« 24 contes des Antilles »
d’Olivier Larizza
Castor poche – Flammarion. 2004
Par Pierre PINALIE
Voilà encore un ouvrage profondément créole réalisé par un auteur « venant d’ailleurs ». Il y là 24 contes très courts qui sont comme autant de perles formant un joli collier de type « grains d’or ». C’est en effet une farandole où le coq et le ravet, le crapaud et la tortue, Compère Lapin et Compère Tigre, Ti-Jean et le Roi se succèdent et diffusent l’esprit de la culture créole et la traditionnelle morale qui surnage dans les étonnants proverbes si fréquents dans le dialogue des Anciens.
Le mépris des puissants
Tant l’infidélité que la vengeance se voient dénoncés dans ces courtes histoires où apparaît le machisme des maris dominants, le dangereux entêtement des humains et la positive importance de la patience. Et tous les messages retransmis par l’auteur sont présentés dans une langue élégante et légère qui restitue très académiquement la philosophie et la vision du monde de la Créolité. Pour saupoudrer le style harmonieusement structuré, tout un lexique local se glisse une cinquantaine de fois dans les phrases aisément pénétrables, et syntaxiquement construites.

On ne présente pas Edgar Morin, personnalité éminente de l’intelligentsia française, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages parmi lesquels quelques essais sociologiques qui ont fait date (Les Stars, 1957, La Rumeur d’Orléans, 1969) et surtout une somme, La Méthode (1981-2004) dont le projet, fort ambitieux, ne vise pas moins qu’à changer notre regard sur le monde, sans rien dissimuler de sa complexité, grâce à une démarche systémique. En passant, malgré tout, peut-être un peu vite sur l’objection d’ordre épistémologique qui se présente d’emblée : Comment une telle méthode considère-t-elle la distinction qui existe inévitablement entre l’objet réel, éminemment complexe en effet, et l’objet de la connaissance, le « modèle », nécessairement simplificateur (1) ? La reconnaissance de « la différence entre la réalité empirique et la forme théorique » (2) étant le point de départ de la démarche scientifique, toute tentative pour la tirer du côté du concret comporte donc un risque du point de vue de sa pertinence. 






Comment s’y retrouver dans le foisonnement des discours de la critique autour de l’œuvre d’art ? Entre autres qualités, l’ouvrage de Dominique Berthet fournit à la fois les moyens d’une orientation et l’occasion d’un questionnement de la « relation particulière qu’entretient celui qui projette de parler d’une œuvre avec l’œuvre elle-même » (p. 7). N’hésitons pas à saluer d’emblée l’agencement du texte : l’auteur réussit le tour de force de présenter une progression à la fois historique et analytique. D’une part, trois grandes figures littéraires – Lessing, Diderot, Baudelaire – sont l’occasion d’une archéologie des enjeux de la critique d’art. Ensuite, dans un chapitre en épi, D. Berthet fait dialoguer les apports méthodologiques de Panofsky et Francastel. Enfin, après cette clé de voûte quasiment épistémologique, l’auteur termine l’autre partie de son cintre par trois chapitres résolument tournés vers la critique contemporaine. C’est dire que cet ouvrage présente une réelle architecture qui, dans sa composition même, jette un pont entre une tradition et notre contemporanéité.
Installé à la Réunion, le Professeur Lambert-Félix Prudent a communiqué ses commentaires sur la langue créole dans une interview réalisée par un journal de l’île Maurice, pays où le créole est parlé parallèlement à l’anglais et au français. Dans son introduction, il pose clairement le problème de la Martinique où le créole, langue populaire, se trouve face au français qui jouit du prestige de l’école et de la littérature, et demeure la langue de l’administration et des affaires. Et dans la mesure où l’école est le lieu de la promotion sociale, la présence du créole dans l’enseignement est toujours vue comme une forme militante, ce qui motive la méfiance des parents partisans de la langue officielle, outil nécessaire pour l’avenir de leurs enfants.
Veut-on vraiment une France de l’Apartheid ? Si tel n’est pas le cas, alors cessons d’opposer les Français en fonction de leurs origines par l’intermédiaire d’un passé déformé. Rompons avec une repentance coloniale qui ressasse et divise au lieu de guérir. Tel est le diagnostic formulé par Daniel Lefeuvre dans son bel essai. Celui d’un historien ayant décidé de se jeter dans l’arène, non pas pour satisfaire à quelque sensationnalisme, mais afin de montrer, tout simplement, que les choses sont souvent plus complexes qu’on ne l’imagine, et cela en puisant dans son domaine de spécialité : l’étude des relations franco-algériennes.
C’est un surprenant ouvrage que nous a livré Émile Désormeaux, sous un titre poétique et attirant. Peut-être en effet est-il le premier à écrire que les militants locaux sont quasiment tous fonctionnaires avec leurs 40 %, et que parmi eux les retraités sont nombreux. Et quand il nous dit qu’aux yeux des étrangers, les Français sont des professionnels de la contestation, il n’oublie pas d’ajouter que l’élève a dépassé le maître dans la promptitude à faire grève. Avec d’innombrables citations et un recours permanent à l’Histoire, l’auteur nous promène de par le monde afin de décrire l’état des choses dans une très grande objectivité. C’est par exemple en faisant appel aux écrits d’Albert Memmi, l’auteur du « Portrait du colonisé » qu’il propose un meilleur avenir, le jour où n’importe quel homme sera chez lui n’importe où, et pourra œuvrer ailleurs aussi bien que chez lui.




Raconter l’histoire multimillénaire d’un peuple à travers sa musique, ses chants et ses danses tel est le pari magnifiquement réussi de deux femmes sud-africaines, Thelmi Nyandemi, ancienne danseuse étoile d’un spectacle renommé « Ipi Ntombi » et Todd Twala, chorégraphe qui dans les vingt dernières années du vingtième siècle décidèrent d’unir leur forces et de mettre au service d’une noble cause : sortir les enfants des boulevards qui mènent au crime et leur offrir une possibilité de s’approprier leur histoire niée par le régime de l’apartheid. Umoja nous conte une histoire éternelle, universelle, parce que très précisément inscrite en un lieu géographique, historique, ethnographique on ne peut plus précis, celui du peuple Zoulou. A travers toutes les vicissitudes de l’histoire, mais aussi ses moments flamboyants, dans les rites de la naissance, de l’initiation, des mariages, de la mort des proches et des ancêtres UMOJA nous rappelle que l’ histoire de l’humanité n’est rien d’autre que l’histoire des hommes et des femmes, de leurs amours, de leurs rivalités, de leurs différences irréductibles, et de leurs rencontres possibles et impossibles.




Le choix de deux interprètes blancs pour évoquer la négritude surprend au prime abord.
— Par Jacques Brasseul —
Il y a, selon moi, deux approches de la notion d’actualité :