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Du 27 avril au… 22 mai : la longue marche

— Par Christian Jean-Etienne, Président du Comité Devoir de Mémoire —
22-Mé pli bel dat’ : C’est autour des années 1970 qu’on entend ce slogan en Martinique.
Le premier ouvrier qui a œuvré pour sortir de l’oubli cette date du 22 Mai 1848 est l’historien Armand Nicolas, véritable pionnier de ce travail de mémoire qui a publié une brochure dans laquelle il apportait des arguments de taille pour contrer ceux qui étaient favorables à célébrer la date du 27 Avril, celle du décret de Victor Schoelcher. Ce dernier choix à l’époque rassemblait le plus grand nombre, notamment les hommes de Droite en Martinique.
Toutefois le travail d’Histoire commence bien plus tôt et s’inscrit dans un contexte particulier, avec la prise de conscience collective de la population, la pensée de Frantz Fanon, les écrits d’Aimé Césaire, la quête identitaire avec le mouvement de la Négritude … il trouve son origine dans la naissance du mouvement anticolonialiste en Martinique, à la fin des années 1960 et dans les années 1970 et 1980. Cette période est jalonnée de quelques évènements mémorables : Décembre 59, l’ordonnance de 1960 qui sanctionne trois fonctionnaires martiniquais militants politiques (Jean Dufond, Armand Nicolas, Éleuthère Mauvois), l’emprisonnement et le procès des jeunes de L’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise), les trois morts du Lamentin en Mars 1961 qui s’ajoutent à ceux du François de 1900 et le discours du maire Georges Gratiant « sur trois tombes » , les évènements de Chalvet de Février 1974 …

La Martinique est partagée en deux clans
A tous ces faits historiques qui illustrent l’histoire des peuples noirs en lutte, s’ajoute le travail de conscientisation mené par l’AGEM auprès des étudiants martiniquais qui rentrent au Pays et s’investissent dans le militantisme.

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Alexis de Tocqueville et l’Afrique

— Par Obrillant Damus —
Alexis de Tocqueville est né le 29 juillet 1805. Il a rendu l’âme à Cannes en 1859. Il était issu de la plus ancienne noblesse normande. Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, défenseur de Louis XVI, était le grand-père de sa mère. Tocqueville a publié plusieurs travaux dont le chef d’œuvre « De la démocratie en Amérique ». Son œuvre était méconnue, voire occultée en France durant une grande partie du XXe siècle. Cependant, depuis que Raymond Aron a considéré Tocqueville comme l’un des pères fondateurs de la sociologie dans un ouvrage intitulé « Les étapes de la pensée sociologique » (1967), son œuvre a bénéficié d’un extraordinaire regain d’intérêt. René Rémond a donc eu raison d’écrire dans la préface d’un recueil de textes choisis ayant pour titre « Tocqueville : égalité sociale et liberté politique » (1977) : « C’est un bien singulier phénomène que l’étonnant retour de fortune que connaît depuis quelques années l’œuvre de Tocqueville. Après une longue éclipse, notre temps l’a retrouvée : historiens et sociologues la consultent et la méditent ». Si l’ouvrage « De la démocratie en Amérique » s’est fondé sur des observations minutieuses et approfondies de la société américaine durant la période allant du 9 mai 1831 au 20 février 1832, la sociologie tocquevillienne peut être définie comme une sociologie compréhensive fondée sur l’observation des faits sociaux.

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Prédation des terres, prédation des humains

— Par Sandra Regol, porte-parole d’EELV —

Polluée par des décennies de recours au chlordécone, les terres de Martinique sont ravagées. Ravagées par les pesticides et l’agriculture intensive pratiquée dans les grandes monocultures que sont les bananeraies, un modèle qui n’a enrichit qu’une infime partie de la population, les grandes familles békés, à grand coup de subventions publiques. Le chlordécone, massivement utilisé contre le charançon du bananier, est particulièrement symbolique des avantages dont ont bénéficié ces grandes familles. Alors que le pesticide était interdit depuis 1990 en métropole, ceux-ci bénéficiant de nombreux relais auprès de l’exécutif français, avaient obtenu des dérogations du préfet pour l’utilisation du pesticide jusqu’en 1973, au détriment le plus total des habitants et de l’environnement. Mais le business de la banane, et de leurs grands propriétaires, semblait valoir bien plus… Les conséquences sont dramatiques : une large majorité des terres sont aujourd’hui polluées, impactant toute la chaîne alimentaire, 90% de la population adulte est infectée, les cancers de la prostate prolifèrent, pêche et agriculture sont interdites en plusieurs endroits… Ces grandes familles dominent encore largement la vie économique martiniquaise.

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Des descendants d’esclaves définitivement déboutés de leur demande de réparation

Des descendants d’esclaves ont été définitivement déboutés de leur demande d’action en réparation en France, après le rejet de leur pourvoi mercredi par la Cour de cassation, qui a jugé cette action prescrite.

En 2005, des descendants d’esclaves avaient assigné l’État français devant le tribunal de grande instance de Fort-de-France (capitale de l’île française de la Martinique) afin d’obtenir une expertise pour évaluer le préjudice subi par le peuple martiniquais et une provision destinée à une future fondation. Après avoir été déboutés, ils avaient fait appel. Mais en décembre 2017, la cour d’appel a refusé de reconnaître l’existence d’un préjudice direct et personnel subi par les demandeurs, «près de deux siècles après l’abolition définitive de l’esclavage» par la France en 1848. Elle a déclaré irrecevable car prescrite l’action en réparation qu’ils avaient formée.

L’association Mouvement international pour les réparations (MIR) a attaqué l’arrêt devant la Cour de cassation. Mais pour la plus haute juridiction française, la décision de la cour d’appel retient que les articles du code pénal réprimant les crimes contre l’humanité «sont entrés en vigueur le 1er mars 1994 et ne peuvent s’appliquer aux faits antérieurs à cette date».

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Aimé Césaire, un penseur éruptif

— Max Pierre-Fanfan, Journaliste/Écrivain  —

L’hommage rendu mercredi 10 avril 2019 au Panthéon à l’homme politique et poète martiniquais Aimé Césaire (décédé le 17 avril 2008) à l’occasion de la publication de ses écrits politiques (sous la direction d’Édouard de Lépine et de René Hénane) a ravivé sa pensée plus éruptive et présente que jamais.
Sa mémoire ne se réduit pas à l’évocation voire à l’invocation d’un simple passé. La pire faute qui puisse être commise serait de considérer ce passé comme oublié, oblitéré;;;Quelque chose de ces moments ou de ces évènements historiques, nous sont aujourd’hui transmis. Ces derniers aussi loin soient-ils de nous dans l’espace et dans le temps nous concernent tous .ils constituent notre présent réminiscent dans une histoire toujours à requestionner. Citer le passé n’a que très peu de sens autre qu’antiquaire ou nostalgique si l’on ne s’acquitte pas du souci de le citer à comparaître, de le citer au procès toujours ouvert de notre histoire présente. Les écrits politiques d’Aimé Césaire, à l’instar de ses œuvres poétiques et littéraires, témoignent, construisent une filiation, déroulent des fils afin que nous puissions, nous et nos descendants, configurer quelque chose de cette histoire qui nous a formés.

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51 associations demandent l’abrogation de la loi anticasseurs

Estimant la loi anticasseurs «non nécessaire et même dangereuse», un collectif de 51 associations dénonce une atteinte à la liberté de manifester. Lors d’une conférence de presse commune ce 11 avril, il a appelé à la faire abroger.

Un collectif de 51 associations, dont la Ligue des droits de l’homme (LDH) et Amnesty international, ont demandé l’abrogation de la loi anticasseurs instaurant notamment un délit de dissimulation du visage dans les manifestations et entrée en vigueur le 11 avril après avoir été partiellement censurée.

Liberté de manifester : abrogation de la loi

Communiqué de presse
Si la loi est votée par le Parlement au nom du peuple français, elle ne peut et elle ne doit pas porter atteinte à la libre expression du peuple. La loi adoptée par l’Assemblée nationale qui prétend encadrer le droit de manifester reste, malgré la censure partielle du Conseil constitutionnel, une atteinte grave aux libertés publiques et à l’équilibre des pouvoirs.

Les violences contre les personnes, les biens, les institutions qui ont eu lieu ne peuvent justifier qu’un exécutif s’arroge des pouvoirs exorbitants. Participer à une manifestation ne saurait signifier le risque pour chacun et chacune d’entre nous d’être poursuivi, fiché et condamné pénalement comme financièrement.

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Mais qui veut éteindre les Lumières ?

— Par Ariane Chemin et Vincent Martigny —

Les idéaux de progrès, de raison et d’universel sont-ils devenus obsolètes ? La philosophie du XVIIIe siècle, ennemie de toujours des intégristes religieux et de l’extrême droite, est aussi mise en cause par certains groupes militants à gauche.

C’est une petite musique qui enfle. Un refrain fredonné sans tabou, de plus en plus haut, de plus en plus fort, et de toutes parts. Et si les Lumières étaient has been ? Si les idéaux de progrès, de raison et d’universel, qui élèvent la connaissance et le savoir au-delà des croyances, étaient passés de mode, périmés, voire néfastes ?

Livres, discours, manifestes, la remise en cause de cet esprit qui a irrigué le XVIIIe siècle autour des figures totémiques de Voltaire, de Rousseau, de Kant et de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ce mouvement fondateur de la modernité politique européenne et matrice intellectuelle de la Révolution française, s’affiche aujourd’hui sans fard.

En juin, Marion Maréchal a inauguré l’Issep, sa nouvelle école de formation, à Lyon. L’Institut de sciences sociales, économiques et politiques, véritable « Sciences Po réactionnaire », affiche fièrement ses couleurs.

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Génétique et anthropologie (5). Festivals panafricains des années 1960 et 70 : réflexions sur une archive

Vendredi 5 avril 2019, 14h30-16H30. E.N.S. Rue d’Ulm Paris

Séminaire coordonné par Nicolas Martin-Granel et Julie Peghini

Ce séminaire de l’équipe « Manuscrits francophones » cherche à confronter, comparer et surtout à mettre en relation génétique et anthropologie, deux disciplines dont l’Afrique et la Caraïbe constituent déjà le « terrain » commun. Si l’anthropologue s’est lui-même observé « comme auteur » (Geertz), producteur de textes et donc d’avant-textes relevant d’une étude génétique, l’écrivain africain, à l’inverse, s’est défini comme un « guetteur » dont la première phase de travail est « l’enquête » (Sony Labou Tansi) dont les traces peuvent être repérées par l’anthropologie de l’écrit (politique, religieux, historique, culturel, etc.). Outre ces « branchements » (Amselle) évidents situés en amont du processus, celui-ci peut être interprété au croisement de concepts typologiques élaborés dans les champs disciplinaires distincts, mais qui finissent par entrer en résonance, tels le prophétisme scripturaire et l’écriture à processus. Il s’agira aussi de mettre en commun les moyens et méthodes (entretiens, archives, films) pour explorer ensemble de nouveaux terrains, notamment les réseaux sociaux.

L’ensemble des matériaux réunis pour chaque séance (interventions, documents commentés, y compris extraits vidéos ou œuvres plastiques) sera mis en ligne en flux continu dès le lendemain de la séance, pour documenter les travaux du séminaire, alimenter le débat et faire émerger progressivement une réflexion commune.

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Le « décolonialisme », une stratégie hégémonique : l’appel de 80 intellectuels… et sa critique

— Collectif —
Ils sont philosophes, historiens, professeurs… Ils dénoncent des mouvances qui, sous couvert de lutte pour l’émancipation, réactivent l’idée de « race ».

C’est au rythme de plusieurs événements universitaires et culturels par mois que se multiplient les initiatives militantes portées par le mouvement « décolonial » et ses relais associatifs (1). Ces différents groupes sont accueillis dans les plus prestigieux établissements universitaires (2), salles de spectacle et musées (3). Ainsi en est-il, par exemple, du séminaire « Genre, nation et laïcité » accueilli par la Maison des sciences de l’homme début octobre, dont la présentation regorge de références racialistes : « colonialité du genre », « féminisme blanc », « racisation », « pouvoir racial genré » (comprendre : le pouvoir exercé par les « Blancs », de manière systématiquement et volontairement préjudiciable aux individus qu’ils appellent « racisés »).

Or, tout en se présentant comme progressistes (antiracistes, décolonisateurs, féministes…), ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l’émancipation individuelle et la liberté, au profit d’objectifs qui leur sont opposés et qui attaquent frontalement l’universalisme républicain : racialisme, différentialisme, ségrégationnisme (selon la couleur de la peau, le sexe, la pratique religieuse).

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On a encore oublié Madame Freud

Pour Ina Césaire

— Par Simonne Henry Valmore —

En visitant un jour le Musée international de l’esclavage de Liverpool, situé dans une ancienne zone portuaire, j’ai pu voir, sur les murs de l’exposition consacrée à l’abolition de l’esclavage, la photographie d’une femme, d’une seule, présente sur les murs. C’était celle de la petite couturière d’Alabama, Rosa Parks, figure incarnée de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats -Unis. Mon regret fut de ne pas y voir, une autre femme, tout aussi emblématique, Suzanne Césaire. C’était pourtant l’occasion rêvée de la sortir de l’ombre, afin de la présenter, à un large public. Suzanne qui allait devenir, deux ans après la Rebelle d’Alabama, l’épouse d’Aimé Césaire, et qui aura eu comme lui, le même sentiment révolutionnaire de la vie. Celle qui avait épousé son crédo : dire’ non à l’ombre, et qui donna, magistralement, son renvoi à la poésie coloniale des premières lettres créoles qui souffraient alors d’un défaut de vision :

Mer bleue et soleil jaune

Suzanne fut l’âme du bureau de pensée créé dans l’enfer de la colonie. Membre à part entière de la même tribu poétique que Césaire, elle avait tout naturellement sa place à ses côtés, au Musée de Liverpool.

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Le modèle noir de Géricault à Matisse

Du mardi 26 mars 2019 au dimanche 21 juil. 2019 Musée d’Orsay

De la Révolution française à l’abolition de l’esclavage en 1848, de la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791 à l’apparition de la négritude dans les années 1930, ce presque siècle et demi est le témoin privilégié des tensions, luttes et débats qu’occasionne la naissance de la modernité démocratique, et dont le monde des images s’est chargé, et nourri. Lentement il voit s’affirmer, en dépit de toutes sortes de réticences et d’obstacles, une iconographie, et même une identité noires.

Tableau ci-contre : Frédéric BazilleFemme aux pivoines© Courtesy National Gallery of Art, Washington, NGA Images

Portée par trois moments forts – le temps de l’abolition de l’esclavage (1794-1848), le temps de la Nouvelle peinture (Manet, Bazille, Degas, Cézanne) et le temps des premières avant-gardes du XXe siècle – cette exposition propose un nouveau regard sur un sujet trop longtemps négligé : la contribution importante de personnes et de personnalités noires à l’histoire des arts.

Edouard Manet 1862 oil on canvas 90 x 113 cm
Edouard ManetJeanne Duval© Museum of Fine Arts Budapest, 2018, photo by Csanád Szesztay
Le choix d’un titre au singulier, malgré la diversité des représentations, cherche à souligner les différentes significations du terme « modèle », qui peut aussi bien se comprendre comme « modèle d’artiste » que comme figure exemplaire.

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Le blablabla macronien n’apporte aucune réponse !

— Par Max Dorléans (GRS) —

Présenté comme une réponse aux exigences et revendications du mouvement de colère des Gilets jaunes, le « Grand débat » organisé par la Macronie montre en réalité ce qu’il est : une opération en trompe-l’œil, de diversion et de communication, où Macron se met en scène en ignorant les vraies questions posées, pour n’aborder et répondre qu’aux sujets qu’il entend faire valoir.

Il en va ainsi de son esquive relative aux questions concernant l’ISF (impôt sur la fortune), la fermeture des services publics (poste, disparition des hôpitaux de proximité, fermeture de maternités…), les petites retraites, les transports publics, les violences policières, etc., et sa focalisation sur les violences des gilets jaunes (et non d’une minorité de casseurs), sur la taxe carbone réintroduite dans le débat, sur les questions institutionnelles formulées à sa sauce, sur « l‘attribution des 10 milliards »,etc…

Néanmoins, à regarder de plus près, malgré le coup de main extraordinaire que lui donnent tous les medias et leurs invités sur les plateaux télé, Macron n’est pas au bout de sa peine. Malgré une mobilisation dans la rue en recul, attention à déduire trop rapidement que l’opinion a capitulé.

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Mémoire de l’esclavage et antiracisme : un débat, un combat et ses enjeux

Deux textes mis en ligne ces deux derniers jours sur Mediapart, et qui sont en train de provoquer le débat, en matière de mémoire de l’esclavage. Ils font suite à la mise en ligne sur le site du CNMHE, d’un texte  auquel a répliqué une tribune de Myriam Cottias, directrice du CIRESC au CNRS et ancienne présidente du CNMHE. On trouvera donc ci-après un lien vers le texte initial, la réponse de Myriam Cottias, un texte de Loïc Céry de l’Institut du Tout Monde qui précise les enjeux du débat et la plainte déposée par Frédéric Régent.


L’anti-esclavagisme peut-il exclure l’antiracisme?

—Par Myriam Cottias—

Exclure les combats anti-esclavagistes, des combats antiracistes n’est-ce pas une nouvelle tentative pour construire une identité particulariste qui oublie la violence de la relation esclavagiste et de la «race» et pour nier l’universalité des combats pour l’égalité du genre humain?

Les nombreux actes, écrits et injures antisémites et racistes montrent bien, une fois encore, que la période est au brouillage politique et à la révision de la connaissance historique par des discours guidés par une idéologie récurrente sur la minoration des facteurs qui ont soutenu l’histoire des génocides et des processus génocidaires de l’Histoire.

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La charte des chasseurs

— Par Michèle Lamarchina —

J’avais bien l’impression que cette femme était folle. Depuis la Lybie, elle avait été rapatriée à Yaoundé par l’OIM, et voilà qu’elle atterrissait là comme une épave, abandonnée et hagarde. Que vaudrait son témoignage devant un tribunal? En fait, il viendrait s’ajouter à la multitude de témoignages oraux. Et puis ça ferait suite aux images recueillies par CNN, et ça, tout le monde l’avait vu. Ce qui l’emporterait finalement c’est l’abondance des documents, aussi confus soient-ils. La cohérence se manifesterait toute seule, au-delà du chaos des paroles. Et moi, avais-je besoin de légitimité pour recueillir ce témoignage? Je décidai finalement d’ouvrir mon téléphone et de la filmer pendant qu’elle racontait. Au pire je diffuserais son témoignage sur les réseaux sociaux. Voilà comment ça s’est passé. Il suffit de tendre l’oreille:

Je les ai vus tuer cet enfant, avec mes yeux je les ai vus. Ils l’ont jeté du haut du pick up. On était bien cinquante sur la pateforme, serrés et désséchés comme des harengs. J’ai hurlé et on m’a arraché aux autres et un gamin, je te jure que c’était un gamin , il m’a collé un coup de tournevis dans le visage, je te jure il voulait m’arracher un oeil.

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Petit traité de dislocation sociale

— Par Raphaël Spéronel —

Introduction et présentation de Jacques Chard-Marie-Sainte

La veille du 14 Juillet 1789, oui la veille, tout juste la veille, les paysans sont des Sujets du Roi, la Révolution en fera des Citoyens ! La veille, ce sont des Cerfs, des sous-hommes, écrasés par la Gabelle, incultes et ignorants et cette plèbe ce sont NOS ayeux il y a seulement 3 Siècles, un clignement de cils à l’échelle de l’humanité. Les juifs sont encore bien moins et ils sont apatrides. La Révolution leur donnera l’égalité et la Citoyenneté. Quant aux Noirs encore esclavagisés ce sont les ouvriers de la Commune qui feront la 1ere Abolition et les reconnaitront comme Humains ! Alors il y eut Robespierre et les excès mais ne jetons pas le bon grain avec l’ivraie car avec de tels arguments on en serait toujours à l’arbitraire du Roi. Que dis-je? On en est TOUJOURS à l’arbitraire du …. JUPITER !

Cette correction vaut d’être verbalisée car certains ont la mémoire sélective !

De quoi s’agit-il ici ?

Il s’agit ici du sentiment de dépossession qui sous-tend et qui constitue véritablement le ressort de cette Révolte.

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L’ icône Gandhi trébuche

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi donc, à force de vouloir déboulonner les statues on en arrive à des situations inattendues qui, par effet boomerang, explosent parfois aux visages. Au moment où la controverse autour de Mahatma GANDHI prend en Afrique un tour particulier, je vous propose de republier ma tribune « L’icône Gandhi va-t-elle trébucher ? » C’était peu après la pose d’une stèle à FORT-DE-FRANCE en l’honneur de cet homme.

 L’icône Gandhi va-t-elle trébucher ? 

 « Comme quoi, nul n’est complètement « pur » et « clair » dans les référencements historico-raciales… ». C’est par cette phrase qu’Antilla termine l’introduction de l’article parue au numéro 1737, « Gandhi, précurseur de l’apartheid ?… ». A cette affirmation négative qui pourrait être mienne, j’ajouterai, comme Martin Luther King, que tout homme a en lui un raciste qui sommeille. Mais de même qu’il n’y a pas d’amour sans preuves d’amour, en fait de racisme on ne retient que les actes. Les actes que son tempérament, son éducation, ses convictions religieuses, ou plus généralement sa culture, n’ont pas su permettre à l’individu de réfréner. 

En effet, depuis quelques mois monte une petite musique qui tend à remettre en cause la statue de Mahatma  Gandhi.

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La réparation : pour en finir avec le passé

— Par Emmanuel Argo*- Lucien Cidalise Montaise* —
Durant 3 siècles, des pays européens ont pratiqué la déportation de millions d’africains à des fins économiques. En France, l’abolition de l’esclavage a été votée en 1848. L’année suivante, l’indemnisation des colons est votée. Près de 12 millions de francs d’indemnités leur sont allouées, la moitié immédiatement versée et l’autre, sous forme d’une rente sur 20 ans. Des réparations, oui, mais à ceux qui se sont fait des fortunes grâce à l’esclavage, c’est-à-dire aux colons-békés-esclavagistes dont le pouvoir économique est renforcé.
En mai 2001 la loi dite ‘‘Taubira’’, du nom de la députée de Guyane, fille de descendants d’esclaves, a reconnu la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. La loi ne prévoit pas de réparation. Dès 2005, le Mouvement International pour les Réparations -MIR-, animé par Garcin Malsa et le Collectif des filles et fils d’Africains déportés -COFFAD-, entre autres, ont assigné l’État français en portant une demande de réparation et d’indemnisation financière devant plusieurs juridictions de tribunaux. Le 7 novembre 2018 la demande a été rejetée par la Cour de cassation de Paris dans l’indifférence générale.

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La question du partage de la terre

Vendredi 23 novembre 2018. Campus de Schœlcher.

La question de la terre est au cœur de la trajectoire suivie par les anciens esclaves dans les sociétés de la Caraïbe au cours de la période post-abolitionniste. Lors de la proclamation de la liberté en 1848, les esclaves demandent le partage des terres. Alors que cette question foncière ressurgit dans le débat public actuel sur les réparations et qu’elle est interprétée comme la marque toujours vive d’une inégalité ancestrale, il est nécessaire d’interroger de manière plus systématique le lien consubstantiel établi continûment depuis l’abolition entre liberté, justice et distribution des terres. Cette interrogation de recherche se situe à l’articulation du passé et du présent.

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Esclavage : quel impact sur la psychologie des populations ?

Extraits d’un article du Professeur Aimé Charles-Nicolas :

« Avec la présence de plus en plus insistante dans l’espace public de la thématique de l’esclavage nous nous sommes rendus compte que nous ne savions rien des conséquences psychologiques de la traite des Noirs et de leur mise en esclavage alors même que des travaux psychiatriques ont démontré la nécessité de traiter les psychotraumatismes, que des travaux d’épigénétique démontrent l’existence de traces sur l’ADN des traumatismes psychologiques et leur transmission de génération en génération, alors, enfin, que des travaux d’historiens ont mis au jour «la voix des esclaves». Il est alors apparu indispensable de faire se rencontrer historiens, psychiatres, généticiens, anthropologues et sociologues pour échanger sur cette question loin de toute posture victimaire.

En fait, l’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de la première manifestation scientifique sur les conséquences psychologiques de l’esclavage. Dans ce contexte l’enjeu c’est aussi le lien entre esclavage et racisme puisque, avec la traite composée exclusivement de Noirs, le changement de nature et d’échelle de l’esclavage a fait se développer à partir du XVIe siècle une vision racialisée et racialement hiérarchisée de l’humanité (Controverse de Valladolid etc.).

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« Frères volcans », lecture mise en espace de José Exélis

BU du campus de Schoelcher mardi 13 novembre 2018 à 18h 45

Hommage à l’écrivain Vincent Placoly

La bibliothèque universitaire du campus de Schoelcher et l’association ETC/Écritures Théâtrales Contemporaines en Caraïbe sont heureux de vous inviter à une soirée-hommage dédiée à l’écrivain martiniquais Vincent Placoly (1946-1992) mardi 13 novembre à 18h45 à la BU. Sous la direction artistique de José Exelis, les comédiens et musiciens Jeanne Beaudry, Virgile Venance, Guillaume Malasné, Kali, Willy Léger nous présenteront une lecture mise en espace et en musique de « Frères volcans. Chronique de l’abolition de l’esclavage », édité en 1983.

Cette histoire prend la forme singulière d’un journal intime tenu par un Béké de Saint-Pierre souffreteux entre janvier et mai 1848. Au fil d’une plume portée par le sens de l’histoire et une conscience tiraillée entre les devoirs de son état et les idéaux humanistes de l’époque, le personnage déroule le récit des évènements personnels et politiques ayant accompagné les premières apparitions de la liberté conquise par les esclaves puis la proclamation de l’abolition décrétée. Édifiant tableau d’atmosphère de l’an 1848 conjuguant scènes de vie, réflexions philosophiques et interrogations sur l’avenir ainsi ouvert, Frères volcans est, chronologiquement, la quatrième des sept œuvres littéraires publiées par V.

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De mère en fille, trois femmes fortes

Dimanche 11 novembre 2018 à 8h 30 Le Vauclin

— Par Culture Égalité — 

Marche théâtralisée « Je demande la grand-mère, la mère et enfin Lumina »
Rendez-vous 8h30 Les Gites Lumina
LABROUE Coulée D’Or – LE VAUCLIN
Marche courte – niveau 1

Contact pour inscription 0696 537 116

Récemment, au mois de septembre, partout – en France, en Europe, en Martinique… s’est célébré le Patrimoine. Ce mot, bâti sur une racine latine signifiant père, désigne l’héritage matériel et immatériel qui nous vient de nos ancêtres masculins ! Les mères, elles, et plus généralement les femmes, continuent d’être ignorées…

Mais nous avons décidé, nous, depuis plusieurs années, de célébrer le Matrimoine à côté du patrimoine.

Honorer le matrimoine c’est rendre visible l’héritage des femmes, leur contribution au développement social, politique, économique, de notre société. C’est permettre à leurs descendantes d’aujourd’hui et de demain de connaître l’histoire de leur aïeules, de s’identifier à elles pour continuer à œuvrer et à porter leur pierre à un monde d’égalité et de justice. Mais c’est aussi amener leurs descendants à mieux évaluer le rôle des femmes dans la construction de notre pays et donc à réévaluer la place qui leur revient dans notre société… afin que celle-ci marche enfin sur ses deux jambes !

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Nannan poétic

Vendredi 26 octobre 2018 à 19h 30 médiathèque du Saint-Esprit

— Communiqué de Véronique Kanor —
Les ateliers de la Traaace saison 2 ont pris pris fin en juin. C’est maintenant l’heure de la restitution :
 
Vendredi 26 octobre, à 19h30, dans le jardin de la médiathèque du Saint-Esprit, avec Marlène Myrtil, Black Kalagan et Christophe Wosé Rangoly.
 
De tous les textes, nous avons extrait le nannan. Un concentré poétique de tous les mots, de toutes les émotions glanés à travers les centres-bourg du Lorrain, de Basse-Pointe, de Saint-Pierre, dans le jour grand ouvert comme dans celui tombé-flap sur Citron, sur la mer Caraïbe, par mornes et par vaux, dans les recoins des Anses d’Arlet, dans les bois d’Espérance et d’Émeraude, dans les plantations, devant les statues afros et les avions revenants.

L’idée d’écrire en marchant, c’est d’écouter l’écho du dehors dans son en-dedans, d’aller à la rencontre de soi-même et de partager son expérience, sa fantaisie, ses ressentis ou ses réflexions à travers des thématiques ricochant avec le territoire. En l’occurrence, cette année : nos monstres, le retour, le chaos-monde, Césaire, cette mer…, le rhum, les Afriques, l’enfance, la nuit, la (re)construction et l’abolition.

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Le « nègre littéraire » parle-t-il créole en Haïti ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Les sociolinguistes, toutes écoles de pensée confondues, soutiennent que la langue est une institution sociale historiquement articulée et qu’elle exprime sur des registres différenciés les réalités de son époque. À ce titre, les mots du lexique peuvent être « marqués », objets d’une singulière connotation (au sens de : « Ensemble de significations secondes provoquées par l’utilisation d’un matériau linguistique particulier et qui viennent s’ajouter au sens conceptuel, fondamental et stable, qui constitue la dénotation. Ainsi, cheval, destrier, canasson ont la même dénotation, mais ils diffèrent par leurs connotations : destrier a une connotation poétique, canasson une connotation familière » (Larousse). Il en est ainsi du sens connoté, en anglais comme en français, des termes « nigger » et « nègre ».

Suite au massacre de Charleston le 17 juin 2015, aux États-Unis, on a pu voir Barak Obama monter au créneau et se faire le chantre d’un discours rassembleur durant lequel il a ouvertement employé le terme « nigger ». La presse américaine l’a amplement souligné et le magazine français NouvelObs s’en est fait l’écho par deux articles publiés successivement les 24 et 25 juin 2015 : « Nigger : pourquoi le « N word » rend fou aux Etats-Unis (1) », et « Le N-word pour « nègre », mot le plus tabou des États-Unis (2) ».

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Guyane: les peuples autochtones réclament la reconnaissance de leurs droits

Il ne faut pas que les Journées des Peuples Autochtones (JPA) soient réduites à de simples fêtes de villages », selon Jean-Philippe Chambrier.

La Fédération des Organisations Autochtones de Guyane (FOAG) a revendiqué « une reconnaissance de leurs droits sur ce territoire », lors de la conférence de presse de la Journée internationale des populations autochtones à Cayenne jeudi.

Face « au manque de structures dans les communes de l’intérieur », aux « multinationales de l’or » qui souhaitent s’implanter en Guyane (la Compagnie de la Montagne d’or et Auplata, NDLR) et « aux élus qui savent se déplacer dans les villages amérindiens en période électorale » les organisations autochtones réclament « une reconnaissance de leurs droits sur ce territoire », ont déclaré des représentants de la Jeunesse Autochtone de Guyane (JAG), du collectif des Premières Nations et quelques chefs coutumiers, devant la cinquantaine de sympathisants venus les soutenir.

« Il ne faut pas que les Journées des Peuples Autochtones (JPA) soient réduites à de simples fêtes de villages », a souligné Jean-Philippe Chambrier, président de la FOAG, à l’initiative de ce rassemblement.

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Schœlcher en fête

« Chelchè ka Sonjé 2018 ». Regards sur la culture de la République d’Haïti

La Ville de Schœlcher, Terre de Culture et d’Excellence, qui porte le nom de l’abolitionniste depuis 1888, rappelle à chacun l’engagement de Victœor Schoelcher en faveur de l’émancipation des peuples issus de l’esclavage, en particulier ceux des Antilles.

Voir le programme ci-dessous

« Schœlcher en Fête » se pose comme un acte éducatif et de divertissement porté par une dynamique de civilisation. Une dynamique qui exprime bien l’idée de progrès et la volonté d’agir en faveur de la cohésion sociale et du bien vivre ensemble, à travers l’animation, la culture et les activités sportives.

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