Catégorie : Cinéma

Les Rencontres Cinémas Martinique 2018 (2)

— Par Selim Lander —

Soleil noir. Même si les Martiniquais ont déjà pu voir et revoir ce documentaire qui date de 1983, il a toute sa place dans la section « Patrimoine » qui rend hommage à quelques cinéastes martiniquais. Il s’agit ici de Michel Traoré, ancien élève de l’IDHEC (qui deviendra la FEMIS). Après une introduction consacrée à un déplacement du groupe Fromajé à Washington, à l’invitation de l’université Howard[i], le film se concentre sur un membre du groupe, Victor Anicet (né en 1938), artiste talentueux et personnalité charismatique. Le film nous promène dans son œuvre, au gré des rencontres avec quelques-uns de ses amis (poète, romancier, chanteur, architecte, « inventeur » ou simple paysan). Cela permet de découvrir les multiples facettes de cet artiste d’abord formé à l’art du feu (il sortit premier de sa promotion à l’école des Métiers d’art de Paris dans la section céramique) mais qui est aussi peintre et qui travaille souvent un matériau composite.

Le film s’attarde sur des peintures en noir et blanc qui furent montrées au public lors de l’exposition princeps intitulée « Soleil noir » (en 1970).

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Premières impressions des RCM 2018

— Par Selim Lander —

Une fois de plus les cinéphiles seront comblés par l’abondance et (souvent) la qualité des films proposés dans les cadre des « Rencontres Cinémas Martinique » concoctées par Steve Zebina. Comme à l’accoutumé des réalisateurs seront présents avec lesquels il sera possible de dialoguer. Devant l’impossibilité pour un critique amateur (lequel, contrairement au critique professionnel, n’est pas mobilisé à 100% pour le festival) de rendre compte d’un sous-ensemble quelque peu significatif d’une sélection qui compte près de quatre-vingt films, nous signalerons simplement quelques films, au gré de notre curiosité et de nos disponibilités. Heureusement, Madinin’Art bénéficie des services d’autres critiques, parmi lesquels Jeanine Bailly qui participe au jury de la compétition dans la catégorie « Documentaires », signe de la  reconnaissance de Madinin’art comme médium culturel incontournable en Martinique. Une reconnaissance dont Roland Sabra, le directeur et fondateur du site, peut se glorifier.

La soirée d’ouverture, le 16 mars, a proposé après les discours d’usage un spectacle original aux deux sens du terme. Original au sens d’inusité, puisque deux films muets étaient accompagnés par un ensemble instrumental (deux violons, alto, violoncelle, contrebasse, tambour en plus du piano utilisé au temps du cinéma muet).

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Rencontres Cinémas Martinique 2018 du 16 au 24 mars

— Présentation par Steve Zébina —
Le temps comme mesure, celui d’histoires vécues, d’histoires imaginées, d’histoires racontées. Pour cette 13 e édition, nous avons choisi l’ancrage temporel comme fil conducteur de notre voyage. Un voyage qui ravive les mémoires, questionne le temps présent et se tourne vers l’avenir.
Les films s’immiscent dans la vie de ceux qui les regardent ; aimés, détestés, ils ne laissent jamais le spectateur indifférent. Une relation intime et sentimentale qui « colonise notre inconscient » nous dit Wim Wenders. Ils sont le reflet d’une histoire familiale, d’une génération, d’une époque.

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De ces souvenirs, de cette intimité se dessine une véritable mémoire collective.
Ces films « qui nous ont fait », pour reprendre la formule de Martin Scorcese, n’ont pas de frontières. Une conviction que nous avons portée depuis plusieurs années en présentant des œuvres du monde entier. Elles ont toujours révélés qu’au-delà des connotations culturelles, se trouve une même humanité, traversée par les mêmes rêves et espoirs, par les mêmes émotions.
Ces films rappellent que les lieux géographiques sont aussi des espaces dans lesquels les temporalités prennent vie : des vecteurs de mémoire, des rhizomes qui participent à la construction
des individus et de leur devenir.

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« Corps étranger », trouble et troublant.

de Raja Amari
avec Hiam Abbass, Sara Hanachi, Salim Kechiouche
Synopsis :
Samia, échoue comme beaucoup de clandestins sur les rivages de l’Europe. Hantée par l’idée d’être rattrapée par un frère radicalisé qu’elle avait dénoncé, elle trouve d’abord refuge chez Imed une connaissance de son village, puis chez Leila pour qui elle travaille. Entre les trois personnages, le désir et la peur exacerbent les tensions…

Corps étranger s’ouvre sur un chaos de corps jetés à la mer. Evocation du drame des réfugies ou souvenir personnel de Samia qui à l’occasion de la Révolution de Jasmin a fui la Tunisie, ou bien signe annonciateur de la confusion des sentiments qui va lier cette jeune femme à un ami d’enfance et à une veuve chez qui elle va s’installer. Raja amari tisse autour de ses trois personnages une toile où s’entremêlent jeu de pouvoir et jeu de séduction, identité musulmane et rapports de classes. Samia, farouchemnt indépendante se trouve ballotée de ricochets en ricochets sur les univers d’Imed, barman fauché, et Leila, veuve embourgeoisée. Ce triange est aussi sensuel que ses angles sont aigus, pour un portrait d’époque et de troubles à la manière d’un Chabrol oriental

La presse en parle :
Culturebox – France Télévisions par Jacky Bornet
Un très beau film réalisé sur le mode d’une fugue musicale.

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« Cas de conscience » : mise en examen au scalpel de la société iranienne

De Vahid Jalilvand
Avec Navid Mohammadzadeh, Amir Aghaei, Zakieh Behbahani
Genre Drame
Nationalité iranien

*****

Un autre grand cinéaste nous vient d’Iran : Vahid Jalilvand, qui croise les voies de la tragédie et celles du film noir pour son second long métrage. Il met en scène avec brio des acteurs de première force.

L’argument du « cas de conscience » qui va nous être soumis sera exposé en séquences précises et bien construites. La nuit, sur une route grise, un bref moment d’aveuglement entraîne un conducteur à percuter un scooter. Toute une famille s’est perchée sur la longue selle de l’engin. Moussa (Navid Mohammadzadeh), Leyla (Zakieh Behbahani), son épouse, qui tient une petite fille, leur fils de 8 ans, Amir. Le choc est rude. Toutes les pistes cinématographiques sont ouvertes. Vahid Jalilvand opte pour une sorte de nuancier raisonné. En apparence. Le chauffeur n’est pas un chauffard. Il s’agit du docteur Nariman (Amir Aghaei), médecin qui va en toute déontologie examiner les membres de la famille. Aucun n’a subi de lésion grave. S’il propose à Moussa un dédommagement pécuniaire, c’est qu’il n’est pas à jour avec son contrat d’assurance, négligence vénielle.

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Marée d’éloges pour le «conte de fées» La Forme de l’eau

A voir à Madiana

De Guillermo del Toro
Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins
Genres Fantastique, Drame, Romance
Nationalité américain

Synopsis:
Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…

REVUE DE PRESSE – La critique s’est laissée emporter dans un tourbillon de louanges pour ce «conte de fées humaniste» au «charme lyrique inédit» signé Guillermo del Toro.

Nommé dans 13 catégories à la 90e cérémonie des Oscars, La Forme de l’eau débarque dans les salles de cinéma françaises ce mercredi. La presse hexagonale ne tarit pas d’éloges, majoritairement conquise par le dixième long-métrage de Guillermo del Toro, qui conte la romance entre une jeune femme muette et une créature aquatique.

Elsa (Sally Hawkins) est employée en tant que modeste femme de ménage au centre ultraconfidentiel de recherches aérospatiales de Baltimore. Cette dernière, isolée par son mutisme, peut compter sur son amie «grande gueule» Zelda pour la protéger. La vie d’Elsa va basculer le jour où un monstre marin, capturé par les militaires américains, est confiné dans un aquarium souterrain du centre.

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Wajib, l’invitation au mariage d’Annemarie Jacir.

De Annemarie Jacir
Avec Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Maria Zreik
Genre Drame
Nationalité palestinien

Synopsis : Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du « wajib ». Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.

De père en fils, les voix multiples de la Palestine

—Par Dominique Widemann —

La réalisatrice palestinienne, donne un troisième long métrage qui prolonge son récit du quotidien de son peuple avec sensibilité. Elle révèle femmes et hommes de chair et aux destinées singulières.

Abu Shadi (Mohammad Bakri) vit à Nazareth. Il prépare le mariage de sa fille. Selon la coutume palestinienne, les invitations doivent être remises de la main à la main par les hommes de la famille.

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« La Douleur » : pari tenté, pari risqué mais pari réussi

— Par Selim Lander —

Marguerite Duras. Certains l’appellent tout simplement Marguerite, d’autres La Duras, signe d’une célébrité hors norme. Les plus jeunes ne connaissent d’elle que les dernières années, lorsque, bien que sous l’emprise de l’alcool et n’étant plus tout à fait elle-même, elle était devenue un « personnage » plus qu’une personne. Ses livres resteront davantage que son théâtre et ses films, et pas seulement L’Amant qui l’a fait connaître au grand public. Qui n’a pas encore été ravi par la prose de Duras devrait se précipiter sans plus tarder sur Le Ravissement de Lol V. Stein.

Comme L’Amant, L’Amant de la Chine du Nord, La Douleur est directement autobiographique puisqu’il raconte une perte, celle du mari, Robert Antelme, déporté pour fait de résistance. Situation paradoxale, très durassienne, puisque elle avait déjà pris la décision de se séparer de lui avant son arrestation. Le film d’Emmanuel Finkiel (qui fut l’assistant de Godard et de Kieslowski) raconte comment Marguerite Antelme, à Paris en 1944, s’est battue pour avoir des nouvelles de son mari, comment elle essayé – en vain – de lui éviter la déportation, puis, la guerre finie, la longue attente dans l’espoir d’un retour de plus en plus improbable au fur et à mesure des mois, jusqu’à ce qu’on le lui ramène pratiquement à l’agonie.

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À l’écran, des femmes hors du commun, acte 2

— par Janine Bailly —

Seule sur la plage la nuit, du prolifique Sud-coréen Hong Sang-soo, est comme La douleur un film sur l’absence et l’attente. Et si les circonstances n’en sont pas aussi tragiques, on ne peut pourtant nier la souffrance de cette femme jeune et belle, Young-hee, incarnée par Kim Min-hee, muse et compagne actuelle du réalisateur.

Young-Hee, omniprésente sur la majorité des plans, est d’abord découverte auprès d’une amie, dans une ville européenne qu’on ne nommera pas explicitement. Elle est comme en exil, loin de son amant, — qu’elle a quitté ? qui l’a rejetée ? —  dont elle dessine à l’aide d’un bâton le visage sur le sable. De cet homme, elle espère la venue, mais suggère aussi, dans une certaine confusion des désirs, qu’elle pourrait s’installer là, y refaire sa vie. L’histoire ne nous dit pas clairement ce que fut son passé, qui suggère plus qu’elle n’affirme. Ce qui importe est l’errance, les dérives, les faux pas et faux chemins que l’héroïne emprunte quand, se trouvant abandonnée, elle n’est plus qu’attente de celui qui ne viendra pas, hormis peut-être dans son rêve.

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« Seule sur la plage la nuit », « Vers la lumière »

— Par Selim Lander —

 

Seule sur la plage… : Hong San-soo aime et s’amuse

Qui saurait mieux qu’un peintre ou un cinéaste glorifier la femme aimée, brosser d’elle le portrait dans lequel elle pourra elle-même se contempler au sommet de sa beauté et devenir un objet d’admiration pour les siècles des siècles ?  Seule sur la plage dans la nuit est cette sorte d’épithalame offert par Hong Sang-soo à la comédienne Min Hee Kim, sa nouvelle égérie. Le cinéaste, en effet, n’a d’yeux que pour la belle, constamment présente à l’écran, souvent en gros plan, qui focalise l’attention des autres personnages autant que celle des spectateurs du film.

Le cinéaste s’est amusé à écrire le scénario, par exemple lorsque l’héroïne, Younghee dans le film, se retrouve successivement dans « la plus belle ville d’Allemagne » (où se déroule la première partie) et « la plus belle ville de Corée » (au dire de ses compagnons) sans qu’il nous en montre rien, en dehors de quelques lieux d’une grande banalité. Autre jeu, celui qui consiste à mettre systématiquement dans la bouche de Younghee des commentaires sur l’apparence de ses partenaires, lesquels ont toujours l’air à ses yeux trop jeunes ou trop vieux.

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À l’écran, des femmes hors du commun.

— par Janine Bailly —

En ce mois de janvier, comme en écho à une actualité brûlante, il aura beaucoup été question des femmes sur nos écrans, et à travers elles, du monde comme il va, ou comme il trébuche.

La Douleur d’abord, film tant attendu, et que grâce à Steve nous pûmes voir presque aussi rapidement que dans l’hexagone. Tout a été dit, et de façon dithyrambique, sur cette adaptation de deux récits tirés du recueil de Marguerite Duras, celui au titre éponyme, et Monsieur X. dit ici Pierre Rabier. C’est cette deuxième nouvelle qui constitue la première partie du film, où l’on voit la jeune Marguerite, incarnée par une  Mélanie Thierry à la douceur fragile et forte tout à la fois, tisser des liens avec un agent de la Gestapo, un Benoît Magimel alourdi, enlaidi, au regard insondable et qui semble guetter sa proie. Une relation ambigüe, par laquelle la jeune femme espère maintenir le lien avec son mari Robert Antelme, résistant déporté à la suite de la destruction de son réseau. Emmanuel Finkiel, le réalisateur, explique ainsi ce choix :  « L’histoire de Rabier est davantage dans l’action, elle permettait de tendre un fil qui relève presque du suspense ».

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« La Belle et la meute » : l’honneur de la police

— Par Selim Lander —

« Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité ». Ce résumé de La Belle et la meute est très soft. En réalité, le film de Kaouther Ben Hania nous plonge dans l’horreur de bout en bout. Dès le prologue, où l’on voit l’héroïne se préparer pour une fête étudiante, le cinéaste insinue chez le spectateur un sentiment d’angoisse qui ne fera que monter crescendo. Nous l’avons déjà écrit : les vrais films d’horreur ne mettent pas en scène des monstres de fiction à grand renfort d’effets spéciaux et de sang dégoulinant, ils se contentent de dépeindre la réalité sous son jour le plus cru. On ne racontera pas l’histoire mais l’on peut dévoiler ce que le résumé implique déjà : «  Lors d’une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc », etc. On se doute bien qu’elle a été violée mais ce qu’on ignore encore, et qu’on apprend bientôt en regardant le film, c’est qu’elle l’a été par des policiers dans leur véhicule de patrouille, tandis que le nommé Youssef, loin d’être le méchant de l’histoire, restera auprès d’elle aussi longtemps que possible pour l’aider dans sa quête de justice.

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Le sucre aura ta peau si tu n’as pas la sienne

— Par Dominique Widemann —

De Damon Gameau
Avec Kyan Khojandi, Damon Gameau, Hugh Jackman
Genre Documentaire
Nationalité australien
Synopsis:
Le sucre est partout ! Toute notre industrie agroalimentaire en est dépendante. Comment cet aliment a pu s’infiltrer, souvent à notre insu, au cœur de notre culture et de nos régimes ? Damon Gameau se lance dans une expérience unique : tester les effets d’une alimentation haute en sucre sur un corps en bonne santé, en consommant uniquement de la nourriture considérée comme saine et équilibrée. A travers ce voyage ludique et informatif, Damon souligne des questions problématiques sur l’industrie du sucre et s’attaque à son omniprésence sur les étagères de nos supermarchés ! SUGARLAND changera à tout jamais votre regard sur votre alimentation.

Sugar Land de Damon Gameau Australie, 1 h 41. Un documentaire plein de fantaisie et mené à vive allure dénonce les graves dangers des sucres « cachés » dans les produits alimentaires.

Damon Gameau est un Australien dans la force de l’âge. Sa compagne et lui s’alimentent le plus sainement possible sans qu’aucun dogme ne les intoxique.

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« Argent amer » : les écailles du dragon

— Par Selim Lander —

Pour clôturer la première session « cinéma » de l’année, un documentaire très impressionniste sur la jeunesse chinoise déracinée qui survit dans la jungle de l’économie informelle chinoise. Une plongée dans le lumpen proletariat moderne dont on attendait beaucoup tant on est avide de savoir ce qui se passe réellement en Chine, au-delà des gratte-ciel de Shanghai. C’est peu dire que l’Empire du Milieu fait peur. Si l’expression « péril jaune » a pu paraître excessive à sa naissance, elle est parfaitement justifiée à l’heure où la Chine est en passe de devenir le nouvel hégémon, si ce n’est déjà fait. Les Etats-Unis, qui voudraient bien conserver leur domination sur la planète, n’en peuvent mais. Ils sont liés par une consommation excessive qui les a rendus débiteurs de l’atelier du monde. En caricaturant, aux Etats-Unis on consomme, en Chine on fabrique (y compris les produits « américains » d’Apple et autres). Avec 3000 milliard de dollars de réserve, la Chine tient les Etats-Unis et la planète dans sa main. L’offensive économique qui se traduit en particulier par le rachat de fleurons de l’économie occidentale (le Club Med, Peugeot… pour s’en tenir à la France) se double d’une offensive plus brutale, comme en mer de Chine du sud où des îlots contestés sont occupés à la barbe des autres Etats riverains.

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« A Beautiful Day » : joliment glauque

— Par Selim Lander —

Ce film de Lynne Ramsay a fait l’événement au début du dernier festival de Cannes, au point que les journalistes spécialisés le voyaient déjà remporter la palme d’or. Cependant le jury, on s’en souvient, lui a préféré The Square de Ruben Östlund, un choix qui n’apparaît pas malheureux pour qui les a vus tous les deux : malgré d’incontestables qualités formelles et une ambiance prenante (les deux étant en l’occurrence liés)  A Beautiful Day laisse finalement le spectateur sur sa faim.

Cela tient en particulier à l’histoire, un paradoxe quand on sait que le film a reçu le prix du meilleur scénario (à côté du prix du meilleur comédien). Ce n’est pas que A Beautiful Day ne soit astucieusement construit : les flash back sur le passé du héros et son enfance éclairent justement sa personnalité tourmentée. Simplement cette construction est mise au service d’une histoire de pédophilie dans le milieu de la haute politique qui n’est ni vraisemblable ni palpitante. 

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« L’Atelier », « The Florida Project », « Manon »… Une nouvelle année de cinéma

— Par Selim Lander —

La saison cinéma 2018 de Tropiques-Atrium a commencé avec trois films sur des « jeunes » quoique très différents. L’Atelier, de Laurent Cantet, s’intéresse à de jeunes adultes plus ou moins en perdition dans la France désindustrialisée. The Florida Project, de Sean Baker, se focalise sur trois enfants, pré-adolescents qui s’ébattent en toute liberté ou presque. Les premiers étant pris en charge par une écrivaine descendue de Paris pour les (re?)mobiliser autour de l’écriture collective d’un roman[i] et les seconds n’étant pas privés de familles, même si elles sont monoparentales et pour l’une monograndparentale. Quant à Manon Lescaut et au chevalier des Grieux, le couple de jeunes délinquants imaginé par l’abbé Prévost, il se meut dans un autre monde, celui de l’argent trop facilement gagné et vite perdu jusqu’à la fin tragique, prévisible.

The Florida Project laisse une impression mitigée. La situation est intéressante, le décor fascinant, les enfants sont attachants en dépit de leur propension à faire des bêtises : livrés à eux-mêmes pendant toutes les longues journées de vacances, il pourrait difficilement en aller autrement.

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L’Atelier de Laurent Cantet, ou comment se dire et s’écrire

Jeudi 18 janvier à 19h30. Madiana V.O.

— par Janine Bailly —

De Laurent Cantet nul n’aura oublié la Palme d’Or reçue en 2008 au festival de Cannes pour le film Entre les murs qui regardait, au plus près et au plus juste, une classe réputée difficile fonctionner sous la férule d’un professeur de lettres, et qui ouvrait le monde fermé du collège au spectateur, l’incitant à une réflexion sur ce qu’est aujourd’hui l’acte d’enseigner comme sur les rapports qui se tissent au sein d’un groupe social constitué.

Dans L’Atelier, programmé en ouverture du second cycle cinéma de Tropiques-Atrium pour cette rentrée, un groupe de jeunes garçons et filles, volontaires en principe pour participer à un stage d’insertion sous forme d’atelier d’écriture, se forme, se soude, se déchire, s’affronte ou se réconcilie, microcosme d’une société en souffrance, et que l’œil de la caméra scrute, entre réalité et fiction, puisque là encore, hormis les deux protagonistes principaux joués par Marina Foïs et Matthieu Lucci, jeune acteur prodigieux bien que débutant, les rôles ne sont pas tenus par des professionnels.

Certes, le choix de rassembler autour de la table d’écriture un représentant de chaque groupe social, religieux ou ethnique — l’adolescent noir, le jeune musulman, la “beurette” fille de parents algériens émigrés et fière d’une insertion qu’elle juge réussie, etc. —

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Argent amer

Vendredi 19 janvier 2018 à 19h 30. Madiana V.O.

De Wang Bing
Avec acteurs inconnus
Genre Documentaire
Nationalités hong-kongais, français

Synopsis:
À peine sortis de l’adolescence, Xiao Min, Ling Ling et Lao Yeh ont des rêves plein la tête. Quittant leur village du Yunnan, ils partent grossir la main d’oeuvre de Huzhou, une cité ouvrière florissante des environs de Shanghaï. Soumis à la précarité et à des conditions de travail éprouvantes, ils veulent quand même croire en une vie meilleure.

La presse en parle :

Les Inrockuptibles par Jean-Baptiste Morain
Immersion documentaire dans une ville industrielle vouée à la confection de masse. Le réalisateur de « A l’ouest des rails » poursuit sa fulgurante épopée de la Chine contemporaine.

L’Humanité par Emile Breton
La leçon d’économie sur la mondialisation qu’ils dispensent, parce qu’ils la vivent tous les jours et que le cinéaste les a assez aimés pour les laisser parler, jamais on ne l’aura aussi bien entendue.

Cahiers du Cinéma par Camille Bui
L’humanité du geste cinématographique (dont les filmés sont complices) permet de porter attention à une beauté gratuite dont n’a que faire la triste machine productiviste : la chaleur des amitiés ou les lumières colorées qui, la nuit, transfigurent le paysage urbain.

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Le mystère Picasso

De Henri-Georges Clouzot
Avec Pablo Picasso, Henri-Georges Clouzot, Claude Renoir
Genre Documentaire
Nationalité français
Date de reprise 8 novembre 2017 – Version restaurée (1h 18min)

Synopsis :
« On donnerait cher pour savoir ce qu’il s’est passé dans la tête de Rimbaud pendant qu’il écrivait le Bateau ivre… » Tels furent les premiers mots d’Henri-Georges Clouzot pour commenter Le Mystère Picasso.
Ce film donne à voir l’exécution par Pablo Picasso de dessins et de tableaux, au moyen d’un procédé technique innovant qui se propose de lever le voile sur le mystère de la création de l’artiste.
Au printemps 1955, Picasso fait part d’une récente découverte à Clouzot : des feutres-pinceaux inventés par un graveur américain, trempés dans des encres spéciales.
Ces feutres et encres ont la propriété de traverser le papier sans baver et d’inscrire au verso les traits exacts dessinés au recto.
Clouzot décide alors de filmer, non pas Picasso en train de créer, mais sa création elle-même, débarrassée de l’outil et de la main du peintre.

Critiques :
François Truffaut
« Le film d’Henri-Georges Clouzot dépasse tout ce que le cinéma a fait jusqu’ici pour la peinture »

Claude Brulé – Paris Presse
« Film unique.

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A Beautiful Day

Mardi 16 janvier 2018 à 19h30. Madiana V.O.

De Lynne Ramsay
Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola
Genres Thriller, Drame
Nationalités britannique, français, américain

Prix d’interprétation Festival de Cannes 2017

Interdit au moins de 12 ans

Synopsis :
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence…

La presse en parle :

Bande à part par François-Xavier Taboni
Le voyage au bout de la nuit d’un tueur à gages bordeline et la rencontre inoubliable entre Lynne Ramsay et Joaquin Phoenix. Un choc.

CinemaTeaser par Aurélien Allin
Lynne Ramsay, en symbiose avec Joaquin Phoenix, dissèque le héros américain. Un très grand film, à la fois romantique et désespéré.

Ecran Large par Simon Riaux
Lynne Ramsay dope son polar hardboiled grâce à une mise en scène et à un montage d’une exceptionnelles profondeurs, transformant Joaquin Phoenix en ange de la mort déchirant.

Le Point par Philippe Guedj
C’est à la fois une expérience visuelle immersive, un grand film torturé sur la condition humaine et une osmose créative entre une cinéaste et son acteur.

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Manon

 Mercredi 10 janvier 2018 à 19h 30. Madiana V.O.

 De Henri-Georges Clouzot
Avec Cécile Aubry, Michel Auclair, Serge Reggiani
Genre Drame
Nationalité français

Date de reprise 8 novembre 2017 – Version restaurée (1h 40min)

Synopsis :
Sur un bateau qui vient d’appareiller de Marseille, des juifs, rescapés du génocide, embarquent pour immigrer illégalement vers Israël alors sous mandat britannique. Tandis qu’un des lieutenants du bord installe les nouveaux venus dans les cales du navire, il découvre par hasard deux passagers clandestins.
Il les mène au capitaine dont le second reconnaît l’homme grâce à la photographie d’un journal. Il s’agit de Robert Desgrieux, un assassin en fuite.
Le capitaine décide de livrer le couple à la police d’Alexandrie à son arrivée, mais, quelques jours avant celle-ci, il se laisse attendrir par la jeune femme et finit par convier dans sa cabine les deux jeunes amants. Ceux-ci se mettent alors à conter leur histoire.

Redécouvrir Manon

La rétrospective consacrée à l’œuvre de Clouzot par la Cinémathèque française est l’occasion ou jamais de découvrir en version restaurée (également diffusée en DVD par les éditions Montparnasse) ce beau film, longtemps mésestimé, dans lequel le cinéaste porte à leurs paroxysmes plusieurs des thèmes qui parcourent sa filmographie.

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L’Atelier

Jeudi 18 janvier à 19h30. Madiana V.O.

De Laurent Cantet
Avec Marina Foïs, Matthieu Lucci, Warda Rammach
Genre Drame
Nationalité français

Synopsis :
La Ciotat, été 2016. Antoine a accepté de suivre un atelier d’écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia, une romancière connue. Le travail d’écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n’intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l’anxiété du monde actuel, il va s’opposer rapidement au groupe et à Olivia, que la violence du jeune homme va alarmer autant que séduire.

 La presse en parle :

aVoir-aLire.com par Claudine Levanneur

Le portrait radical et subtil d’une génération perdue. Passionnant !

 Femme Actuelle par Amélie Cordonnier

Un film bouleversant et lumineux.

L’Express par Eric Libiot

Cantet, qui n’oublie jamais le romanesque (personnages, péripéties…), filme droit et juste, ne juge pas, n’élude rien et décrypte ces glissements. La société est responsable, mais elle est ce qu’on en fait. Passionnant, effrayant.

L’Humanité par Dominique Widemann

Atelier ou laboratoire, confinement des solitudes ou horizons de mer, compte la farouche volonté de travailler en commun.

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« The Florida Project »

Mercredi 17 janvier 2018 19h 30 Madiana V.O.

De Sean Baker
Avec Brooklynn Prince, Bria Vinaite, Willem Dafoe
Genre Drame
Nationalité américain

Synopsis:
Moonee a 6 ans et un sacré caractère.
Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents.
Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère.
En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…

La presse en parle :

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Patti Cake$

Mercredi 13  Décembre à 19h30. Madiana. V.O.

De Geremy Jasper
Avec Danielle Macdonald, Bridget Everett, Siddharth Dhananjay
Genres Drame, Musical
Nationalité américain

Synopsis :
Patricia Dombrowski, alias i Cake$, a 23 ans. Elle rêve de devenir la star du hip-hop, rencontrer O-Z, son Dieu du rap et surtout fuir sa petite ville du New Jersey et son job de serveuse dans un bar miteux.
Elle doit cependant s’occuper de Nana, sa grand-mère qu’elle adore, et de Barb, sa mère, une chanteuse ratée et totalement instable.
Un soir, au cours d’une battle sur un parking, elle révèle tout son talent de slammeuse.
Elle s’embarque alors dans une aventure musicale avec Jheri, son meilleur ami et Basterd, un musicien mutique et asocial.

La presse en parle :

Culturebox – France Télévisions par Jean-Francois Lixon
En piétinant joyeusement les clichés, l’équipe de « Patti Cake$ », son réalisateur en tête, a peut-être fait beaucoup pour le rapprochement des générations.

Le Parisien par Catherine Balle
Un film puissant, qui fait du bien.

20 Minutes par Caroline Vié
Avec son physique imposant et ses grands yeux bleus, Danielle Macdonald bouffe l’écran avec une hargne épatante gagnant immédiatement le cœur du public par sa soif d’échapper à un destin médiocre.

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Corps et âme

Jeudi 14 décembre 2017 à 19h 30. Madiana. V.O.

De Ildiko Enyedi
Avec Alexandra Borbély, Morcsányi Géza, Réka Tenki
Genre Drame
Nationalité hongrois

Synopsis :
Mária, nouvelle responsable du contrôle de qualité et Endre, directeur financier de la même entreprise, vivent chaque nuit un rêve partagé, sous la forme d’un cerf et d’une biche qui lient connaissance dans un paysage enneigé. Lorsqu’ils découvrent ce fait extraordinaire, ils tentent de trouver dans la vie réelle le même amour que celui qui les unit la nuit sous une autre apparence…

La presse en parle :

Femme Actuelle par Amélie Cordonnier
Un film unique et bouleversant.

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