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La prise à revers de la volonté populaire par la politique de rupture

— Par Yves-Léopold Monthieux —

De toutes les adversités qui ont marqué les Martiniquais, il n’est généralement retenu que celles qui sont imputables à l’Autre. Il semble convenu une fois pour toutes que les souvenirs douloureux de l’esclavage et de la colonisation sont dotés, en plus de leur mission honorable de tenir la mémoire en éveil, d’une tâche moins noble qui consiste à jeter un voile sur toute circonstance malheureuse qui pourrait venir de nous-mêmes. Comme si on s’estimait frappés par une sorte d’incapacité congénitale à se sentir responsables un tant soit peu de notre sort. Comme si l’idéologie et le terrorisme intellectuel, le consumérisme et le clientélisme électoral avaient dévalué l’Homme martiniquais.

Aimé Césaire n’était pas dupe des inclinations de son peuple et ne se privait pas à l’occasion de jouer au Père Fouettard. Les expressions « mendiants arrogants« , « mendiants exigeants et ingrats« , « danseuses de la République« , et la fameuse interrogation « mon peuple (…) quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres«  traduisent des inquiétudes qu’il formulait entre deux attaques contre le colonialisme.

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Cinq questions à Hervé Beuze

Exposition « de feu et de pluie », Fondation Clément, du 20 octobre au 12 novembre.

— Propos recueillis par Matilde dos Santos Ferreira, critique d’art et curateur indépendant —

Produite par la Fondation Clément en partenariat avec la DEAL et le PNRM dans le cadre de la candidature de la Martinique à l’inscription sur la liste patrimoine UNESCO.

Le titre de l’exposition « De feu et de pluie » renvoie aux deux versants d’une même gestation : car la Martinique est bien la fille des entrailles fumantes de la terre et des pluies provoquées par le relief, donnant naissance aux forêts tropicales humides. Partant de l’idée que le volcan impacte la vie de l’homme très au-delà de la science et des catastrophes, il a été demandé aux artistes de travailler sur le processus éruptif comme métaphore, voire essence de la création. Les œuvres ont été choisies en fonction du parallèle entre construction/ destruction /reconstruction dans la nature et dans la vie de l’homme. Elles parlent de mémoire, de chaos, de jaillissements et tremblements, d’échanges d’énergie, du magma qui fuse, de la chaleur brulante, de l’état du monde l’instant d’après.

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« Le droit d’emmerder Dieu », de Richard Malka

« C’est à nous, et à nous seuls, qu’il revient de réfléchir, d’analyser et de prendre des risques pour rester libres. Libres de nous engager et d’être ce que nous voulons. C’est à nous, et à personne d’autre, qu’il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire avec force, pour couvrir le son des couteaux sous nos gorges.
À nous de rire, de dessiner, d’aimer, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustration – en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et des intellectuels qui sont les héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot. »

Ainsi plaide Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, lors du procès des attentats de janvier 2015. Procès intellectuel, procès historique, au cours duquel l’auteur retrace, avec puissance, le cheminement souterrain et idéologique du Mal. Chaque mot pèse. Chaque mot frappe. Ou apporte la douceur, évoquant les noms des disparus, des amis, leurs plumes, leurs pinceaux, leur distance ironique et tendre.

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De feu et de pluie, une exposition volcanique

Par Matilde dos Santos, commissaire —

Cette île est faite de feu et de pluie. Elle n’est pas la seule, toutes les îles volcaniques partagent peu ou prou la même histoire, que l’on parle de géologie ou d’histoire de l’homme. Ces cycles n’ont bien entendu pas la même longueur… Si la géologie appartient au domaine de la très longue durée, l’activité volcanique se tient toujours dans une temporalité humaine. Contrairement à l’érosion la durée d’un phénomène volcanique est très courte. Courte mais potentiellement dramatique. Dramatique mais potentiellement créatrice.
L’exposition est organisée dans le cadre de la candidature des aires volcaniques du nord de la Martinique et de ses forêts humides au patrimoine mondial UNESCO. Le titre renvoi à ces deux versants d’une même gestation : c’est par les volcans que le feu des entrailles de la terre, trouve une faille et se déverse, fertilisant le sol, et éventuellement détruisant tout sur son passage…. Et c’est le relief du volcan qui arrête les nuages, qui se répandent en pluie. Sur les flancs du volcan se dresse alors une végétation tropical dense et humide.

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Festival d’Avignon, du côté du Off

— Par Dominique Daeschler —

Lettre d’une inconnue.
C’est bizarre l’écriture.
Guérillères ordinaires.
Visions d’Eskandar.
Le cabaret des absents.
Sans effort.
Concerto pour deux clowns.
Les présidentes.
La collection.

L’absence, l’oubli, la disparition, le chaos, la quête identitaire sont au rendez-vous du Festival d’Avignon avec un goût pour le monologue, l’approche documentaire et le témoignage. Un règne provisoire d’un « ici-maintenant » qui peut être source de malentendus, de violence comme de fraternité.

Une place importante est donnée aux écritures contemporaines. On y reconnaîtra les chouchous des institutions culturelles : Magali Mougel, Pauline Sales, Samuel Gallet, Rémi de Vos, Pauline Peyrade, Sylvain Levey, Marion Aubert… avec parfois de jolies prises de risque.

Théâtre des 3 raisins. Lettre d’une inconnue. Cie fées et gestes.

Un lit à baldaquin, comme une île, un ultime refuge, comme unique décor et une comédienne qui profère, susurre lettre d’une inconnue de Zweig. Ce texte d’homme, écrit à sa gloire est pris à bras le corps par Esther Candaes. Elle en garde la précision des rencontres fugitives d’un amour fou et, chose rare, elle en développe ce qui irradie, ce qui est joie profonde.

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À la Martinique s’ouvre en juin le Festival Grif An Tè, de Tropiques Atrium Scène nationale

Amis foyalais, préparez vos agendas ! Les jours à venir seront riches en évènements ! Trop longtemps mise en sommeil par un méchant virus, la culture s’est réveillée sur l’île, telle la Belle au bois dormant, dans tous ses atours, dans toute sa diversité, parée de toutes ses couleurs locales ! À Fort-de-France, un programme riche, qui demande à établir par avance son propre planning de sorties : outre le cinéma qui continuera son chemin jalonné de pépites sur grand écran, nous seront proposés divertissements et réjouissances, et ce pour tous les goûts… En effet, pour finir cette saison en beauté, comme on peut le lire dans Édito 2021, Tropiques Atrium lance  son Grif An Tè Festival, « une manifestation culturelle pluridisciplinaire : musique, danse, théâtre, cinéma, contes, slam et arts plastiques seront de la partie ». Et, cerise sur le gâteau, dans le cadre de ce festival auront lieu aussi des spectacles “en communes”, à Basse-Pointe et à Morne Rouge.(Janine Bailly)

Vendredi 18 juin : Théâtre – 19h – Salle Frantz Fanon – Entrée Libre – Scolaires le 17

Anatole dans la tourmente du Morne Siphon (Cie Les Berlick)

D’après le roman de Sabine Andrivon-Milton (Date de publication : juillet 2010, aux Éditions L’Harmattan) :  En Martinique, sur le Morne Siphon, l’annonce du commencement de la guerre créa la panique au sein de la population.

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« Labimsolo » de Daniel Boukman, chez K.Editions

Labimsolo (équivalant à spleen en français) est une expression du créole martiniquais quasiment aujourd’hui disparue et dont l’emploi littéraire peut en permettre comme une résurrection… Quand, pour annoncer la publication de ce nouveau recueil, j’ai utilisé le terme de haïku, je ne cherchais pas à reproduire la rigueur métrique de ce genre poétique japonais ; je n’en ai épousé que la concision de mots assemblés pour dire – à voix basse – ce qu’ils disent.

Ecrire des haïkus suppose un détachement de l’auteur ; tel ne fut pas du tout l’état d’esprit présidant à l’écriture de LABIMSOLO, comme le révèle la préface que voici :

An tan lontan, té ni an jaden oti, anpami an lablanni flè santibon, an bann zwézo tout koulè té ka bay lavwa bay lavwa. Pannan tan-an, anbafey, an laposésion zòti té ka aladous vansé-vansé, paré pou toufé jaden-an oti an bann zwézo tout koulè té ka bay lavwa.

Alos, andidan tjè-mwen, an pawol nef wè jou pou dénonsé jes-makak, kouto dé lanm, manti-mantè, fidji masié… an pawol nef pou gloriyé nonm ek fanm vayan, wosé wo flanm flanbo libèté.

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1848, année de l’abolition : Schœlcher, Bissette et le 22 mai, 3 mythes pour une république.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Je n’oublierai pas la phrase de l’un des médecins qui ont rédigé le rapport d’autopsie de la seconde victime de février 1974, le jeune ouvrier en bâtiment Georges Marie-Louise. « Tout peuple qui se construit a besoin de mythes », me dit-il. C’était la réponse sans équivoque à mon interrogation : « Docteur, je pense à vous quand j’entends certaines interprétations des incidents de février 1974 1». Des mythes, en veux-tu en voilà ! N’est-ce pas une méthode d’écriture de l’histoire ou d’histoires à côté de l’histoire qui caractérise trop souvent l’Histoire de la Martinique ?

Dans une récente expression, Marie-Hélène Léotin fait une présentation sans fard de Cyrille Bissette. Selon l’historienne, celui qui fut l’une des parties prenantes de l’abolition de l’esclavage de 1848 se serait caractérisé par son opportunisme et non par l’empathie du propriétaire d’esclaves qu’il était. Ses idées auraient évolué au gré des circonstances et des intérêts des mulâtres qui seraient devenus in fine les alliés objectifs des esclaves. Cette description peu contestée de l’historienne conduit à enfermer les mythes Bissette2 et Schoelcher dans un égal rejet, au seul avantage d’un 3ème mythe, la date du 22 mai 1848.

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Pourquoi il faut voter

— Par Barbara Jean-Élie —

L’élection de la CTM, qu’elle se déroule le 13 et 20 juin ou plus tard, mérite que chaque Martiniquais en prenne la mesure. Le vote est non seulement un enjeu conjoncturel, mais un défi majeur pour notre communauté, parce qu’il est l’expression indiscutable de notre volonté de faire société.

Le Fin du Politique1, l’ouvrage de Pierre Birnbaum au menu de la 2ème année de Science Politique dans les années 80, n’aurait pas pris une ride…au contraire ? Les résultats des récentes élections en France et en Martinique reflètent sinon un haut niveau de défiance à l’égard de la politique, du politique ou des politiques, du moins une indifférence grandissante. Ainsi, en 2017, au premier tour des élections législatives de 2017 l’abstention atteignait 51,3% ; 22,23% au 1er tour de la présidentielle de mai 2017. Aux municipales de 2020 : 55,25% (certes dans un contexte de crise sanitaire), mais en croissance continue : en 2014 déjà, le taux d’abstention était de 36,45% au premier tour.

En Martinique, en 2010, lors d’un référendum annoncé comme essentiel sur la création de l’assemblée unique, l’abstention a atteint 64,2%.

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Patrick Chamoiseau : « On n’a pas besoin d’universel, on a besoin de Relation »

Avec son nouveau livre, Le conteur, la nuit et le panier, l’écrivain et intellectuel martiniquais Patrick Chamoiseau poursuit sa quête de ce qui fonde et constitue le geste créatif. Il met en scène un conteur créole, qui se lève au cœur de la plantation, parmi les esclaves, et les dote d’une parole commune. Il incarne le règne du sensible dans le rapport que l’on entretient au « réel », l’accès par le « je » à un « nous », cette autre manière de vivre au monde et de vivre le monde, non plus entre des frontières, des nations exclusives, ou des absolus culturels, mais dans l’interaction avec tout le vivant.

Avec Le conteur, la nuit, le panier, son nouveau livre, l’essayiste et romancier martiniquais Patrick Chamoiseau propose un voyage poétique et galactique qui prend son essor au fond des ténèbres et s’élance dans le cosmos étoilé. Ce voyage est celui qui trace les voies et les voix de la création. L’artiste y apparaît comme l’éclaireur du monde, celle et celui par qui le concept de « Personne » peut exister dans une généalogie longue et une histoire immémoriale.

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Jean Cocteau vu par Pedro  Almodóvar : « La Voix humaine »

Deux ans après Douleur et Gloire, le cinéaste espagnol adapte librement la pièce en un acte de Cocteau dans un court-métrage d’une trentaine de minutes où Tilda Swinton, en amante éconduite, embrase l’écran, plus altière et incandescente que jamais. The human voice-La Voix humaine¹ sort en DVD et VOD, le 19 mars 2021.

D’après Patrick Tardit  dans « Infodujour »

Tilda Swinton² donne son physique atypique, sa « pâleur », son « mélange de folie et de mélancolie », à son personnage, une femme seule, abandonnée, quittée par son amant… Si de celui-ci, jamais on n’entendra  les répliques, ou les questions, il nous sera cependant loisible, par la grâce de la réalisation, de l’imaginer…

Synopsis : Trois jours que les valises de l’homme sont faites et prêtes à partir, après quatre années de bonheur. Trois jours qu’elle l’attend, qu’elle attend de ses nouvelles, mais il ne viendra même pas chercher lui-même ses bagages. En complet bleu, elle sort acheter une hache, avec laquelle elle va s’acharner sur le costume sombre de l’absent posé sur le lit ; en ensemble rouge, elle pioche dans les pilules entassées dans le tiroir de sa table de chevet.

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Le jardin des sculptures, entretiens d’artistes : Hervé Beuze

— Propos recueillis par Matilde dos Santos Ferreira, critique d’art et curateur indépendant —

Cinquième entretien d’une série d’environ quinze interviews de créateurs des œuvres du jardin des sculptures de la Fondation Clément. Hervé Beuze, conversation enregistrée en février 2019 à l’atelier de l’Entreprise Navale Antillaise (ENA) où l’artiste suivait la fabrication de son œuvre « Armatures », aujourd’hui installée dans les jardins.

Matilde dos Santos : Peut-on revenir sur la genèse du projet « Armatures » ? La pièce sur laquelle tu travailles maintenant reprend le couple « Fleur-fleur » qui faisait partie de ton installation « Armatures » à la Fondation Clément en 2016. Tu l’as modifié et renommée. Pourquoi ?

Hervé Beuze : L’œuvre va s’appeler « Armatures ». Je reprends le nom générique de l’exposition qui avait eu lieu à la Fondation Clément. Il y avait six couples dans l’installation de départ. La Fondation a souhaité faire l’acquisition pour le jardin d’une pièce semblable au couple « Fleur-fleur » mais sans les pétales qui l’entouraient. J’ai donc changé le matériau de la structure des corps qui maintenant est faite de barres d’acier rond lisse de 16 mm de diamètre.

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Le jardin des sculptures, entretiens d’artistes : Gilles Barbier

— Propos recueillis par Matilde dos Santos Ferreira, critique d’art et curateur indépendant, —

Entretien avec Gilles Barbier à la Fondation Clément en novembre 2018 lors de l’installation de The Misthrown dice (Le dé cassé) au jardin des sculptures. L’œuvre m’intéressait mais ce n’est qu’après avoir parlé avec son créateur que j’ai saisi toute la portée de cet immense dé rouge saisi en pleine course sur le damier.

Matilde dos Santos : « Le dé cassé » (The Misthrown dice) peut sembler énigmatique pour qui ne connait pas votre œuvre, pouvez-vous revenir sur sa genèse ?
Gilles Barbier : En fait pour vous parler de cette œuvre je dois vous parler de tout mon travail. Ce dé apparait dans mon travail dès les années 90. J’ai commencé à faire de l’art en étant très intéressé par les techniques du hasard et notamment le lancer de dés qui permet d’obtenir différentes possibilités à partir d’un projet unique. J’ai donc créé un parcours au dé ; et au même moment je lisais le roman « L’homme dé » de Luke Rhinehart1 qui m’a servi à la fois pour théoriser mon processus de travail mais aussi pour m’ouvrir à l’idée d’une démarche artistique qui ne soit pas monolithique et que puisse emprunter les chemins du dé.

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Hugo, l’exil, la rage, le rêve : hier et aujourd’hui !

— par Janine Bailly —

Pour évoquer un géant de la littérature française, sur la scène du théâtre Aimé Césaire un petit homme, sobre costume sombre et pilosité poivre et sel à la Hugo des derniers portraits… C’est Paul Fructus, venu nous parler de l’écrivain mais aussi, et peut-être surtout, de l’homme. Non pour graver une figure dans le marbre, mais pour nous émouvoir, nous interpeller, et faire émerger de la mémoire des souvenirs d’école, réminiscences de ces séances de récitation obligée, aujourd’hui quelque peu tombées en désuétude, et qui inscrivaient à jamais en nous les vers du poème Demain dès l’aube — que l’on entendra en dernière partie de spectacle, dit vers nous debout droit en devant de scène, comme en confidence, avec simplicité, une simplicité touchante d’être libre du moindre excès mélodramatique, alors que s’efface l’accompagnement musical qui par ailleurs souligne, soutient, ou lie intelligemment les envolées de mots, en sons doux ou riants ou coléreux, accordés aux textes entendus.

Tout au long de la soirée, nous oscillons, avec le comédien, et non sans bonheur, entre sourire et larmes, tendresse et colère, humour et gravité.

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Méthodologie pour un avenir guadeloupéen

— Par Bernard Leclaire pour Ambition Guadeloupe —

Quand je lis quelques échanges entre les Guadeloupéens en ce moment sur les réseaux sociaux je me demande vraiment où on va ?    

Il y a certes des problèmes dans notre société et Ambition Guadeloupe n’est pas là pour les minimiser. Chaque génération vient avec ses soucis, ses peines, ses réussites et il en sera toujours de même. Ainsi va la vie dirait l’autre, tout simplement ! 

Aucun territoire n’existe en état d’apesanteur par rapport à son espace, son temps par conséquent à son histoire qui poursuit hélas sa course folle ! 

« Mais », parce qu’il y a toujours un « mais » hélas ! si nous ne nous respectons pas, si nous ne nous organisons pas, si nous ne faisons pas preuve de maturité en apportant des solutions fiables, avec calme et intelligence face aux maux d’aujourd’hui au sein de notre société, nous risquons alors de plonger notre population dans un doute sidéral. 

La masse silencieuse ne dit rien, mais elle voit, elle entend et elle démontrera encore une fois son mécontentement dans les urnes, derrière l’isoloir choisissant le même vote de l’immobilisme, ce qui fait que nous sommes toujours des années durant à ce même point de départ de nous-mêmes.

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En salle ou  sur internet, des spectacles pour se divertir et pour réfléchir.

Mercredi 6 janvier à 19h

En salle, au cinéma : « Le lien qui nous unit ».

À Madiana, le 26 décembre de cette bien triste année 2020 avait lieu, en présence du réalisateur Pélagie Serge Poyotte et de ses trois acteurs principaux, l’avant-première du film “Le lien qui nous unit”.

Un titre alléchant s’il en est, en une période de “distanciation physique” nécessaire autant qu’imposée… Un film que l’on peut qualifier tout à la fois de road movie et de thriller psychologique : quelque part sur une route de Guyane, Solange en habit bleu de Touloulou (Jessica Martin) et son père Paul, personnage perdu dans une existence chaotique (Ricky Tribord), marchent, s’assoient un instant, font du stop et d’étranges rencontres. Ils tentent de nouer des liens, il faut le dire jusqu’alors fort inexistants, après de longues années d’absence et de silence… Mais le chemin l’un vers l’autre est difficile, qui sera aussi l’occasion de découvrir le pourquoi de ce costume de Carnaval porté hors saison de Carnaval… D’autres “masques”, rouges ou blancs, feront dans l’histoire de mystérieuses apparitions, accentuant cette impression de décalage et d’étrangeté ressentie par le spectateur.

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Le prix Interallié 2020 est attribué à Irène Frain pour « Un crime sans importance »

« Un crime sans importance » est un récit-enquête sur la mort de la sœur aînée de l’autrice, assassinée dans sa maison de banlieue. 

Le prix Interallié a été décerné jeudi 3 décembre à Irène Frain pour Un crime sans importance (Seuil), récit où l’autrice de 70 ans raconte les suites du meurtre de sa soeur aînée. Irène Frain a obtenu six voix, contre trois pour Ce qui plaisait à Blanche de Jean-Paul Enthoven (Grasset) et deux pour La Grâce de Thibault de Montaigu.

Un crime sans importance relate comment la romancière va tenter de secouer l’enquête sur la mort de cette soeur, tuée dans son pavillon en banlieue parisienne en 2018, qui n’avance qu’avec une lenteur extrême.

 Lire la critique de Francetvinfo : « Un crime sans importance », la romancière Irène Frain scrute « l’envers de nos vies » pour éclairer le meurtre non élucidé de sa sœur

« La joie est un sentiment qui m’avait désertée depuis deux ans »

La lauréate est une habituée des succès en librairie, avec un public fidèle, mais moins des prix littéraires parisiens.

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Violences policières : lettre ouverte d’Anouk Grinberg au gouvernement

« La nuit, pendant qu’on dort, le gouvernement fait passer des lois qui nous retirent l’oxygène de nos pensées, de nos libertés. » Comme le rappelle la comédienne et écrivaine : « Nous avons besoin de vérité », pas d’impunité.

Messieurs du gouvernement, qui voudriez empêcher la vérité de circuler,

On est des millions à avoir voté Macron, pas parce qu’on l’aimait, mais parce qu’il promettait de fabriquer, avec nous, une société un peu humaine. En tout cas plus humaine que le fascisme qui nous menaçait.

Et voilà qu’en quelques petites années au pouvoir, il se croit « Dieu le papa » et nous infantilise, nous divise, frappe les faibles, frappe les forts. Jour après jour, il creuse le lit d’un fascisme débutant au prétexte de nous protéger les uns les autres et les uns des autres. La nuit, pendant qu’on dort, le gouvernement fait passer des lois qui nous retirent l’oxygène de nos pensées, de nos libertés.

Lire aussi : Des gilets jaunes à la loi sécurité globale : depuis 2017, Macron tout schuss sur la pente autoritaire

Voilà maintenant qu’il est interdit de filmer les policiers qui agissent en bêtes, en meute.

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Saline d’Arc et Senans : deux expositions majeures sur le cirque croisent poésie et histoire

— Par Dominique Daeschler —

Présentée dans la grande berne ouest du Centre de Rencontre d’Arc et Senans, l’exposition Le cirque Plume : l’éternité du saut périlleux, conçue par son directeur artistique Bernard Kudlak n’a rien d’un parcours didactique, chronologique ou nostalgique. Dans une joyeuse zizanie poétique, se mêlent photos (et quels photographes !), captations de spectacles, costumes, dessins et petites phrases.

Tracer le cercle, omniprésent dans toutes les mythologies c’est parler des mondes, entrer dans un rituel, dans un schéma cosmologique (cf. Mircea Eliade). Kudlak a conçu l’exposition comme un « poème en actes » où l’humain a la première place : « le spectacle du cirque Plume est fait par des vivants, pour des vivants. Il est joyeux, coloré, profond, poétique, sale, brouillon, extrêmement précis… Il est comme la vie : en sauts périlleux sur des vélos, en souffle sur des rayons de lumière, en invention sur des musiques, en équilibre sur des plumes. Créé en 1989, Plume a apporté au cirque la liberté du vent qui s’insinue, emporte les graines, joue de la brise avec la pluie qui crachote. Avec leur « métier » (trapéziste, jongleur, fil de ferriste…) chaque artiste entre dans une histoire qui a un nom et se déroule, comme au théâtre avec l’impérieuse nécessité d’un collectif soudé et du regard de l’autre.

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« Nature humaine » de Serge Joncour, Prix Femina 2020

La France est noyée sous une tempête diluvienne qui lui donne des airs, en ce dernier jour de 1999, de fin du monde. Alexandre, reclus dans sa ferme du Lot où il a grandi avec ses trois sœurs, semble redouter davantage l’arrivée des gendarmes. Seul dans la nuit noire, il va revivre la fin d’un autre monde, les derniers jours de cette vie paysanne et en retrait qui lui paraissait immuable enfant. Entre l’homme et la nature, la relation n’a cessé de se tendre. À qui la faute ?
Dans ce grand roman de « la nature humaine », Serge Joncour orchestre presque trente ans d’histoire nationale où se répondent jusqu’au vertige les progrès, les luttes, la vie politique et les catastrophes successives qui ont jalonné la fin du XXe siècle, percutant de plein fouet une famille française. En offrant à notre monde contemporain la radiographie complexe de son enfance, il nous instruit magnifiquement sur notre humanité en péril. À moins que la nature ne vienne reprendre certains de ses droits…

  • 400 pages – 148 x 220 mm 
  • Broché 
  • EAN : 9782081433489 
  • ISBN : 9782081433489

« Nature humaine » de Serge Joncour, Prix Femina 2020 : un jeune paysan et les affres de l’amour

 Par Alexis Brocas

Serge Joncour confronte un jeune paysan éleveur aux affres de l’amour et séduit… le jury du prix Femina.

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Haïti :« Ainsi parla la mer », un documentaire récompensé en Bolivie

Lundi 26 octobre, 15 h à la Salle Case à Vent de Tropiques-Atrium, mercredi 28 octobre, 19 h au CDST à Saint-Pierre.

Cinémartinique Festival :

Avec Ainsi parla la mer, le réalisateur et producteur haïtien, Arnold Antonin a remporté, le 5 septembre 2020, le prix du meilleur moyen métrage à la XVIème édition du Festival international du film des Droits de l’Homme en Bolivie.

Men sa lanmè di, Ainsi parla la mer

Le 60ème film d’Arnold Antonin, présenté le 4 mars 2020 à Haïti, avant d’être sélectionné au Festival international du film des Droits de l’Homme de Sucre, en Bolivie, est un documentaire de cinquante minutes sur l’environnement. Il traite des multiples possibilités qu’offre le monde sous-marin, du point de vue économique, mais pas seulement…

Fier de ce prix, qui met en valeur la production du Centre Pétion-Bolivar, Arnold Antonin a déclaré au journal Le Nouvelliste : « Ce prix est une récompense à la persévérance de mon équipe et à la lutte acharnée afin de mener à bon port un projet pour le bien du pays. On a mis le triple du temps prévu.

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Nommer son espace pour se l’approprier: À quoi servent les statues? 1. Matinik

— Par Véronique Hélénon —

Le déchoukaj des deux statues de Victor Schœlcher le 22 mai 2020 en Martinique par des militants, est révélateur de tensions profondes, issues des périodes esclavagiste et coloniale.A –

Le 22 mai 2020 les manifestations commémorant l’abolition de l’esclavage en Martinique ont été marquées par le déchoukaj de deux statues de l’abolitionniste français Victor Schœlcher par des militants, en dehors des célébrations officielles. Pour comprendre ces gestes, penchons-nous sur l’histoire coloniale et esclavagiste de la Martinique. 

L’anonymat comme instrument de domination coloniale

Doué de parole, l’être humain s’inscrit dans une lignée, nommant ses enfants, adoptant les noms de ses aïeuls, forgeant ainsi un arbre généalogique qui est la matrice de son histoire personnelle. L’apprentissage et la reconnaissance de son environnement exigent également un vocabulaire spécifique. Ce sont des actes fondateurs, permettant de se déployer au sein d’une famille, d’une collectivité, et marquer sa présence dans son environnement à travers les âges. 

Lire aussi : Martinique : Histoire & Mémoire

C’est ce que firent les colons français lorsqu’ils arrivèrent sur l’île aujourd’hui appelée Martinique. Désireux d’apposer leur empreinte sur des paysages qui leur avaient été étrangers, ils baptisèrent leur environnement de noms familiers.

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L’œuvre duelle de Louisa Marajo et Ricardo Ozier-Lafontaine

— par Janine Bailly —

Palette… Un mot, polysémique s’il en est… Un objet à se représenter… Après ces années de « gilets jaunes » et de grèves enchaînées, une image pourrait s’imposer d’abord à l’esprit, celle d’un entrepôt  dont la palette est « un élément-clé, qui aide à stocker et transporter des marchandises de la meilleure manière qui soit ». Mais de même que le mot revêt diverses acceptions, l’objet détourné de sa destination initiale se voit attaché à d’autres fonctions — émissaire de nos protestations —, qu’on le dresse en barricades devant les lycées cadenassés, qu’on l’enflamme en barrière de rues dans les manifestations, qu’on le recycle sous des formes improbables, ou qu’il devienne prétexte à la création artistique, matériau inédit et support consentant… Ce  détournement, Louisa Marajo et Ricardo Ozier-Lafontaine, peintres et plasticiens martiniquais, s’y livrent en duo au front des vagues qui tantôt caressent tantôt agressent les flancs de leur île natale. S’y livrent et donnent un sens nouveau, inattendu et singulier, à la « palette » du peintre, quand ordinairement le mot désigne la plaque de bois où celui-ci opère le mélange des couleurs, aussi bien que l’ensemble de ses couleurs favorites.

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La Martinique parle le présent

— Par Monchoachi
« A travers l’action RVN (Rouge Vert Noir) de ces dernières semaines, la Martinique parle le présent. Elle le parle doublement : elle parle le présent de son histoire coloniale. Elle parle en même temps le présent de la terre entière dont l’espace est au même titre dévasté par un technicisme productiviste débridé et le temps embrigadé dans l’historiographie, pressuré par l’exigence d’un développement (d’un progrès) dont la seule destination est la marchandisation complète du monde, son nivellement et son engloutissement dans le totalitarisme technologique. Elle le fait dans un langage qui lui est propre faisant écho à un contexte qui lui est propre : celui d’un colonialisme qui s’exaspère avec la cristallisation de deux phénomènes parallèles : d’un côté une jeunesse émigrée massivement, en quête d’emplois vers la métropole coloniale (un peuple une nouvelle fois déraciné, désertant sa terre, mué en ombre) ; d’un autre côté, une active colonisation de peuplement qui ne cesse de se renforcer depuis deux décennies. S’ajoute à cela, le resserrement colonial d’un encerclement administratif et répressif.

Par conséquent, s’entêter de renvoyer à tout prix à l’histoire et à ses chères études ce qui parle le présent avec une telle insistance, c’est, contre toute évidence, prendre option de tourner la tête, de se voiler la face pour ne pas voir la présence de ce présent certes suffoquant, continuer de s’abuser à bon compte et préférer en quelque sorte se raconter des histoires.

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Au centre du cyclone, le maire de Fort-de-France

Une polémique inaugurée lors de la manifestation du quatorze juillet à Fort-de-France… D’aucuns le disent « enchaîné consentant », d’autres louent « le calme olympien » dont il sait faire preuve dans l’adversité… disons que comme toute personne en vue, ou chargée de responsabilités, qu’elle soit du domaine politique, artistique ou sportif, Didier Laguerre récemment réélu maire de Fort-de-France ne peut, en cette période trouble et troublée, que prêter le flanc à la critique. Critique qui cependant, qu’elle soit ou non justifiée, pourrait se faire dans le respect de l’homme, et dans la dignité de tous. En épisodes… à suivre sur le site Montraykreyol — qui propose aussi photos et vidéos prises lors des événements relatés.(Janine Bailly)

Montraykreyol, le samedi 18 juillet

Tous les noms d’oiseaux y passent, y compris celui de « corrompu ». Césaire doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait tant fait, à travers le SERMAC, pour que la culture dite « des mornes » et le tambour soient revalorisés. Il est vrai que réduire notre culture à ce seul instrument comme on le fait depuis, c’est comme si on réduisait la culture allemande à Beethoven et à Bach.

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