Catégorie : Politiques

Quel Signal pour la jeunesse martiniquaise ?

— Par Willy Joseph-Angélique —

J’ai décidé aujourd’hui, 1 er Juillet 2020, après plusieurs mois d’observation, de sortir de mon silence. Je suis un jeune militant du PPM (Parti Progressiste Martiniquais), fier d’appartenir à cette grande famille politique pour la défense des intérêts de tous, l’émancipation et la valorisation de notre peuple martiniquais. Cette lettre ouverte s’adresse à TOUS LES DIRIGEANTS de mouvements et de partis politiques. C’est un cri d’alerte que je lance au regard des attaques ignobles et indignes proférées, en particulier, contre des jeunes engagés dans la bataille politique des élections municipales, singulièrement lors du second tour du mois de Juin. Il semblerait que ces pratiques abjectes se poursuivent dans le cadre des tractations pour les élections communautaires ! Loin de m’ériger en donneur de leçons, j’invite tout un chacun à mettre désormais en avant son programme, son idéologie et ses valeurs afin de permettre à tous les électeurs d’avoir une meilleure lisibilité des programmes. C’est cela l’enjeu des élections ! Je suis sidéré par la montée de l’abstention au cours des dix dernières années avec son point culminant en 2020 ; la crise sanitaire de la COVID-19 n’est pas, à mon avis, la seule explication.

→   Lire Plus

Le président LREM de la région Guadeloupe visé par une enquête du PNF

Le président LREM de la région Guadeloupe, Ary Chalus, fait l’objet d’une enquête préliminaire du parquet national financier (PNF), a indiqué celui-ci vendredi à l’AFP, confirmant une information de Mediapart.

D’après le site d’information en ligne, cette enquête s’intéresse à l’activité de député de Ary Chalus et notamment à l’utilisation par ce membre du bureau exécutif du parti présidentiel de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM). Ary Chalus, âgé de 58 ans, est président de la région Guadeloupe et a été député de 2012 à 2017. Il a aussi été conseiller général de Guadeloupe et maire de Baie-Mahault.

Cette enquête aurait été ouverte après un signalement de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui a procédé à une revue de situation de l’ensemble des patrimoines des parlementaires et a signalé le cas de plusieurs d’entre eux au PNF.

Dans un communiqué cité par la presse régionale, Ary Chalus répond qu’il «trouve étrange que cet article apparaisse subitement trois ans après la fin de (son) mandat de député». «D’autant que je n’ai, à ce jour, reçu aucune alerte ni demande d’audition de la part de la HATVP sur l’utilisation de l’IRFM au cours de ma députation», ajoute-t-il.

→   Lire Plus

Black Lives Matter : la France face à ses impensés historiques

— Par Grégoire Mallard, professeur d’anthropologie et de sociologie, Institut de Hautes études internationales et du développement (Genève) —

La résonance du slogan «Black Lives Matter» en France impose d’enseigner aux jeunes générations les rapports entre l’État français et les populations «racisées». Cela permettra de mieux comprendre le sens des mobilisations actuelles au regard de notre passé colonial.

Tribune. Les mobilisations récentes du mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis ont manifestement donné une dimension transnationale et un sens politique renouvelé aux mobilisations françaises contre les violences policières, qu’il faudrait d’ailleurs nommer les «violences d’Etat» comme le propose Didier Fassin, dans la mesure où celles-ci engagent tout un système et une politique qui vont bien au-delà des actes de policiers isolés. On l’a vu sur la place de la République le 13 juin, cette transnationalisation reconfigure le lien entre mouvements sociaux – au premier rang desquels figure le Comité Adama –, partis politiques et monde universitaire. Or cette transnationalisation a fait immédiatement débat.

A lire aussi : Nommer la violence d’Etat, par Didier Fassin

Du côté des critiques, des politistes et des éditorialistes de tous bords, du Figaro jusqu’à France Inter – par la voix de Thomas Legrand dans la matinale du 25 juin –, ont critiqué l’amalgame entre les contextes américain et français.

→   Lire Plus

Ce qui change le 1er juillet

Parmi les mesures les plus marquantes : l’instauration d’un chômage partiel de longue durée pour aider les secteurs en difficulté à la suite de l’épidémie de coronavirus.

Des bonnes et des moins bonnes surprises. Prix du gaz, allocations chômage, encadrement des prix du loyer, ouverture plus large des frontières… Après un premier semestre secoué par l’épidémie de coronavirus et le confinement, de nouvelles mesures entrent en vigueur le 1er juillet. Certaines sont destinées à lutter contre la crise, d’autres traduisent surtout un retour à la normale. 

Le chômage partiel de longue durée instauré

Un nouveau dispositif entre en vigueur mercredi 1er juillet, avec l’instauration de « l’activité réduite de maintien dans l’emploi ». Grâce à ce dispositif, le salarié touchera 84% de son salaire et l’entreprise sera compensée à 85% de l’indemnité versée au salarié (soit 15% de reste à charge) pour un accord conclu avant le 1er octobre, et 80% pour un accord conclu après. Les frais de formation pourront être pris en charge à hauteur de 80%.

Ce chômage partiel de longue durée vise à aider les entreprises « confrontées à une réduction d’activité durable qui n’est pas de nature à compromettre leur pérennité », comme l‘aéronautique.

→   Lire Plus

En Guyane, des élus refusent un essai thérapeutique contre le coronavirus

— Par Jeanne Bulant avec AFP —

Plusieurs élus ont refusé qu’un essai thérapeutique contre le Covid-19 soit testé dans ce département français où les mesures de restriction ont été renforcées en raison de la reprise de l’épidémie.

Le président de la collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, et les deux sénateurs LaREM de ce territoire ont « exigé » mardi que l’essai thérapeutique mené par le professeur Karine Lacombe, consistant à injecter à des patients souffrant du Covid-19 le plasma de patients guéris, « n’ait pas lieu en Guyane ».

« Nous avons exigé que la mission du professeur Lacombe n’ait pas lieu en Guyane. Elle n’est pas la bienvenue et nous avons demandé au préfet de prendre toutes les dispositions pour qu’elle ne soit pas accueillie en Guyane », a expliqué Rodolphe Alexandre, entouré des sénateurs Georges Patient et Antoine Karam, dans une vidéo diffusée à l’issue d’un rendez-vous avec le préfet et la directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) lundi soir (mardi matin à Paris).

« D’où vient cette idée unilatérale? »

Le projet d’étendre à la Guyane et à Mayotte cet essai thérapeutique, déjà en cours en métropole, a été annoncé le 25 juin par Karine Lacombe au cours d’une audition à l’Assemblée nationale, mais cette initiative suscite de vives oppositions en Guyane, où nombreux affirment, sur les réseaux sociaux, refuser d’être « des cobayes ».

→   Lire Plus

Le gouvernement français veut inciter les maires à donner aux rues des noms de soldats africains

Un livret rassemblant les parcours de cent combattants de la seconde guerre mondiale issus des colonies doit être remis mercredi à un groupe de parlementaires.

« La France a une part d’Afrique en elle. Notre gratitude doit être impérissable. Je lance un appel aux maires de France pour qu’ils fassent vivre par le nom de nos rues et de nos places la mémoire des combattants africains », avait annoncé Emmanuel Macron, le 15 août 2019 à Saint-Raphaël (Var), lors des commémorations du 75e anniversaire du débarquement de Provence.

Trois jours après le second tour des élections municipales, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées, doit remettre à un groupe de parlementaires, mercredi 1er juillet, un livret intitulé Aux combattants d’Afrique, la patrie reconnaissante. Cet ouvrage de 210 pages publié par le ministère des armées, que Le Monde Afrique s’est procuré, a pour but d’inciter les maires à rebaptiser des rues, des places ou des jardins publics du nom de combattants africains morts pour la France au cours de la seconde guerre mondiale.

Lire aussi  « Nous, tirailleurs sénégalais, avons débarqué en Provence pour libérer la France en août 1944 »

« En mélangeant leur sang à notre terre, ils ont payé un lourd tribut au combat contre le nazisme », écrit dans la préface Mme Darrieussecq, qui remettra elle-même l’ouvrage, lors d’une cérémonie prévue à midi à l’hôtel de Brienne, aux députés de la commission défense nationale et aux sénateurs du groupe d’études anciens combattants : « Morts pour la France, morts pour notre idéal, ces combattants méritent la reconnaissance pleine et entière de la Nation. »

→   Lire Plus

Municipales : les citadelles sont ébranlées

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Ce dimanche 28 juin 2020, la grisaille politique martiniquaise s’est éclairée d’une lueur d’optimisme inattendue, grâce à l’arrivée de visages nouveaux des deux sexes non issus des grandes écuries idéologiques. Les nouveaux élus sont assez nombreux pour ne pas se laisser inféoder et encourir les foudres de directeurs de conscience. Là où les maires sortants n’étaient pas candidats, les électeurs sont demeurés sourds aux tentatives de cooptation ou de mise en œuvre de dynasties. Enfin, j’ignore s’il y a un précédent au fait que deux frères, par ailleurs chefs d’entreprise, seront en même temps maires de deux communes, Ralph Monplaisir à Case-Pilote et Yan Monplaisir à St Joseph.
Le soir de sa victoire aux élections municipales de 1983, au Marin, Rodolphe Désiré déclarait être parvenu à renverser un « château-fort ». Il venait de succéder à Victor Charron qui paraissait imbattable. Il est vrai que le chemin lui avait été ouvert. Un an avant la fin de la mandature, le maire sortant avait été suspendu par une décision administrative stupéfiante, au motif d’une obscure affaire judiciaire. Une fois battu, les poursuites judiciaires allaient cesser.

→   Lire Plus

Une lumière dans la nuit !

— Par  Pierre Alex Marie-Anne —

La Martinique est politiquement dans l’impasse ; elle se trouve entre Carybde et Scylla.

Charybde, c’est l’immobilisme de la gouvernance actuelle de la Collectivité Territoriale de Martinique, incapable d’insuffler un souffle mobilisateur dans le pays pour lui permettre de répondre aux défis auxquels il est confronté;

Scylla, c’est l’aventurisme ,à la fois institutionnel et financier ,qu’incarne son principal challenger, grand manipulateur s’il en est, qui est tout sauf rassurant.

Entre ces deux extrêmes gravitent une myriade de prétendants ,de deuxième ou troisième niveau, dont les prétentions sont inversement proportionnelles à leur capacité et leur crédibilité .

Ne parlons pas de la Droite qui ,par opportunisme ,s’est hélas perdue en vendant son âme pour un plat de lentilles ,à moins que ce ne soit de “ti-nains”.

Pendant ce temps ,l’insécurité et la violence gangrènent chaque jour un peu plus la société ,déja ébranlée dans ses principaux fondements (la famille,la morale,la religion ), sur fond de dépeuplement et de vieillissement de la population.

L’horizon de la Martinique apparaît bouché , sans perspectives d’avenir , pour le commun des habitants de l’île et notamment sa jeunesse qui ,lassée de tourner en rond, ne songe qu’à partir ; faut-il se laisser aller pour autant à désespérer ?

→   Lire Plus

28 Cubains de la 25ème heure 

— Par Yves-Léopold Monthieux —

On ne les attendait plus, maintenant que la pandémie est maîtrisée. Mais il nous fallait des Cubains. Absolument. Nous les avons ! Les anciens se rappellent l’expression « yo rivé apré lanmo medsin » (ils sont arrivés après le mort du médecin). Aujourd’hui c’est le médecin qui arrive après la mort du malade, ou la guérison de celui-ci. Aussi bien, en prévoyant pour leur venue un budget plus important que celui qu’il aurait fallu pour défaire le nœud gordien de l’eau courante en Martinique, quel était le véritable objectif de celui qui les avaient invités ? « Historique » est le mot utilisé par le Président de la Martinique à la descente des médecins cubains sur le tarmac de l’aéroport du Lamentin. Ainsi, sans hypocrisie inutile, il mettait au second plan le caractère médical de la coopération. Il n’avait pas su empêcher que soit attaché à l’aéroport le patronyme d’Aimé Césaire, le laudateur de Victor Schoelcher dont la statue vient d’être brisée en morceaux. En revanche, le début de l’histoire qui pourrait commencer entre Martinique et Cuba, ce sera lui. A cet arrière-goût d’indépendance, il ne lui aura manqué que le tapis rouge.

→   Lire Plus

Notre Martinique aujourd’hui. Sera-t-on Martiniquais demain ?

Par Guy Lordinot —

« Entre l’intégration et la désintégration, il y a place pour l’invention. »
Aimé Césaire

Aujourd’hui, les Martiniquais sont en plein désarroi. Rien ne va plus.
Symptôme inquiétant : plus de trois mille jeunes émigrent chaque année vers d’autres pays afin de se forger, ailleurs, un avenir répondant à leurs souhaits, que la Martinique est incapable de leur offrir.

Conséquence : la population vieillit. Dans le même temps, l’arrivée régulière d’une population de race blanche montre qu’un génocide par substitution (expression d’Aimé Césaire) est en marche.

Le désarroi s’amplifie, certains cherchent les responsables de cette situation alarmante.
Pour eux, Victor Schœlcher, qu’ils considèrent comme un esclavagiste, en est le responsable. Décision est prise de démolir les deux statues érigées en son honneur. L’opération est menée le 22 mai 2020 par des hommes et des femmes, jeunes pour la plupart qui revendiquent leur geste symbolique à visage découvert face aux autorités de l’Etat.
Disparu depuis 1893, l’intéressé ne peut évidemment pas réagir. Il faut par conséquent trouver d’autres personnalités à incriminer, par exemple les békés, héritiers des esclavagistes. On les cloue au pilori et on s’attaque aux symboles de leur puissance économique.

→   Lire Plus

Déboulonnage des statues : « L’anachronisme est un péché contre l’intelligence du passé »

Collectif

Face à la « passion justicière » de certains, les historiens Jean-Noël Jeanneney, Mona Ozouf, Maurice Sartre, Annie Sartre et Michel Winock appellent à « fonder une culture partagée propice aux combats futurs ».

La fièvre iconoclaste qui s’est emparée d’un certain nombre de groupes épris de passion justicière, projetant de déboulonner les statues de certaines figures historiques, de débaptiser des lieux publics, de changer le nom de rues et d’établissements scolaires, a paru d’abord dérisoire. Mais sa contagion serait un danger pour les principes républicains.

Que la chute d’une dictature appelle un peuple à renverser spontanément et à effacer les représentations des tyrans : on fait plus que le comprendre, on a pu en être joyeux, souvent, on espère pouvoir l’être encore demain, tout autour de la Terre. En revanche, en démocratie, pareille initiative revient aux élus du peuple, quel que soit le niveau de leur responsabilité.

Lire aussi  La statue de Colbert vandalisée devant l’Assemblée nationale

Dans tous les cas, il appartient aux élus et aux gouvernants qui sont responsables devant l’opinion de prendre garde à une idée simple. Il n’est pas seulement absurde, il est néfaste de s’abandonner à un danger majeur que les historiens connaissent bien.

→   Lire Plus

« Ce qui dérange, c’est le profil de ceux qui demandent le déplacement des statues de Colbert »

— Par Léonora Miano, écrivaine —

Selon l’écrivaine Léonora Miano, satisfaire la demande de citoyens « devenus français en raison d’un crime contre l’humanité », l’esclavage colonial, ne ferait pas pour autant disparaître Jean-Baptiste Colbert des livres d’histoire.

Tribune. Les statues meurent aussi. Nous le savons depuis le film de Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet. Diatribe anticolonialiste sur le pillage des artefacts subsahariens, Les statues meurent aussi (1953) évoque le ravage intime que constitua le fait de détourner ces œuvres de leur fonction initiale pour les inhumer dans les musées français. Le film parlait d’une profanation. Il fut interdit avant d’être présenté, onze ans après sa création, dans une version tronquée par la censure.

Lire aussi  La statue de Colbert vandalisée devant l’Assemblée nationale

Que les statues meurent, la République l’avait su avant 1953. Comme souvent dans l’histoire, on s’était appliqué à soi-même les méthodes que l’on irait parfaire au loin. On avait abattu ses propres totems, vandalisé ses propres mausolées. La République naissante avait démonté nombre de statues royales en 1792, avant d’éventrer, en octobre 1793, le tombeau des monarques. Du passé, on faisait table rase.

→   Lire Plus

Visé par une plainte pour viol, l’avocat Alex Ursulet placé en garde à vue

Me Ursulet est visé par une enquête préliminaire pour « viol et harcèlement sexuel » ouverte en octobre dernier par le parquet de Paris. Il a été placé sous le statut de témoin assisté à l’issue de sa garde à vue.

— Par Michel Deléan —

L’avocat Alex Ursulet, 62 ans, a été placé en garde à vue mardi 23 juin au matin à Paris dans une affaire de viol, selon des informations obtenues par Mediapart. Une plainte pour « viol et harcèlement sexuel » le visant personnellement avait été déposée le 25 septembre dernier au parquet de Paris par une avocate de 26 ans, ancienne stagiaire de Me Ursulet. La jeune femme avait versé des copies de SMS et des attestations écrites de témoins à l’appui de sa plainte, rédigée par l’avocat Thibault Laforcade.

Le parquet de Paris a ouvert fin octobre une enquête préliminaire, qui a été confiée aux policiers parisiens de la 3e division de police judiciaire (DPJ). Me Ursulet, qui est présumé innocent, conteste catégoriquement les accusations de la jeune avocate, et a annoncé le dépôt de plusieurs plaintes pour contre-attaquer.

→   Lire Plus

Des mesures pour mettre fin à la cicatrice mémorielle qu’est l’esclavage

— Par Noah Fléchelles —

Il est temps que la France regarde toute son histoire dans les yeux. Le climat de protestation mondial généré par la mort de George Floyd aux États-Unis doit pouvoir nous permettre de guérir les cicatrices mémorielles encore bien présentes dans notre société aujourd’hui. Cessons ainsi de prétendre que la grande différence entre l’histoire américaine et celle de la France est que l’une d’elles s’est construite sur une société esclavagiste alors que la nôtre, non. Cela est tout simplement faux. Ce serait oublier le passé bien chargé des territoires ultramarins qui font pourtant « la fierté de la France » comme aiment à le rappeler chaque nouveau Président de la République. La Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, et la Guyane sont tant de territoires qui ont été marqués profondément par les crimes contre l’humanité que sont l’esclavage et la traite négrière. Ces territoires ont, comme les États-Unis, été construits sur cette atrocité qu’est l’esclavage, et l’omettre ne fait que renforcer un sentiment déjà bien présent de racisme.
Ce serait aussi oublier que la France s’est largement enrichie sur le dos de ces esclaves.

→   Lire Plus

L’heure de nous-mêmes

— Par Christian Rapha, Maire de Saint-Pierre —

Deux statues de Victor Schœlcher détruites, des écoles qui peinent à rouvrir malgré le déconfinement et le contrôle de la situation sanitaire, des coupures d’eau intempestives sur tout notre territoire qui privent une grande partie de la population martiniquaise du service qu’elle est en droit d’attendre notamment en période de crise sanitaire, des transports qui fonctionnent par intermittence, le dossier du chlordécone enkayé alors que de nombreuses propositions concrètes et intéressantes sont formulées par des associations ou des parlementaires, des jeunes agriculteurs en quête de terre pour s’installer alors que 20 000 hectares sont en friche et que la CTM est gestionnaire d’une banque de terres agricoles… notre pays Martinique souffre de maux qui semblent hors de portée de notre action ! Comme si nous étions impuissants à actionner les manettes du changement de notre quotidien et de notre réalité alors que localement nous n’avons jamais été autant en responsabilité.
Alors qu’une partie des politiques fustigent l’Etat « français », parfois qualifié de colonialiste ou néocolonial, nous avons du mal à assumer pleinement notre responsabilité à l’échelon territorial et local (prérogatives qui sont nombreuses et étendues dans le cadre du statut de collectivité relevant de l’article 73) et à nous rassembler au-delà de nos divergences politiques pour convaincre le cas échéant le dit Etat quand nous estimons que nos intérêts ne sont pas pris en compte.

→   Lire Plus

Après l’esclavage la Martinique a eu une histoire.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La méconnaissance de l’histoire martiniquaise ne s’était pas limitée à la seule période de la colonisation et de l’esclavage. En effet, depuis les années 1950, avec le retour progressif puis en masse des intellectuels revenus de leurs études, ainsi qu’à la « découverte » du 22 mai 1848, la connaissance de l’histoire de l’esclavage a fait un véritable bond. Sous le magistère d’anciens tels qu’Armand Nicolas, Léo Elisabeth, Edouard Delépine, s’est développée une génération de professeurs d’histoire, tous formés à l’étude de l’esclavage. Le plus connu d’entre eux, l’historien Gilbert Pago, a produit plusieurs ouvrages et n’a pas cessé d’intervenir depuis 50 ans dans les écoles, sur les radios et télévisions, et au cours de conférences diverses. Lui et les autres historiens cités plus haut, en particulier Édouard Delépine1, l’historien et homme politique, ont tous publié le fruit de leurs recherches sur l’esclavage dans des ouvrages, thèses et articles, et participé à des colloques en Martinique et ailleurs. De leurs propres aveux, ces travaux n’ont pas eu le succès escompté auprès de la jeunesse.

→   Lire Plus

Quand Rosa Parks remplace Colbert dans la dénomination d’un lycée

Ce n’est pas nouveau, mais cela prend une ampleur nouvelle. En effet, la question des emblèmes esclavagistes dans l’espace public se pose, en France comme ailleurs, formulée depuis quelques dizaines d’années par des citoyens  qui demandent le retrait de ces symboles, que ce soit noms de rues ou d’établissements publics et scolaires, statues et monuments mis accusation. Aujourd’hui, l’historienne Jacqueline Lalouette estime quant à elle, dans le journal « Ouest France », qu’il est préférable d’« expliquer plutôt que détruire ».

La Controverse, en Septembre 2017, relevée dans des publications au journal « Le Monde »

— Tribune du CRAN, le 17 septembre : À l’initiative de Louis-Georges Tin, président du CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France), et du philosophe Louis Sala-Molin, plusieurs personnalités signent une tribune afin que le nom de Colbert, ministre de Louis XIV, soit retiré de l’espace public.

« (…) Cette exigence suscite chez certains de nos compatriotes une certaine angoisse : jusqu’où, disent-ils, faudra-t-il aller ? La réponse est claire : on ne pourra sans doute pas modifier tous les symboles liés à l’esclavage dans l’espace public, tant ils sont nombreux et intimement liés à notre histoire nationale.

→   Lire Plus

Le Défenseur des droits dénonce « la dimension systémique » des discriminations en France

Jacques Toubon réclame la création d’un observatoire des discriminations, des campagnes de « testing » et des sanctions pénales « réellement dissuasives » contre les responsables de discriminations.

Contrôles policiers, accès à l’emploi, au logement ou à l’éducation… Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, réclame la création d’un « observatoire des discriminations » et critique « l’insuffisance des politiques publiques » sur cette question, dans un rapport publié lundi 22 juin. Selon lui, il existe une « dimension systémique » des discriminations, notamment racistes, en France qui remet en cause les « droits fondamentaux » de « millions » de personnes et la « cohésion sociale ».

Les personnes d’origine étrangère ou perçues comme telles sont désavantagées dans l’accès à l’emploi ou au logement et plus exposées au chômage, à la précarité, au mal logement, aux contrôles policiers, à un état de santé dégradé et aux inégalités scolaires.Jacques Toubondans un rapport sur les discriminations

Pour le Défenseur des droits, ces « discriminations ne sont pas le résultat de logiques individuelles, de quelques DRH qui refusent d’embaucher des personnes noires ou arabes », mais « c’est tout le système qui est en cause ».

→   Lire Plus

Audrey Célestine : « Le problème des violences policières est similaire en France et aux États-Unis »

 — Propos recueillis par Luc Cédelle —

Ceux qui meurent le plus du fait d’interventions de la police sont, ici aussi, issus de quartiers populaires, noirs ou d’origine maghrébine, souligne la sociologue.

Entretien
Audrey Célestine est maîtresse de conférences en sociologie politique et études américaines à l’université de Lille. Elle a notamment publié (Karthala, 2018) et (Textuel, 2018). La Fabrique des identités. L’encadrement politique des minorités caribéennes à Paris et New York Une famille française. Des Antilles à Dunkerque en passant par l’Algérie

Comment percevez-vous la phrase d’Assa Traoré, la soeur d’Adama Traoré, lors du rassemblement parisien du 13 juin contre les violences policières : « Ce qui se passe aux États-Unis, il se passe exactement la même chose en France. Nos frères meurent » ?

Audrey Célestine Dans le cadre d’une mobilisation et dans un contexte international où ce qui se produit aux Etats-Unis est largement publicisé, cette phrase ne me surprend pas. Assa Traoré est dans son rôle lorsqu’elle la prononce. C’est ce qu’on appelle en science politique une extension du cadre, pour construire un pont entre deux situations.

→   Lire Plus

De la vie et de la mort des statues : une nouvelle contribution au débat.

« Schœlcher fracassé », une tribune de Michel Herland

« Les statues meurent aussi ». Du sud des États-Unis à la France en passant par le Royaume-Uni, la déferlante iconoclaste déclenchée par le meurtre de George Floyd donne une actualité inattendue à ce titre du fascinant documentaire anticolonialiste tourné en 1953 par Alain Resnais et Chris Marker (Journal Le Monde du 12 juin 2020).

Déboulonner les statues de personnages historiques, vandaliser les monuments… une pratique bien antérieure à la vague de protestation mondiale soulevée par la mort de George Floyd : ainsi en juillet 2019, selon le site de l’AFP « Factuel », c’est la statue du Général de Gaulle qui fut mise à terre, dans la ville d’Évreux. Sans oublier qu’en septembre 1991, un commando a décapité la statue de Joséphine de Beauharnais, sur la place de la Savane à Fort-de-France.

On sait donc que les statues peuvent mourir aussi, à la Martinique comme ailleurs. À l’heure où l’on parle, à la mairie de la ville-capitale, de changer le nom de certaines rues, ou de déplacer certaines statues, Michel Herland apporte sa contribution au débat sur la revue en ligne « Mondes francophones, revue mondiale des francophonies », dont il est actuellement le directeur.

→   Lire Plus

« Je suis là pour dire que les vies des personnes noires comptent » : des milliers d’Américains célèbrent le 155e anniversaire de l’abolition de l’esclavage

Le 19 juin aux Etats-Unis est fêté Juneteenth, en souvenir de ce jour de 1865 où les derniers esclaves ont été libérés au Texas. Des manifestations ont été observées dans les quatre coins du pays.

Photo : Natasha Moustache / AFP

« Black lives matter » (« les vies noires comptent ») était sur toutes les pancartes. Vendredi 19 juin, des milliers d’Américains ont célébré le 155e anniversaire du 19 juin 1865, jour qui a marqué la libération des derniers esclaves aux Etats-Unis. Une commémoration particulièrement symbolique à l’heure où la question des inégalités raciales a brusquement ressurgi aux Etats-Unis. Il y a moins d’un mois mourait George Floyd, un homme afro-américain de 46 ans, face contre terre, le cou sous le genou d’un policier blanc à Minneapolis.

« Je suis une femme noire, je vis dans ce pays depuis vingt ans et je suis là pour dire que les vies des personnes noires comptent, celles de mes enfants et de mes frères, pour que l’on puisse vivre dans un pays sûr », confie Tabatha Bernard, 38 ans et originaire de Trinité-et-Tobago, dans l’imposant cortège de New York. Des célébrations du Juneteenth (contraction de « juin » et de « 19 » en anglais), ce jour de 1865 où les derniers esclaves ont été libérés au Texas, ont été observées dans les quatre coins du pays.

→   Lire Plus

Le Président Marie-Jeanne et la fiction d’une motion de défiance

. — Par Yves- Léopold Monthieux —

. Voilà étalée au grand jour une divergence majeure sur un sujet majeur, l’eau courante en Martinique, opposant les deux organes de la Collectivité territoriale de Martinique : le conseil exécutif et l’assemblée délibérante. Jamais institution de la collectivité martiniquaise ne s’était trouvée devant une telle situation. De sa création, en 1825, à sa disparition en 2015, près de 2 siècles plus tard, le conseil général n’avait jamais été empêché par ses élus de fonctionner. De la colonie au département sa mission de développement avait toujours su supplanter les différends politiques. Aussi, en 1989 la collaboration d’un président de droite et d’une majorité de gauche avait permis un exercice fructueux et apaisé1. Pour sa part, au cours de la même décennie charnière et malgré une activité politique intense, le conseil régional avait pu fonctionner jusqu’à son terme malgré la perte de la majorité de l’équipe au pouvoir.

La suprématie de l’exécutif sur l’assemblée.

. La récente Collectivité territoriale de Martinique (CTM) s’est construite dans la méconnaissance de cette stabilité institutionnelle séculaire en y instillant des germes de conflictualité.

→   Lire Plus

Manifeste : pour une nouvelle réforme de l’assurance chômage !

« Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »
article 11 du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946

S’il y a un enseignement à tirer de la crise sanitaire, c’est bien le rôle fondamental de l’Assurance Chômage comme indispensable amortisseur social. Comme lors de la crise économique de 2008, la France a pu compter sur son modèle social pour modérer les effets destructeurs de celle-ci. Ainsi pour répondre immédiatement au confinement, l’État a-t-il pu recourir massivement au dispositif de chômage partiel afin de protéger les salariés qui se voyaient privés de travail. Cette solution convenant aux salariés en emploi stable.

Malheureusement, la crise du coronavirus a également montré les fragilités des règles de l’Assurance Chômage, tant celles-ci ont été transformées au fil des ans :

Comme cela a été très documenté dans la presse ou les journaux télévisés, le drame que connaissent les 2,5 millions de travailleuses et travailleurs en emplois discontinus et en CDDU (Contrats à Durée Déterminée d’Usage) n’a pas eu de réponse satisfaisante, et peu ont pu bénéficier du dispositif de chômage partiel.

→   Lire Plus

Du « statut des statues » et du nom des rues, en Martinique et ailleurs

Le 28 mai 2020 Didier Laguerre, réélu à la tête de la mairie de Fort-de-France, évoquait ainsi, entre autres choses, la mise en place d’une commission « pour la mémoire et la transmission », où toutes les composantes de la société martiniquaise pourraient se parler, où chacun pourrait confronter ses idées à celles des autres : « Je suis convaincu que c’est comme cela que nous allons régler des problèmes. Face notamment aux problématiques identitaires et mémorielles qui se présentent actuellement à la Martinique, la question de la transmission est fondamentale ».

Cette commission pourrait faire des propositions qui donneraient éventuellement lieu à des consultations populaires, expliquait alors Didier Laguerre. Il s’agirait selon lui de permettre à la société martiniquaise de franchir une nouvelle étape dans le partage de son histoire. L’idée de la mise en place de cette commission a reçu un accueil favorable des deux groupes de la minorité, à savoir « Fok sa chanjé fodfwans » et « Lyannaj’Pou Levé fodfwans », emmenés respectivement par Francis Carole et Nathalie Jos. Cette dernière, nouvellement arrivée dans le Conseil Municipal, dit être dans un esprit constructif ; elle déclare : « Il y a une urgence démocratique dans ce pays.

→   Lire Plus

En France, faire le point sur le racisme et les discriminations.

La CNCDH¹, Commission nationale consultative des droits de l’homme a rendu public, ce jeudi 18 juin, son rapport annuel sur « la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ». Initialement prévue avant le confinement, la sortie de ce rapport, qui revient sur le racisme et le rôle des forces policières, avec un focus sur la population noire, fait écho à l’actualité en France et dans le monde.

La CNCDH dénonce les contrôles aux faciès. « Le premier contact de la police avec la population ayant souvent lieu au cours des contrôles d’identité, la CNCDH encourage le Ministère de l’Intérieur à collecter des données et à produire des statistiques officielles sur les contrôles d’identité », est-il inscrit dans le rapport. De quoi potentiellement laisser émerger l’introduction des récépissés lors des contrôles d’identité… et ce, pour une traçabilité réclamée par des personnalités de gauche comme par le Défenseur des Droits.

Esther Benbassa, du CRCE², qui a porté à son arrivée au Sénat en 2011 une proposition de loi sur le sujet, se félicite de ce constat fait par la CNCDH.

→   Lire Plus