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« L’Orchidée violée » – « 4 heures du matin »

— Par Selim Lander —

Des « petites formes », i.e. des pièces brèves interprétées par un(e) seul(e) comédien(ne), une seule représentation à l’Atrium et quelques-unes « hors les murs », telle est la formule imaginée par Hassane Kouyaté pour multiplier l’offre de théâtre. L’idée est bonne, incontestablement, tout en correspondant à ce que l’on peut attendre d’une « scène nationale ». Deux pièces étaient au programme de la première soirée de ce genre. Nous avions déjà eu, naguère, un avant-goût de l’Orchidée violée de Bernard Lagier grâce à une mise en espace. Le texte était porté alors par Amel Aïdoudi. C’est, cette fois, Astrid Mercier qui relève le défi. Deux interprétations aussi différentes que le feu et la glace.

L’Orchidée violée est d’abord un superbe texte, le monologue d’une jeune mère qui a été violentée par son père et qui l’est désormais par son fils de quinze ans. «  À son réveil, il voudra encore me frapper, me violer ». « J’ai dû naître un jour sans étoiles et sans soleil… Ma vie : le néant, mon fils. Tout est déjà dit ».

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« Suzanne Césaire, fontaine solaire » : Antigone et Panthère noire

— Par Roland Sabra —

L’ensemble du plateau est noir et nu. Au sol un vaste carré de contreplaqué aux couleurs bondes rehausse, ce qui sera l’espace de jeu des comédiennes. Les comédiennes ? Elles sont trois assises en fond de scène sur des tabourets de bar tournant le dos au public. Elles aussi tout de noir vêtues à l’exception de l’une d’entre elles qui porte un chemisier rouge orangé. Trois pour une seule voix. Une voix oubliée sous les décombres de l’histoire, sous les échafaudages de la construction d’un mythe enraciné dans le réel d’un monde en lutte pour la reconnaissance d’une identité. Cette voix à l’entendre nul ne restera intact. On avait lu ce qu’elle disait mais on ne l’avait pas entendue. Cette voix c’était celle de Suzanne Roussi. Elle avait éblouit André Breton, André Masson, Wifredo Lam et un certain Aimé Césaire qu’elle avait épousé quelques années auparavant à la mairie du 14ème arrondissement à Paris dans un tailleur rouge de laïcité affichée. C’est avec lui et quelques autres, professeurs au lycée Schoelcher pour la plupart, qu’ils fondent en avril 1941 la revue littéraire Tropiques.

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« Suzane Cézaire, Fontaine solaire » : les 11 & 12 décembre 2015 au Tropiques-Atrium à 20 h

— Dossier de presse —

s_cesaire_fontaine_solaireScolaire le 10 à 9H30

Adaptation théâtrale : Daniel Maximin
Mise en scène – Scénographie : Hassane Kassi Kouyaté
Assistante à la mise en scène : Astrid Mercier
Avec Astrid Bayiha, Nicole Dogué & Martine Maximin
Création lumière : Cyril Mulon
Univers sonore : Serge Béraud
Costumes : Anuncia Blas
Décor : William Vahala

Les écrits de Dissidence de Suzanne Césaire
Tropiques (1941-1945)
2015 est l’année du centenaire de Suzanne Césaire, intellectuelle et écrivain martiniquaise, une des grandes figures de sa génération avec son époux, Aimé Césaire et ses amis proches : René Ménil, Georges Gratiant, Aristide Maugée, Lucie Thésée, avec qui elle anima, dans les dures années de la dissidence en Martinique de 1941 à 1945, la revue Tropiques qui joua un rôle majeur dans l’émergence des Antilles contemporaines.
L’oeuvre de Suzanne Césaire, réduite en quantité, est importante dans son contenu, car s’y trouvent traitées et éclairées les grandes questions qui traversent l’histoire contemporaine des Antilles, du point de vue littéraire, culturel, politique et identitaire.
Suzanne Césaire symbolise une écriture féminine qui aura une place majeure aux Antilles.

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Comme de grands oiseaux querelleurs : La Nuit des assassins

— Par Selim Lander —

la nuit des assassinsQue faut-il pour faire du bon théâtre ? On l’a peut-être déjà écrit dans l’une ou l’autre de ces chroniques, mais cela vaut la peine de le répéter tant les compagnies d’aujourd’hui ont tendance à l’oublier. Rappelons donc la recette : un bon texte, une bonne mise en scène et de bons comédiens. Ces trois éléments étant présentés ici dans un ordre qui n’est pas hiérarchique (ils sont tout aussi nécessaires) mais simplement chronologiques : le texte existe avant que le metteur en scène ne s’en saisisse et qu’il le travaille d’abord seul puis avec les comédiens. Cela n’implique pas que ces derniers ne puissent avoir leur part dans la compréhension du texte, que des aller-retour ne soient possibles entre le metteur en scène et eux, de même que, si l’auteur est encore vivant, d’autres aller-retour ne soient possibles entre lui et ses interprètes, mais le schéma est grosso modo celui-là.

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« La nuit des assassins » de José Triana, mise en scène Ricardo Miranda

Au T.A.C. les 19, 20 & 21 novembre 2015 – 19h30

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Une mise en scène de Ricardo Miranda d’un texte de José Triana.
Avec :
Caroline Savard: Beba
Astrid Mercier: Cuca
Guillaume MaIasné: LaIo

Compagnie L’Autre bord

Résumé

Dans la cave de La maison familiale, Cuca, Lalo et Beba jouent à mettre en scène le meurtre de leurs parents. Victimes d’une éducation castratrice et répressive, ils utilisent le jeu symbolique pour soigner leurs plaies toujours béantes.
Ils créent un artefact théâtral dans lequel ils interprètent leur propre rôle, ceux des parents et aussi des personnages liés au présumé parricide de la rue Apodaca. Emprunter l’identité des autres personnages devient alors un moyen d’exorciser leurs démons et de révéler la nature et la genèse du conflit.

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Antigone : entre péplum et bande dessinée

— Par Roland Sabra —

antigone3C’était une « scolaire ». une représentation pour un public de collégiens et lycéens. Une de ces représentations que parfois les comédiens redoutent. Nombre d’entre eux se souviennent avec douleur de pièces interrompues par le chahut de la salle. Public intransigeant à qui « on ne la fait pas », du genre « ça passe ou ça casse ». Public généreux et spontané dans ses appréciations, ses interrogations, son questionnement comme en témoigne le dialogue qui s’installe à la fin de chaque représentation entre le plateau et la salle. Ce jour là ils étaient conquis. Les autres fois aussi parait-il. On veut bien le croire. Du grand spectacle. Du spectacle en grand. En grandes dimensions. Les plateaux de la salle A. Césaire et de la salle F. Fanon de « Tropiques-Atrium » étaient pour la première fois dans l’histoire de la bâtisse réunis et la scène offrait une profondeur de champ inédite. Les chœurs innombrables en toges installés avant l’ouverture sur les balcons latéraux contribuaient à cette impression d’un public cerné par la tragédie avant même que la narration en soit faite puisque la révolte contre la tyrannie est le devoir de tout un chacun à toute époque et en tout lieu.

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« Antigone », dans une mise en scène d’Aurélie Dalmat

antigone-dalmatVendredi 16 octobre
Samedi 17 octobre

Scolaires le 8, 9, 12, 13 & 15 à 9H
Jean-José Pellan – 0596 70 79 37
Lynda Voltat – 0596 70 79 29
20H – salle Aimé Césaire & Frantz Fanon

Antigone est la fille d’OEdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Ses deux frères, Étéocle et Polynice se sont entretués pour leur succéder. Créon, frère de Jocaste est -à ce titre- le nouveau roi, décide de n’offrir de sépulture qu’à Étéocle. Celui qui désobéira, sera puni de mort. Personne n’ose braver l’interdit, sauf Antigone, qui sera jugée et condamnée à être enterrée vivante…
« Parce qu’Antigone est une grande tragédie. Parce qu’Antigone est le drame qui met en scène le sentiment de l’injustice face aux règles établies, Antigone nous interroge… Et pour plus de vérité dans la catharsis, nous avons choisi de mêler le souffle de Sophocle au nôtre, à notre langue, à celle de Georges Mauvois, le créole, pour un aller-retour constitutif de notre « oraliture ».

Aurélie Dalmat
Comédienne et metteur en scène expérimentée, elle crée le TAM Théâtre en 2006.

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Expressions diverses à l’Atrium

— Par Selim Lander —

Mon corps est le corps de tout le monde (affiche)Une soirée pas comme les autres que celle du 28 mai 2015. Cette soirée s’inscrivant dans le cadre de la biennale de la danse en Martinique, les spectateurs s’attendaient à assister à un spectacle de danse, ou plutôt deux enchaînés comme annoncé sur le programme. D’abord l’une des « Mythologie actuelles de Guadeloupe » produites par l’Artchipel, en l’occurrence une « Mythologie sportive » consacrée à Marie-José Perec. Ensuite une production martiniquaise de la compagnie Art&Fact, quelque chose sur le corps (humain) et les contraintes qui pèsent sur lui.

Arrivé(s) sur les lieux, nous apprenons qu’un interlude poétique est prévu dans le Patio avec Joby Bernabé. Nous n’étions pas venus pour cela mais pourquoi pas ? Joby (qui expose concurremment ses œuvres au premier étage de l’EPCC) est apprécié en Martinique pour la qualité de ses textes et son art de les interpréter. Hélas, comme trop souvent, l’usage du micro dans un espace dont l’acoustique n’a pas été étudiée pour cela, s’est avéré pour le moins contre-productif. Puisqu’il s’agissait avant tout, semble-t-il, d’occuper le temps du changement de décor dans la salle Frantz Fanon (au demeurant assez simple : remplacer des rideaux blancs par des rideaux noirs), il eût été sans doute plus judicieux, après avoir fermé l’espace scénique, d’installer le conteur-poète à l’avant-scène de la salle Frantz Fanon, et l’on aurait d’ailleurs pu se dispenser, pour une fois, de lui donner un micro.

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La Nuit des assassins : des paumés magnifiques

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Par Selim Lander – En compagnie de Yoshvani Medina, puis de Ludwin Lopez et maintenant en solo, Ricardo Miranda a permis au public martiniquais de découvrir un théâtre latino-américain riche d’invention, de fantaisie, de mystère, où le sacré n’est jamais bien loin. Avec La Nuit des assassins Miranda puise une nouvelle fois dans le répertoire cubain. José Triana a écrit là un vrai texte de théâtre moderne, qui captive moins par les ressorts de l’intrigue que par l’étrangeté de la situation dans laquelle les personnages se trouvent plongés. Pourquoi sont-ils réunis, qui sont-ils, que veulent-ils, à quoi jouent-ils ? Telles sont les questions auxquelles chacun est invité à apporter ses propres réponses. À cet égard, on peut se demander s’il est pertinent de donner au futur spectateur, comme fait le programme du Théâtre municipal, autant de clés pour « comprendre » la pièce. N’est-il pas préférable de le laisser se faire sa propre opinion en toute autonomie ? Certes, il faut bien un « pitch » pour le convaincre d’assister au spectacle, mais il ne faut pas moins se garder d’imposer une interprétation a priori.

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« La nuit des assassins » : une création prometteuse de Ricardo Miranda

Retenue pour le Festival d'Avignon en juillet 2014

—Par Roland Sabra —

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« En éduquant l’enfant, les parents placent en lui leur conscience déjà formée et ils engendrent leur mort. Ce qu’ils lui donnent, les parents le perdent, ils meurent en lui. Les parents contemplent dans le devenir de l’enfant leur propre suppression dialectique » Hegel « Conférences »

La pièce « La nuit des assassins » écrite par José Triana à Cuba en 1964 a connu et connait encore un succès mondial plus particulièrement en Amérique du Sud et en Europe. De quoi s’agit-il ? Enfermés dans un grenier deux sœurs et un frère imaginent, miment, mettent en scène l’affirmation hégélienne bien connue selon laquelle« les enfants sont la mort des parents ». Prurit boutonneux, crise d’adolescence, révolte contre le Père ? Se contenter de cette lecture serait bien superficielle. Les frères Castro ne s’y sont pas trompés. Ils y ont vu un appel à la résistance à l’oppression et leur sens développé de la démocratie, comme chacun sait, a conduit au début des années 1980 José Triana à l’exil en France.

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« La nuit des assassins » : un artefact théâtral

8ème Rencontre Théâtre Amateur

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

la_nuit_des_assassins-2« L’Autre bord Compagnie » s’attaque au drame familial à travers l’une des œuvres les plus subversives de José Triana. « Dans la cave de la maison familiale, à l’aide de jeux et de souvenirs d’enfance ,trois frères et sœurs Lalo, Cuca et Beba se transforment en acteurs qui jouent leurs propres rôles, ceux de leurs parents et des autres personnages liés au présumé parricide. Rien de mieux que le jeu pour soigner leurs plaies toujours béantes. » Commettrons t-ils l’irréparable ?
Le théâtre de José Triana répond à deux courants de la scène européenne des années soixante : l’esthétique absurdiste et le théâtre cérémonial, héritier du théâtre de la cruauté. Il remet en question toute l’organisation des idées et des pratiques qui représente une manière de calmer des états de tensions agréables ou désagréables lié à toute une éducation, c’est-à-dire la transmission d’une culture qui conditionne les structures profondes de la personnalité à qui elle fournit un incontournable système de valeurs-attitudes.

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Pour les petits et les grands : Les Ours dorment enfin, de Geneviève Billette

—Par Selim Lander.—

Le théâtre pour la jeunesse est un genre à part. En même temps, il n’est vraiment réussi que s’il séduit autant les parents que leurs enfants. C’est le cas de cette pièce de Geneviève Billette, jeune auteure québécoise, qui a séjourné au printemps dernier en Martinique où elle a animé des ateliers d’écriture au profit de nos écrivains en herbe, à l’initiative de l’association ETC Caraïbe (Écriture théâtrale contemporaine en Caraïbe). Ce fut l’occasion d’une soirée mémorable à la bibliothèque universitaire où l’on découvrit des extraits de sa pièce, déjà présentés alors par Astrid Mercier et Éric Delor. Ces deux comédiens sont désormais associés au sein de la compagnie Rézylians (un nom sans rapport aucun avec la polémique récente suscitée par la visite de Boris Cyrulnik, apôtre de la résilience).

« Le petit prince et les gros nounours », on pourrait résumer ainsi l’argument de la pièce. Le jeune Marcus se matérialise soudainement à la fenêtre de Sacha, pourtant située au troisième étage d’un immeuble : le procédé est donc tout aussi magique que celui qui fait atterrir le héros de Saint-Exupéry au milieu du Sahara – Quant aux gros nounours, ils sont la hantise de Sacha, gardien au zoo de la ville (qu’on suppose être Montréal).

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« Les Sauveurs » de Ricardo Prieto : le mieux est l’ennemi du bien

—Par Roland Sabra —

Mise en scène de Ruddy Sylaire

 

 

Ricardo Priéto

 

« Dans le décor spectaculaire, le regard ne rencontre que les choses et leur prix. « 

 

Graffiti de Mai 68

 

 

 

 

Une rencontre miraculeuse, en pleine rue, va transformer, bouleverser et finalement détruire une famille en proie aux difficultés ordinaires de la vie. Problèmes d’argent récurrents, des difficultés relationnelles entre parents et enfants, bref le pain quotidien de beaucoup. Croyant faire le bonheur de tous le Père  de la famille Florès,  de sous-louer à M. Fergodlivio  une chambre dans la maison familiale, à des conditions pécuniaires qui défient tout entendement : 20 000 euros par mois. Trop beau pour être vrai! Le locataire va très vite se révéler être un tyran, exigeant, pour commencer que disparaissent de la maison, les petits riens , les petits plus qui rendaient acceptables ce qui ne l’était pas. Doivent donc disparaitre plantes, fleurs, oiseaux, alimentation locale et d’une façon plus générale tout ce qui renvoyait aux coutumes de la maisonnée. Le fils, Jorge Florés, en rébellion contre le père, rien d’extraordinaire à cela, sera le premier à partir, avant que le despote n’oblige le père  à punir, en la frappant, la mère accusée d’avoir désobéi aux ordres du locataire, étape  dans une descente aux enfers qui se conclura par l’élimination physique de la gêneuse!

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« Des incarcérés » : sous un déluge d’avanies

— Par Roland Sabra

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La première qualité d’un metteur en scène est semble-t-il de savoir lire. Savoir lire un texte, de théâtre de préférence. La démonstration par l’absurde en a été faite par Hervé Deluge qui présentait les 12 et 13 novembre derniers « sa lecture » du texte de Christophe Cazalis « Des incarcérés ». Ce texte remarqué, sans être pour autant vraiment remarquable est un huis clos, une réflexion sur le totalitarisme, sur l’enfermement, qu’il soit physique ou identitaire. Un texte ambitieux dans son propos et dont la construction est en adéquation avec ce qu’il thématise. Un texte circulaire, dans le quel l’épilogue renvoie à ce qu’exposait le prologue.

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« Des incarcérés », de Christophe Cazalis, un pari à demi réussi.

Par Selim Lander.

 

 
   

Une bouffée d’oxygène, cette dernière fin de semaine, à l’Atrium. Enfin un auteur et un metteur en scène qui osaient innover, mélanger les genres, au risque, il est vrai, de nous laisser finalement l’impression d’une histoire inachevée et d’une demie réussite.
La pièce met successivement en scène deux univers très différents. D’abord un pays totalitaire, quelque part sous les tropiques, où l’on traque sans répit les résistants, les « anarcos ». Au départ Henri, un médecin blanc, francophone (joué par Patrice le Namouric) est seul, prisonnier dans sa cellule. Il n’a d’autres interlocuteurs qu’une caméra et un haut-parleur quand vient le temps pour lui de passer « au rapport ». Arrive ensuite un deuxième prisonnier, Amédée, un ouvrier noir (interprété par le metteur en scène, Hervé Deluge), qui ne connaît que le créole. Ils sont néanmoins tous les deux pourvus d’un appareil qui leur permet de comprendre et même de parler la langue de l’autre, ce qui vaut de savoureux passages entre les deux langues aux couleurs et aux registres si différents. Après quelques malentendus initiaux, les deux hommes finissent par devenir complices, sauf qu’on comprend au trois quarts de la pièce qu’Amédée est en réalité un agent double, chargé de faire parler Henri.

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Mar nuestro » : Narcisse se suffit à lui-même

— Par Roland Sabra —

 

 La Compagnie « Les corps beaux » qui s’inscrit dans le sillage du Théâtre Si de Médina a le grand mérite de nous faire découvrir un immense auteur cubain, Alberto Pedro Torriente. Le précédent travail de la troupe nous avait présenté « Mantéca » ( lire la critique ) il y a deux ans déjà, avant d’aller à Avignon et d’y retourner l’an dernier avec une version plus aboutie. La troupe de Ricardo Miranda poursuit avec « Mar Nuestra » l’exploration du répertoire de cet auteur, décédé en 2004 à l’âge de 50 ans d’une cirrhose du foie à l’hôpital Allende de La Havane. Trois femmes, une noire, une métisse et une blanche sur un radeau sont à la fois unies dans la recherche d’un paradis, une terre ferme, occidentale il va de soi, et par les conditions nécessaires à leur survies, le partage du peu de biens alimentaires dont elles disposent et divisées, partagées par ce qui structure leur identité, à savoir, le racisme, les superstitions, le dogmatisme. Sur ce radeau à la dérive sur une mer sans limites, avec lequel elles prétendent franchir les frontières dans leur quête d’un paradis elles se heurtent à l’infranchissable barrière de l’enfer des préjugés de races, de classes et d’idéologies qu’elles ont embarqués avec elles.

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Les premières rencontres dramaturgiques de la Caraïbe

 par Michel Dural* —

theatre_drameDu 22 au 24 octobre 2009, les « 1ères Rencontres Dramaturgiques de la Caraïbe » se sont tenues au Lycée Schoelcher dans la salle de théâtre Aimé Césaire, ainsi nommée il y a dix ans, à un moment où ni l’homme Césaire, ni son oeuvre, ni sa pensée ne faisaient l’unanimité à la Martinique. Schoelcher, Césaire, même combat? Le programme de ces « Rencontres… » prévoyait deux Tables Rondes avec comme thèmes « Le théâtre Jeune Public » et « Théâtre et actualité politique ». On ne pouvait rêver meilleur parrainage.
Ni meilleur espace que cette petite salle, avec ses murs noirs, son parquet noir et ses gradins rouges, où, depuis dix ans, les élèves martiniquais passionnés de théâtre apprennent à lire, à regarder, à jouer du théâtre, et à en parler.
Ils étaient là, d’ailleurs, ces élèves, dans les gradins où l’on aurait souhaité voir au moins quelques uns de ceux qui, à la Martinique, ont en charge le développement culturel et la promotion du spectacle vivant.
Ils étaient là sur scène, aussi, puisque c’est l’Option-théâtre du lycée qui ouvrait la manifestation par la lecture-mise en espace de « La robe de Gulnara », une pièce de l’un des auteurs invités, Ia québécoise Isabelle Hubert.

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L’éphéméride du 23 juin

Naissance, aux Trois-Îlets, de Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie le 23 juin 1763

Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, dite Joséphine de Beauharnais, née le 23 juin 1763 aux Trois-Îlets en Martinique et morte le 29 mai 1814 au château de Malmaison à Rueil-Malmaison, est la première épouse de l’empereur Napoléon Ier de 1796 à 1809. À ce titre, elle est impératrice des Français de 1804 à 1809 et reine d’Italie de 1805 à 1809.

Joséphine est née dans une grande propriété de la Martinique d’une famille de Békés. Elle arrive en métropole après son mariage avec Alexandre de Beauharnais, figure de la Révolution française exécuté durant la Terreur ; durant cette période, Joséphine est emprisonnée plusieurs mois. Fréquentant les salons parisiens, elle rencontre le général Bonaparte avec qui elle se remarie. Ce second mariage lui permet de devenir impératrice, mais elle se heurte à l’hostilité de sa belle-famille et à son incapacité à donner un héritier. Napoléon divorce d’elle, et elle se retire dans son domaine de Malmaison. Malgré son mariage stérile avec Napoléon, Joséphine a une importante postérité grâce aux enfants de son premier lit.

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« Don Giovanni » par Carib’Opéra : un pur plaisir!

— Par Roland Sabra —

Ils viennent en Martinique depuis quelques temps. En 2016 ils étaient déjà là. En 2017 plus de 1500 spectateurs avaient assisté, avec ferveur, aux concerts qu’ils avaient donnés au Lamentin, à Fort-De-France et au Morne Rouge. En 2018 ils nous ont offert « Le mariage du Diable ou l’ivrogne corrigé » d’après Christoph Willibald Gluck (assez souvent présenté en Martinique). En 2018 ils programmaient «  La Flûte Enchantée ». Et puis Covid Oblige…

Toujours est-il que ce sont des dizaines de milliers de spectateurs qui depuis leurs débuts, les suivent, les scrutent et les acclament, émerveillés par cette foi inébranlable qu’ils ont dans les arts de la voix. « Ils », s’appellent Carib’Opéra et se présentent sur leur site comme «un regroupement d’artistes lyriques professionnels originaires des Antilles et de Métropole, issus des grandes écoles de musique de France et d’Europe. Ce collectif a pour vocation de fédérer des artistes lyriques et instrumentistes classiques ultramarins autour de projets issus de l’Outre-mer, du bassin caribéen et de Métropole pour offrir au public le meilleur de l’activité artistique et promouvoir l’art lyrique, diffuser les spectacles, transmettre cet art et faire émerger ainsi les vocations dans nos régions.

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« Don Giovanni », opéra de Mozart

Mercredi 14 décembre à 19h 30  à Atrium en Martinique

« Écoutez Don Juan, je veux dire : si, en l’écoutant, vous ne pouvez avoir de lui une idée, vous n’en serez jamais capable. Écoutez le début de sa vie ; comme l’éclair jaillissant des sombres nuées d’orage, il surgit des profondeurs du sérieux, plus rapide que l’éclair, plus capricieux que lui, mais pourtant aussi sûr ; écoutez-le se précipiter dans la diversité de la vie et se heurter à ses solides remparts ; écoutez ces légers accents du violon au bal, l’appel de la joie, l’allégresse du plaisir, la solennelle félicité de la jouissance ; écoutez son essor fougueux où il se dépasse lui-même, toujours plus rapide et toujours plus irrésistible ; écoutez la convoitise effrénée de la passion, le murmure de l’amour, le chuchotement de la tentation, le tourbillon de la séduction, le silence de l’instant – écoutez, écoutez, écoutez le Don Juan de Mozart. »

Søren Kierkegaard, « Les Stades immédiats de l’éros », 1843

Pour la première fois aux Antilles, deux représentations du célèbre opéra Don Giovanni de Mozart.

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« Iphigénie » de Jean Racine, m.e.s. & scénographie Stéphane Braunschweig

À voir en replay dès le 27 avril 2021 sur les sites de France Télévisions et de l’Odéon-Théâtre de l’Europe

un film d’Alexis de Favitski
produit par Marie Balducchi – AGAT Films & Cie
spectacle enregistré aux ateliers Berthier de l’Odéon-Théâtre de l’Europe

Synopsis :

Iphigénie, c’est un monde à l’arrêt. Alors que la flotte grecque s’apprêtait à mettre les voiles vers Troie, le vent est tombé brutalement, mettant en panne la machine de conquête. Consulté en secret, le devin Calchas révèle le seul remède à la crise : sacrifier aux dieux la jeune Iphigénie, fille d’Agamemnon. La Grèce doit-elle payer ce prix exorbitant, pour continuer sur sa lancée initiale, et respecter les promesses glorieuses qu’elle s’est faites à elle-même ? C’est ce que prône Ulysse pour qui il n’y a pas d’alternative. Ou faut-il voir dans ce coup d’arrêt, dans cette proposition inacceptable, le signe divin que l’expédition à Troie sera un désastre ? Les chefs de guerre s’interrogent avec inquiétude sur leur avenir et celui de leur civilisation.
Heureusement, dans cette drôle de tragédie, tout “finit bien” : c’est une autre victime, l’étrangère de la pièce, qui tombera finalement sous le couteau de Calchas.

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Le Prix Sony Labou Tansi des lycéens

Genèse du Prix :

Depuis 2003, le PREAC (Pôle de Ressources pour l’Éducation artistique et culturelle ), intitulé « Écritures contemporaines francophones et théâtre », a pour mission de fournir des ressources multiples sur la littérature d’expression française, notamment dans le domaine du théâtre contemporain.

Il a pris initialement appui sur le Festival des Francophonies en Limousin — intitulé depuis « Les francophonies, des écritures à la scène » — qui a lieu fin septembre / début octobre, un temps fort permettant d’enclencher des actions pédagogiques, des formations, ainsi que sur sa « Maison des Auteurs » qui reçoit des écrivains en résidence tout au long de l’année.

Le PREAC et ses partenaires ont mis en place dans l’Académie de Limoges un comité de lecteurs lycéens du théâtre francophone, qui décerne chaque année  le prix SONY LABOU TANSI. Un prix destiné à des œuvres de théâtre francophone contemporaines, créé en 2003, et qui depuis est décerné chaque année par des lycéens de France métropolitaine et d’Outre-mer, d’Algérie, du Bénin, du Maroc, du Vietnam etc.

Devenu aujourd’hui international, le Prix s’est d’abord développé en Nouvelle-Aquitaine, accueillant des lycéens des Académies de Limoges, Bordeaux et Poitiers.

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Allaitement : cessons de culpabiliser les femmes

allaitement— Par Titiou Lecoq, Auteure , Elisabeth Bost, Journaliste , Pénélope Bagieu , Auteure de bandes dessinées , Lauren Bastide, Journaliste , Delphine Manivet , Créatrice de mode , Alix Girod de l’Ain , Journaliste , Nadia Daam, Journaliste , Alexandrine Duhin, Editrice , Marlène Schiappa, Présidente de «Maman travaille» et Sophie de Closets, Editrice —

L’allaitement au sein ou au biberon doit rester un choix personnel. Chaque femme mérite un respect égal dans ses choix. Nous demandons de conserver notre droit à décider sans devoir affronter une culpabilisation permanente.

Je n’ai pas allaité mes enfants au sein.

Et je trouve inquiétant que ce choix soit socialement de plus en plus difficile à assumer. C’est le signe à la fois d’une remise en cause profonde des droits des femmes et d’une assignation à un idéal maternel oppressant.

Nous qui avons choisi le biberon serions de mauvaises mères, privilégiant notre confort au détriment de celui de nos enfants, refusant d’assumer nos fonctions biologiques. En réalité, nous considérons simplement que notre corps nous appartient. Les progrès permettent à celles qui le souhaitent de ne pas allaiter au sein.

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