— Par Roland Sabra —
« La violence faite aux femmes » telle est la thématique affichée et revendiquée par l’autrice et la metteuse en scène de « Compartiment fumeuses »« . On ne peut que saluer une telle position. Saluer et approuver. A en croire la composition sexuée ou genrée de la salle lors de la première à Fort-de-France ce « on » était très majoritairement féminin. À croire que la violence faite aux femmes ne concernent pas les hommes de Martinique, à moins que ce ne soit l’inverse qu’elle les concerne peut-être un peu plus qu’ailleurs et que la voir dénoncer une fois de plus, ne serait-ce que sur une scène de théâtre, les renvoie à une réalité, je n’oserai dire une pratique, par trop connue dans notre belle île. J’appelle à témoignage l’UFM et Culture Egalité.
Comment s’articule l’histoire qui nous est contée ? Seule dans sa cellule, Suzanne (Sylvia Roux), une jeune femme de nombreuses fois récidiviste purge une énième condamnation. Habituée des lieux, des us et des coutumes, elle a su construire un rapport de force avec les autres détenues et la gardienne en chef qu’elle tient à distance.

—Par Scarlett Jesus —

— Culture Égalité —
Tiré du livre Choisir de vivre de Mathilde Daudet
Compartiment fumeuses
Simone Veil, ministre de la Santé, icône en 1974 de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement, ne se revendiquait pas du mouvement
Filiaccord
Salle comble au théâtre municipal, à l’occasion de la Journée de la femme, pour la reprise de cette pièce qui avait déjà connu un grand succès l’année dernière en Martinique. Toujours emmenées par Marie Alba, les comédiennes nous rappellent dans la bonne humeur les principales étapes des luttes des femmes et des avancées du féminisme depuis l’obtention du droit de vote en 1946. Elles sont trois représentatives respectivement du milieu populaire, de la classe moyenne et de la classe supérieure. Trois comédiennes qui incarneront chacune successivement trois générations de femmes prises en 1970, 1990 et 2010. Trois plus une, laquelle, depuis son pupitre, apportera les précisions historiques indispensables (chiffes, dates, lois). Sait-on par exemple que les femmes n’ont été légalement autorisées à porter le pantalon qu’en 2013 ? Encore s’agit-il d’un sujet bénin pour lequel les mœurs avaient depuis longtemps précédé le droit. Mais ce n’est pas toujours le cas, loin de là : jusqu’à l’adoption de la loi Veil légalisant l’avortement, combien de femmes se sont trouvées assumer une maternité non désirée à moins de se remettre entre les mains d’une « faiseuse d’ange » clandestine avec l’angoisse de n’en pas sortir vivantes ?


— Par Selim Lander —
Le Carnaval approche ! Profitez des vacances pour réaliser vos masques lors des ateliers au Centre Paul Gauguin et repartez avec votre création
Le film de Xavier Legrand, qui traite des violences conjugales, et l’histoire d’amour à Marseille de Jean-Bernard Marlin sont au sommet du palmarès.
Comme tout un chacun, je crois savoir les différends cruels qui opposèrent Hervé Deluge aux instances de Tropiques-Atrium, du moins ce qu’on a bien voulu nous en dire. Et si je pensais oublier cet épisode, la porte de l’établissement, pour n’être pas réparée, viendrait souvent me le rappeler… Aussi attendais-je avec une certaine impatience la représentation du seul en scène « Mea Culpa », conçu par Hervé Deluge, avec l’aide de Jean-Durosier Desrivières, et joué par lui-même deux soirs de suite seulement au théâtre Aimé Césaire. Mais, dans un désir d’objectivité, je pris d’abord la peine d’écouter quelque interview donnée dans le cadre de la promotion du spectacle. J’ai donc appris qu’initialement « Mea Culpa » répondait à une commande de Michèle Césaire, qui offrait ainsi au comédien la possibilité de revenir sur cet assez tragique moment de son existence.
Sélection 1
Depuis le 15 décembre dernier, le spectacle Kanata. Épisode 1 la controverse est joué à la Cartoucherie à Paris. Pour la première fois, Ariane Mnouchkine a laissé les rênes de sa troupe le Théâtre du Soleil à un autre dramaturge : le Québécois Robert Lepage. Cette pièce dont le titre est le nom en langue Wendat du Canada (et non le nom « ancien » comme le présente le dossier de presse) a pour ambition de retracer l’histoire du Canada à travers celle des Premières Nations. Parce qu’il questionne l’appropriation culturelle et la démarche collaborative, et parce qu’il a été maintenu en France après avoir été annulé au Canada, ce spectacle est symptomatique d’un débat brûlant ici aussi : comment et où arrivera-t-on à créer en assumant les dynamiques d’oppressions, pour mieux les abattre ?
En attendant l’ouverture des Rencontres Cinéma Martinique, n’hésitons pas à prendre dès que possible le chemin des salles de Madiana. Certes, il arrive que les séances VO, plus souvent que les autres peut-être, se voient soumises à de désagréables infortunes, maints spectateurs se trouvant confrontés à ce dilemme, voir le film en français, ou se faire rembourser dans l’espoir de revenir un autre soir, ou de guerre lasse ne jamais voir le film ! Cependant, force est de reconnaître que depuis la dernière décennie, beaucoup de progrès ont été faits, et il me fut bien difficile de satisfaire ce mois-ci toutes mes envies de pellicule tant la programmation — qu’elle soit du fait de Tropiques-Atrium ou de Madiana — s’est montrée alléchante, diverse, et prometteuse. Par bonheur, certaines séances du “dimanche-onze heures” donnent à la retardataire que je suis parfois l’opportunité de se rattraper, et la sérénité particulière du lieu en ces calmes matins-là contribue aussi à mon plaisir !
Hervé Deluge prend la scène du théâtre municipal