

— Par Roland Sabra —

« Dans les Antilles, le théâtre peut être considéré comme le dernier genre à naître » écrit Bridget Jones dans «  Comment identifier une pièce de théâtre de la Caraïbe. » On distingue généralement deux branches. La première s’inspire de grande figure de l’histoire nègre, africaine ou antillaise. La seconde est d’une veine plutôt comique qui puise dans la vie quotidienne et qui ne dédaigne pas les procédés du boulevard. Tribunal Femmes bafouées qui emprunte au trio classique et comique du mari de la femme et de la maîtresse sans être une bouffonnade tire volontairement du côté de la farce. L’homme à femmes, ce chasseur impénitent, ce séducteur incapable d’aimer, ce collectionneur mutilé donc le cœur est dans la braguette, qui n’est sur la scène sociale que le représentant d’une virilité qui n’est pas la sienne mais celle d’une figure maternelle toute puissante, cette figure lamentable, puérile d’un certain type d’homme est dans la pièce écrite par Tony Delsham l’objet d’une moquerie et d’un assaut de lazzis haut en couleurs. C’est un théâtre populaire au sens noble du terme.

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Le Marchand de Venise

Les 23, 24, 25 mars 2016 à 19 h 30 au TAC

marchand_de_venise_affAntonio, un riche marchand de Venise, décide d’emprunter trois mille ducats à l’usurier juif Shylock afin d’aider son ami Bassanio à gagner Belmont où il espère faire la conquête de la belle et riche héritière Portia.
Comme les autres prétendants, Bassanio doit se soumettre à l’épreuve que le père disparu de la jeune femme a imaginée, et choisir entre trois coffrets, d’or, d’argent, et de plomb. Au moment où il l’emporte sur ses rivaux, il apprend qu’Antonio ne peut rembourser sa dette à Shylock qui exige qu’en vertu du contrat une livre de chair soit prélevée sur le corps de son débiteur. Mais l’habileté de Portia, déguisée en jeune avocat, confond l’usurier et sauve Antonio. Shylock, ridiculisé, spolié et trahi par sa fille qui a rejoint le camp des chrétiens, s’en va seul tandis que les jeunes gens s’abandonnent à la félicité.
La vraie force de la pièce, c’est de nous mettre face à des êtres humains et de montrer comment, quelle que soit leur religion, ils
parviennent à s’entredéchirer dans des situations démesurées et à se transformer alors en animaux s’ils ne trouvent pas en eux une force qui les pousse à s’élever vers autre chose.

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« Tchernobyl forever » : un oratorio mécanique

Pari risqué, pari réussi

Tchernobyl

— Par Selim Lander —

Comment parler d’une apocalypse et de ses conséquences quand l’homme en porte l’entière responsabilité ? Comment parler des guerres, des morts, des blessés? La littérature sait le faire qui peut raconter une bataille dans les moindres détails : on se souvient de Fabrice à Waterloo, du colonel Chabert, des romans de Claude Simon ou, plus proche de nous, des Revenantes. Le cinéma sait également le faire qui dispose des moyens pour reconstituer l’événement. Au théâtre, c’est plus délicat. La catastrophe de Tchernobyl fut un autre Hiroshima ; elle s’apparente à la guerre par l’impéritie des chefs, l’héroïsme des sans-grades, les victimes collatérales, bref une histoire dans laquelle tous sont coupables mais où tous ne sont pas également frappés, certains s’arrangeant toujours échapper au désastre. Même si ce n’est pas l’objet d’une critique théâtrale d’entrer dans une telle question, la culpabilité de tous est bien posée, en effet, dans cette pièce qu’on hésite à considérer comme un spectacle. Tous coupables, ou presque, nous y compris, puisque nous savons tout des dangers de l’atome et que nous ne faisons rien, ou rien de suffisamment efficace, pour exiger et obtenir de nos gouvernants le démantèlement des arsenaux nucléaires et des centrales.

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Stanislas Nordey, un théâtre d’utilité démocratique

C’est la première création de Stanislas Nordey depuis qu’il a pris la direction du TNS. Avec la complicité active du dramaturge allemand Falk Richter. Je suis Fassbinder fera date.

Strasbourg (Bas-Rhin),envoyée spéciale.

C’était le spectacle que l’on attendait. Un spectacle manifeste. Un spectacle qui n’a pas froid aux yeux, qui prend l’actualité brûlante à bras-le-corps, la décortique, l’interroge, cherchant avec effervescence, avec entêtement, des ébauches de réponses à une multitude d’interrogations, d’incertitudes, de doutes. L’Europe, les réfugiés, Merkel, les attentats, Cologne, l’état d’urgence… Comment en est-on arrivé là ? C’est quand qu’on va où ? Pour sa première création au Théâtre national de Strasbourg, dont il est directeur depuis septembre 2014, Stanislas Nordey a travaillé avec Falk Richter, son « frère de théâtre », auteur, metteur en scène, artiste associé au TNS mais aussi à la Schaubühne de Berlin. Ensemble, ils ont imaginé Je suis Fassbinder, un théâtre qui parle d’aujourd’hui en temps réel, sans passer par la case répertoire et toquer à la porte des maîtres anciens pour évoquer notre présent. Falk Richter a écrit sur le vif, dans cette urgence de raconter, de tenter de démêler les fils de notre époque, sacrément emmêlés, les fils… Et ils sont tombés d’accord sur Fassbinder, Rainer Fassbinder.

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« Bobo1er, roi de personne » : de l’insu à l’excès

24 mars Fonds St-Jacques à 19h

bobo_1er-d— Par Christian Antourel —

Il fallait bien un comédien pour endosser ce personnage C’est Patrick Womba à qui le rôle échoua…et c’est très bien ! Le roi c’est lui. Comme à son habitude, il s’empare du rôle de l’intérieur jalousement gloutonnement, il se délecte de la moindre ponctuation et des gestes qui s’y collent … Et gare à l’écho qui voudrait lui ravir son jouet.

Seul sur scène durant une heure trente il s’esclaffe, interroge, affirme. Colère et tendresse. Droit comme la justice ou tout en calme et poésie toujours imperturbable ; il ronronne presque. Commande, se livre il irradie. Bobo 1er roi de toutes les illusions, le roi de personne c’est lui. Ce spectacle moitié théâtre moitié musique, inspiré de la figure d’Ibo Simon, personnage réel énoncé clairement, « toute ressemblance avec une ex personnalité politique locale, n’est pas fortuite » Bonhomme mythomane haut en couleur, cette pathologie du narcissisme c’est-à-dire de l’amour de soi fait que le gus, s’il ne supporte pas la réalité telle qu’elle est, c’est d’abord qu’il ne se supporte pas lui même Ses frasques et errances musicales d’abord et rapidement médiatico- politique rejoignent un exhibitionnisme social porté par des vêtements couleur cacatoès, perroquets ou aras, un tutti frutti provocateur de couleurs et de formes.

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« Le marchand de Venise » : Personne n’est juste grâce à la loi

T.A.C. les 23, 24, 25 et 26 mars 2016 à19h 30

le_marchand_de_venise-1— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret. —

Le petit Théâtre Aimé Césaire ( T.A.C.) est l’écrin privilégié pour donner à cette mise en scène toute la mesure de son expression, en grâce et retenue, voulue par Pascal Faber .Sa dimension réduite force à l’épure, et l’intimité qu’il instaure entre la scène, les comédiens et les spectateurs, renforce encore la densité du propos, fait de drame et comédie à la fois.

Antonio le marchand, emprunte trois mille ducats à l’usurier juif Shylock, afin d’aider son ami qui veut conquérir la belle et riche Portia. Antonio ne pouvant rembourser la somme, Shylock exige que soit prélevé une livre de chair sur le corps de son débiteur… Une dette garantie par une livre de chair, un marché tout ordinaire pour du Shakespeare élémentaire. Si cette pièce est moins connue du public que d’autres, « Le Marchand de Venise » reste une œuvre très controversée du répertoire de Shakespeare, par les thèmes brûlants qu’elle aborde et qui posent problème aujourd’hui encore. La judéité et la question juive, les désaccords religieux et leurs corollaires communautaires, les conflits d’intérêts liés aux avoir financiers, plus ou moins bien acquis.

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Bobo 1er, Roi de personne

Les 22 & 24 mars 2016

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Bobo n’est roi de personne. Il règne, cependant, sur un peuple imaginaire, dans un royaume sans trône, et se balade entre deux âges, entre deux mondes… Entre le « Short Message System » utilisé pour écrire à sa belle et son monde hâbleur de beloteurs de buvette, campagnards désargentés qui regardent le temps suivre son cours circulaire. Entre le monde du numérique et celui d’un autre temps, fleurant le souvenir d’odeurs encore terriennes et bien vivaces.

Un peu comme les peintres et les poètes, il se promène à la lisière de toutes les réalités, en se fabriquant une identité faite de bric et de broc. On devine les blessures de sa vie à travers sa gaucherie même, dans les interstices de son monologue baroque

Ce bougre-là n’est le roi de personne, mais comme il trouve que ça sonne bien, il s’est autoproclamé Bobo 1″. Juste parce qu’il aime les mots.

On redécouvre peu à peu I’humour et la grandeur des petites gens, la grâce et le burlesque de ces âmes méprisées par les élites…

Tu es mêlé, mon cher

Mêlé comme genmbo de chez chauve-souris, ouais : aujourd’hui tu montres tes ailes d’oiseau, demain tu montres ta tête et tes poils de rat et, Jinal de compte, tu
n’es personne.

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Les Ogres, tambour battant

— Par Alexis Campion —

les_ogresUn film très vivant avec l’énergie débordante du théâtre itinérant et de la famille Fehner.

« Je voulais être cohérente pour parler de gens qui mélangent famille, travail, amour, amitié. Dans cette histoire où l’on ne cesse d’abolir les frontières, il fallait qu’on soit tous un peu funambules… » Remarquée pour son premier long métrage, Qu’un seul tienne et les autres suivront, Léa Fehner a relevé un pari fou mais essentiel pour accomplir son deuxième opus, Les Ogres : celui de faire jouer sa propre famille dans une histoire purement fictive mais dont chaque péripétie rappelle furieusement leur vraie vie de saltimbanques. Ses parents, François Fehner et Marion Bouvarel, sa sœur Inès, ses neveux et d’autres de ses proches vivent en effet à l’année au rythme de l’Agit, la compagnie de théâtre itinérant au sein de laquelle, du côté de Toulouse, la cinéaste a grandi et forgé son regard sur le monde…
Appétit de vivre

Portée sur l’écriture plutôt que sur l’art dramatique (« Je suis piètre comédienne »), Léa Fehner déborde de souvenirs de cet univers dont elle s’est échappée pour choisir le cinéma.

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« Tchernobyl Forever » – Carnet de voyage en enfer

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D’après le Carnet de Voyage d’Alain-Gilles Bastide
Adaptation Lecture-théâtrale
L’histoire de Tchernobyl Forever – Carnet de voyage en enfer depuis l’explosion du réacteur le 26 avril 1986 jusqu’à nos jours, comme elle n’avait jamais été racontée.
Ici, nous sommes dans les faits, les témoignages, nous sommes dans un quotidien simple, humble, dans l’Humain au sens de l’individu comme de l’Humanité. Tout ce qui est raconté dans ce livre est vrai. Vérités cachées, dis- simulées quand elles ne sont pas interdites, ou vérités que l’on ne veut pas voir.
Aujourd’hui, alors que 30 ans se sont écoulés depuis le désastre, un auteur/photo-journaliste nous raconte Tchernobyl comme nous ne l’avions jamais imaginé. Et ce n’est pas une fiction. C’est Tchernobyl, et c’est bien Forever.

Création Tropiques Atrium Scène Nationale
Avec : Vladimir Barbera, Aurore James & Elsa Ritter
Mise en scène : Stéphanie Loïk
Production : Théâtre du Labrador
Coproduction : Tropiques Atrium Scène nationale, Théâtre du Labrador
© crédit photo : A.G Bastide – Prypiat _ Ukraine

Suite à la collaboration avec Alain-Gilles Bastide, auteur de Tchernobyl forever, j’ai été très sensible à la cause défendue et aux témoignages que ce livre offre au Monde.

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An ti pawol pou pli bel flè

jocelyne_beroard_r_p_l_lRencontres pour le lendemain, Carte blanche à Jocelyne Béroard

— Par Mikaella Rojas Fanon —

Jocelyne, c’est d’abord une jolie fleur. Silhouette gracile qui émerge aux côtés d’un pianiste en route vers sa légende, et qui ravit nos sens en incarnant une fleur éprise d’un oiseau. Jocelyne, c’est la compassion sans limites qui fait appel à l’astre solaire, et qui réclame un peu de chaleur et de lumière pou…

Tjè a moun ka soufè

Tjè a moun ka pléré

(…)

Tjè a moun ki mové

Tjè a moun ki pa janmen enmé dan vi a yoi

Jocelyne, c’est notre Soleil en exil, celle qui sait parler à nos âmes endolories par la grisaille de cet endroit mystérieux qu’on appelle « Là bas ». Quand Jocelyne crie cet interminable « Yéééééééékrik !ii », au Zénith, le public qui lui répond sans faillir a, pour la plupart, quitté les Antilles depuis longtemps, et probablement jamais assisté à une veillée funèbre traditionnelle au pays. Certains, de plus en plus nombreux au fil des ans, sont même nés en France et comprennent à peine le créole.

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Cyclones, la pièce : un droit de réponse

— Par Janine Bailly —

IMG_0453Il me revient que mon article : Cyclones, de bruit et de fureur, a déplu. Aussi vais-je m’arroger ici un droit de réponse. Tout d’abord, et puisque cela a choqué l’auteure, regretter d’avoir, par l’emploi de malencontreux groupes nominaux, défloré le « secret » de Cyclones.

Mais prétendre, comme il est dit dans la présentation du spectacle, que nous sommes là face à une sorte de thriller, qui « palpite au rythme d’une double enquête », me semble être un non-sens réducteur, oserais-je dire un choix démagogique propre à attirer le badaud ? De cette histoire, tout est très vite deviné, sinon dévoilé. Et c’est avoir une bien piètre idée de ses propres spectateurs que de les croire incapables d’apprécier une représentation dont ils connaîtraient par avance l’objet, ou encore de les juger incapables de comprendre très (trop ?) vite les liens qui unissent ces deux femmes sur scène, dont l’une est entrée chez l’autre parce qu’elle a lu le nom de X sur la boîte aux lettres.

La nature même du drame est un secret de polichinelle, très vite éventé.

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« Occident »

— Par Michèle Bigot —
occidentTexte de Rémi de Vos,
m.e.s. Dag Jeanneret, production de la Cie In situ
Théâtre Joliette Minoterie, Marseille, 10-12/03/2016

Cette pièce de Rémi de Vos ne date pas d’hier ; écrite et publiée en 2006, elle a été montée par Dag Jeanneret dès 2008 et depuis, elle a tourné sur différentes scènes parmi les plus importantes : TGP de Saint-Denis, Théâtre du Rond-Point, Théâtre des Halles à Avignon. Cependant, elle trouve aujourd’hui une actualité toute particulière, du fait du lien qu’elle institue entre la dimension politique et la dimension psychologique.
En effet le titre « Occident » renvoie autant au nom du groupuscule d’extrême droite de sinistre mémoire, qu’aux mœurs occidentales en matière de vie de couple et de sexualité. De ce fait, « occident » s’impose à la fois comme un emblème du rejet de l’étranger, spécialement arabe et comme moment de crise dans la vie du couple occidental. Les deux aspects étant intimement reliés à travers les propos racistes, haineux et misogyne du personnage masculin (interprété avec brio par Christian Mazzuchini, qui prend le relais de Philippe Hottier).

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Dieumerci

— Par Guy Gabriel —

dieumerci_affDIEUMERCI film français de Lucien Jean-Baptiste

Avec Lucien Jean-Baptiste, Baptiste Lecaplain, Delphine Théodore, Jean-François Balmer, Firmine Richard, Michel Jonaz; Genre Comédie

À sa sortie de prison, Dieumerci, 44 ans, décide de changer de vie et de suivre son rêve : devenir comédien. Pour y arriver, il s’inscrit à des cours de théâtre qu’il finance par des missions d’intérim. Mais il n’est pas au bout de ses peines. Son binôme Clément, 22 ans, lui est opposé en tout. Dieumerci va devoir composer avec ce petit « emmerdeur ». Il l’accueille dans sa vie précaire faite d’une modeste chambre d’hôtel et de chantiers. Au fil des galères et des répétitions, nos deux héros vont apprendre à se connaître et s’épauler pour tenter d’atteindre l’inaccessible étoile.
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Avec DieuMerci Lucien Jean-Baptiste continue de poser un regard (bienveillant et lucide) sur ceux que la vie semble ne pas vouloir aider, mais qui sont animés par une foi inébranlable.
Ici, il nous propose les péripéties que devra vivre un ex-taulard pour réaliser son rêve de gosse, devenir comédien, alors qu’il a 44 ans, donc plus très jeune.

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Femmes en écriture, femmes en scène, mais femmes engagées !

— par Janine Bailly—

IMG_9317Ce mardi 8 mars 2016, jour dédié aux Femmes, c’est dans la Salle du Conseil que Didier Laguerre, maire de Fort-de-France nous recevait, femmes et hommes au coude à coude, pour une soirée littéraire inédite. Quel plus beau lieu aurait-il pu nous ouvrir, autre que cette salle toute chargée de symboles et riche d’un supplément d’âme ? Sous quelle égide tutélaire autre que celle d’Aimé Césaire aurait-il pu placer cette rencontre originale et chaleureuse ? En prélude à la soirée, il trouva les mots justes, rappelant que ce jour n’était pas un jour de fête mais bien un point de départ, point de convergence des combats passés et des combats à venir pour la conquête des droits des Femmes. La ville de Fort-de-France ne sera d’ailleurs pas en reste, qui a signé le matin même la Charte Européenne des Droits des Femmes, s’inscrivant ainsi dans une dynamique qui vise à l’égalité entre tous. Le plan par lequel la ville s’engage, pour la période 2016/2020, ne porte-t-il pas le joli titre créole de Fanm Kon Nonm, Tout Moun sé Moun ?

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« Cyclones, « Les enfants de la mer » ou les limites d’un certain théâtre martiniquais.

— Par Roland Sabra —

cyclones-3Deux pièces de théâtres qui s’inscrivent dans la logique du théâtre martiniquais et qui en démontrent, chacune à leur façon les limites.
Notre article «  Cyclones : trop c’est trop ! » nous a valu des remarques, des incompréhensions, des critiques. Nous y serions allés  » un peu fort « , « c’est un billet d’humeur, pas une critique » «  ce n’était pas si mauvais que ça », «  c’est ethno-centré » sous-entendu «  européanocentré  », « tout ce qui vient de l’extérieur est bien, tout ce qui vient d’ici est mauvais »… On connaît la chanson. Heureusement il y a le bouche-à-oreille. Et il fonctionne plutôt bien pour « Cyclones ». Plus d’un millier de spectateurs on déjà vu le spectacle, il est chaque fois l’objet d’un engouement populaire et il est encore en tournée en Martinique. Nous mêmes l’avons vu deux fois. Une fois en 3 D comme le dit le metteur en scène, c’est à dire dans un pitt, et dernièrement en 2 D dans une salle à l’italienne, le TAC pour ne pas la nommer.

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« Les Enfants de la mer » : un contre-sens heureux ?

— Par Selim Lander —

les enfants de la merAvec cette nouvelle mouture des Enfants de la mer (d’après le texte d’Edwige Danticat), José Exélis réalise son ambition de faire un « théâtre total ». Les musiques, les chants, les danses, les lumières, le décor transformable et les costumes sont autant d’instruments dont il joue pour magnifier le jeu de ses sept comédiennes et aboutir à un spectacle fascinant, chatoyant, qui nous a séduit de bout en bout. Les Enfants de la mer interprété par José Exélis décline des genres – oratorio, opéra bouffe, ballet de cour… – qui ne sont pas vraiment l’ordinaire du théâtre martiniquais. Certains aiment et d’autre pas. Nous y reviendrons.

En attendant, il faut souligner la qualité de la réalisation. Pour aller sur la mer, il faut un bateau, au moins une sorte de radeau. C’est plutôt ce dernier qui est évoqué par l’assemblage de deux escabeaux et de deux plateaux, plus quelques perches, le tout en bois, comme de juste, un agencement qui se modifiera tout au long du spectacle puisque ce dernier s’affranchit rapidement du cadre constitué par l’embarcation de fortune (et la mer) comme le suggèrent les divers récits qui composent le texte.

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Kool Shen à la cime du hip-hop conscient

— Entretien réalisé par Fara C. —

kool_shenL’ancien rappeur de NTM sort d’un long silence discographique, avec le convaincant Sur le fil du rasoir. Son verbe, éminemment politique, cultive aussi la tendresse et la mélancolie.

Sept ans après son disque Crise de conscience, Kool Shen, occupé par d’autres activités, revient en force avec un troisième disque à son nom, Sur le fil du rasoir. Sa plume, toujours aussi acérée, pique sans complaisance dans la plaie béante des injustices sociales. Mélancolique, parfois : « Je me suis assis au pied de mon âme pour faire le bilan / Les traîtres ayant tenté de scier mon arbre / Je ne sais pas si j’ai eu vraiment le choix des armes / Mais je laisse le silence te répondre / Le poids des larmes t’étouffer », énonce-t-il dans Au pied de mon âme. Si Kool Shen convie à plus de légèreté dans Sais-tu danser (avec Soprano, de Psy4 de la Rime), il n’oublie pas de glisser des messages au creux de l’hémistiche (« On danse malgré le vent malgré la grêle »). Avec une vigueur préservée, son hip-hop tisonne les braises de la conscience.

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La soprano a vingt ans et du talent…

 — Par Gérald Rossi —

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Avec « A contre-voix » Elisabeth Bouchaud fait se rencontrer sur la scène de la Reine Blanche deux femmes de conviction et de passion dans l’entre deux guerres.

Un piano noir, un vaste miroir au cadre doré, un divan rouge… Ce pourrait être l’ordinaire d’un cabinet de musique. Ou plutôt l’alcôve d’une petite école de chant, quelque part dans la province française, entre les deux guerres mondiales. Une époque dans laquelle les hommes doutaient de leur avenir, et les femmes de leur devenir. Leurs droits encore à conquérir. Sur le chemin d’une égalité, aujourd’hui loin d’être parfaite, on le sait.

Là, dans le petit salon, avec une mise en scène intelligente de Nathalie Martinez, qui en 2006 a créé avec Nicolas Herviais ce petit théâtre de la Reine Blanche, niché dans le nord de la capitale, se croisent Marguerite de Vence et Rose Berg. La première n’a que vingt ans, et une belle voix de soprano. La seconde avec quinze années de plus a déjà choisi de ne pas donner à la musique plus de place que sa vie ne peut en contenir.

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Soirée contes…

Samedi 19 mars 2016 de 18h à 23h à Fonds St-Jacques

jour_mondial_du_conteIl était une fois…

Histoire originale.
Celle d’une idée qui a germé dans l’esprit d’on ne sait qui…
Apparut, peut-être, par magie dans un monde qui regorge de mystères ou alors amoureusement préparée dans un lieu fantastique…
Et voilà que cette idée arrive jusqu’à nous, on a entendu l’appel…
Et si nous fêtions les contes ? Et tout compte fait, on fête le Conte.
Alors, on espère bien vous compter parmi nos invités pour écouter conter…
Histoires originales.
En fin de conte c’est quoi ?
Depuis 2004, le monde a donc choisi de célébrer à sa manière les contes, voilà l’idée de base.
En cette journée, les conteurs du monde entier se retrouvent pour fêter à leur façon les belles histoires du monde.
De plus, la volonté est de se diriger vers un public neuf, faire ou refaire découvrir les plaisirs de l’oralité et de la Parole. Par amour des bonnes choses, enchanter nos oreilles par des lectures publiques et organisations d’événements comme des parcours contés.
VIRGUL’ vous propose donc une soirée pleine de surprises, proche de la pleine lune, au Centre Culturel de Rencontres de Fonds Saint-Jacques à Sainte-Marie le samedi 19 mars à partir de 18h.

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Au Théâtre Créole, deux blanches pour un noir

— Par Etienne Lallement —
tribunal_femmes_bafouees-4« Tribunal des femmes bafouées » de Tony Delsham – représentation du vendredi 11 mars 2016 au Théâtre de la ville de Fort-de-France; La Martinique. Compagnie Téatlari – Théâtre des cultures créoles.

Ici l’on crie, on hurle même, on enrage, on s’agite, on se fige, on se tait. L’émotion perle. Le rire éclate.
Ici, les femmes accusent. Maladroites. L’homme se défend. Piteux. Les arguments des unes et de l’autre se délitent. Le ciment de la haine ne résiste pas au ravinement de l’amour indélébile. Les rôles s’inversent. L’accusé devient accusateur. La faiblesse de tous se répand sur les planches. Aucune n’est tout à fait blanche. Lui n’est pas tout à fait noir. Ils sont humains. Voilà tout.
La victoire de l’amour est aigre-douce. Il n’est ni vainqueur, ni vaincu. La catharsis n’épargne personne, acteurs comme spectateurs. C’est cela l’antique vocation du théâtre. Chacun y voit plus clair, mais d’autre questions surgissent. L’homme est un éternel chasseur de nuages
En me remettant les billets, l’hôtesse du Théâtre de la ville de Fort-de-France me précisait que ce spectacle était « spectacle d’une troupe d’amateurs » et, de ce fait, n’apparaissait pas dans le programme « officiel » du théâtre.

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FATIMA : César du meilleur film 2016

 V.O. Madiana Le Mardi 19 et le Jeudi 28 Avril à 19h30

fatima— Par Guy Gabriel —

Réalisateur : Faucon Philippe ; avec Zita Hanrot, Soria Zeroual, Kenza Noah Aïche Genre : Drame Nationalité : Français Durée : 1h29mn Festival : Festival de Cannes 2015
Fatima vit seule avec ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont son moteur, sa fierté, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu’il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.
Inspiré des textes autobiographiques « Prière à la lune » et « Enfin, je peux marcher seule », écrits par la vraie Fatima (Elayouri), le film de Philippe Faucon est un superbe portrait de femme, une femme marocaine, face à la dure réalité de l’intégration, à la violence de la situation, une situation qu’elle tente de gérer au mieux.

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