Mois : mars 2016

A perfect day : engagé et jubilatoire

— Par Guy Gabriel —

a_perfect_dayA perfect day (Un jour comme un autre) », film de Fernando Leon de Aranoa, avec : Tim Robbins, Benicio Del Toro, Olga Kurylenko, Mélanie Thierry, Fedja Stukan, Comédie dramatique ; film espagnol Durée : 1h46min Festival : Festival de Cannes 2015

Nous sommes en1995. La guerre en Bosnie touche à sa fin. Les casques bleus préparent leur retrait et celui des aides humanitaires. Il ne reste qu’un jour aux quatre membres d’une ONG pour extraire un cadavre qui stagne au fond d’un puits et empêche toute une région d’avoir accès à l’eau potable. Problème : le macchabée est obèse. La mission, banale, vire au périple ubuesque ; on va suivre les péripétie d’un groupe d’humanitaires en mission dans cette zone en guerre : Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ; Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ; Katya, voulait Mambru ; Damir veut que le conflit se termine ; et B ne sait pas ce qu’il veut, des personnages aux motivations, en apparence, divergents, mais qui se retrouvent devant les problèmes que pose l’après-guerre

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Parution de Lémistè 2, de Monchoachi

monchoachi-2Le mardi 19 janvier 2016 se tenait la soirée d’ouverture des Rencontres pour le lendemain à la Médiathèque du Saint-Esprit, autour de la vie et l’œuvre de Monchoachi. Le public, nombreux et attentif, était heureux de re-découvrir cet immense poète qui se fait discret depuis de nombreuses années, se retirant dans les hauteurs du Vauclin pour mener son œuvre poétique.  Avec son aimable autorisation, nous publions ici les poèmes qui ont été lus ce soir-là. Ils sont extraits de Lémistè 2, en librairie à partir du 29 mars. Bonne lecture !
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XV

Mâle / Fimelle

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« Le Marchand de Venise »

— Par Selim Lander —

le-marchand-de-veniseLe Marchand de Venise n’est pas la pièce la plus jouée de Shakespeare. On peut le comprendre de deux manières. Le négatif : la faiblesse de l’intrigue qui repose sur une série de ressorts tous plus incroyables les uns que les autres. Certes, la comédie romantique n’est pas nécessairement subtile mais quand elle s’affranchit complètement des règles de la vraisemblance, on n’est pas obligé d’adhérer… sauf si c’est parfaitement interprété (ce qui ne sera hélas pas tout-à-fait le cas ici – cf. infra). Le positif : le véritable sujet qui est celui de l’intolérance, du racisme et des droits, dans ce cas, de la victime. Le sujet est universel, même s’il prend une résonnance particulière dans une ancienne « île des esclaves ». En l’occurrence, il s’agit du statut des juifs à Venise, à l’époque où la Sérénissime était le centre d’une « économie-monde » braudellienne, des juifs relégués dans leur ghetto où ils faisaient commerce de l’argent, un commerce alors interdit (en principe) aux chrétiens.

Donc un juif, un usurier, Shylock, qui a souffert toute sa vie du mépris de ses partenaires chrétiens et qui saisit la première occasion qui se présente pour se venger : il prêtera 3000 ducats à un marchand vénitien, qui ne l’a jamais traité qu’avec mépris, par un contrat stipulant que si le marchand fait défaut, le créancier pourra prélever sur sa poitrine, du côté du cœur, une livre de chair.

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Christiane Emmanuel, présidente de Tropiques-Atrium

— Par Roland Sabra —

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Deux crocodiles mâles dans le même marigot…

C’est à l’unanimité que Christiane Emmanuel a été nommée Présidente de Tropiques-Atrium. Les élu.e.s de Gran sanblè pou péyi-a an chans, les représentants de l’Etat ont voté comme un seul homme pour la chorégraphe et directrice de la Compagnie Christiane Emmanuel. Son spectacle « Choc(s) », une reprise d’un travail déjà présenté en 2010 au T.A.C. avait ouvert la saison 2015-2016 de Tropiques-Atrium. Désormais deux créateurs se trouvent en responsabilité à la tête de de la structure qui a tout juste un an d’existence. Est-ce raisonnable ? Christaine Emmanuel ne déclarait-elle pas en 2014 à propos d’une situation connexe : « Le CMAC avait perdu son label de scène nationale. Dès le départ il y a eu une erreur, celle de mettre une direction bicéphale. A l’époque ont avait l’Atrium dirigée par Jean-Paul Césaire et le CMAC dirigé par Fanny Auguiac. Deux directeurs dans une enceinte telle que l’Atrium et un gaspillage d’argent qui a duré plus d’une dizaine d’années, avec une programmation partie en vrille. » On lira avec profit l’ensemble de l‘entretien qu’elle accordait alors à Lisa David, peu de temps après l’inauguration de sa Maison Rouge- Maison des Arts à Fort-de-France.

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Le Prince travesti sans mauvais pli

— Par Gérald Rossi —

Théâtre. Daniel Mesguich met en lumière les recou XIIe siècle, mais l’indéfini importe peu. Le décor unique de panneaux portant des miroirs plus ou moins déformants le confirme. Tout se joue dans les mots. Et dans l’exploration de la nature humaine que le prince de Léon, avant de monter sur le trône, s’est donné pour mission d’explorer, voire de tenter d’en percer quelques mystères. Dans l’habit d’un noble aventurier dénommé Lélio, ledit prince espère bien aussi trouver l’épouse idéale.

Ce qui nous conduit vite dans un autre labyrinthe, puisque s’il est aimé de la princesse de Barcelone, il est épris de Hortense, cependant mariée de son côté, et qu’il sauva de la main d’un groupe de brigands. De cette confusion, dans laquelle apparait aussi l’ambassadeur du roi de Castille, qui n’est autre, on ne le saura qu’à la fin, le roi lui même, Daniel Mesguich n’esquive pas les zones d’ombre pas plus que les éclairs des sentiments. Et sans doute en fait-il même beaucoup en ponctuant l’histoire d’éclairs violents et de flash sonores implacables…

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L’irrésistible attrait de l’amour et de la mort

— Par Marie-José Sirach —

Arthur Nauzyciel met en scène Splendid’s, une pièce de Jean Genet publiée après sa mort en 1993. Une œuvre toujours aussi sulfureuse, une pièce d’actualité qui traite de l’homosexualité sans fard.

C’est par la projection d’Un chant d’amour que le spectacle commence. Une œuvre en noir et blanc filmée au plus près des corps et des visages, où le grain de la peau des hommes se confond avec celui de la pellicule. Deux prisonniers dans leur cellule tournent en rond. À travers la paroi qui les sépare, on assiste à un étrange ballet des corps où le désir, la pulsion sexuelle suintent par tous les pores de la peau. Ils se hèlent, se séduisent, s’ignorent, se caressent, s’enlacent. Une danse de l’amour funèbre et virtuelle nimbée de flash-back, à moins que tout soit rêvé, où les deux hommes courent et s’aiment éperdument dans une forêt trouée d’éclaircies solaires. Derrière la porte de leur cellule, le maton, que la vision des corps des deux hommes excite, observe derrière le judas. C’est sous la menace d’une arme qu’il obligera l’un d’eux à lui faire une fellation.

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Bobo 1er, ni roi ni reine, mais il porte la couronne

— Par Roland Sabra —

Il est arrivé le premier sur la scène. Les autres, il les attend et il les attendra longtemps. Ils ne viendront pas. Alors il soliloque. Il parle de Pauline, de sa Pauline. Il lui parle et elle lui parle. Pauline ? « C’est son Amérique à lui, même qu’il est trop bien pour elle » Lui ? Il s’écrit en majuscules de noblesse. Bobo 1er, roi de personne. Bobo dans l’entre deux des langues qui le traversent qu’il habite, qu’il unit et démarie entre « l’observancement » du monde et « l’emmerdation » qui en résulte. Et il explique : «  Si kréyol exerce sa vie rien qu’à montrer qu’il n’est pas français, c’est pas une vie. C’est en vérité français qui lui dicte une telle conduite. Même-pareil si français ne sert qu’à touffer kréyol… C’est pas un métier pour une langue d’emmerder les autres langues… Je suis venu au monde en trouvant autour de moi des mots rangés à ma disposition dans deux sacs séparés et plein de poussières de mots entre eux… Eh bien je me les ramasse tous pour en faire ma cuisine à moi.

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Bobo premier, roi de personne mais roi de la scène

24 mars Fonds St-Jacques à 19h

Womba1–– Par Janine Bailly ––

Lui, c’est Patrick Womba, le conteur. Je ne l’avais personnellement pas revu depuis la Katchopine ou la fille aux oiseaux, je l’attendais impatiemment, et voilà qu’il nous est revenu, tel une hirondelle avec le printemps, pour une unique représentation à Fort-de-France, dans la petite salle Frantz Fanon de Tropiques-Atrium ! Bobo premier, roi de personne, créé en février 2015 à l’Archipel Scène Nationale de Guadeloupe, fut joué avec succès au Festival Off d’Avignon en juillet 2015.

Ce soir, pour nous enfin il entre, sa voix d’abord devant lui, projetée dans le noir de la scène. Puis dans la lumière il est là, et l’espace aussitôt en est tout habité : par son corps pain d’épices dense et dansant, tout de couleurs chaudes vêtu et de cuir orange chaussé ; par cette drôle de construction colorée et conique, précédée d’un tambour, qui délimite le fond du plateau ; par la surface de jeu, comme qui dirait surface de réparation, dessinée au sol à l’aide de clairs paniers d’osier sur lesquels de petits instruments de musique étranges attendent sagement de donner de la note au spectacle.

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Ni an gwo woch an chimen an !

 — Par Georges-Henri LEOTIN* —

gilbert_gratiant(Pour la réhabilitation d’une stèle à Gilbert Gratiant).

Au bout du parking de la Pointe Simon, à Fort-de-France, on pouvait voir une roche transpercée par un morceau de bois peint en rouge : une sculpture originale dédiée à l’écrivain créolo-francophone Gilbert Gratiant.

On peut discuter de l’impact réel qu’ a eu cette sculpture sur le grand public ; on peut s’interroger sur sa visibilité, sur sa signification, mais on ne peut pas nier la légitimité de cet hommage, dans un pays qui honore assez peu ses grands hommes, dans un pays où, plus largement, les traces de l’histoire, vue du côté des opprimés, sont très peu présentes, pour ne pas dire invisibles.

Lors des travaux du T.C.S.P. cette stèle a disparu.

Dans une chanson populaire dominicaise (ou sainte-lucienne), il est question d’une grosse pierre au beau milieu d’une route, et des différentes réactions des passants face à cette gène (Ni an gwo woch an chimen-an). On imagine cette conversation entre les ouvriers et les chefs de chantier pressés de livrer le TCSP : – « Ni an gwo woch atè a !

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Paroles de vie, Paroles d’envie …

Tropiques-Atrium, le 30 mars à 20 h

slam_paroles_de_vieLe slam est une forme de lecture poétique considérée comme un mouvement d’expression populaire, initialement en marge des circuits artistiques traditionnels, aujourd’hui largement reconnu et médiatisé. C’est un art du spectacle oral et scénique, focalisé sur le verbe et l’expression brute avec une grande économie de moyens, un lien entre écriture et performance.

Si des poètes, en particulier issus de la mouvance hip-hop, le revendiquent comme issu de la rue ainsi que le rap à ses débuts, il est néanmoins pratiqué par des poètes de tous styles, de tous milieux sociaux, en ville comme à la campagne.

En anglais, Slam Poetry signifie schelem de poésie, comme on parle de schelem dans les tournois de rugby, de tennis ou de bridge. Les scènes slam prennent la forme ludique d’une rencontre sportive , impliquant une participation du public, un jury populaire étant désigné dans l’audience. Les scènes réunissent des poètes d’origine, d’inspiration et de styles variés, formant un spectacle populaire et démocratique. Trois personnes du jury, désigné dans le public présent, attribuent un score à la fin du passage de chaque poète.

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L’humanité a besoin de l’eau

journee_mondiale_de_l_eauUne goutte d’eau est flexible. Une goutte d’eau est puissante. Une goutte d’eau est en demande.

L’eau est au cœur du développement durable. Les ressources en eau, ainsi que la gamme de services qu’elles peuvent rendre, contribuent à la réduction de la pauvreté, à la croissance économique et à la sauvegarde de l’environnement. De la nourriture et la sécurité énergétique à la santé humaine et environnementale, l’eau contribue à l’amélioration du bien-être social et à une croissance équitable, affectant les moyens de subsistance de milliards d’individus.

Thème de la journée 2016 :
L’eau et l’emploi

L’eau est un élément primordial de la vie. Elle est non seulement vitale en matière de santé, mais aussi d’emplois en permettant de subvenir au développement économique, social et humain.

Aujourd’hui, la moitié des travailleurs dans le monde – 1,5 milliard de personnes – sont employés dans des secteurs liés à l’eau. La plupart des emplois, tous secteurs confondus, en dépendent directement. Cependant, en dépit du lien indélébile entre l’eau et l’emploi, des millions de personnes qui dépendent de l’eau pour survivre ne disposent pas de droits fondamentaux du travail.

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Zika : premier cas suspect de microcéphalie en Martinique

— Par Cécile Thibert —
microcephaliteMarisol Touraine a indiqué ce matin que des examens sont en cours pour déterminer si le bébé d’une femme enceinte infectée par le virus Zika est atteint de microcéphalie en Martinique.

Alors que 130 femmes enceintes ont pour le moment été identifiées comme infectées par le virus Zika aux Antilles et en Guyane depuis le début de l’épidémie en cours, la ministre de la Santé Marisol Touraine a déclaré ce mardi sur RMC que pour l’une d’elles, des éléments laissent penser que son bébé est atteint d’une microcéphalie directement liée au virus Zika.

«Je ne veux pas me prononcer de manière définitive car nous sommes en attente des résultats des derniers examens, mais tous les éléments dont nous disposons vont dans ce sens-là aujourd’hui», a prudemment ajouté la ministre, qui a également précisé que «le virus a été transmis a priori par le moustique». Si les résultats s’avèrent positifs, ce cas de microcéphalie serait le premier en France pour l’épidémie qui sévit actuellement. Cette malformation, qui se caractérise par la taille anormalement petite de la boîte cranienne du foetus, entraîne un retard mental plus ou moins profond, des troubles irréversibles du développement d’intensité variable, voire des décès selon la gravité de l’atteinte, selon un document diffusé par les autorités sanitaires françaises.

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« La Fabrique à chansons » en Martinique

la_fabrique_a_chansonsLa fabrique  à chanson est une opération originale et novatrice  organisée  par la SACEM  , l’éducation nationale et le ministère de  la culture et le réseau CANOPE.

Elle  consiste  en la création d’œuvres musicales par des  classes de CM1 et de  CM2  encadrées par des  auteurs  compositeurs  dans chaque   de  département.

Les documents ci joints exposent les  motivations et les modalités d’organisation de cet projet  et indiquent les  écoles retenues pour la Martinique ainsi que les  artistes encadrants .

Un comité de sélection est  également constitué , composé de représentants des  entités sus indiquées, de journalistes , d’organisateurs de  festival ,   et  de la DAC et de personnalités  du monde  musical.

Des visites ont   déjà été réalisées  à Ravine  Vilaine, et à  Coridon, d’autres  sont programmées le 12 avril  prochain à compter de 8h30 dans les écoles  B. Encamée  de  Rivière-Pilote et des Anses d’Arlest .

Nous  souhaitons donner une déclinaison médiatique  à cet évènement et  sollicitions votre  media dans cet  objectif.

La restitution finale  se fera  au cours d’un spectacle programmé  le 10 mai prochain au cours duquel  l’école  lauréate sera sélectionnée  dans l’objectif de représentation de la Martinique  à  la finale  nationale.

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Et si on fermait la baie de Fort-de-France ?

— Par Florent Grabin Pour l’association P.U.M.A. —
baie_de_fort-de-franceLa Martinique est une île qui depuis sa formation (30 milliards d’années), continue sa mutation naturelle. Dans cette évolution, nous avons celle de la Baie de Fort-de-France qui est issue d’un effondrement particulièrement actif datant de 10 à 14 milliards d’années.
C’est continuellement que cette transformation s’opère et nous pouvons observer que la mer, inexorablement, poursuit la désagrégation de nos côtes. Selon différents experts, ce façonnage naturel est de plus en plus bouleversé par le comportement de l’Homme.
Avec le réchauffement climatique, nous assistons, impuissants, à des aléas météorologiques de plus en plus ravageurs ; les cyclones donnant des marées de tempêtes de plus de 10 mètres de haut, sans occulter l’élévation du niveau de la mer. Pour pallier cette dernière, certains pays ont commencé à prendre des mesures en construisant des digues destinées à faire obstacle aux eaux, soit pour protéger les côtes de l’érosion marine et les terrains bas de l’envahissement par la mer, soit pour régulariser un cours d’eau et protéger ses rives.
La France se trouve dans les cinq continents, avec de nombreuses îles, dont certaines sont déjà plus impactées que nous par la montée des eaux de la mer.

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Le style AMJ. Pourquoi l’approuvent-ils en majorité ?

Tribune — Par Christian Louise-Alexandrine —

amj

Ils ?

Je veux dire les acteurs principaux du champ politique et du champ journalistique martiniquais.

Un exemple récent.

Le 6 décembre 2015, c’est le premier tour pour les élections à la CTM.

La liste conduite par AMJ, chef du MIM obtient 11,75 des inscrits.

Arithmétiquement, cela signifie que 88.25 % des citoyens ne partagent pas analyses politiques du MIM qui, il ne faut pas l’oublier, avait fait liste commune avec le RDM, le CNCP et le PCM.

Ces quatre organisations, plus ou moins secrètes1, après une alliance naturelle et normale avec un groupe politique qui partage avec elles les mêmes valeurs (respect de l’ordre marchand, défense de l’entreprise privée dans sa recherche légitime du maximum de profit dans une société où le salariat, rapport social dominant, est bien accepté par le plus grand nombre), gagnent au second tour en parvenant à mobiliser 26,91% des inscrits.

Arithmétiquement, indubitablement,73.09 % des citoyens de ce pays ne sont pas particulièrement intéressés, impressionnés, par le discours d’AMJ et ses alliés.

On peut gloser tant que l’on voudra sur la signification à accorder au nombre très élevé d’abstentionnistes lors de ce scrutin (47,66%) des inscrits.

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Alain Mabanckou « Pour être entendu, il faut être du cercle »

— Entretien réalisé par Lionel Decottignies —

alain_mabanckouL’écrivain congolais occupera la chaire de création artistique du Collège de France. Cette haute distinction est une première pour un romancier. L’auteur de « Verre cassé » profitera de cette « tribune » pour mettre à l’honneur la littérature africaine. Parallèlement, le Salon du livre de Paris, du 17 au 20 mars, rend hommage à Pointe-Noire, sa ville de naissance.
HD. Votre entrée au Collège de France est-elle un signe de fierté ?
ALAIN MABANCKOU. Il est important demontrer que les écrivains doivent être pris au sérieux et méritent de participer aux débats intellectuels. L’exégèse de la littérature est trop souvent confiée aux spécialistes, aux agrégés. Les praticiens et les créateurs en sont souvent exempts. En ce sens, cette nomination me touche.

HD. La France traverse une crise et une crispation identitaires. Votre nomination est un symbole ?
A. M. J’ose croire que mon introni-sation repose sur ma qualité d’écrivain. Si l’on m’avait choisi pour mes origines africaines, je serais sorti froissé. La littérature se définit non pas par les origines, mais par l’univers que l’auteur apporte au débat.

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#TousUnisContrelaHaine : une campagne choc pour lutter contre le racisme

actes_menaces_racistes-1VIDÉO – Avec six spots mettant en scène des agressions racistes et antisémites, le gouvernement lance ce dimanche une campagne de sensibilisation pour dénoncer les préjugés et provoquer une prise de conscience.

«Le racisme, l’antisémitisme, les actes antimusulmans, ça commence par des mots, ça finit par des crachats, des coups, du sang». C’est sur ce message que se terminent six vidéos mettant en scène des agressions racistes ou antisémites. À la veille de la journée mondiale pour l’élimination de la discrimination raciale, le gouvernement a lancé une campagne choc intitulée #TousUnisContrelaHaine pour dénoncer les préjugés et provoquer une prise de conscience.

Ici une tête de porc sur la grille d’une mosquée. Là, un jeune Noir roué de coups. Là encore, un tag «mort aux Juifs» sur une porte de synagogue. Inspirées de faits réels, ces séquences de trente secondes sont toutes construites de la même manière: une agression filmée avec un smarphone, avec en fond sonore une conversation, relayant des clichés racistes couramment véhiculés sur la communauté concernée. Jusqu’à ce qu’une voix s’élève et leur lance: «Vous êtes sérieux là? Vous croyez vraiment ce que vous dites?»

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Tchernobyl, my love forever

— Par Roland Sabra —

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Le 26 avril 1986 à Tchernobyl dans la centrale nucléaire des apprentis sorciers ont voulu tester la possibilité d’une production supplémentaire d’énergie en cas d’arrêt d’urgence. Ils sollicitent le réacteur nucléaire numéro 4 au-delà des ses possibilités. A 1 h 23 minutes 49 secondes l’expérience prend fin avec l’explosion du réacteur. L’humanité va connaitre la plus grande catastrophe technologique de son histoire et sans doute la plus grande opération de camouflage et de dissimulation. Des dizaines et des dizaines de milliers de tonnes de ferrailles, de béton, de sable vont être transportés en catimini pour tenter de construire « le plus giganstesque et dérisoire sarcophage du monde« . Le nuage radioactif traversera l’Europe, l’Asie, l’Amérique du nord. Tchernobyl ne s’évoque qu’avec des superlatifs, qu’il s’agisse de l’incurie, du cynisme, du mensonge, du mépris, de la complicité, du mutisme il n’y a pas dans l’histoire d’événement qui l’égale. Aujourd’hui trente ans plus tard nous continuons de faire comme si cela n’avait pas été. Et le pire est à venir. Il est celui que nous réservent les vingt tonnes d’uranium toujours en fusion instable au coeur du récteur numéro quatre et dont peronne ne sait que faire.

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SENTIER. A l’ombre du panoptique.

27 Février – 07 mai 2016 à l’espace d’art contemporain 14°N 61°W (FdF)

sentier_ombre_du_panoptiqueMise en scène de travaux sur papier, de photographies et d’objets dans un espace clos.

En tant qu’individu, le réel apparaît à Sentier comme dominé par la fragmentation, par la dislocation, des processus toutefois indissociables pour lui des idées d’assemblage, d’entrelacement, et de relation. C’est un constat que chacun peut faire. Le désastre est une force puissante présente dans tout l’univers macrocosmique dans toutes ses dimensions, et l’homme ne saurait bien sûr s’y soustraire, mais il y résiste par la création. La société est fragmentée en sujets, en individualités sur lesquels elle exerce toutes sortes de pouvoirs. À bien des égards, elle ressemble à une prison et plus précisément à un panoptique, cette forme singulière d’architecture carcérale conçue au XVIIIe siècle pour permettre une surveillance étroite de chaque détenu. Michel Foucault, interprète ce concept dans son ouvrage Surveiller et punir comme un paradigme de notre société qui isole les individus les uns des autres afin de mieux les contrôler. Nous avons tous pris conscience ces dernières années, grâce à ceux que l’on nomme aujourd’hui des lanceurs d’alerte, combien nous ne savons jamais qui nous regarde ou nous écoute.

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« Tribunal des femmes bafouées » : un théâtre créole nécessaire

— Par Roland Sabra —

« Dans les Antilles, le théâtre peut être considéré comme le dernier genre à naître » écrit Bridget Jones dans «  Comment identifier une pièce de théâtre de la Caraïbe. » On distingue généralement deux branches. La première s’inspire de grande figure de l’histoire nègre, africaine ou antillaise. La seconde est d’une veine plutôt comique qui puise dans la vie quotidienne et qui ne dédaigne pas les procédés du boulevard. Tribunal Femmes bafouées qui emprunte au trio classique et comique du mari de la femme et de la maîtresse sans être une bouffonnade tire volontairement du côté de la farce. L’homme à femmes, ce chasseur impénitent, ce séducteur incapable d’aimer, ce collectionneur mutilé donc le cœur est dans la braguette, qui n’est sur la scène sociale que le représentant d’une virilité qui n’est pas la sienne mais celle d’une figure maternelle toute puissante, cette figure lamentable, puérile d’un certain type d’homme est dans la pièce écrite par Tony Delsham l’objet d’une moquerie et d’un assaut de lazzis haut en couleurs. C’est un théâtre populaire au sens noble du terme.

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Le Marchand de Venise

Les 23, 24, 25 mars 2016 à 19 h 30 au TAC

marchand_de_venise_affAntonio, un riche marchand de Venise, décide d’emprunter trois mille ducats à l’usurier juif Shylock afin d’aider son ami Bassanio à gagner Belmont où il espère faire la conquête de la belle et riche héritière Portia.
Comme les autres prétendants, Bassanio doit se soumettre à l’épreuve que le père disparu de la jeune femme a imaginée, et choisir entre trois coffrets, d’or, d’argent, et de plomb. Au moment où il l’emporte sur ses rivaux, il apprend qu’Antonio ne peut rembourser sa dette à Shylock qui exige qu’en vertu du contrat une livre de chair soit prélevée sur le corps de son débiteur. Mais l’habileté de Portia, déguisée en jeune avocat, confond l’usurier et sauve Antonio. Shylock, ridiculisé, spolié et trahi par sa fille qui a rejoint le camp des chrétiens, s’en va seul tandis que les jeunes gens s’abandonnent à la félicité.
La vraie force de la pièce, c’est de nous mettre face à des êtres humains et de montrer comment, quelle que soit leur religion, ils
parviennent à s’entredéchirer dans des situations démesurées et à se transformer alors en animaux s’ils ne trouvent pas en eux une force qui les pousse à s’élever vers autre chose.

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« Tchernobyl forever » : un oratorio mécanique

Pari risqué, pari réussi

Tchernobyl

— Par Selim Lander —

Comment parler d’une apocalypse et de ses conséquences quand l’homme en porte l’entière responsabilité ? Comment parler des guerres, des morts, des blessés? La littérature sait le faire qui peut raconter une bataille dans les moindres détails : on se souvient de Fabrice à Waterloo, du colonel Chabert, des romans de Claude Simon ou, plus proche de nous, des Revenantes. Le cinéma sait également le faire qui dispose des moyens pour reconstituer l’événement. Au théâtre, c’est plus délicat. La catastrophe de Tchernobyl fut un autre Hiroshima ; elle s’apparente à la guerre par l’impéritie des chefs, l’héroïsme des sans-grades, les victimes collatérales, bref une histoire dans laquelle tous sont coupables mais où tous ne sont pas également frappés, certains s’arrangeant toujours échapper au désastre. Même si ce n’est pas l’objet d’une critique théâtrale d’entrer dans une telle question, la culpabilité de tous est bien posée, en effet, dans cette pièce qu’on hésite à considérer comme un spectacle. Tous coupables, ou presque, nous y compris, puisque nous savons tout des dangers de l’atome et que nous ne faisons rien, ou rien de suffisamment efficace, pour exiger et obtenir de nos gouvernants le démantèlement des arsenaux nucléaires et des centrales.

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Benjamin Stora : « La gauche doit défendre les minorités et cesser de se cacher derrière un universalisme abstrait »

— Entretien réalisé par Elsa Sabado —

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La France n’en a pas fini avec son passé colonial. Il a imprégné les imaginaires et a constitué un socle idéologique sur lequel le Front national s’est construit. C’est ce Transfert d’une mémoire, de l’Algérie coloniale vers la métropole, qu’avait décrit Benjamin Stora en 1999. Cet ouvrage analysait déjà les raisons historiques pour lesquelles les questions difficiles de l’immigration ou de l’Islam en France seraient au cœur du débat public.

C’était également le sujet du roman d’Alexis Jenni, L’Art français de la guerre. Un dialogue inédit entre l’historien et l’écrivain permet ici d’éclairer la nature de cet imaginaire colonial et son actualité, dans une France secouée par les grands défis qui surgissent après le « Choc de janvier 2015 ».

Face aux crispations identitaires, cet échange passionnant invite à mener une bataille culturelle décisive pour sortir de la violence des mémoires et à affronter enfin, par une prise en compte sereine de l’Histoire, les enjeux du présent.

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Pour l’historien Benjamin stora, si la parole s’est libérée en France sur la guerre d’algérie, cela s’est fait en ordre dispersé, faisant craindre une guerre de « mémoires ».

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27e Semaine de la presse et des médias dans l’école, du 21 au 26 mars 2016

« La liberté d’expression, ça s’apprend !

semaine_presse-2016-bChaque année les enseignants de tous niveaux et de toutes disciplines sont invités à participer à la Semaine de la presse et des médias dans l’école®. Activité d’éducation civique, elle a pour but d’aider les élèves, de la maternelle aux classes préparatoires, à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à développer leur goût pour l’actualité et à forger leur identité de citoyen.

Nos partenaires : Les éditeurs de presse offrent plus d’un million de journaux et de magazines. Près de 1900 médias s’inscrivent chaque année à l’opération. Le Groupe La Poste est un partenaire essentiel à la réussite de l’événement. Sa filiale STP (Société de Traitement de Presse) se charge de la préparation des 45 000 colis à destination des établissements scolaires, qui sont ensuite acheminés et distribués par les facteurs vers les établissements scolaires.

– Les trois piliers de la Semaine de la presse et des médias dans l’École®
Cette opération repose sur trois principes majeurs : le partenariat, la gratuité et le pluralisme.
Partenariat
Outre le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et le ministère de la culture et de la communication, plusieurs institutions publiques et organismes privés sont associés.

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Stanislas Nordey, un théâtre d’utilité démocratique

C’est la première création de Stanislas Nordey depuis qu’il a pris la direction du TNS. Avec la complicité active du dramaturge allemand Falk Richter. Je suis Fassbinder fera date.

Strasbourg (Bas-Rhin),envoyée spéciale.

C’était le spectacle que l’on attendait. Un spectacle manifeste. Un spectacle qui n’a pas froid aux yeux, qui prend l’actualité brûlante à bras-le-corps, la décortique, l’interroge, cherchant avec effervescence, avec entêtement, des ébauches de réponses à une multitude d’interrogations, d’incertitudes, de doutes. L’Europe, les réfugiés, Merkel, les attentats, Cologne, l’état d’urgence… Comment en est-on arrivé là ? C’est quand qu’on va où ? Pour sa première création au Théâtre national de Strasbourg, dont il est directeur depuis septembre 2014, Stanislas Nordey a travaillé avec Falk Richter, son « frère de théâtre », auteur, metteur en scène, artiste associé au TNS mais aussi à la Schaubühne de Berlin. Ensemble, ils ont imaginé Je suis Fassbinder, un théâtre qui parle d’aujourd’hui en temps réel, sans passer par la case répertoire et toquer à la porte des maîtres anciens pour évoquer notre présent. Falk Richter a écrit sur le vif, dans cette urgence de raconter, de tenter de démêler les fils de notre époque, sacrément emmêlés, les fils… Et ils sont tombés d’accord sur Fassbinder, Rainer Fassbinder.

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