Le débat sur la laïcité et le « vivre ensemble » a donc fait irruption dans nos assiettes. A en croire certains, il y aurait une façon « française et républicaine » de manger. Au nom de cette laïcité culinaire, Gilles Platret, le maire UMP de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), a annoncé, le 16 mars, qu’il mettra fin au menu de substitution dans les cantines scolaires de sa ville dès la prochaine rentrée.
Depuis plus de trente ans pourtant, dans cette ville comme dans d’autres, des menus alternatifs étaient proposés aux plats contenant du porc. Sans poser de problème. Mais, à Chalon-sur-Saône, les enfants seront priés de manger « comme tout le monde » ou d’aller manger ailleurs. « Si vous voulez que vos enfants aient des habitudes alimentaires confessionnelles, vous allez dans l’enseignement privé confessionnel », a aussitôt soutenu Nicolas Sarkozy.
Cette prise de position du président de l’UMP a étonné et choqué jusque parmi ses proches. Comment dénoncer la communautarisation de certains Français musulmans, et inviter ces mêmes musulmans à quitter les écoles publiques pour des établissements confessionnels ? L’instrumentalisation du dossier des cantines en vue de séduire les électeurs du Front national est trop grossière pour être convaincante.