Quelle sortie de crise pour l’UAG?

Question orale à Geneviève FIORASO Ministre de l’enseignement supérieur

— Par Gabriel Serville, Député de Guyane—

uag_guyaneMadame la ministre,
Voilà deux semaines que le pôle universitaire guyanais est paralysé par un mouvement de grève revendiquant une université de qualité et un changement de gouvernance. Catalysées par les difficultés rencontrées lors de la réouverture d’une licence professionnelle « protection de l’environnement ¬, ces contestations se sont vite répandues aux conditions difficiles que rencontrent les jeunes étudiants guyanais et le personnel qui les encadre. Alors que la Guyane compte 35 000 jeunes en âge de faire des études supérieures, seuls 2 720 étudiants ont effectué leur rentrée sur le sol guyanais. En effet, la plupart des jeunes bacheliers sont contraints, lorsqu’ils en ont les moyens, de s’orienter vers les campus antillais et les universités de l’hexagone, où ils sont, il faut le rappeler, considérés comme des étudiants étrangers. Dans une région où la population devrait doubler dans les 30 prochaines années, il n’est plus possible d’ignorer les difficultés de ceux qui en représentent l’avenir. Il faut dês aujourd’hui nous pencher sérieusement sur la gouvernance de l’UAG à court-terme et sur l’autonomie du pôle universitaire guyanais à long-terme. Madame la Ministre, vous avez pris, alors que le mouvement se propage aux lycées et que nous craignons des débordements similaires à ceux en 1996, des engagements forts et aux effets immédiats auprès de la jeunesse guyanaise. Malheureusement, il ne s’agit là que de palliatifs et ils n’abordent pas la question épineuse de la gouvernance. La nomination du médiateur académique de la Guyane comme intermédiaire sur ce sujet a d’ailleurs été três mal accueillie par l’intersyndicale. Tandis que le doyen de la faculté de lettres de l’UAG qualifiait les guyanais « d’imbéciles-racistes », ses propos indignes de sa fonction ont ravivé le sentiment de soumission des uns et de contestation permanente des autres. Les étudiants guyanais sont les premiêres victimes de cet incendie. Aussi, aujourd’hui le mouvement réclame t’il le départ d’un certain nombre des dirigeants de l’UAG. Or, si l’on ne peut encourager le départ de personnalités élues démocratiquement, il est urgent de s’employer à trouver des solutions pérennes à une crise qui n’a rien de conjoncturelle. Ce qui se joue devant nos yeux n’est rien de moins que l’avenir de la Guyane. Il est légitime qu’une région aspire à pouvoir jouir de la locomotive de progrês social et économique qu’est une université de plein exercice et il ne viendrait à l’esprit de personne de trouver normal, alors que l’UAG est l’université la plus dotée de France, que le pôle Guyane souffre d’un déficit chronique de moyens aux profit de ses homologues antillais. La démographie de la Guyane, où 44% de la population a moins de 20 ans, est le signe incorruptible d’une région en devenir qui ne peut se construire que sur le socle fort de l’acquisition de compétences à travers une offre de formations complête et adaptée aux spécificités locales. A ceux qui opposent à l’idée de plus d’autonomie et de moyens pour l’enseignement secondaire guyanais la relative faiblesse de sa population étudiante, nous rappellerons que l’important ce n’est pas d’où l’on vient, mais où l’on va. Voilà pourquoi je vous demande Madame la Ministre de nous exposer vos solutions, afin que nous puissions sortir de cette crise et que nous travaillions à ce que la Guyane, à travers ses jeunes, prenne sa place et rayonne dans son environnement géographique et républicain. 

Paris, le 16 octobre 2013

Gabriel SERVILLE


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