« La nuit du secret » de Laurence Aurry

— Par Roland Sabra —

La vie d’un secret ou le secret d’une vie?

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En vente en Martinique

Émile Nestor est mort « suicidé » de trois balles de Mc76.Voilà comment débute le roman de Laurence Aurry «  La nuit du secret ». Et il se termine par cette question « Qui était réellement Emile Nestor ?». Pendant deux cents soixante pages cette question va tarauder le lecteur, ne plus lui faire lâcher des mains de roman aux intrigues multiples, croisées dans lesquelles s’enchevêtrent sans pouvoir les démêler et encore moins en mesurer la portée mensonges, affabulations, mythomanie, lâchetés et crapuleries assaisonnées d’autant de qualités opposées. Émile Nestor qui avait vingt ans en 1940, a-t-il été un salaud ? un planqué ? un héros ? Disjonction inclusive. Nous ne saurons pas. Émile Nestor écrivait le roman de sa vie. Il l’écrivait et le ré-écrivait. Il nous raconte son histoire et il nous raconte des histoires. Écriture dans et sur l’écriture. Laurence Aurry nous confie par là une de ses passions, une de ses fascinations, celle du texte. La plume est précise, agréable à lire, retenue, au risque de paraitre parfois un peu académique. Au détour de la phrase on voudrait dire à l’auteure : «  Allez déshabillez-vous, lâchez-vous davantage.. » mais la tentation s’évanouit dans le brouillard captivant de l’intrigue dès le prochain paragraphe. On voudrait savoir. Et on ne saura pas. Parce que la Vérité d’un homme refuse de se dire. Parce que cette Vérité une et entière est une chimère, elle n’existe pas autrement que fragmentée, parcellaire en perpétuelle re-construction, en éternel mouvement. Parce qu’elle échappe à toute tentative d’assignation, d’enfermement, de « territorialisation » qui en l’occurrence ne serait qu’enterrement. Parce nul d’entre nous ne peut se résumer ni s’écrire, et que c’est sans doute pour ça que Laurence Aurry écrit et va continuer à écrire dans une tension méthodique et obstinée vers l’impossible. Pour notre plaisir. Et d’une belle manière !

La « Nuit du secret » est un livre envoutant qui vous tient éveillé, qui vous empêche de vous endormir comme un poil à gratter non localisable. Quand vous le posez sur vos genoux c’est que la méchante question  du mensonge ou de la vérité reprend le dessus. L’enquête policière, passionnante au demeurant n’est qu’un prétexte pour nous ramener à quelque chose de plus essentiel, au delà de la mise en évidence du nouage intime et inextricable en chacun de nous de vérités vraies et de vérités romancées. Laurence Aurry écrit peut-être pour nous rappeler que le but du chemin est dans le chemin lui-même. Alors effectivement peu importe de savoir « Qui était réellement Emile Nestor » puisque Laurence Aurry nous aura offert trois heures vives et intenses.

R.S

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Le 30 juin 1999, Emile Nestor, quatre-vingts ans, est retrouvé mort dans sa maison familiale. Il a reçu trois balles de long rifle. Les premiers indices laissent supposer qu’il s’agit d’un suicide. Mais de nombreux éléments restent suspects. Commence alors une enquête incertaine, menée par un inspecteur singulier, qui nous entraînera dans les méandres de l’histoire. Un récit inquiétant et dérangeant qui invite à une remontée dans un passé obscur.

« Finalement, ce n’est pas la vérité qui m’intéresse mais sa résistance. Ce que nous découvrirons d’Émile Nestor a peu d’importance, c’est l’affaire de la justice. L’essentiel c’est l’ici et maintenant de cette confrontation, la manière dont nous cherchons à dénouer cette toile où les fils sont si serrés qu’ils paraissent invisibles… »

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L’Harmattan :

ISBN : 978-2-296-55268-5 • septembre 2011 • 266 pages Prix éditeur : 24 € 22,80 € 

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