L’ivrogne corrigé ou le mariage du diable : un agréable divertissement

— Par Roland Sabra —

Le sympathique collectif de chanteurs lyriques d’origine antillaise ( COMPA) poursuit son chemin. Il est à l’origine de l’évènement Carib’Opéra que la Martinique a accueilli avec ferveur en 2016 et 2017puisqu’en effet l’an dernier plus de 1500 spectateurs ont assisté aux concerts du Lamentin, de Fort-De-France et du Morne Rouge.

C’est en 1759 ou 1760, les avis divergent, que Christoph Willibald Gluck crée L’ivrogne corrigé ou le mariage du diable. La version présentée aujourd’hui inverse titre et sous-titre.

Gluck dont le public martiniquais a pu voir en 2014 au T.A.C ( Théâtre Aimé Césaire) « L’île de Merlin ou le monde renversé » à été l’ un des grands maîtres de l’opéra du XVIIIe siècle, connu pour sa synthèse, non dépourvue d’une certaine élégance, des traditions lyriques françaises et italiennes lors de la fameuse querelle des Gluckistes et des Piccinnistes qui opposa les défenseurs de l’opéra français aux tenants de la musique italienne. D’origine bavaroise Christoph Willibald Gluck est un des compositeurs les plus importants de la musique de la période classique dans l’aire germanophone avec Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Karl Ditters von Dittersdorf, Franz Krommer et Carl Philipp Emanuel Bach.

L’argument de L’ivrogne corrigé ou le mariage du diable dans le livret de Louis Anseaume et Jean-Baptiste Lourdet de Santerre s’inspire de L’ivrogne et sa femme, une fable de La Fontaine amorcée par ces mots : « Chacun a son défaut où toujours il revient / Honte ni peur n’y remédie ».

Mathurin un bourgeois aussi sympathique qu’imbibé souhaite scellée son amitié de comptoir avec Lucas son compère de beuveries en lui offrant sa nièce Colette en mariage Cependant, la jeune fille est déjà éprise de Cléon. Avec l’aide de ce dernier et le concours de sa tante Mathurine elle va ourdir un stratagème diabolique pour ramener le barbon à la raison.

Sur la petite scène de l’Espace Beaujon Déborah-Ménélia Attal, Marie Claude Bottins ( déjà vue dans En hommage à Christiane Eda-Pierre) , Joël O’Cangha, Rudi Fernandez-Cardenas, Olivier Kontogom et les musiciens Benjamin Laurent, Romuald Grimbert-Barré, Clotilde Lacroix ont semblé bien à l’étroit. Était-ce la froidure parisienne ? Était-ce la communication de l’Espace Beaujon en mode hibernation? Était-ce du coup un public peu nombreux qui semblait avoir emmitouflé son enthousiasme?  En tout cas est-il que les prestations certes inégales étaient néanmoins portées par un réel souci de partage sans doute mieux accueilli sous nos latitudes tropicales. Quoiqu’il en soit la soirée fût plaisante, pour un spectacle qui n’avait d’autre but que de divertir. Et la mission fût accomplie.

Paris le 09 février 2018

R.S.

Le mariage du Daible ou l’ivrogne corrigé

Portée par le collectif Carib’Opéra!

CHANTEURS
Rudi Fernandez-Cardenas (Cléon, Pluton)
Olivier Kontogom (Lucas)
Joel Ocangha (Mathurin)
Marie-Claude Bottius (Mathurine, 2ème furie)
Déborah-Ménélia Attal (Colette, 1ère furie)
MUSICIENS
Benjamin Laurent (Direction Musicale et Piano)
Romuald Grimbert-Barre (Violon)
Clotilde Lacroix (Violoncelle)
MISE EN SCÈNE: Emmanuelle TRAZIC et Benoit RICHTER
SCÉNOGRAPHIE: Emmanuelle Trazic
COSTUMES: Pascale LAVANDIER
CRÉATION LUMIÈRES: Laurence Magnée