691 search results for "abolition"

« Mémoire et oubli » : l’intervention de Stéphan Martens à « Tous créoles »

memoire_&_oubl_-couvIntervention de Stéphan Martens, ancien recteur de l’académie de la Guadeloupe, à l’occasion de la présentation de son livre Mémoire et oubli (Presses Universitaires du Septentrion, 2015)

À l’invitation de l’association « Tous Créoles ! »,
Fort-de-France, le 3 octobre 2015

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Merci pour votre invitation et votre accueil à l’occasion de la sortie de l’ouvrage Mémoire et oubli, Controverses de la Rome Antique à nos jours, que j’ai codirigé avec Michel De Waele, professeur d’histoire à l’Université Laval Québec.

En raison de l’histoire, ce sujet est bien sûr particulièrement prégnant dans les Antilles. Aimé Césaire expliquait, à juste titre, qu’un « peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », ce que l’historien Georges Bensoussan, responsable des éditions du mémorial de la Shoah, a traduit, à propos de l’histoire de l’esclavage, en déclarant : « Pour tourner la page il faut la lire avant ». Alors, pour permettre aux nouvelles générations de (re)construire un « vivre ensemble », il faut leur donner les moyens de comprendre ce passé.

Je n’aborderai pas aujourd’hui en détail les contributions de l’ouvrage, mais tenterai brièvement de tracer quelques pistes de réflexion avant de laisser place au débat avec vous.

→   Lire Plus

En Saint-John Perse, il y avait : le poète

andre_lucrece-400« Préserver l’enfant… »
« S’il refusa de venir en Guadeloupe, ce ne fut vraisemblablement pas seulement par peur de détruire un rêve ou par mépris de ce qu’elle avait pu devenir, ce fut plutôt pour préserver l’enfant qu’il avait été d’une confrontation incongrue avec une réalité que son regard n’avait pu percevoir, ce fut parce que, littéralement, ce retour n’avait pas de sens, parce que le problème n’était pas la Guadeloupe, mais le « vert paradis des amours enfantines »». Jack Corzani

Quarante ans après sa mort, Saint-John Perse, né Alexis Leger en 1887 à Pointe-à-Pitre, continue à susciter de l’intérêt. Il suffit de penser aux deux nouvelles biographies qui tentent de cerner à la fois le poète, prix Nobel de littérature en 1960, et le diplomate, présent à la Conférence de Munich de 1938. Tous deux ont-ils besoin d’être « démasqués » ? Entretien avec André Lucrèce.
En 1971, Emile Yoyo (1), dans une approche linguistique et en cherchant à «évacuer toute idéologie», se lançait dans un plaidoyer afin que Saint-John Perse soit reconnu comme un auteur antillais.

→   Lire Plus

Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910

Au Musée d’Orsay.

« Pierreuses » officiant clandestinement sur des terrains vagues dans les profondeurs de la nuit, filles « en carte » et « insoumises » racolant dans l’espace public, « verseuses » employées par des brasseries à femmes, pensionnaires de maisons closes, courtisanes recevant leurs admirateurs dans leur luxueux hôtel particulier… au XIXe siècle, la prostitution revêt de multiples visages.

Ce caractère protéiforme et insaisissable n’a cessé d’obséder romanciers et poètes, dramaturges et compositeurs, peintres et sculpteurs. La plupart des artistes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle ont porté leur regard sur les splendeurs et les misères de la prostitution, celle-ci devenant également un motif d’élection pour les media naissants, tels que la photographie puis le cinématographe.

C’est en particulier à Paris, entre le Second Empire et la Belle Epoque, que la prostitution s’affirme comme sujet dans des oeuvres se rattachant à des courants aussi divers que l’académisme, le naturalisme, l’impressionnisme, le fauvisme ou l’expressionnisme. La ville est alors en pleine métamorphose : nouvelle Babylone pour certains, « Ville Lumière » pour d’autres, elle offre aux artistes quantité de lieux nouveaux (salons de la haute société, loges d’opéras, maisons de tolérance, cafés, boulevards…) où observer le ballet codé des amours tarifées.

→   Lire Plus

Le 22 septembre 1792, premier jour de la République française

— Par Hervé Leuwers* —

la_republiqueAlors que la date de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, devient Fête nationale, celle de la proclamation de la République reste peu présente dans la mémoire populaire. Une éclosion constituée d’une succession d’événements politiques.

Le 22 septembre 1792, deux jours après Valmy, la France devient une première fois république. Dans un pays qui craint l’invasion, dans Paris qui vient de connaître les massacres de septembre, l’incertitude est forte ; à la Convention, les députés savent que, pour l’emporter, il leur faut gagner la guerre contre la Prusse et l’Autriche, imposer le régime nouveau à l’Europe et, surtout, transformer les citoyens en républicains. L’entrée en république n’est pas l’oeuvre d’un jour !

Pendant longtemps, nombre de patriotes sont restés méfiants envers ce régime. En hommes du XVIIIe siècle, ils ont soutenu que les citoyens peuvent être libres sous un roi, à condition que la souveraineté soit reconnue au peuple. Plus qu’au souvenir des républiques de Rome et d’Athènes, plus qu’à l’exemple américain, c’est par la dénonciation croissante de la duplicité royale que l’idée de république a fait son chemin.

→   Lire Plus

Homme, es-tu capable d’être juste?

— Par UFM —
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen inspirée de la philosophie des Lumières est adoptée à la Révolution Française le 26 août 1789. Mais cette constitution ignore complètement la moitié féminine de la population française. Elles n’existent tout simplement pas en termes de droit.
C’en est trop pour la révolutionnaire Olympe de Gouges.

En ce 5 septembre 1791, elle s’attelle à l’écriture, non sans finesse et ironie, d’une « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ».
Premier document à évoquer l’égalité juridique et légale des femmes par rapport aux hommes, cette Déclaration est rédigée afin d’être présentée à l’Assemblée nationale le 28 octobre 1791 pour y être adoptée.

Cette déclaration s’inspire étroitement de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, mais il ne s’agit pas simplement d’un contre-projet pour les femmes. Il est clair que la nation est formée par les deux sexes en commun (art⋅ III)⋅ Dans nombre d’endroits, Olympe de Gouges a remplacé « l’homme » par « la femme et l’homme », de façon à rendre claire la concordance entre les deux sexes⋅ L’article VII énonce fermement qu’il n’y a pas de droits spéciaux pour les femmes : « Nulle femme n’est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, et détenue dans les cas déterminés par la Loi.

→   Lire Plus

Faut-il une nouvelle « nuit du 4 août » ?

— Par José Nosel —
nuit_du_4_aoutLes livres d’histoire racontent que dans la nuit du 4 août 1789, au cours d’une réunion houleuse de l’Assemblée Constituante, la décision a été prise d’abolir les dispositions du système féodal, en vigueur alors, et qui accordait des privilèges, notamment fiscaux, aux seigneurs, aux nobles et au clergé. Cette nuit est connue comme étant la nuit de l’abolition des privilèges. Le retour des privilèges, y compris sous formes de corporatismes, est tel, dans nos sociétés actuelles, que je consacrais deux chroniques à cette question, il y a 4 ans. La seconde s’appuyait directement sur les propos de deux grandes autorités morales de notre époque ; voici ce que j’en disais :
« Quelle belle leçon de courage et d’espérance nous donnent ces deux magnifiques vieillards que sont Stéphane Hessel, 93 ans, et Edgard Morin, 90 ans. L’un, Stéphane Hessel, a écrit un petit ouvrage de 30 pages, « Indignez-vous! » qui, à des millions d’exemplaires, constitue la référence de ces mouvements de masse des « indignés » qui essaiment dans le monde entier en ce moment ; l’autre, Edgard Morin, avec la publication de « la voie, pour l’avenir de l’humanité » , a frappé un grand coup, l’ouvrage vient couronner, en effet, une ?oeuvre

→   Lire Plus

Le manifeste des mères sociales

manif_meres_soc

Télécharger le document en PDF

Émergence, autonomisation des femmes et panafricanisme : faux et vrais défis
« L’impérialisme, c’est cette volonté de domination qui fait qu’on ne croit valable d’autre civilisation que la sienne, d’autre régime politique et économique que le sien, c’est la mise en marche du processus de leur imposition à d’autres pays par la corruption, la subversion et la guerre. » (Modibo Keita)
« …pour gagner un combat qui est commun à la femme et à l’homme, il importe de connaitre tous les contours de la question féminine tant à l’échelle nationale qu’universelle et de comprendre comment, aujourd’hui, le combat de la femme, burkinabé rejoint le combat universel de toutes les femmes, et au-delà, le combat pour la réhabilitation totale de notre continent ». (Thomas Sankara)

Le temps des femmes? Pour quel avenir ?
« A quand l’Afrique ? » est l’incontournable question de feu Joseph Ki Zerbo qui vient à l’esprit lorsqu’à bout de souffle le système capitaliste, qui puise dans nos richesses, de l’esclavage à ce jour, va toujours plus loin dans le mépris, l’humiliation et le racisme?

→   Lire Plus

11 août 2015 : le centenaire de Suzanne Roussi

Le centenaire d’une pionnière

— Par Culture & Égalité* —

suzanne_roussi

« …Ma mère, assise, à la nuit tombée, auprès de nos lits,
Villa Week-End, Petit Clamart,
pour nous conter l’histoire éternelle, celle de Koulivikou, qui n’avait pas de fin
et dont elle inventait la suite chaque soir…
Ma mère militante avide de liberté,
sensible à toutes les douleurs des opprimés,
rebelle à toutes les injustices,
éprise de littérature et férue d’histoire,
nous imposant le silence lorsque notre père travaillait,
écrivant inlassablement, de sa mystérieuse écriture,
sur des feuilles blanches à l’en-tête de l’Assemblée nationale.
Ma mère, enseignante appréciée, bien que longtemps surnommée
la « Panthère Noire » par certains de ses élèves,
occupant toutes ses soirées à corriger des copies,
souvent agrémentées de dessins par les plus jeunes d’entre-nous,
Ce dont, loin de nous gronder, elle s’amusait.
Ma mère active féministe avant la lettre,
attentive à chaque progrès de la libération des femmes.
« Ta génération sera celle des femmes qui choisissent » m’a-t-elle dit un jour… »

Ina Césaire. Suzanne Césaire, ma mère

L’ENFANCE
Jeanne Anna Marie Suzanne Roussi naît le 11 août 1915 à La Poterie, aux Trois Ilets, où résident alors ses parents : Benoît Roussi, géreur à la fois de l’habitation sucrière et des ateliers de fabrication de pots, briques et carrelage de La Poterie et Flore, son épouse, née William, institutrice sur le même site, au plus près de la rue cases-nègres.

→   Lire Plus

Mémoire laïque : un rectorat Marius Hurard

— Par Joseph Jos, militant de la Mémoire laïque —
rectoratEn Martinique, l’École publique nous a été conquise par le Conseil général présidé à l’époque par Marius Hurard, l’illustre avocat qui fut également maire de Saint-Pierre et député. Cette conquête arrive bien avant que les militants de la Ligue de l’Enseignement, au nombre desquels Jean Macé, Jules Ferry, Léon Gambetta, Jean Jaurès, Joseph Combes… n’obtiennent en France l’Ecole de la République : l’Ecole publique gratuite obligatoire et laïque (soulignons bien le rude combat de la Ligue de l’Enseignement dans une France où l’instruction était considérée comme un luxe, donc non accessible à tous).
Les esclaves ont rompu leurs chaînes le 22 mai 1848, le décret d’abolition de l’esclavage voté le 27 avril 1848 (…). La libération puis le décret d’abolition impulsé par Schoelcher et les républicains de l’époque prescrivaient pourtant le droit à l’instruction pour les nouveaux citoyens libres, donc la création d’écoles (…). Les républicains de Martinique au nombre desquels Marius Hurard, Osman Duquesnay, Ernest Deproge… militent hardiment et avec la plus grande détermination pour obtenir des maîtres d’instruire les nouveaux citoyens libres.

→   Lire Plus

Question de peau? Question de politique !

question_de_peauResponsabilité scientifique : Sylvie Chalaye

La saison théâtrale a été marquée par de vives polémiques autour de la « diversité » sur les scènes françaises. Depuis les manifestations liées à l’installation performance de Brett Bailey le débat s’est poursuivi avec la table ronde organisée au Théâtre de la Colline pour promouvoir le programme 1er Acte. Notre laboratoire s’interroge depuis longtemps sur la place accordée aux créativités afrocontemporaines dans la culture française. C’est dans le sillon de cette actualité que nous organisons notre Université d’été en Avignon en partenariat avec le Festival Off, la Compagnie Rualité et la Chapelle du Verbe Incarné.

La société française est largement polychrome, mais cette variété  des carnations et bien peu représentée sur les plateaux des théâtres nationaux et subventionnés par l’Etat. Les acteurs noirs sont nombreux et créatifs, néanmoins leur présence dans le paysage théâtral français reste invisible. Pour que la créativité des Afrodescendants fasse l’actualité, il faut qu’un événement soit associé à « leur condition », alors l’institution théâtrale rend hommage aux Antillais et aux Africains de France, on monte Les Nègres de Genet ou La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, histoire d’avoir un beau panel d’acteurs noirs, ou encore on décide de traiter du fait colonial et de l’esclavage et on convoque un événement commémoratif et dénonciateur avec son lot d’Afrodescendants en vedette et sans oublier les invitations festivalières à l’Afrique lointaine pour dépayser les spectateurs avec ses violences génocidaires, ses guerres, sa misère endémiques et ses rêves migratoires.

→   Lire Plus

« De l’esclavage à la liberté forcée. Les « immigrants » africains au sein de la société martiniquaise, 1857-1889 »

Conférence de Céline Flory le 07 juillet aux Archives départementales

immigrants_africainsLa Société des Amis des Archives et le Conseil Général ont le plaisir de vous inviter à la conférence que donnera Céline Flory le mardi 7 juillet 2015 à 18h aux Archives départementales :
« De l’esclavage à la liberté forcée. Les « immigrants » africains au sein de la société martiniquaise, 1857-1889 »

Dans la réorganisation du travail colonial consécutive à l’abolition de l’esclavage promulguée le 27 avril 1848 dans l’ensemble des territoires français, les administrations coloniales, de concert avec les planteurs, prônèrent le recours à l’immigration de travailleurs extérieurs.
Sensible à leurs sollicitations, le ministère de la Marine et des colonies mit en place un système, subventionné par l’État, d’introduction de travailleurs extérieurs sous contrat d’engagement de travail de plusieurs années.
Dans ce cadre, de 1854 à 1862, plus de 21 000 hommes, femmes et enfants furent recrutés le long du littoral ouest-africain pour aller travailler à la Guyane et aux Antilles françaises. Plus précisément, 10 552 d’entre eux arrivèrent en Martinique où ils demeurent pour la très grande majorité d’entre eux jusqu’à la fin de leur vie.

→   Lire Plus

Les outre-mer au Festival d’Avignon 2015

outre-mer_avignonLa présence des compagnies des Outre-mer dans le OFF d’Avignon progresse d’année en année. Pour cette édition 2015, dix-sept compagnies sont présentes dans le OFF. Nous ne pouvons que nous en féliciter. C’est une belle opportunité pour découvrir la singularité de leurs créations. D’un territoire à l’autre, le brassage des cultures nourrit les imaginaires de ces créateurs, porteurs d’identités fortes.

Greg GERMAIN, Président

******

Créée en 2013, l’Agence de promotion et de diffusion des cultures de l’Outre-mer travaille à la visibilité et à la circulation de la création ultramarine : patrimoine, arts de la scène, arts visuels, littérature, cinéma et audiovisuel. Elle accompagne les créateurs et porteurs de projets culturels en matière d’ingénierie et de développement de projets, de production et de diffusion, de formation et d’information. Elle favorise la mise en réseau, la coopération des opérateurs culturels et les projets multilatéraux, d’Outre-mer à Outre-mer, d’Outre-mer à l’Hexagone, et d’Outre-Mer à l’international. L’Agence vient de lancer son site internet cultures-outre-mer.fr autour de trois fonctions :

 – une « vitrine » d’information sur les actualités culturelles dans tous les territoires

 – un centre de ressources, à destination du grand public et des professionnels, qui a vocation à présenter tous les acteurs culturels et le patrimoine des territoires

 – une plate-forme de travail et d’échanges pour l’espace pro.

→   Lire Plus

L’esclavage raconté à ma fille – Christiane Taubira

taubira_esclavage_sa_filleGarde des Sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira a été députée de Guyane de 1993 à 2012, mandat pendant lequel elle a rédigé en 2001 la proposition de loi visant à reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.

« La traite et l’esclavage furent le premier système économique organisé autour de la transportation forcée de populations et de l’assassinat légal pour motif de liberté, pour marronnage. Ce système a perduré
pour l’Europe durant plus de quatre siècles, pour la France durant plus de deux siècles.
Il ne s’agit pas de se morfondre ni de se mortifier, mais d’apprendre à connaître et respecter l’histoire forgée dans la souffrance. D’appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l’état de bêtes de somme de résister ou simplement de survivre. Il s’agit de comprendre cette première mondialisation qui a généré des relations durables entre trois puis quatre continents.
Ces événements doivent être enseignés, que l’on sache qu’il y eut, dès les premiers temps, résistance sur place et solidarité transcontinentale. Interrogeons cette histoire afin que les jeunes générations détectent les liens entre le racisme ordinaire et ses sources dans le temps, et qu’elles comprennent que la République a besoin de leur vigilance et de leur exigence.

→   Lire Plus

Le théâtre noir brésilien, un processus militant d’affirmation de l’identité afro-brésilienne

theatre_noir_bresilienUn ouvrage de Christine DOUXAMI
Collection Logiques sociales
ISBN : 978- 2-343-06332-4 • 35 € • 322 pages
L’ouvrage de Christine Douxami « Le théâtre noir brésilien : un processus militant d’affirmation de l’identité afro-brésilienne », met en avant les différentes formes artistiques et esthétiques du théâtre noir au Brésil de sa création en 1944 jusqu’à aujourd’hui. Ce théâtre constitue une réponse militante et artistique de la part de membres du groupe ethnique afro-brésilien à un sujet jusqu’aujourd’hui tabou au Brésil : la discrimination raciale qui émane de l’ensemble de la société brésilienne envers les populations afro-brésiliennes. Depuis 2001, le gouvernement fédéral brésilien met toutefois en avant des politiques d’action affirmative en faveur des populations noires et commence à admettre l’existence du racisme. Le théâtre noir a donc parallèlement connu un nouvel essor et traduit, tant en termes de dramaturgie qu’esthétiquement sur le plateau, les nouvelles aspirations des populations afro-brésiliennes. L’ouvrage, en soulignant le travail des précurseurs brésiliens dans ce domaine de l’art engagé et en montrant quels sont les choix artistiques et politiques actuels de ce théâtre de revendication identitaire est donc particulièrement actuel et nécessaire.

→   Lire Plus

Dany Laferrière sous la Coupole de l’Académie française

— Par Joël Des Rosiers —

lafrerriere_academicienEn ce jeudi 28 mai sous le Haut patronage de M. François Hollande, Président de la République, du Premier Ministre du Québec M. Philippe Couillard, des Ministres de la Culture Fleur Pellerin de France, Hélène David du Québec et Dithny Joan Raton d’Haïti, du chef de l’Opposition M. Pierre Karl Péladeau, du chef du parti Québec Solidaire Mme. Françoise David, de quatre ex-premiers ministres, MM. Bernard Landry, François Charest, Pauline Marois du Québec et Mme. Michèle Duvivier Pierre-Louis de Haïti ainsi que de Mme. Michaëlle Jean, ex-gouverneure générale, Secrétaire générale de la Francophonie.

Par un temps magnifique, dans une langue aussi élégante que précise, le nouvel immortel, Dany Laferrière, a prononcé comme l’exige la tradition, l’éloge en tout point remarquable d’Hector Bianciotti, le romancier italo-argentin, son prédécesseur au fauteuil numéro 2. Ce siège inchangé et immobile, s’il avait été occupé naguère par Montesquieu, l’auteur des Lettres persanes, le fut surtout par un Dumas, le petit-fils du Général Alexandre Dumas dont la grand-mère Marie-Cessette Dumas était une esclave de Saint-Domingue. Car le fils du Général, le célèbre Alexandre Dumas, le plus traduit des romanciers français qui nous donna tant à lire et à rêver dans des allusions si nombreuses à ses origines créoles, eut à son tour un fils naturel, le romancier et dramaturge Alexandre Dumas fils.

→   Lire Plus

Joseph René-Corail : le talent et l’engagement

— Par Selim Lander —

ChèvreUn artiste sorti du peuple et qui y est resté, ce n’est pas si fréquent, surtout quand cet artiste fut aussi prolifique que talentueux. Faut-il y voir l’influence du soleil des Antilles ? Toujours est-il que Joseph René-Corail (dit Khokho), né en 1932 (la Martinique est encore une colonie ; elle ne deviendra département français qu’après la Deuxième guerre mondiale) dans une pauvre masure de paysans, mourra dans la misère, en 1998[1].

Enfant brillant, reçu premier de son école au certificat d’études, boursier de la République jusqu’à la fin de ses études, faut-il pourtant conclure de son échec au BEPC qu’il était déjà un rebelle ? Quoi qu’il en soit, c’est au cours complémentaire qu’il a découvert l’art, grâce à son professeur de dessin. Il a seize ans quand il entre à l’École des Arts appliqués de Fort-de-France, expédie le cursus en deux années au lieu des trois prévues, et intègre alors l’École nationale des Arts appliqués, à Paris. Il reviendra en Martinique en 1956 et enseignera, brièvement, la céramique dans l’école dont il fut l’élève.

→   Lire Plus

De la Réparation Post-Esclavagiste

— Par Emmanuel Ravaud —
http://www.madinin-art.net/images/esclavage-guada-325.jpgC’est en 1992 que Marcel Manville impulsa, d’une part l’idée de « Reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité », et d’autre part le « Débat -sur la Réparation ».
Ce n’est que neuf ans plus tard, le 21 mai 2001 que cette « Reconnaissance » a été admise et adoptée par le Parlement, sous la forte influence de Christiane Taubira.
Quant à la « Réparation », depuis 23 ans qu’elle est demandée, les autorités françaises s’obstinent à faire la sourde oreille, laissant croire que c’est chose impossible, insensée, inimaginable.
Pourtant cette « Réparation » a belle et bien été appliquée par le versement de généreuses indemnités aux békés esclavagistes qui se disaient lésés de la perte considérable de leurs substances économiques, leurs sources gratuites de richesses : leurs esclaves.
Depuis 15 ans (10 mai 2OO1), le « Convoi pour la Réparation » sillonne les mornes, les vallées et les plaines de la conscience martiniquaise pour tenter de parvenir à toucher la conscience étatique et ainsi obtenir justice à ce génocide inconcevable et impardonnable, à cette exploitation inhumaine des hommes noirs, à ce crime contre l’humanité : l’Esclavage !

→   Lire Plus

Enseigner la mémoire et l’histoire de l’esclavage

— Par Janine Bailly —
enseigner_lesclavage-2Parmi les nombreuses manifestations organisées pour commémorer l’abolition de l’esclavage, j’ai — nostalgie d’enseignante à la retraite oblige — privilégié celle offerte le 21 mai aux Archives Départementales de Fort-de-France, sous la présidence de Madame la Rectrice de l’Académie, et dont le titre prometteur autant qu’ambitieux était « Enseigner la mémoire et l’histoire de l’esclavage ». Six présentations de grande qualité se sont succédé au cours de l’après-midi, et bien qu’étant prioritairement destinées aux professeurs en activité, elles furent pour moi intéressantes et riches d’enseignement.
La première intervention, faite par Dominique Rogers, maître de conférences en Histoire moderne à l’Université des Antilles, avait pour but de nous faire découvrir l’ouvrage « Voix d’esclaves », et se proposait de répondre à la question : « Comment connaître le point de vue de l’esclave ? » en effectuant une approche historique des textes judiciaires.

→   Lire Plus

Les Martiniquaises votent pour la première fois le 27 mai 1945

— Par George Arnaud et Huguette Bellemare, Association Culture Egalité —
vote_femme_972En France, l’ordonnance du 21 avril 1944 prise par le gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger stipule que « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » . Les femmes martiniquaises n’ont pas été en pointe, comme les femmes françaises, pour le droit de vote. Entre 1848 (abolition de l’esclavage) et 1945, la tradition des luttes féministes est moins forte qu’ailleurs mais réelle. Les femmes continuent à être actives et entreprenantes pour sortir de leurs conditions, comme elles l’ont été pendant la servitude. Elles ont toujours eu un rôle décisif dans les luttes sociales, comme dans toutes les confrontations sociales de par le monde et dans l’histoire.
En France, en 1848, la mobilisation des féministes est certaine. En Martinique la préoccupation est surtout le devenir économique et social des nouvelles libres. Les femmes sont très actives dans les campagnes électorales schoelchéristes, bissettistes, pécoulistes et dans la vie politique et sociale, de 1848 à 1852. Après le coup d’état du 2 décembre 1851 en France, le suffrage universel masculin est supprimé : c’est la mort programmée de toute vie politique.

→   Lire Plus

« Moi… Marie Philomène Roptus, dite Surprise, dite Lumina Sophie »

29 mai 2015 19h à La Maison Rouge

lumina_sophie-2La Maison Rouge : Maison des Arts vous présente  « Moi… Marie Philomène Roptus, dite Surprise, dite Lumina Sophie », solo chorégraphique interprétée par Christiane Emmanuel. Ce solo a été dansé dans le bagne de Saint-Laurent du Maroni en Guyane lors du festival les Tréteaux 2013 organisé par Ewlyne Guillaume et Serge Abatucci. A cette occasion, nous recevrons l’historienne, Marie-Hélène LEOTIN qui nous fera l’honneur de présenter Lumina Sophie, héroïne de notre histoire.
«Lumina Sophie dite « Surprise » est sans conteste l’une des figures emblématiques de la résistance et de la révolution sociale martiniquaise.  Issue d’un milieu modeste elle grandira dans un contexte d’abolition post esclavagiste mais surtout dans un courant socio politique très vif. Cette jeune femme courageuse et solidaire sera acteur d’évènements majeurs de notre île.»

→   Lire Plus

Le 22 mai 1848

le_22_meSous la Révolution française, les députés de la Convention abolissent l’esclavage une première fois pour calmer la révolte des esclaves dans les colonies des Antilles et empêcher l’Angleterre de s’en emparer. Mais Napoléon Bonaparte abroge cette mesure le 20 mai 1802, sitôt acquise la paix avec l’Angleterre.

Ce faisant, le Premier Consul répond à une demande du Sénat et cède à la pression de sa femme, Joséphine de Beauharnais, née Tascher de la Pagerie, originaire de la Martinique ( Point contesté).

En 1833, l’esclavage est définitivement aboli dans les colonies britanniques. La France attend l’avènement de la Deuxième République, quinze ans plus tard, pour suivre son exemple. Le décret d’abolition est publié grâce à la ténacité de Victor Schoelcher (44 ans), qui libère par décret 250.000 esclaves noirs ou métis aux Antilles, à la Réunion comme à Saint-Louis du Sénégal.

Lire Edouard de Lépine : Sur l’abolition de l’esclavage 

Le décret, qui prévoit l’abolition dans un délai de deux mois, arrive dans les colonies quatre à cinq semaines plus tard. Mais sur place, les gouvernants des colonies et les planteurs ont en général pris les devants.

→   Lire Plus

La Rochelle inaugure une statue de Toussaint-Louverture

toussaint_statueUne statue de Toussaint Louverture, père de l’indépendance haïtienne, créée par le sculpteur Ousmane Sow, a été inaugurée mercredi à La Rochelle. Son emplacement dans un ancien hôtel particulier suscite la colère de certaines associations.

Les visiteurs du Musée du Nouveau Monde de La Rochelle peuvent contempler dans la cour du bâtiment, depuis le mercredi 20 mai, une statue imposante de 2 m 80 de Toussaint Louverture (1743-1803). Cette œuvre, réalisée par le célèbre sculpteur sénégalais et académicien Ousmane Sow, rend hommage à cet ancien esclave devenu général et chef de la révolution haïtienne.

« Réduire le symbole »

Pourtant, au lieu de faire avancer le travail de mémoire, l’érection de cette statue a rouvert de vieilles querelles dans cette ville, autrefois connue comme étant le deuxième port négrier de France, après Nantes. Certains contestent le choix de l’emplacement de cette œuvre, dans l’ancien hôtel particulier d’un planteur et armateur rochelais qui a participé au commerce triangulaire. L’association Memoria, qui milite pour la mémoire de la traite des Noirs, a ainsi lancé une pétition pour demander un nouveau lieu.

→   Lire Plus

Le Mémorial ACTe : Un témoignage d’humanité

— Par Max Pierre-Fanfan —

memorial_acte« Nous avons voulu éviter le Lamentarium » ; le président de la région Guadeloupe a donné le ton lors de l’inauguration du «Mémorial Act », le 10 mai à Pointe-à-Pitre. La mémoire historique ne saurait se réduire -uniquement-à l’évocation voire à l’invocation du passé.
La pire erreur qui puisse être commise lorsqu’il s’agit de réaliser un monument commémoratif, fût-il consacré à l’esclavage est de considérer ce dernier comme passé.
Il s’agit d’édifier un mémorial capable, comme l’auraient suggéré Gilles Deleuze et Félix Guattari, de « confier à l’oreille de l’avenir les sensations persistantes qui incarnent l’évènement, c’est-à-dire, la souffrance toujours renouvelée des hommes, leurs protestation recréée, leur lutte toujours reprise », (Qu’est-ce que la philosophie).
En cette période de trouble et de confusion le Mémoire nous rappelle que l’esclavage et la traite des temps modernes sévissent toujours et encore dans certains esprits. Ainsi des centaines de migrants chaque mois sont victimes de négriers peu scrupuleux. Ces migrants partis pour beaucoup des côtes africaines à destination des rives européennes ont disparu « dure et triste fortune dans ce morne horizon » qu’est devenue la mer méditerranée.

→   Lire Plus

De nouveau de nouveau hospitalisé Mumia est privé de contact avec les siens

mumia-400-bLe militant noir-américain a été transféré mardi 12 au Centre médical Geisinger à Danville. Depuis, il « a été isolé de sa famille, de son avocat et de son docteur »

Selon Radio Prison, « Même la femme de Mumia Abu-Jamal, Wadiya Jamal a été empêché d’entrer à l’hôpital ». Dimanche, une délégation du Collectif français « Libérons Mumia », à laquelle participaient Claude Guillaumaud-Pujol, Jacky Hortaut et Jonathan Lere a été repoussée par les vigiles de l’établissement, rapporte Radio Prison.

Si Mumia Abu-Jamal, condamné à mort en 1982 pour le meurtre d’un policier qu’il nie avoir commis, n’encourt plus la peine capitale depuis 2011, sa vie est plus que jamais en danger. Depuis trois mois, il souffre d’eczema et de chocs diabétiques.

Ses soutiens réclament qu’il puisse recevoir ses proches. Bret Grote du Centre pour une loi pour l’abolition (Abolitionist Law Center), devrait déposer une action d’urgence devant la cour fédérale. Il dénonce : « au lieu de reconnaitre la valeur du soutien familial, de la consultation légale en vue de protéger et améliorer la santé, le Département des peines traite Mumia comme sa propriété auquel il peut empêcher l’accès ».

→   Lire Plus

Séquelles de l’esclavage en Martinique

— Par George Huyghues des Etages —

g_h_d_e(Intervention lors du colloque autour de l’ouvrage « Les traites négrières coloniales – Histoire d’un crime » organisé par le conseil général du Val de Marne et l’Association de Descendants d’Esclaves Noirs et de leurs amis (ADEN) en novembre 2009 à l’Atrium (conseil général de Martinique)

Cela fait une trentaine d’années que j’exerce ma profession de psychologue en Martinique et, même si certains affirment que traite négrière et esclavage sont dépassés , qu’il faut tourner la page, même si on ne peut mettre tous les maux de notre société sur le compte de ces évènements tragiques il est indéniable que je retrouve des traces de ces atrocités perpétrées par des hommes contre d’autres hommes, qu’ils constituent des traumatismes qui ont laissé des marques bien présentes dans le quotidien, les comportements, les attitudes actuels. Le passé habite bien notre présent et hante notre imaginaire ou si l’on préfère notre inconscient comme l’a expliqué dans sa théorie de la psychanalyse Sigmund FREUD. Comment penser que des faits si terribles par leur durée et leur intensité, que ces situations si extrêmes de domination –soumission et de violences se soient effacés de la mémoire des peuples qui y ont été soumis ?

→   Lire Plus