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« L’homme qui voulait peindre des fresques » de Michel Herland

— Jean-Noël Chrisment (revue Esprit n° 517-518, janvier-février 2025) —

Il y a une élégante humilité dans ce titre, L’Homme qui voulait peindre des fresques, faisant d’emblée douter qu’il y soit parvenu. Au dernier tiers du recueil, un poème au ton très détendu, reprenant, à peine modifié, ce titre dans le sien, en émettra de nouveau le doute, plus explicitement encore, resserrant sa dérision d’un humoristique « peut-être ». C’est une position d’écriture à laquelle peut d’emblée répondre, ici, celle d’une lecture qui sera celle, en toute simplicité, d’un partage attentif d’intérêt avec Michel Herland pour ce qui insiste en l’homme, persiste en lui de ce « haut-langage » du poème, dont le rapport au merveilleux terrifiant du monde s’est sans doute instauré bien avant que la Grèce ne lui prête cette hauteur. Au fond, sans doute, dès que l’homme a su s’interroger sur ce qui le dépassait de ce monde incompréhensible où il se trouvait jeté, au mutisme « déraisonnable » en tout cas devant ses questionnements. Sur ce qu’il redoutait comme plus durable, plus éternel ou d’une menace plus opiniâtre, derrière les rugosités passagères de l’instant ou les atermoiements fragiles d’une époque.

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La rose rouge, reflet de ce qu’il y a de pire dans la mondialisation

— Ppar Bernard Calas(*) —

Une rose rouge peut symboliser bien des choses. Le jour de la Saint-Valentin, elle devient, pour beaucoup, une marque d’amour, une preuve de tendresse. C’est la fleur des amoureux par excellence. En Russie, elle est aussi offerte le 8 mars, aux mères de famille comme un gage de reconnaissance de leur travail domestique. Mais pour le géographe, la rose rouge est aussi un marqueur de la mondialisation. Car la rose que vous offrirez ou recevrez le 14 février a toutes les chances de ne pas être française mais de provenir de serres situées sous les tropiques voire sur l’équateur. Plus précisément au Kenya, en Éthiopie, ou peut-être en Équateur si sa tige est très longue et qu’elle coûte plus cher.

Dans les serres, les chefs de culture ont travaillé d’arrache-pied depuis 6 mois pour que leurs rosiers (6 par m2 soit 60 000 environ par hectare) fleurissent précisément la semaine qui précède le 14 février, ni trop tôt, ni surtout trop tard, jouant pour cela avec les capacités techniques des serres pour moduler la lumière, l’irrigation, les apports en CO2 ou en oxygène, le taux d’humidité de façon à accélérer ou ralentir la floraison des rosiers.

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«EO», chez Jerzy Skolimoswski, l’homme n’est plus le centre du monde

Dimanche 4 décembre à 19h 30  / Madiana

— Par Siegfried Forster —

À 84 ans, Jerzy Skolimowski nous amène sur une autre planète. Né en 1938 à Lodz, cette grande figure du nouveau cinéma polonais vient de très loin. Fils d’un résistant polonais mort au camp de concentration de Flossenbürg, Jerzy aidera sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale à cacher des tracts sous son lit… Après la guerre, sa mère travaille comme attachée culturelle à Prague où Jerzy sera un camarade de classe de Vaclav Havel.

Son nouveau film EO, distingué par le prix du Jury au dernier Festival de Cannes, démarre comme une histoire d’amour entre Kasandra et son âne. Mais à la fin de la séance surgit l’amour pour un cinéma capable de nous donner accès à un autre monde, à un monde moins anthropocentrique – à travers des images nouvelles et des hors cadres surprenants, des bruits inattendus et des sans voix subitement audibles, sans oublier les soubresauts de l’âme d’un âne aussi tangibles que le bleu du ciel.

Une odyssée cinématographique

Quand l’histoire d’EO commence, nous gardons encore l’illusion de regarder un film sur un âne.

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« Rouge impératrice », un roman de Leonora Miano

Léonora Miano décale le regard : Katopia, Etat utopique africain, est-il menacé par les immigrés français? « Rouge impératrice » puissant remède aux crispations identitaires.
Le lieu : Katiopa, un continent africain prospère et autarcique, presque entièrement unifié, comme de futurs États-unis d’Afrique, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge.
L’époque : un peu plus d’un siècle après le nôtre.
Tout commence par une histoire d’amour entre Boya, qui enseigne à l’université, et Illunga, le chef de l’État.
Une histoire interdite, contre-nature, et qui menace de devenir une affaire d’Etat.
Car Boya s’est rapprochée, par ses recherches, des Fulasi, descendants d’immigrés français qui avaient quitté leur pays au cours du XXIème siècle, s’estimant envahis par les migrants. Afin de préserver leur identité européenne, certains s’étaient dirigés vers le pré carré subsaharien où l’on parlait leur langue, où ils étaient encore révérés et où ils pouvaient vivre entre eux. Mais leur descendance ne jouit plus de son pouvoir d’antan : appauvrie et dépassée, elle s’est repliée sur son identité.
Le chef de l’État, comme son Ministre de l’intérieur et de la défense, sont partisans d’expulser ces populations inassimilables, auxquelles Boya préconise de tendre la main.

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La fin du roman des « 4 serpents »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Le drapeau aux 4 serpents est supprimé. C’est la première décision concrète prise le président de la république lors de sa récente visite à la Martinique. Elle a été prise le soir même où Victor Monlouis-Bonnaire, l’animateur du Blog MAKAKLA, a interpellé Emmanuel Macron. C’est ainsi qu’entre peut-être dans l’histoire l’homme dont la question avait fait passer quelques frissons sur les lieux de la conférence de presse, et au-delà. D’ailleurs, on n’a pas beaucoup entendu de réactions à cette décision parmi les principaux leaders politiques. A l’exception du député Serge Nilor, l’auteur d’une intervention à ce sujet à l’assemblée nationale et non suivi d’effet. Il s’est fait brûler la politesse par celui qui se considère comme un militant de la MARTINIQUE.

Le 30 juin dernier, dans un article publié sur ce site, j’écrivais qu’ « il n’est pas difficile de convaincre les Martiniquais du rejet de l’emblème aux 4 serpents. Ces animaux étant loin de bénéficier de la côte d’amour des Antillais, les détracteurs de cet insigne marchent sur du velours (…) même si l’image de ces reptiles n’a pas toujours véhiculé que des références négatives.

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« La fin de l’homme rouge » : un théâtre hors norme

— Par Roland Sabra —

« Montrer le monde dans ses détails pour être juste » Svetlana Alexievitch

La nostalgie d’un temps passé ne conduit pas à vouloir sa restauration. Le diptyque La fin de l’homme rouge construit à partir de « Dix histoires dans un intérieur rouge » et de « Dix histoires au milieu de nulle part » en est une très belle illustration. Le livre est l’aboutissement d’un travail de recueil, sur un quart de siècle, de témoignages que Svetlana Alexievitch (Prix Nobel de littérature 2015) est allée chercher, magnétophone à la main, dans le Caucase, dans le pays profond, dans cette Russie qui considère Moscou comme une capitale étrangère. Sa méthode : « poser des questions non sur la politique, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse, sur la musique, les danses, les coupes de cheveux, sur les milliers de détails d’une vie. »

La première partie aborde la construction et l’écroulement du mythe fondateur du régime communiste à savoir l’homme nouveau, « l’Homo Sovieticus ». On retrouve cette idée forte de l’ adhésion à une idéologie se faisant sur le mode d’une croyance.

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« La fin de l’homme rouge » de Svetlana Alexievitch, m.e.s. Stéphanie Loïk

17 novembre 2017 à 20 h Tropiques-Atrium

De Svetlana Alexievitch – Prix Nobel de littérature 2015 –
Svetlana Alexievitch écrit à partir d’interviews de russes et biélorusses, de tous âges et de toutes conditions sociales, ayant vécu ou non l’ère soviétique. Elle questionne non sur la politique, mais sur… les détails d’une vie.

La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement (1ère partie), traite de l’effondrement de l’Union soviétique.
Dix histoires au milieu de nulle part (2ème partie) raconte la Russie et la Biélorussie d’aujourd’hui, sous l’ère de Vladimir Poutine et d’Alexandre Loukachenko.

Durée estimée du spectacle: 2 heures 45 mn.

Pour La fin de l’homme rouge ou Le temps du désenchantement, comme pour ses autres textes, armée d’un magnétophone et d’un stylo, Svetlana Alexievitch, avec une acuité, une attention et une fidélité uniques, s’acharne à garder vivante la mémoire de cette tragédie qu’a été l’U.R.S.S, à raconter la petite histoire d’une grande utopie. Il s’agit de son dernier roman-témoignages, traduit par Sophie Benech et publié chez Actes-Sud (il a reçu le Prix Médicis Essai 2013), réalisé à partir d’interviews de femmes et d’hommes de tous âges et de toutes conditions sociales, russes et biélorusses ayant vécu ou non l’ère soviétique.

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L’Empire de l’or rouge

 Comment la tomate d’industrie est devenue le symbole des dérives de la mondialisation

Que mange-t-on quand on ouvre une boîte de concentré, verse du ketchup dans son assiette ou entame une pizza ? Des tomates d’industrie. Transformées en usine, conditionnées en barils de concentré, elles circulent d’un continent à l’autre. Toute l’humanité en consomme, pourtant personne n’en a vu.
Où, comment et par qui ces tomates sont-elles cultivées et récoltées ?
Durant deux ans, des confins de la Chine à l’Italie, de la Californie au Ghana, Jean-Baptiste Malet a mené une enquête inédite et originale. Il a rencontré traders, cueilleurs, entrepreneurs, paysans, généticiens, fabricants de machine, et même un « général » chinois.
Des ghettos où la main-d’œuvre des récoltes est engagée parmi les migrants aux conserveries qui coupent du concentré incomestible avec des additifs suspects, il a remonté une filière opaque et très lucrative, qui attise les convoitises : les mafias s’intéressent aussi à la sauce tomate.
L’Empire de l’or rouge nous raconte le capitalisme mondialisé. Il est le roman d’une marchandise universelle..


EAN : 9782213681856
EAN numérique : 9782213684390
Code article : 5988897
Parution : 17/05/2017—288pages
Format :135 x 215 mm

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Élodie Barthélémy, « Un lieu en liens » : aux confins de l’image

— Par Christian Antourel —

L’exposition proposée par Tropiques Atrium apparait telle un dispositif multiple, à l’image de la façon dont s’organise et se déploie le travail d’Elodie Barthélémy. « Après plusieurs expérimentations artistiques, elle s’oriente actuellement vers des œuvres performatives qui témoignent de ses rencontres et multiplicités humaines et culturelles dont son œuvre est l’écho. »

Ce travail veut s’offrir au spectateur à la fois pareil à un livre ouvert et comme performance. Cette double forme est représentative de la pratique de l’artiste. La collecte des documents, des informations et des objets, leur mise en relation dans l’espace, que ce soit l’espace réel ou les pages imaginées d’un document imprimé constituant les étapes fondamentales de ce travail, qui interroge les pouvoirs sémantiques et esthétiques du montage au sens large du terme : assemblage, confrontation, hybridation , juxtaposition des agencements sont chez Elodie Barthélémy des dispositifs et des inventions de performance qui reflètent le monde tel qu’il est, contemporain· Loin de toute configuration incohérente, le sens des œuvres d’Elodie Barthélémy suit une logique qui lui est propre, à travers les nombreux entrelacs qui l’enchâssent comme un diamant.

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Shirley Rufin : à chacun sa chimère. La plasticienne au scalpel

Jusqu’au 19 avril 2015- Case à Léo. Habitation Clément

— Par Christian Antourel  & Ysa de Saint-Auret —

shirley_rufin-2Cette expo au charme outsider, bien en dehors des canons du circuit de l’art sonne l’heure d’une drôle de re création, déconcerte par sa démesure, son  inquiétante étrangeté,  et son panache. Découpées au scalpel, les ambiances vont de vagues de démence, à impressions d’insécurité frontale et stupéfiante. L’artiste y déshabille de façon instinctive le processus de la marginalisation, elle exploite de son mieux tout le registre sémantique de la photographie, et dans sa folle habileté, nous livre la générosité des émotions crues.

Elle est bercée par une avalanche de délires fantasmatiques qu’elle métamorphose en images et en puissance. Elle témoigne d’un nouveau mode de concevoir, dans ce passage révélé par ses sculptures photographiques, toujours temporaires, dans l’espace interchangeable : celui de la galerie dans laquelle elles poursuivent leur conversation muette. Ses photographies, puissamment, noblement, voluptueusement engagées pour témoigner de l’homme dans une logique du pourrissement. La beauté ici est celle d’une approche empirique et sensible sur le tabou de la nudité dans la société martiniquaise, celle là même qui sous-tend une pureté spirituelle et une élégance native dans le rapport au monde.

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Le rouge et le tricolore

— Par Alain Badiou (Philosophe, dramaturge et écrivain) —

drapeau_rouge_tricoAujourd’hui, le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global, soumis à l’oligarchie internationale qui le régente, et asservi à l’abstraction monétaire comme seule figure reconnue de l’universalité.

Dans ce contexte désespérant s’est montée une sorte de pièce historique en trompe-l’œil. Sur la trame générale de « l’Occident », patrie du capitalisme dominant et civilisé, contre « l’islamisme », référent du terrorisme sanguinaire, apparaissent, d’un côté, des bandes armées meurtrières ou des individus surarmés, brandissant pour se faire obéir le cadavre de quelque Dieu ; de l’autre, au nom des droits de l’homme et de la démocratie, des expéditions militaires internationales sauvages, détruisant des Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Soudan, Congo, Mali, Centrafrique…) et faisant des milliers de victimes, sans parvenir à rien qu’à négocier avec les bandits les plus corruptibles une paix précaire autour des puits, des mines, des ressources vivrières et des enclaves où prospèrent les grandes compagnies.

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« Reine Pokou », dans une lecture de Françoise Dô

— par Janine Bailly —

De Stéphanie Loïk, actrice, metteur en scène et dramaturge, nous avions découvert en 2016 à Tropiques-Atrium, un spectacle présenté comme une « adaptation-lecture théâtrale » de l’ouvrage éponyme d’Alain-Gilles Bastide, Tchernobyl Forever ; puis en 2017, La fin de l’Homme rouge, pièce issue d’un livre de témoignages recueillis, en Russie et Biélorussie, par Svatlana Alexievitch. De Françoise Dô, comédienne écrivaine metteur en scène, nous connaissions L’Aliénation noire, monologue écrit, mis en scène et merveilleusement interprété par elle-même, en ce même lieu en 2017, avant qu’elle ne le reprenne sous le titre de Aliénation(s) à la Bibliothèque Universitaire de Fort-de-France en 2018.

Il était donc normal que ces deux talents se rejoignent, dans le cadre de ce « dispositif national de compagnonnage à la mise en scène/dramaturgie » initié par le Ministère de la Culture et de la Communication, et pour lequel Françoise Dô a eu le privilège d’être retenue. Normal que les deux femmes se rejoignent dans cette volonté de faire découvrir, en les adaptant et les mettant en scène, des œuvres qui à priori n’avaient pas été écrites pour le théâtre, puisque le travail présenté ce mardi dans l’intimité de La Terrasse, Reine Pokou, est tiré du roman de Véronique Tadjo, Reine Pokou, concerto pour un sacrifice.

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Théâtre documentaire

Le Jazz à trois doigts, La Fin de l’homme rouge        

— Par Selim Lander —

Hasard du calendrier, le Théâtre municipal de Fort-de-France et Tropiques-Atrium ont présenté simultanément deux pièces relevant du « théâtre documentaire ». Pour Lucas Franceschi, il s’agit de raconter des histoires nées dans la misère des petits métiers du monde » tandis que Stéphanie Loïk se propose de « parler du Monde et de l’être humain ». Certes tout théâtre « parle » (enfin, sauf exception !) et « raconte des histoires », néanmoins les deux déclarations d’intention, dans leur brièveté, indiquent suffisamment que le contenu importe ici davantage que le souci de l’intrigue. Sur le fond, sinon dans la forme, le propos est plutôt celui d’un conférencier que d’un dramaturge.

Le Jazz à trois doigts de et avec Lucas Franceschi

Un comédien qui monologue accompagné par un accordéoniste, c’est une configuration assez banale. La prédilection des metteurs en scène pour l’accordéon (ici tenu par Bernard Ariu) s’explique par le caractère polyvalent d’un instrument aux tonalités proches de l’orgue mais d’un orgue populaire fait pour les chants nostalgiques autant que pour les danses endiablées.

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LIRE : La langue des choses cachées, de Cécile Coulon 

— par Janine Bailly —

Cécile Coulon est une jeune romancière, nouvelliste et poétesse, qui dès l’âge de seize ans fit une entrée prometteuse en littérature en publiant un premier roman, Le voleur de vie, pour lequel il serait parlé de « langue coup de poing ».

Elle nous livre en 2024, avec son neuvième opus, La langue des choses cachées, une histoire singulière, qui par son sujet pourrait décontenancer un lecteur rétif à l’irrationnel des choses. Parce que ses personnages sont de ces guérisseurs, magiciens, rebouteux ou sorciers qui entrent dans le secret des âmes, que l’on appelle quand la médecine ordinaire s’est avérée impuissante à soulager les maux du corps. Parce qu’ils sont ceux qui soignent, qui guérissent ou conduisent vers la mort. Et qu’ils possèdent un don de divination, dans la mesure où ils découvrent ce qui est caché, par des moyens autres que ceux d’une connaissance naturelle ou scientifique : ils pressentent, entendent, voient et déchiffrent les secrets enfouis au cœur le plus profond des maisons et des hommes, débusquent ce que d’ordinaire l’on tait, bien serré dans les liens tissés au sein obscur des familles.

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« L’inconnu de Mer frappée » : Chapitre VI

— Par Robert Lodimus —

Chapitre VI

LE RAPPEL À L’ORDRE

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« Je n’ose plus regarder
Ce spectacle déchirant
Des bras fatigués
Qui tendent
Vers un ciel de plus en plus avare
Des yeux qui n’ont plus de larmes
Pour évacuer
Les souffrances de la misère
Des corps qui n’ont plus de jambes
Pour échapper
Aux flammes des calamités
Des poignets qui n’ont plus de mains
Pour s’agripper
Aux branches de l’espoir »

(Robert Lodimus, extrait de Vers L’aube de la Libération, poésie)

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Durant un long moment, mes pensées vagabondaient dans un couloir de souvenirs cauchemardesques. Et comment pouvait-il en être autrement au pays de l’hypertrophie de la phobie collective et de la mort violente ? Je me rappelle ce matin pluvieux où Clément, un membre proche de la famille, annonçait à mes parents qu’il avait décidé de s’expatrier à New York. Depuis la disparition de son frère aîné Ricot, enlevé de son foyer en pleine nuit à Port-au-Prince, celui-ci craignait pour la sécurité de son épouse, pour celle de ses enfants et pour la sienne. Émilio lui demandait s’il avait bien pris le temps de réfléchir.

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L’éphéméride du 10 septembre

Lancement en pleine 1ère Guerre Mondiale du Canard enchaîné le 10 septembre 1915

« La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas »

Le Canard enchaîné est un hebdomadaire de la presse satirique en France paraissant le mercredi. Fondé le 10 septembre 1915 par Jeanne et Maurice Maréchal, aidés par Henri-Paul Deyvaux-Gassier, c’est l’un des plus anciens titres de la presse française actuelle, notamment le plus ancien titre de presse satirique encore actif. Depuis les années 1960, c’est aussi un journal d’enquête qui révèle nombre d’affaires scandaleuses.

Pour l’historien Laurent Martin, ce journal, très attaché à la protection des sources d’information des journalistes, représente « une forme alternative de presse qui n’a guère d’équivalents en France et dans le monde ».

Histoire
Son nom fait allusion au quotidien L’Homme libre édité par Georges Clemenceau, qui critiquait ouvertement le gouvernement lors de la Première Guerre mondiale. Il subit alors la censure de la guerre5 et son nom fut changé pour L’Homme enchaîné. S’inspirant de ce titre, les journalistes Maurice et Jeanne Maréchal, aidés par le dessinateur H.-P.

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L’inconnu de  Mer frappée : Chapitre III

Par Robert Lodimus —

Chapitre III

LA RENCONTRE

Les habitants du quartier ont vécu une troisième nuit d’épouvante. Deux fois par année, Madame Dévilien, une prêtresse vodou, dévouée corps et âme au gouvernement de François Duvalier, organisait des rituels incantatoires dans la cour de son « hounfò », ombragée par le houppier du mapou géant, dont les branches basses se reposaient sur le toit d’une vieille bâtisse en bois. Des curieux se postaient à l’entrée de la grande barrière en tôle pour suivre des yeux le déroulement de la cérémonie animiste. Les initiés, comme les clowns de cirque tsigane, portaient des accoutrements multicolores, qui leur donnaient un air complètement loufoque. Ils utilisaient des peintures corporelles et faciales qui référaient aux symboles de la spiritualité et des traditions ancestrales. Les hommes portaient des chapeaux de paille et des foulards bleus, rouges, noirs, verts autour du cou suant. La « canaille » – pas au sens noble du langage révolutionnaire d’Alexis Bouvier et de Joseph Darcier – chantait, buvait, se soûlait, se déhanchait. La plupart de ces énergumènes étaient des serviteurs zélés, des adhérents exaltés, des prosélytes inébranlables de l’idéologie duvaliérienne.

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Martinique : agenda culturel des jours qui viennent… et plus encore!

Lundi 15 septembre à 21h10
« Indochine, une révolution musicale »
À revoir sur France 4 
Disponible en replay jusqu’au 13 octobre 2025
Depuis plus de quarante ans, Indochine n’est pas seulement un groupe de rock : c’est un phénomène culturel, une bande-son générationnelle, un miroir des bouleversements de la société française. Avec des titres emblématiques comme L’Aventurier, 3e sexe ou J’ai demandé à la lune, le groupe a su capter l’air du temps et toucher des millions de fans.
Porté par la vision et la voix de Nicola Sirkis, cofondateur et figure emblématique du groupe, ce documentaire exceptionnel réalisé par Laurent Allen-Caron revient sur une aventure hors norme. À travers un concert inédit et des archives rares, il retrace les moments-clés : les débuts fulgurants, les engagements assumés, les années de doute, puis le spectaculaire retour en grâce dans les années 2000.
De ses débuts new wave à ses méga-tournées en stades, Indochine a marqué trois générations. Et le mythe continue, comme en témoignent les regards croisés de figures artistiques d’aujourd’hui : Christine and the Queens, Helena Noguerra, Bénabar, Mickaël Furnon (Mickey 3D) ou encore le créateur Olivier Rousteing.

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L’inconnu de Mer frappée : Avant-propos, Préambule, Chapitre I

Par Robert Lodimus

AVANT PROPOS

Ce livre, mélange de fiction et de réalité, déplaira probablement à certaines gens. Il n’a pas été écrit non plus dans le but de plaire… Ou de flatter… L’époque qu’il décrit est satanique. Jamais on n’aurait pensé qu’il eût été possible pour la terreur de s’élever à une pareille hauteur. Beaucoup d’individus se reconnaîtront – qu’ils soient du bon ou du mauvais côté – au travers de ce récit émouvant où se déploient ligne après ligne, page après page, les tentacules d’un mal hideux qui a rongé, déstabilisé, démoli la république d’Haïti durant 29 ans, au cours de la deuxième moitié du siècle dernier. Le bilan est épouvantable. Il donne froid dans le dos. Glace le sang. Des centaines de milliers d’exilés. Des milliers de morts et de disparus. De quoi transformer une ville entière en cimetière ! Pourtant, l’on ne parle pas d’une région du monde écrasée sous les bombes de la guerre.

Dans un contexte social turpide décrit par « L’inconnu de Mer Frappée », le jeune José Marti Paulémon croise un érudit.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre XVII

— Par Robert Lodimus —

Chapitre XVII

LA RÉSURRECTION

« Je mourrai face au soleil… »

(José Marti)

Beaucoup de philosophes tentèrent d’imposer leur propre définition du concept de « temps » dans ses dimensions complexes et controversées. Platon et Aristote l’abordèrent en tant qu’« image mobile de l’éternité ». Martin Heidegger dans « Être et temps » le considérait comme un aspect lié au fondement de la condition de l’individu tout le long de son parcours existentiel. Selon Saint Augustin, le temps se définissait par le présent. Car le passé évoquait la mémoire, et l’avenir renvoyait à une situation d’éventualité. En ce qui touchait le futur, nous aurions pu lui trouver un registre sémantique plus ouvert : expectative, prévision, perception, espérance…

En définitive, ce fut entre la « naissance » et la « mort » que le temps exista. Et il pouvait être considéré comme la somme des instants – bons ou mauvais – qui se situaient dans l’intervalle mobile, versatile, mais aussi inamovible des pôles de l’existence : le début et la fin, donc l’Alpha et l’Oméga.

Le temps s’arrêta à la frontière de la « mort » et s’ouvrit sur le néant.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre XVI

Chapitre XVI

LA MISSION

« L’injustice est pareille à l’eau qu’on chauffe dans une marmite. Quand elle bout trop longtemps, elle déborde : c’est cela, la révolte.»

(Alexandre Najjar)

L’anéantissement de La Roche – quoique l’historiographie universelle, contrairement à l’immersion d’Héracléion sous les eaux d’Aboukir, au déclin de Babylone avant sa disparition définitive, à la prise de Constantinople par Mehmet II en 1453 pour mettre un terme à l’empire Byzantin, à l’anéantissement de la cité antique de Pétra par un tremblement de terre meurtrier, n’en eût fait point mention – cela n’avait pas réussi pour autant à opiler les voies des espoirs de liberté et des rêves de justice d’une tranche de vie captive de la planète. La conscience universelle que la chaumine de la misère et de la peur avait hiberné, allait donc se réveiller un jour. Elle serait parvenue à s’échapper de la balme de Platon, afin de rejoindre ce « monde intelligible » d’où jaillirent les lumières de la connaissance et de la vérité. Les apôtres d’Apophis, ceux-là qui « servilisaient » leurs semblables, les torturaient dans les bagnes de l’indignité, qui érigeaient les goulags pour les Alexandre Soljenitsyne,.

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Jovenel Moïse, « fléau de Dieu » 

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces doux êtres passifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules :
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison, le même mouvement. »

(Victor Hugo, Mélancholia)

— Par Robert Lodimus —

Le crépuscule tombait déjà sur le paysage voilé et enneigé. Un immense tapis blanc recouvrait les rues crevassées, dégoudronnées à certains endroits. Au Canada, le mois de février n’est-il pas réputé pour son humeur impassiblement rigoureuse? À cette période de l’hiver, la température oscille souvent entre moins 40o et moins 50o Celsius. De quoi faire geler le sang d’un chameau en quelques secondes. Quand il vente et grêle, les gens peuvent ressentir jusqu’à moins 600 sur la peau fragile et sensible. La plupart des personnalités fortunées et des retraités privilégiés qui habitent dans les régions nordiques s’envolent à destination du Sud dès la fin de novembre. Notamment en Floride où ils disposent d’une confortable résidence secondaire.

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La Fête de la Musique 2025 en Martinique

Le programme à FdF=>
et par communes ci-après

Vendredi 20 juin de 11h à 13h
Mes musiciens sont synesthètes de Margot Asphe.
Médiathèque de Rivière-Salée
Finissage de l’exposition en présence de l’artiste.

Vendredi 20 juin de 17h à 18h
« Mizik ba ti manmay' »
Jardin de la piscine municipale de Schoelcher
4è édition de la manifestation
Au programme : Show Ti Kreol avec ses mascottes. Artistes invités pour cette occasion : Esy Kennenga et Kassidy.

Vendredi 20 juin à partir de 19h
Fête de la musique
Place de la Mairie de Sainte-Luce
Karaoké live. accompagné de musiciens en live et d’artistes (Faiv, Joël Zabulon, et les membres du groupe Sweet My Life). Au programme : Zouk, konpa, mazouk, ballade, pop, reggae, soul, rumba, trap… il y en aura pour tous les goûts !
Ambiance garantie dans la pure tradition de la Fête de la Musique !
Inscrivez-vous pour chanter sur scène : 0596.621 952.

Vendredi 20 juin à 19h
Présentation de « Pawol swasanr moso-chanté »
Médiathèque Yva Léro La Trinité
Ouvrage d’Edmond Mondésir, auteur, compositeur, écrivain, musicien. Chanté par l’auteur

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Suite du chapitre XIII

— Par Robert Lodimus —

(Suite du chapitre XIII)

LES ÉCHANGES

Le vent du crépuscule vespéral emportait à perte d’oreilles les cris d’exultation des quelques contadins manifestement édifiés et conquis. Ils avaient compris que l’individu ne serait jamais arrivé à sortir de l’emprise du « Bon Dieu » et du « Diable » de Jean-Paul Sartre, dans son procès contre le Créateur. Dès la Genèse, l’humanité était prise au piège des principes métaphysiques de la dualité perpétuelle. Elle ne pouvait se soustraire ni de Heinrich ni de Goetz. N’était-ce pas à cause de cela qu’il lui avait paru difficile de changer ses couleurs originelles et de se repeindre seulement à celles de la justice et de la noblesse ? Après la disparition de la civilisation humaine, Le « Bien » et le « Mal » n’auraient-ils pas continué à trôner sur le vide abyssal des ténèbres ? « Au commencement était la « Parole ». La « Parole » personnifiait donc, à elle seule, Le « Bon » et le « Méchant ». Elle conditionnait la « Liberté » et la « Servitude »; elle régissait le « Bonheur » et le « Malheur » : la « vie éternelle » pour les soumis, la « mort éternelle » pour les rebelles.

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Lire : La langue des choses cachées, de Cécile Coulon

— Par Janine Bailly —

Cécile Coulon, la littérature sans concession

Cécile Coulon est une jeune romancière, nouvelliste et poétesse, qui dès l’âge de seize ans fit une entrée prometteuse en littérature en publiant un premier roman, Le voleur de vie, pour lequel il serait parlé de « langue coup de poing ».

Elle nous livre aujourd’hui, avec son neuvième opus, La langue des choses cachées, une histoire singulière, qui par son sujet pourrait décontenancer un lecteur rétif à l’irrationnel des choses. Parce que ses personnages sont de ces guérisseurs, magiciens, rebouteux ou sorciers qui entrent dans le secret des âmes, que l’on appelle quand la médecine ordinaire s’est avérée impuissante à soulager les maux du corps. Parce qu’ils sont ceux qui soignent, qui guérissent ou conduisent vers la mort. Et qu’ils possèdent un don de divination, dans la mesure où ils découvrent ce qui est caché, par des moyens autres que ceux d’une connaissance naturelle ou scientifique : ils pressentent, entendent, voient et déchiffrent les secrets enfouis au cœur le plus profond des maisons et des hommes, débusquent ce que d’ordinaire l’on tait, bien serré dans les liens tissés au sein obscur des familles.

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