— Par Marion Briswalter —
En Basse-Terre, à cause d’éboulements sur le littoral qui menacent la vie d’habitants, une opération de relocalisation a démarré. Mais à Petit-Bourg, sur 60 foyers « prioritaires », seuls sept résidents ont accepté de partir. Reportage.
Guadeloupe, correspondance.– « J’ai 69 ans, j’ai travaillé toute ma vie, et à ma retraite ils me délogent. Je vois le danger, je le sens, mais je ne me sens pas prête à sortir », confie Roberte, en se tressant les cheveux debout sous l’auvent de sa maison. Cette habitante de la rue Bel-Air, dans la commune de Petit-Bourg en Basse-Terre, fait partie de ceux qui doivent quitter leur domicile à cause du risque d’effondrement de falaise.
Elle se souvient qu’an tan lontan (il y a longtemps) pour « se baigner » en contrebas de chez elle, elle cheminait à travers les amandiers, sur une pente douce. Désormais, c’est agrippée sur ce terrain accidenté et écumeux qu’elle gagne le contrebas. Le quartier Bel-Air, familial et convivial, qui a vu les enfants grandir et remonter les filets pleins de poissons, vit un vrai chamboulement.