Roland Sabra

L’homme politique a-t-il une essence ?

Par Roland Tell —

Certes, l’homme politique existe, ici ou ailleurs, avec un idéal, un discours, un vocabulaire, constitutifs de sa philosophie première. Il a, en plus, des manières d’être et de gérer, se rapportant à une scolastique particulière – conservatrice, socialiste, marxiste, etc… Ce qui fait que l’existence politique est presque toujours prédicable d’une idéologie, de laquelle l’action gestionnaire découle.

Cependant, les tensions, qui existent sur le terrain du pouvoir, peuvent donner lieu à des pratiques, dites d’arrangements, voire de compromissions, toujours selon le principe du moindre mal, où par exemple et par excès, dans le cas martiniquais actuel, le matérialisme historique de l’indépendance contracte alliance avec le traditionnalisme fondamentaliste de la droite bourgeoise et passéiste ! Ne s’agit-il pas là, en effet, de deux aspects opposés de la gestion politique, désespérant la Martinique d’une maladie morale, difficilement réductible ? En pareil cas d’idéaux distincts, de références antagonistes, quelle vision de gouvernance retenir ?

Certes, la discontinuité ne manque pas de s’installer dans la gouvernance d’aujourd’hui, à presque tous les niveaux de celle-ci. Discontinuité encore et encore, atomisation des mesures, soigneusement dégagées de toute contamination idéologique, puisque, sans projet initial, sans réflexion antérieure, sans interprétation correcte des tenants et aboutissants, les consciences des gouvernants restent comme hantées par l’opposition entre les possibilités d’agir, et les moyens budgétaires pour entreprendre, pourtant dans des domaines, formant le fond même des besoins collectifs.

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Ces fruits et légumes les plus contaminés par les pesticides

— Par Julie Ruiz —

Selon une étude menée par l’ONG Générations futures, 89% des raisins et 88,5% des clémentines et mandarines non-bios qu’on trouve dans le commerce contiennent des résidus de pesticides.

Cinq fruits et légumes par jour. Oui, mais pas n’importe lesquels. L’ONG Générations futures publie ce mardi une étude inquiétante sur les traces de pesticides dans nos fruits et légumes. L’association a analysé 19 fruits et 33 légumes non-bios et, selon son rapport, on trouverait des résidus de pesticides dans près de 70% des fruits et 41% des légumes du quotidien.

En ce qui concerne les 33 légumes passés au crible dans cette étude de Générations futures, le plus contaminé est le céleri-branche: 84% des échantillons testés présentent des résidus de pesticides. Sur les autres marche du podium, on trouve les herbes fraîches (74,5%) et l’endive (73%). À l’opposé, l’asperge (3%) et le maïs (1,9%) sont les légumes dans lesquels on retrouve le moins de traces de pesticides.

Concernant les fruits, les raisins (89%) , les mandarines (88,4%) et les cerises (87,7%) sont les plus pollués. Dans le haut du tableau on trouve aussi les pamplemousses, les fraises et les nectarines.

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Wajib, l’invitation au mariage d’Annemarie Jacir.

De Annemarie Jacir
Avec Mohammad Bakri, Saleh Bakri, Maria Zreik
Genre Drame
Nationalité palestinien

Synopsis : Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du « wajib ». Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.

De père en fils, les voix multiples de la Palestine

—Par Dominique Widemann —

La réalisatrice palestinienne, donne un troisième long métrage qui prolonge son récit du quotidien de son peuple avec sensibilité. Elle révèle femmes et hommes de chair et aux destinées singulières.

Abu Shadi (Mohammad Bakri) vit à Nazareth. Il prépare le mariage de sa fille. Selon la coutume palestinienne, les invitations doivent être remises de la main à la main par les hommes de la famille.

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Peer Gynt d’Henrik Ibsen, adaptation et m.e.s. David Bobée

— Par Roland Sabra —

1981… Année mémorable. Après Wagner, après Beyrouth, Patrice Chéreau revient au théâtre et offre, avec Gérard Desarthe et Maria Casarès, la version intégrale de Peer Gynt, le chef d’œuvre d’Ibsen.

Sept heures de théâtre en deux temps avec entracte au Théâtre de la Ville. À Paris. Éblouis, fascinés, certains y retourneront plusieurs fois.

 » Il s’agit d’un grand poème dramatique, dont le personnage principal est l’une de ces figures à demi mythiques et légendaires qui peuplent la Norvège du temps présent« .( Lettre d’Ibsen à son éditeur le 05/01/1867). Le texte n’a donc pas été écrit spécifiquement pour une représentation scénique et néanmoins il va connaître un destin théâtral hors du commun. Nombreux sont les metteurs en scène qui depuis 1876, date de la première représentation en Norvège, s’attellent à cette pièce-fleuve avec ses dizaines de personnages et de décors, et qui défie les lois du théâtre.

De quoi s’agit-il ? Un paysan norvégien d’une vingtaine d’années tente de fuir la réalité en se réfugiant dans l’affabulation. Pour le dire plus crûment : c’est un infini menteur, un égoïste débraillé, un affreux vaurien, un anti-héros hâbleur et querelleur.

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« Tertullien » d’après le traité « Sur les spectacles », adaptation et interprétation : Hervé Briaux

— Par Michèle Bigot —

À partir d’une lecture du traité de Tertullien Sur les spectacles, rédigé au début du troisième siècle par un nouveau converti au christianisme, Hervé Briaux opère une réécriture qui puise dans le traité les passages les plus éloquents pour en faire un montage simple, cohérent et lisible pour la scène. Il s’agit de transformer un traité en matière théâtrale, d’en extraire la substance sans le trahir. Pari réussi car le texte théâtral ainsi produit ne souffre d’aucune obscurité. Il se déroule implacablement, et progresse dans l’intensité. Il culmine dans une détestation absolue de tous les arts. En fait le texte épouse la même progression qui a gouverné la vie de Tertullien, de la conversation tardive à la radicalisation absolue à la fin de sa vie. A partir de 197, cet homme, brillant lettré et épicurien raffiné, destiné à une carrière d’avocat, tourne le dos au monde dans une ascèse impitoyable qui cherche à entraîner les chrétiens dans son puritanisme. Son traité témoigne d’une fièvre fanatique servie par une éloquence éprouvée. Paradoxalement, sa charge contre les arts et en particulier contre le théâtre témoigne d’une parfaite maîtrise de l’art de convaincre les esprits, d’émouvoir les cœurs, bref du meilleur de l’art théâtral.

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Nous sommes coupables de délit de solidarité, nous nous retrouvons dans l’obligation morale de désobéir

— Tribune —

Madame la ministre de la Culture, vous avez convié certain.e.s d’entre nous, à la fin de l’automne, à un dîner pour parler de nos différentes actions auprès des exilé.e.s qui cherchent actuellement refuge en France. Nous vous avons proposé alors d’organiser une commission afin d’établir un dialogue avec le ministère de l’Intérieur. Nous avons insisté sur la nécessité et l’urgence d’ouvrir ce dialogue entre les artistes, les acteur.trice.s culturel.le.s et le ministère de l’Intérieur. Notre demande est restée lettre morte.

Vous avez lancé récemment un appel au milieu culturel et artistique à faciliter aux exilé.e.s l’accès à la culture, à développer des ateliers artistiques avec elles et eux pour les aider à patienter le long des files d’attente administratives.

Madame la ministre, sachez que voilà des mois, des années que nous menons ces actions, que nous faisons, nous, artistes, acteurs et acteur.trice.s culturel.le.s, tout ce qui est en notre pouvoir pour soulager la misère, l’impact des violences subies, à tous les endroits où nous pouvons agir, que ce soit en tant que directeur.trice.s de structures culturelles, de lieux de création, que ce soit en tant qu’artistes.

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Au-delà du discours : Que fait-on ?

— Par Florent Grabin président de PUMA —

C’est avec un très grand intérêt que nous avons suivi la plénière du vendredi 9 février 2018, se tenant à la Collectivité Territoriale de Martinique, (CTM), où Monsieur le Préfet a débattu avec les élus de cette collectivité sur la question de la Chlordécone. C’est un fait inédit que nous saluons très fortement, en espérant que l’épilogue de cette controverse ne tarde pas trop .

Nous remercions l’État d’avoir fait le choix de mener la recherche, avec des scientifiques indépendants, ce qui permettra de se fixer sur les orientations de la détoxification de tout ce qui est vivant sur notre territoire.

Nous avons noté que pour certains, il y a encore du travail à faire pour arriver à la bonne compréhension de ce dossier, d’autres nourrissent un grand espoir de voir une profusion de condamnations dans nos deux îles, mais ils sont dans l’incapacité de dire sur quelle base scientifique et juridique.

Nous, P.U.M.A., poursuivons notre stratégie pour qu’à terme la Martinique devienne un pôle d’excellence écologique, à charge pour nos dirigeants de mettre en place les outils pour atteindre cet objectif.

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Moi Eve, la pire de toutes

22, 23, 24 février 2018 à 19h 30 au T.A.C.

Saint Jean Chrysostome disait, « Quand la la première femme a parlé, a provoqué le péché originelle » Et Saint Ambroise conclu par « Si on permet a la femme de parler elle provoquerait a nouveau la ruine des hommes ».
L’église catholique lui interdit la parole. Les fondamentalistes musulmans mutilent son sexe et cachent son visage. Les juifs très orthodoxes commencent le jour en disant « Merci seigneur de ne pas m’avoir fait femme »
Elles savent coudre, elles savent broder, elles savent souffrir et cuisiner. Filles obéissantes, mères dévouées, épouses résignées. Ce fut ainsi pendant des siècles.Connaissant bien peu sur elles. Échos des voix masculines, ombres d’autres corps.
Pour faire des éloges a un haut personnage ou une éminence on dit « derrière un grand homme se cache une grande femme » La réduisant ainsi, a la triste condition de dossier de chaise.(Eduardo Galeano.)
C’est une rélexion sur l’intimité au féminin, ses conlits face à une société patriarcale au travers du temps, l’ histoire et de son avenir.

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L’âme humaine sous le socialisme d’après l’essai d’Oscar Wilde,

— Par Michèle Bigot —

« Une carte du monde ne faisant pas mention du royaume d’Utopie ne mérite même pas un coup d’oeil, car elle laisse à l’écart le seul pays où l’humanité finit toujours pas aborder. »
Voici l’inspiration maîtresse de cet essai signé Oscar Wilde, et aucun sujet ne peut se prétendre plus actuel que celui-là. Où sont passées les utopies dont nous avons un si pressant besoin ? Doit-on au nom du pragmatisme néo-libéral et d’une logique comptable de la rentabilité, laisser dire que les utopies sont condamnables parce qu’irréalistes ? Qu’est-ce que ce réalisme dont se prévaut le capitalisme financier et la société de contrôle qu’on nous prépare, sinon un facteur de désolation ?
Ce texte écrit en 1891 résonne aujourd’hui comme un écho surprenant des recherches actuelles des historiens, sociologues et philosophes concernant les « communs ». On en trouve un exemple éclairant dans l’essai de Rutger Bregman « Utopies réalistes, en finir avec la pauvreté », qui propose, en vrac : l’ouverture des frontières, la semaine de 15 heures, le revenu universel, et montre à partir de l’exemple de Wikipedia que non seulement les utopies sont réalistes, mais que certaines sont en cours d’accomplissement en dépit qu’on en ait.

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« J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne » de Jean-Luc Lagarce, m.e.s. Chloé Dabert

— Par Michèle Bigot —

Le retour du retour du fils ! Dans la série des bouclages qui fondent l’écriture de Jean-luc Lagarce, le motif du fils prodigue occupe une place centrale. Et contrairement à celui d’Ulysse, ce retour à la matrice est synonyme de mort, ou d’annonce de mort. Car pour le sujet la mort n’a d’autre réalité que son annonce, sa venue prochaine et tout le système d’échos que cette annonce engendre dans la famille, semblable aux ricochets de cet étang (ou ce marigot) qu’est le cercle familial.

Écriture intimement liée à la maladie du sida. Car cette affection fait entrer la logique de mort au cœur de la jeunesse, et porte sur le devant de la scène un coming out double dans lequel coïncident l’officialisation de l’homosexualité et l’annonce de la mort. Et dispose au premier plan la panoplie des relations affectives avec les parents, dans toute leur douloureuse complexité.

Écrite quatre ans après Juste la fin du monde, cette avant-dernière pièce (la dernière étant Le Pays lointain) représente une sorte d’épure de la précédente. Car le fils prodigue est bien mal en point, il brille par son absence au cœur même de sa présence supposée.

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CTM, Ne pas tomber de Charybde en Scylla !

— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Les martiniquais ne doivent pas être contraints de choisir entre un Président du C.E., habité par une conception autocratique du pouvoir, et son challenger qui est tout, sauf rassurant.
Le premier, bien que brave homme au demeurant, est tout simplement inadapté à la fonction ; celle-ci exige un esprit d’ouverture ,de conciliation et de dialogue qui lui fait cruellement défaut .
Sa vision ,en matière de gestion des affaires publiques , se borne à dépenser le moins possible pour afficher fièrement ,in fine, des comptes en équilibre comptable .
Le développement du territoire martiniquais pour assurer l’avenir de sa population n’est pas son affaire mais celle de l’Etat et du secteur privé qu’il peut éventuellement envisager d’accompagner financièrement ,dans des conditions modestes.
Par contre il reste farouchement jaloux de ses prérogatives jusqu’à faire le vide autour de lui et à ne supporter que des affidés complaisants et serviles .
Le résultat de ce comportement pathologique est une Martinique à la traîne , privée du dynamisme de sa jeunesse, qui ne songe plus qu’à s’évader d’une île en rupture d’avenir et dont les représentants à l’Assemblée territoriale sont ,pour leur part ,réduits à l’impuissance.

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« Aliénation(s) » à la BU…

Le spectacle de Françoise DÔ jeudi 22 février 2018 à 19h

En partenariat avec Tropiques Atrium Scène nationale, la bibliothèque universitaire du campus de Schoelcher est heureuse de vous inviter, jeudi 22 février à 19h, à la représentation de la pièce «Aliénation(s)», écrite, mise en scène et interprétée par Françoise Dô.

Sophia est une jeune martiniquaise ayant fini ses études à Paris. Lors d’une réunion familiale, elle découvre une partie de la vie de sa mère, avec qui elle avait une relation impersonnelle. De sa migration, à l’époque par l’intermédiaire du BUMIDOM, à son rapport aux hommes, tout résonne et fait écho à sa propre vie. Remonte alors à la surface son histoire trouble autant avec sa terre d’accueil qu’avec sa terre d’origine. Est-elle vraiment libre de ses choix ? [FD]

Françoise Dô présente ainsi sa démarche artistique : « Bien que ce texte fasse intervenir plusieurs personnages, j’ai choisi de mettre sur scène une seule comédienne qui dans un monologue sur le principe de l’acteur-conteur se démultiplie pour présenter chaque protagoniste. Ce choix permet à mon sens d’accentuer la question de l’identité de la personne qui a migré (l’immigré, l’immigrant ou l’expatrié)… »

Créé en 1963 par le gouvernement français pour « contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d’outre-mer », le BUMIDOM fut chargé de traiter la question de l’émigration domienne vers la métropole.

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Accueil des étrangers en Guadeloupe

Lettre ouverte au Préfet de Guadeloupe

Monsieur le Préfet,

Les Associations, Organisations et Personnes soussignées, réunies en collectif le 5 février 2018, tiennent par la présente lettre ouverte à manifester leur indignation face aux conditions dans lesquelles s’effectue l’accueil des ressortissants étrangers par votre Administration ; particulièrement depuis le 1er novembre 2017.

Avant cette date, déjà, le Service des Étrangers tant à Basse-Terre qu’à Pointe-à-Pitre témoignait du peu d’empathie à accueillir les étrangers et à traiter les dossiers avec attention. Des retards importants dans les réponses à apporter aux demandes déposées n’ont cessé de s’accumuler.

Or depuis le 1er novembre dernier, vous avez purement et simplement, et sans concertation, supprimé l’accueil de Basse-Terre. Ainsi les usagers de toute la Guadeloupe doivent désormais se rendre à la Sous-Préfecture de Pointe-à-Pitre ; pour y être à 8 heures.

À quelle heure faut-il quitter son domicile pour rejoindre Pointe-à-Pitre en transport-en-commun lorsqu’on réside à Saint-Robert/Baillif ou à Beaugendre/Vieux-Habitants ? De plus, contrairement au discours officiel sur la garantie d’une bonne réorganisation du Service, le bureau d’accueil de Pointe-à-Pitre n’a pas été doté de moyens supplémentaires, humains notamment, pourtant plus que nécessaires.

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Une blanche colombe bien dérisoire

— Par Térez Léotin —

Si je pense que le Martiniquais se complait dans une espèce de noirisme, – ici je pense à ceux qui sous prétexte qu’effectivement l’espèce humaine vient d’Afrique, ressassent que le Noir est à l’origine de toutes les créations, comme si celui-ci doit mériter sa place sous le soleil. Si on veut avec raison réhabiliter le Noir, si on veut du reste, changer sans doute le regard, à trop en faire, on tombe dans un racisme à l’envers aussi absurde que l’affirmation illusoire de la « supériorité » du « Blanc »

Autre forme de noirisme, l’obsession du martiniquais par alliance, Serge Bilé, sur le sort des Noirs, au point qu’il peut donner à douter de la sincérité de ses écrits. Cela semble être vraiment « son » affaire, pour ne pas dire son bon filon. Il ne lui reste plus qu’à écrire : « Les cheveux blancs sur la tête du noir » ou « L’homme noir qui avait des chaussettes blanches », ou encore « Les lunettes noires du patron blanc », peut-être les a-t-il en chantier.

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Carême : Moïse à jeûné mais ni Jésus ni ses disciples…

Le nom carême provient de la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie « quarantième ». On appelle aussi le carême la Sainte Quarantaine. La durée de quarante jours commémore à la fois les quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi et les quarante jours de la tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique, lors desquels il fut tenté par Satan, d’après les Évangiles synoptiques.

La pratique du carême remonte au IVe siècle. Les jours qui ont précédé la pâque et la mort de Jésus, ni Jésus ni ses disciples n’ont jeûné. Les récits des Évangiles indiquent qu’à Béthanie, seulement quelques jours avant sa mort, ses disciples et lui se sont rendus chez des gens, où ils ont pris des repas. Jésus a en outre mangé le repas de la Pâque la nuit précédant sa mort. — Matthieu 26:6, 7 ; Luc 22:15 ; Jean 12:2. C’est durant le Concile de Laodicée (348? – 381?) que fut prescrite la xérophagie, c’est-à-dire l’usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps qui correspondait au carême.

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Comment réparer des ans l’irréparable outrage ?

— Par Roland Tell —

Dans le fameux passage du Songe d’Athalie dans Racine, l’irréparable outrage de la vieillesse venait du mal privatif de la beauté, dont ne jouissait plus Jézabel, la mère d’Athalie. En fait, il s’agit de toutes ces bagatelles, dont on se peint, et s’orne le visage, afin de cacher son âge.

Selon l’Esprit Divin, au Livre de la Sagesse (4,12), « la fascination du superficiel et de la vanité obscurcissent les vrais biens. » Pourquoi me séduis-tu vainement ? » déclare Salomon dans l’Ecclésiaste (Qo2,2). « N’est-il pas meilleur d’aller à une maison de deuil, celle qui nous rappelle la fin de tous les hommes ? »

Cependant, Nathalie reste troublée par ce songe, où elle a vu sa mère, « comme au jour de sa mort, joyeusement parée. » Son cœur aveuglé l’empêche d’examiner et de juger son rêve, d’en considérer le dommage ou le profit, qu’elle peut en tirer. Elle a tranché, nous dit Racine : « C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit ! »

C’est donc vanité, inutilité, de s’attacher à tout ce qui fait la servitude des idoles, par exemple les voyages à Cuba, pour se plonger dans la jouissance des toxines botuliques, afin de rester jeune plus longtemps.

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Léon Laurent Valère nous a quittés, il était un juste

— Par Yves-Léopold Monthieux —
C’était à la fin des années 1970, à Fort-de-France, près de la Savane, un vendredi soir de campagne électorale. Les briseurs de conférences venaient d’être empêchés de gravir l’escalier qui conduisait au micro de Maître Valère, candidat à une élection à Fort-de-France. Celui-ci s’exprimait au premier étage de la Rotonde. J’ai retenu la phrase qu’il avait alors prononcée : « nous ne nous arrêterons pas à ces trublions qui ne comprendront jamais que la politique est une affaire d’adultes ». Ses réactions aux coups qu’il recevait n’allaient pas au-delà des répliques de ce genre et du ton modéré de l’homme politique pour qui l’élégance d’esprit était l’arme préférée. Le lundi suivant, au matin, une nuée de tracts envahissait les rues de la ville avec, écrit en gros caractères : « Valère, le candidat de la violence ». C’est comme le voleur qui crie « au voleur ! ». Toute la campagne se poursuivit sur ce ton. Cette injustice et les suivantes, plus généralement le traitement politique dont il fut la victime, ont participé de mes premières indignations politiques.
J’avais apprécié le talent de l’avocat, l’élégance de l’intellectuel, le panache de celui qui osait affronter Césaire et, bien entendu, le discours percutant quoique modéré de l’homme politique.

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À propos des assassinats de femmes par leur (ex-) compagnon

— Par George Huyghues des Etages, psychologue —
 
Tout en compatissant à la souffrance de la famille de ces victimes, en déplorant et en condamnant ces actes abominables (expliquer ne signifiant pas excuser mais tenter de comprendre afin de prévenir), à mon avis, tant que la situation familiale, socio-économique et politique restera telle qu’elle est, ces drames subsisteront. 
Je m’explique : 
Dans ce pays « dominé » politiquement avec un Etat-père et une Mère-patrie éloignées géographiquement, dont nous savons, même confusément, que leurs intérêts passent avant les nôtres et qui ont mis en place entre autres un système d’aides sociales obligeant les femmes pour en bénéficier à  ruser en écartant officiellement les hommes du foyer, dans une société construite sur la violence et imprégnée de sexisme et de machisme, où sévit un chômage infériorisant et humiliant face à une incitation à la surconsommation et au paraître pour être par le biais de la publicité et de certains media, avec

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Rectorat : la valse des recteurs, rectrices s’accélère

4, 3 , 2… : André Siganos est resté en poste 4 ans, Catherine Bertho Lavenir à peine 3 ans, Béatrice Cormier moins de 2 ans. Pascal Jan…

C’est dire en peu de mots la considération de l’Etat à l’égard de la Martinique en matière d’éducation.

Pascal Jan, nouveau recteur de l’Académie de Martinique. Docteur en droit public en 1997, habilité à diriger les recherches en 1999, agrégé de droit public, professeur des universités, il enseigne le droit constitutionnel, les libertés et droits fondamentaux et les finances publiques à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, dont il a dirigé le centre de préparation au concours de l’École nationale d’administration entre 2004 et 2013. Au sein de cet établissement, il est responsable du dossier « déconcentration des concours » en outre-mer, sujet au cœur d’une mission interministérielle (enseignement supérieur et outre-mer) plus globale sur les conditions des étudiants ultramarins.

Il a commencé sa carrière comme attaché temporaire d’enseignement et recherche à l’université de Tours, puis comme maître de conférences à l’université Bordeaux IV (1998-2000) avant d’être affecté à l’université de Bretagne occidentale comme professeur agrégé (2000-2003).

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L’ivrogne corrigé ou le mariage du diable : un agréable divertissement

— Par Roland Sabra —

Le sympathique collectif de chanteurs lyriques d’origine antillaise ( COMPA) poursuit son chemin. Il est à l’origine de l’évènement Carib’Opéra que la Martinique a accueilli avec ferveur en 2016 et 2017puisqu’en effet l’an dernier plus de 1500 spectateurs ont assisté aux concerts du Lamentin, de Fort-De-France et du Morne Rouge.

C’est en 1759 ou 1760, les avis divergent, que Christoph Willibald Gluck crée L’ivrogne corrigé ou le mariage du diable. La version présentée aujourd’hui inverse titre et sous-titre.

Gluck dont le public martiniquais a pu voir en 2014 au T.A.C ( Théâtre Aimé Césaire) « L’île de Merlin ou le monde renversé » à été l’ un des grands maîtres de l’opéra du XVIIIe siècle, connu pour sa synthèse, non dépourvue d’une certaine élégance, des traditions lyriques françaises et italiennes lors de la fameuse querelle des Gluckistes et des Piccinnistes qui opposa les défenseurs de l’opéra français aux tenants de la musique italienne. D’origine bavaroise Christoph Willibald Gluck est un des compositeurs les plus importants de la musique de la période classique dans l’aire germanophone avec Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Karl Ditters von Dittersdorf, Franz Krommer et Carl Philipp Emanuel Bach.

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F… fizi fann fwa frèw! (Pou sonjé Fiziyad Chalvet Février 74)

— Par Daniel M. Berté —

Fout yo pé di !
Fann tèt nèg ki té ka lité
Fal ouvè douvan bal fizi
Fè pran lanmè sèvi savann
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas fatidik !

Fout yo séléra !
Frèt an tan lesklavaj
Fizi pandan la grèv
Férosité jandam palé
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas dramatik !

Fout yo isalop!
Fouté bal an tjou nèg
Fè Ilmany pran plon
Frè Marie-louise tonbé
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas ki trajik!

Fout yo méchan !
Fè manman pèd lakat
Fas a doulè lanmô
Frè èk sè an lapenn
Fizi fann fwa frèw!
Fas-a-fas patétik!

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Mélissa le vaut bien

Le dernier album de Melissa Laveaux, est une plongée dans le répertoire folk d’Haïti. Il a pour nom  » Radyo Siwèl  » et est toujours produit par No Format le label français qui a accueilli son premier disque en 2008.
Avec Radyo Siwèl Melissa Laveaux fait à la fois un travail d’éthnomusicologie et de refonte artistique. Cette démarche entamée depuis quelques années est une descente en profondeur dans les racines musicales et politique de son pays.

Melissa Laveaux

En choisissant de mettre en avant la période de l’occupation américaine de 1915 à 1934, elle propose une double écoute : il y a d’abord l’idée de remettre au-devant de la scène un patrimoine de textes et de chansons qui sont rarement arrivés jusqu’à nos oreilles, et de démontrer l’impact politique de ses chants face à un occupant qui aura été jusqu’a changer la constitution d’un pays pour s’y installer tranquillement.

Melissa Laveaux montre aussi dans ce disque l’importance de la culture vaudou dans la vie quotidienne, et comment certaines figures de ce panthéon peuvent devenir des symboles de liberté. Si ce disque rencontre du succès, une partie des bénéfices servira à la cause des femmes musiciennes haïtiennes.

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« Mali Twist » : hommage à Malick Sidibé, talentueux portraitiste malien

En 1995, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présentait la première exposition monographique du photographe malien Malick Sidibé hors du continent africain. Un an après la disparition de l’artiste le 14 avril 2016, elle lui rend hommage avec Mali Twist, une grande exposition rétrospective accompagnée d’un ouvrage, conçus et dirigés par André Magnin en collaboration avec Brigitte Ollier.

À côté d’œuvres iconiques, l’exposition propose pour la première fois un vaste ensemble de photographies vintage et de portraits inédits d’une beauté intemporelle. Véritable plongée dans la vie de « l’œil de Bamako », ces clichés exceptionnels en noir et blanc révèlent comment Malick Sidibé a su saisir, dès le début des années 1960, la vitalité de la jeunesse bamakoise.

L’exposition souligne également la diversité des portraits que Malick Sidibé réalisait dans son studio. Jeunes vêtus à la dernière mode, trio sur une moto, enfants déguisés pour le carnaval, femmes d’une parfaite distinction, adolescents radieux, c’est toute la société de Bamako que l’on voit sur les portraits rassemblés pour l’exposition. En les faisant poser devant un fond neutre ou un rideau à rayures, en les photographiant le plus souvent debout, seul ou à plusieurs, parfois en gros plan, Malick Sidibé compose pour chacun de ses modèles un double sur papier, authentique et spontané.

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Masques

— Par Gilles-Denis Delage —

Les tout premiers soubresauts de l’humanité avaient déjà vu l’homme pratiquer le rituel du masque. Les tribus guerrières arboraient des masques terrifiants pour effrayer leurs ennemis, les sorciers s’agitaient sous ces mêmes accoutrements pour décontenancer leurs adeptes, dans le théâtre de la Rome antique, les masques contribuaient à la caractérisation des personnages qui entraient en scène pour la comédie. Chez nous, les « diables rouges » continuent à ensanglanter nos rues le Mardi gras.
De nos jours encore, bien que fictifs, la société nous l’apprend, nous portons tous des masques. Dans la vie quotidienne, dans nos rapports sociaux, amicaux et autres, quelle que soit la circonstance, nous nous empressons d’enfiler le masque. Celui qui correspond le mieux à ce que l’autre attend de nous pour ainsi jouer la comédie. Comme au vidé du mardi gras, nous portons notre déguisement, nous dansons au bal masqué des autres, pour les autres. Ainsi notre nouveau visage nous ressemble plus ou moins selon qu’il se rapproche ou s’éloigne de notre vraie personnalité.
Aussi, qui d’entre nous pourrait se vanter de bien connaître quelqu’un ?

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Les aveux sans fin de la chair

— Entretien réalisé par Nicolas Dutent —

Rencontre avec Frédéric Gros, philosophe et préfacier du dernier volume de l’Histoire de la sexualité de Michel Foucault.

Quelle place occupe les Aveux de la chair au sein de l’œuvre de Michel Foucault et de l’Histoire de la sexualité en particulier ?

FRÉDÉRIC GROS On parle ici d’une étude très importante, érudite et passionnante, sur le christianisme des premiers siècles de notre ère à travers le filtre de la sexualité. Les livres de Foucault jusque-là publiés avaient porté essentiellement soit sur la modernité occidentale (XVIe-XIXe siècles) quand il s’agissait d’entreprendre une archéologie des discours (les sciences humaines) ou une généalogie des pouvoirs (la discipline normalisante), soit sur l’expérience antique des plaisirs. C’est le premier livre de Foucault consacré entièrement aux doctrines (à propos du mariage, de la virginité, du péché de luxure), aux rituels, aux pratiques (baptême, pénitence) tels que les Pères chrétiens des premiers siècles les ont élaborés. Cet ouvrage vient donc compléter l’étude de la sexualité ancienne en donnant toute sa place à l’Antiquité chrétienne. L’examen de cette part chrétienne est particulièrement décisif pour Foucault parce que, autant l’expérience grecque est éloignée de la nôtre, autant au contraire notre expérience contemporaine d’être des « sujets de désir » prend ses coordonnées fondamentales et secrètes dans des pratiques de soi élaborées dans les premiers monastères chrétiens ou des dissertations sur la sexualité d’Adam.

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