Catégorie : Politiques

125 personnalités lancent un appel pour sauver France Ô

Alors que la disparition de la chaîne des outre-mer est prochainement programmée, des personnalités dont Erik Orsenna, Lilian Thuram, Marius Trésor et Audrey Pulvar lancent un appel pour maintenir et transformer France Ô.
125 personnalités lancent un appel pour sauver France Ô
Tribune. Avec son réseau de neuf stations dans les départements et territoires d’outre-mer et sa station de Malakoff, France Ô est une chaîne unique dans le paysage audiovisuel français.

La décision annoncée en juillet 2018 de la supprimer a suscité un vif émoi parmi les ultramarins qui y ont vu une manière d’être traités comme des «citoyens entièrement à part» et par les téléspectateurs de la chaîne qui louent la qualité de ses programmes.

A travers la diffusion de ses concerts de zouk, de maloya, ou de ukulélé, de ses émissions littéraires, de ses pièces de théâtre d’Aimé Césaire, de ses fictions venant de Nouvelle-Calédonie ou de l’île de la Réunion, de ses documentaires sur l’histoire et la mémoire, la chaîne France Ô est le reflet de ce que l’écrivain martiniquais Edouard Glissant qualifiait de créolisation du monde, un espace où dialoguent les cultures de l’archipel France.

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D’accord on déboulonne, oui mais et après ?

— Par Danik I. Zandwonis —
Le grand déboulonnage qui a débuté a ouvert un débat sur le statut des statues qui depuis des décennies font partie de « notre « environnement colonial. J’ai presque envie de dire qu’on s’est « habitué » à vivre avec et que leur disparition ne change pas grand-chose à l’ordre colonial.

Bien entendu, quand leur idole est mise à mal, ceux et celles qui ont décidé de vouer un culte ad vitam eternam à Schœlcher, expriment avec force leur colère. Car pour eux Victor Schœlcher a été l’illustre « libérateur » des nègres réduits en esclavage, oubliant que c’est ce même Schœlcher qui organisa le dédommagement financier des esclavagistes au lendemain du décret d’abolition.

Nos schoelchéristes en colère et nostalgiques, préfèrent oublier la face cachée du pseudo « libérateur ».

Mais le déboulonnage de Schœlcher est en somme toute un mouvement très épidermique voire cosmétique qui a vu le jour avant le meurtre de George Floyd et s’est amplifié ensuite.
Peu après les colonisés de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane se sont souvenus, qu’il existait des monuments emblématiques de la période coloniale.

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Dans le bloc-notes de Steve Gadet

« Sans projet politique, on ira de coup d’éclat en coup d’éclat »

Partout où il y a de l’injustice, il y aura des réactions. Éliminons l’injustice et il y a aura un peu moins de remous. Notre pays est jeune et il se construit.

Cette colère et cette impatience sont enracinées dans notre réalité mais on les voit aussi dans plein d’endroits où le peuple réclame autre chose. Je dois reconnaître que c’est une bonne décision de ne pas avoir envoyé les forces du désordre hier matin (dimanche 26 juillet 2020).

Ce n’est pas la première fois que des statues tombent. Plusieurs peuples dans le monde en ont fait tomber plusieurs à plusieurs époques de leur histoire. Ce ne sont pas les Martiniquais, les Guadeloupéens ou les Guyanais qui sont plus indisciplinés que les autres. J’en parlais avec une amie et ce qui s’est passé me rappelle une expression : « Power to the people ».  Je rappelle que les statues ne sont pas l’histoire. Elles sont des choix politiques, idéologiques à des moments précis. Les faits, mêmes les plus dérangeants, demeurent avec ou sans les statues.

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Qu’adviendra-t-il de La Porte du Tricentenaire ?

« Construire, pas détruire », exhorte la ville de Fort de France, après la destruction des statues de Schœlcher, de Joséphine et de d’Esnambuc, et la menace qui pèse sur la Porte du Tricentenaire

Sources : France Antilles, RCI, Zist, People Bò Kay

Une menace

« Aimé Césaire a demandé à Kho Kho René Corail¹ de donner, par une œuvre nouvelle, un autre sens à la Porte du Parc Floral — qui porte son nom désormais — une porte qui célébrait le tricentenaire de l’installation de la France en Martinique. Ainsi a été créée la fresque racontant le génocide amérindien, explique la ville sur son site Mangovea. Cette explication est accompagnée d’une vidéo (visible sur le site Facebook, ainsi que les retransmissions du Cénacle) dans laquelle Zaka Toto, chercheur en histoire, spécialiste en études des nationalismes et identités, regrette que cette démarche de décolonisation d’Aimé Césaire n’ait pas été transmise aux jeunes générations. « Malheureusement, ce qui nous explose au visage, ces derniers jours, c’est que cela a été conçu comme cela, mais cela n’a pas été transmis », déplore le chercheur.

Cette vision d’Aimé Césaire, jusque-là inconnue, s’inscrit dans la réappropriation des symboles sur lesquels la ville de Fort-de-France travaille, en ce moment, dans le cadre d’une Commission mémorielle qu’elle a mise en place, à la suite du déboulonnage de deux statues de Victor Schœlcher par des activistes martiniquais, le 22 mai dernier, jour du 172ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Martinique.

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Démolir des statues ? Très bien mais après ?

Pourquoi pas démolir la Bibliothèque Schœlcher ?

— Par Karl Paolo

Depuis que deux statues de Victor Schœlcher ont été jetées à bas, la fièvre qui s’est emparée d’une petite minorité de Martiniquais mais il est vrai très bruyante, fait couler beaucoup d’encre, chacun livrant son analyse et/ou se perdant en conjectures.

Pourtant, la grande majorité de nos compatriotes ne prête aucune attention à ce fracas, occupés qu’ils le sont à trouver, le plus souvent seuls, des solutions aux difficultés qu’ils traversent : précarité, bas salaires, chômage, déplacement parfois peu aisé en dépit de quelques progrès, RSA au-dessous du seuil de pauvreté, problèmes de santé liés à une mauvaise alimentation, impossibilité d’avoir accès à la culture, au sport et aux loisirs etc.

Une gifle aux élus…

Certains de nos élus, sous le prétexte d’ouvrir le dialogue avec les briseurs de statues mais plus certainement, craignant que cette agitation ne vienne perturber les élections territoriales, se muent en courtisan, manifestent de la compréhension, dégainent des déclarations de soutien, acceptent même d’être enchainés sans même se rendre compte que c’est la démocratie qui est ainsi enchainée, espérant obtenir sinon, leur bénédiction, du moins leur mansuétude.

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Tambour sacré/maire « enchaîné »

— Par Danielle Laport, sociologue —

Les journées des 16 et 17 juillet 2020 ont livré des scènes de violence choquantes et inadmissibles qu’il convient de dénoncer ! D’un côté la police lance la charge contre les manifestants bousculant et faisant chuter lourdement jeunes et moins jeunes, blessant un jeune Martiniquais et de l’autre côté les manifestants agressent le Maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, venu sur les parvis de la mairie, les écouter et échanger avec eux.

Si l’agression du jeune Keziah a provoqué l’indignation et c’est normal car inconcevable qu’un jeune soit agressé de la sorte, l’agression de Didier Laguerre a pour sa part explosé les contours de la raison. Discutant avec les manifestants, Didier Laguerre a été enchaîné, oui, enchaîné par un manifestant ! En l’enchaînant ainsi, que voulait démontrer ce manifestant ? Imaginez une seconde ce qui se passerait si Didier Laguerre avait repoussé ce manifestant pour se protéger… Visiblement le tambour cassé semble avoir beaucoup plus de valeur et d’importance pour les manifestants que la LIBERTÉ ! Le tambour ne vibre-t-il pas pour la LIBERTÉ ?

Le militantisme politique est en danger

Comment interpréter la sacralisation de ce tambour cassé et dans le même temps la privation de liberté pour le maire de Fort-de-France ?

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Faire Peuple, sans violence

— Par Yan Monplaisir —

Je tiens à exprimer mon indignation et ma totale désapprobation après les événements graves qui viennent de se produire à quelques dizaines de mètres du commissariat de police et de la préfecture de la Martinique.

La destruction des statues de Joséphine et de Pierre Belain d’Esnambuc porteuses de symboles est tout aussi bête et intolérable que les destructions perpétrées par Boko Haram, ces salafistes djihadistes qui s’en prennent au patrimoine de l’humanité. Notre système de valeurs nous a appris la tolérance et les actes violents de jeunes « activistes », irresponsables, manipulés par de pseudos-révolutionnaires frustrés, seront oubliés dans quelques années. La dérision de ce geste paraîtrait médiocre si ses effets n’étaient, eux, irréversibles. Ces statues ne seront jamais reconstruites et ne seront donc pas là pour témoigner de toutes les facettes de notre histoire et de leur intérêt artistique.

C’est à une démission de l’État et de ses représentants à laquelle nous assistons… J’appelle les élus de Martinique à une rencontre avec Monsieur le préfet, afin de lui faire part de nos interrogations et de notre exigence de voir assurer l’ordre public dans notre territoire.

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Racisme  et déni républicaniste-2

Deuxième partie: suite de Racisme  et déni républicaniste-1.

— Par Jacky Dahomay —

Nous avons voulu, dans la partie précédente, montrer le lien qu’il pouvait y avoir entre certaines pratiques policières et le racisme. Insistons d’abord sur un fait : la pratique quasi constante de contrôles d’identité par la police française est une atteinte à la liberté de circuler. Si on peut les justifier dans des cas précis et isolés, suite à de graves incidents, il n’est pas normal que des citoyens soient régulièrement contrôlés, à la sortie de du métro par exemple. Cette pratique a d’ailleurs été jugée inadmissible par les Anglais et par les Allemands.

Ensuite, ces contrôles sont nécessairement ciblés et vise une population bien particulière. Ainsi a-t-il pu exister une « police des Noirs » après l’abolition de l’esclavage dans les colonies, la police des Juifs sous Vichy et une « police des Arabes » sous la 4° république et sous les débuts de la cinquième. Dans son livre, Les origines républicaines de Vichy, l’historien Gérard Noiriel nous dit que c’est une pratique qui s’est développée sous la III° République. C’est qu’il y a eu précise-t-il, une véritable « révolution identitaire » qui se produisit dans les dernières décennies du XIX° siècle.

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« Tous écologistes ! » Par Jean Castex, Premier Ministre

« À l’heure où l’humanité traverse l’une des pires crises depuis des décennies, à l’heure où les entreprises luttent pour sauvegarder leurs emplois, à l’heure, enfin, où les Françaises et les Français craignent pour leur avenir, l’écologie est-elle une priorité ? La réponse est clairement oui.

Dans mon esprit, la netteté de cette réponse a sans doute été retardée par les tenants d’une écologie punitive et décroissante, d’une écologie moralisatrice voire sectaire qui, sans doute de parfaite bonne foi, ont beaucoup nui et continuent de desservir la cause. Mais mes années en tant que maire, mon vécu en tant que père, m’ont convaincu de l’urgence de ce combat.

Face aux périls que sont le réchauffement climatique, la pollution de l’air et des mers, la disparition de certaines espèces, notre pays agit déjà et se trouve à la pointe du combat mondial pour préserver la planète. Cependant, les scientifiques comme la jeunesse, nous poussent à aller plus loin et plus vite. Et ils ont raison. Mais je voudrais leur dire qu’ils n’y arriveront pas sans la politique, sans les politiques. Pas ceux qui sont dans l’incantation mais ceux qui sont au contact du terrain.

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Martinique : la statue de Joséphine de Beauharnais démolie à Fort-de-France

Des militants ont également mis à terre un monument représentant le colon Pierre Belain d’Esnambuc, qui avait pris possession de l’île au XVIIe siècle.

Deux mois après les premiers déboulonnages de statues de Victor Schoelcher en Martinique, de nouveaux monuments ont été mis à bas ou dégradés ces derniers jours dans les Antilles. Ce dimanche, à Fort-de-France, ce sont les statues de Joséphine de Beauharnais et de Pierre Belain d’Esnambuc qui ont été détruites par un groupe de militants, selon La 1ère.

Fille d’un riche planteur de l’île, Joséphine de Beauharnais était également l’épouse de Napoléon Bonaparte, qui rétablit l’esclavage dans les colonies françaises en 1802. La statue de l’impératrice, déjà privée de tête depuis près de trente ans, a été renversée place de la Savane dans le centre-ville de Fort-de-France en fin de matinée. Elle a été ensuite recouverte de feuilles de palmiers avant que les militants n’y mettent le feu.

Deux mois après les premiers déboulonnages de statues de Victor Schoelcher en Martinique, de nouveaux monuments ont été mis à bas ou dégradés ces derniers jours dans les Antilles.

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Du « déboulonnage » de la statue de Joséphine de Beauharnais. 

Que faire de la statue de Joséphine ? Une histoire à rebondissements !

Lors des réaménagements du Jardin de la Savane en 1974, au centre-ville de Fort-de-France, l’administration municipale d’Aimé Césaire déplace la statue sur la bordure ouest du parc, au bord de la rue de la Liberté, sans son large socle de granit et sa grille ouvragée. Ce déplacement permet de rendre la statue moins visible et vient répondre au ressentiment d’une partie de la population.

En septembre 1991, la statue est décapitée par un commando anonyme, reprochant à Joséphine de Beauharnais, première épouse de l’Empereur Napoléon Ier, son rôle dans le rétablissement de l’esclavage en 1802. La statue n’ayant jamais retrouvé sa tête, est depuis laissée en l’état.

En 2017, 26 ans plus tard, un des membres du dit commando raconte cet épisode : « Enlever la tête de Joséphine fut très simple » ; le 23 août de cette année-là, le MIR (Mouvement International pour les Réparations) manifeste pour revendiquer le retrait pur et simple des deux statues présentes, place de la Savane : celle de Joséphine ainsi que celle de Pierre Belain d’Esnambuc, l’homme ayant pris possession de la Martinique au nom de Louis XIII en 1635.

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Racisme  et déni républicaniste-1

.— Par Jacky Dahomay —

Je livre ici les réflexions, sans doute un peu longues, que m’ont inspiré le discours de Macron du 14 juin dernier. Pourquoi Macron ? Parce qu’alors qu’il prétend représenter un nouveau monde, ses formules me semblent un condensé parfait de la vieille idéologie identitaire républicaniste française et du déni du racisme qui lui est consubstantiel. Si le fil de mon développement peut surprendre, c’est qu’il chemine à travers les affirmations du président afin d’en faire l’analyse critique, concernant 1) les violences policières 2) le séparatisme 3) le déboulonnement des statues et 4) le patriotisme républicain.

.PREMIÈRE PARTIE.

.Après le meurtre de Georges Floyd, assassiné par des policiers blancs aux Etats Unis, un vaste mouvement de protestation s’en est suivi un peu partout dans le monde, donc y compris en France. Les policiers, auteurs de cet odieux acte raciste, ont été mis en examen. De nombreux chefs d’Etat ont condamné cet horrible meurtre, Boris Johnson comme Angela Merkel. Cette dernière, en une phrase, a dénoncé le racisme aux USA en précisant, qu’en Allemagne aussi, existe le racisme.

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À Fort-de-France, création  de la Commission « Mémoire et Transmission »

Dans le cadre du Festival Culturel, ouverture du Cénacle sur le thème « Dialogue entre Histoire et Mémoire dans l’espace public »

France Antilles : Pour débattre de ces questions d’actualité : Karfa Sira Diallo, fondateur et président de l’Association Internationale Mémoires et Partages basée à Bordeaux et Dakar ; Sandrine Lemaire, agrégée et docteure en Histoire de l’Institut Universitaire Européen de Florence (Italie), la Martiniquaise Jeanne Wiltord, psychiatre et psychanalyste à Paris, Robert Philomé, présentateur des Matinales de France 24 ; mais aussi Danielle Marcelline, avocate, Keycia Virapin-Arnaud, étudiante au Campus Caribéen des Arts et membre du MIR, ou encore Alexane Ozier Lafontaine, qui intervenait à titre personnel.

Ce Cénacle se poursuit ce soir, vendredi 24 juillet, à 18h30, au Kiosque Guédon, sur le front de mer de Fort-de-France. Au programme notamment, le dialogue dans l’espace public.

Soirée du 23 juillet : 

Après un « débat » public qui, faisant suite aux prises de parole officielles, a par instants frisé la caricature, deux des spectateurs debout s’affrontant comme dans un combat de coqs, Danielle Marcelline, l’une des modératrices de la séance, a su faire preuve d’un bel esprit d’à propos, reprenant la demande de Karfa Sira Diallo à davantage « d’humilité », terme que d’aucuns contesteront sans doute, mais les humains de bonne volonté auront compris qu’il s’agissait là de montrer un peu plus de modestie et  moins d’orgueil, de reconnaître que nous sommes l’aboutissement d’une lignée de générations responsables, qu’en aucune façon il ne s’agissait de nous tenir humbles ni de subir ni de courber la tête !

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Steve Gadet nous parle de Fort-de-France

Une analyse lue ce jour sur le Facebook de Steve Gadet

« Je veux saluer l’attitude et la réaction de Didier Laguerre, le maire de Fort-de-France, lorsqu’il a eu à faire face à la colère de certains militant.e.s. Alexanne venait de se faire gazer. Je le lui ai dit personnellement lundi soir. Face à tant d’injustices, le pays est comme une cocotte-minute. Le ras-le-bol et la colère prennent le dessus. Tout peut ou pourra mettre le feu aux poudres et ce ne sont pas les menaces de poursuites des activistes qui vont calmer les choses. La violence dont Fanon¹ parlait en 1961 s’invitera encore tant que ce piétinement de de ce que nous sommes aura lieu. Je reste attentif à cette soi-disant enquête de l’IGPN sur les violences qu’a subies Keziah.

Si j’ai admiré le calme et la présence de Didier Laguerre, je n’ai pas aimé le voir se faire conspuer et pousser de la sorte d’autant plus que, contrairement à d’autres, il n’a pas fui ses responsabilités de premier magistrat de la ville. J’ai admiré son calme parce que se faire prendre à parti, voir des chaînes passer autour de son corps et garder son calme, ce n’est pas donné à tout le monde.

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Au centre du cyclone, le maire de Fort-de-France

Une polémique inaugurée lors de la manifestation du quatorze juillet à Fort-de-France… D’aucuns le disent « enchaîné consentant », d’autres louent « le calme olympien » dont il sait faire preuve dans l’adversité… disons que comme toute personne en vue, ou chargée de responsabilités, qu’elle soit du domaine politique, artistique ou sportif, Didier Laguerre récemment réélu maire de Fort-de-France ne peut, en cette période trouble et troublée, que prêter le flanc à la critique. Critique qui cependant, qu’elle soit ou non justifiée, pourrait se faire dans le respect de l’homme, et dans la dignité de tous. En épisodes… à suivre sur le site Montraykreyol — qui propose aussi photos et vidéos prises lors des événements relatés.(Janine Bailly)

Montraykreyol, le samedi 18 juillet

Tous les noms d’oiseaux y passent, y compris celui de « corrompu ». Césaire doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait tant fait, à travers le SERMAC, pour que la culture dite « des mornes » et le tambour soient revalorisés. Il est vrai que réduire notre culture à ce seul instrument comme on le fait depuis, c’est comme si on réduisait la culture allemande à Beethoven et à Bach.

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Activisme N.R.V. (Noir, Rouge, Vert) : parler vrai!

 — Par Marie-Laurence Delor —

Au delà des stratégies de victimisation, du sensationnel (maire enchaîné consentant, statues mises à sac et incendiées) et des nouveaux héros au crachat facile ou tombés au champ d’honneur, il y a l’essentiel, le fait problème qu’il faudra bien à un moment ou à un autre considérer: l’impuissance de la classe politique martiniquaise à penser et à forger une volonté collective autour d’un projet de réduction des dépendances, même dans le cadre du présent statut. C’est cela l’enjeu et pas autre chose. Il faudrait, à notre avis et jusqu’à preuve du contraire, analyser cette impuissance comme une résultante d’une culture tribale dominante où les intérêt de clans, de castes et de groupe l’emportent sur l’intérêt du plus grand nombre tout en se prévalant de celui-ci par des artifices idéologiques, autrement dit des représentations travesties de la réalité. La fonction des intellectuels dans un tel contexte est de déconstruire et de clarifier les enjeux pas de « hurler avec les loups ».

L’observateur attentif qui ne se laisse pas « divertir », au sens du philosophe Pascal, par l’agitation ambiante devrait être interpellé par une singularité: la présence en arrière plan de parents et leur implication de plus en plus marquée en première ligne en lien avec  l’accélération des évènements.

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Cénacle de Fort-de-France : De la nécessaire rigueur des débats sur les statues

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Que les questions que posent le choix des statues à supprimer ou à ériger soit mises en débat relève de l’élémentaire exigence. On peut craindre cependant que la pression des évènements et la précipitation induite ne viennent altérer l’objectivité du débat et ne conduisent à une grande confusion. En l’espèce tout peut porter à controverse, même le nom du lieu où se déroulent en ce moment ces débats, le Kiosque Guédon. Lorsque ceux-ci mettent en scène des historiens il paraît souhaitable qu’ils s’expriment sur des faits, selon la méthode scientifique, avant d’en arriver aux conclusions. Une telle démarche est de nature à apaiser les passions dans un auditoire chauffé par une actualité puissamment orientée, surtout par les réseaux sociaux.

Myriam Cottias qui a rappelé avec justesse qui était Victor Schoelcher s’est, en revanche, laissée abuser par une fausse information. Est-ce dû à cette inclination dans l’écriture de l’histoire martiniquaise, à faire la part belle aux politiques ? Ce mercredi, devant un auditoire qui en redemandait, elle a fait crédit à Aimé Césaire d’avoir prolongé le geste iconoclaste subi par la statue de Joséphine de Beauharnais.

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Cénacle de Fort-de-France : ériger des statues pour qui? quand? et à quel endroit? etc.

Débat public les 23 & 24 juillet 2020 au Kiosque Guédon à partir de 18h 30

Avant même la mort de George Floyd, des militants ont aussi dégradé et abattu des statues de Victor Schœlcher le 22 mai en Martinique, à l’occasion de la journée de commémoration de l’esclavage. Une action justifiée par des jeunes filles dans une vidéo de Martinique La Première : « Nous en avons assez, nous, jeunes Martiniquais, d’être entourés de symboles qui nous insultent ».

Lire: 47 articles de presse consacrés à la démolition des statues de Schœlcher

« On peut y voir la volonté de contester le récit national autour de la figure de grands abolitionnistes blancs comme Schœlcher », explique François Durpaire. « Les abolitionnistes noirs, métisses, mulâtres sont beaucoup moins connus et reconnus alors qu’ils ont existé et eu un rôle déterminant… Quelqu’un comme Bissette par exemple, qui s’est engagé bien avant Schœlcher mais qu’on connaît beaucoup moins ».

Pour autant, est-ce que les militants mettent sur le même plan les esclavagistes et les abolitionnistes ? Ce n’est pas l’idée. Déboulonner ces statues revient à contester le récit actuel pour ceux qui n’ont pas les moyens d’écrire les livres d’Histoire.

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Et si AMJ détenait les clés de la prochaine élection à la CTM ?

— Par Pierre Alex Marie-Anne —

Impensable diront certains ! Et pourtant…

Certes, vu son âge et le tort considérable qu’a pu lui faire sa pratique autocratique de l’exercice du pouvoir, confinant à l’absolutisme monarchique,il ne peut envisager sérieusement de se représenter. Il n’en reste pas moins nolens volens le”faiseur de Roi”incontournable de cette élection.

Il suffit de jeter un coup d’oeil sur l’échiquier politique local, tel qu’il résulte des dernières consultations, pour s’en convaincre : en dépit des réserves d’usage car chaque élection à ses spécificités (une élection municipale ou communautaire n’est pas une élection à une assemblée territoriale où le coéfficient personnel de la tête de liste joue un rôle déterminant-sans parler de l’impact du Covid 19 ), l’analyse des statistiques du ministère de l’Intérieur ne laisse guère planer de doute. Le corps électoral de la Martinique a subi une mutation, son centre de gravité s’est déplacé de la gauche classique vers le Centre qu’il s’agisse du centre-droit, du centre -gauche ou de l’infinie variété des “ inclassables”.

Cette donnée fondamentale est lourde de conséquence pour la coalition EPMN, dominée par un parti autonomiste, sans ligne directive claire et en proie à la contestation interne, dont le leader ne rêve que de prendre sa revanche et piaffe d’impatience.

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Penser les Antilles, hier et aujourd’hui

Hier, Frantz Fanon 

Une date anniversaire :

Le 20 juillet 1925 naissait à Fort-de-France à la Martinique, Frantz Fanon. On ne dira jamais assez l’importance de ses essais sur la colonisation, et sur les catastrophes engendrées par la psychiatrie. Un auteur qu’on aime citer, mais qui serait aujourd’hui assez peu lu, si l’on en croit certains critiques. Peau noire, masques blancs (Seuil, 1952),  L’an V de la révolution algérienne (Maspero, 1959), Les Damnés de la Terre (Maspero, 1961), son livre le plus connu préfacé par Sartre, ou son ouvrage posthume Pour la révolution africaine (Maspero, 1964) : son œuvre en a influencé plus d’un, des indépendantistes africains aux leaders du Black Panther Party notamment. (Extrait du Journal Jeune Afrique)

Très jeune homme, Frantz Fanon décide de quitter son milieu natal. Engagé volontaire pendant la Seconde Guerre Mondiale, blessé au combat, puis étudiant en médecine à Lyon, il subit pendant ces années de formation l’expérience mortifère du racisme, cette « déviation existentielle ». Dans Peau noire masques blancs , il écrit  « le Noir n’est pas un homme » ; il refuse l’assimilation, se révolte contre le déni des cultures dites indigènes, l’oppression économique et identitaire des colonisés, la violence faite aux peuples dominés.

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L’état de la liberté artistique 2019 : la censure gagne du terrain.

Le nouveau rapport de Freemuse L’état de la liberté artistique 2019: à qui comptent les récits?  est une analyse approfondie de 673 cas de violations de la liberté artistique qui se sont produites dans différentes sphères culturelles dans 80 pays tout au long de 2018. Il identifie les principaux défis pour la liberté d’expression des artistes et souligne les modèles et tendances de violation. En outre, le rapport appelle à la responsabilité de ces violations.

Le rapport met en lumière la législation antiterroriste comme une méthode troublante et croissante de violer la liberté d’expression artistique. En 2018, 19 artistes ont été emprisonnés et 10 ont été détenus sous couvert de contre-terrorisme. Les recherches de Freemuse concluent que neuf pays (Biélorussie, Égypte, Géorgie, Israël, Nicaragua, Russie, Espagne, Turquie et États-Unis) se sont révélés avoir utilisé des lois et des mesures contre le terrorisme et l’extrémisme contre les artistes en 2018.

«L’État de la liberté artistique 2019 documente un scandale omniprésent des droits de l’homme impliquant des lois antiterroristes utilisées pour faire taire les artistes qui critiquent les gouvernements ou remettent en question les valeurs de la société. 

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Y aura-t-il en Martinique un esprit Espace Sud ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

A travers la morosité qui conduit aux blocages de toutes natures de l’action politique en Martinique, une personnalité avisée me disait que la chance de la Martinique pourrait résulter du très prochain renouvellement des élus de la Collectivité territoriale. L’arrivée en nombre de nouveaux maires et de visages nouveaux dans les équipes municipales pourrait donner du contenu à cette prémonition. A cet égard, l’élection d’André Lesueur comme président de l’Espace Sud paraît significative de la venue d’un esprit nouveau.

Le maire de Rivière-Salée est avec son collègue du St Esprit, Fred-Michel Tiraut, l’un des rares élus du Sud de la Martinique qui, en dépit de la force d’attrait des écuries de gauche, protestent de leur appartenance à la droite de l’échiquier politique. Ce n’est évidemment pas au titre de son rapport à la République que le maire de Rivière-Salée a été choisi par ses pairs de l’Espace Sud pour présider cette institution pendant 6 ans. Les opérations de vote qui se sont déroulées ce vendredi 17 juillet 2020 au St Esprit n’ont permis de déceler aucun des stigmates du sectarisme habituel qui préside aux rapports entre la gauche et la droite, depuis 30 ans.

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Pour un Mémorial en hommage aux victimes de l’esclavage

Conception, réalisation et installation d’une œuvre d’art en hommage aux victimes de l’esclavage, au sein du Jardin des Tuileries, à Paris

— Par Janine Bailly —

J’ai en mémoire la supposée création d’un Conservatoire départemental de musique, danse et théâtre en Martinique, à Fort-de-France. Un projet voté en 2008 et porté par Claude Lise, alors Président de ce qui était encore le Conseil Général. En 2010, Claude Lise avait d’ailleurs posé la première pierre du bâtiment avec le Ministre de la culture de l’époque, Frédéric Mitterrand, sur un terrain jouxtant les ruines dites  « du Vieux Moulin », au quartier Desrochers. Je peux en témoigner, mon appartement s’étant trouvé à l’époque fort près de ce site pressenti… Ce Conservatoire verra-t-il vraiment le jour ? On est en droit d’en douter si l’on voit la végétation qui, à l’heure actuelle, a seule repris possession du lieu…

Forte de cet exemple, et avouant être trop peu au fait des mœurs politiques, locales, nationales, gouvernementales tant élyséennes que ministérielles, je ne sais si les projets perdurent lorsque l’on passe ici d’une structure à l’autre, là-bas d’un ministre responsable à son ministre successeur… Si tel n’est pas le cas, il est néanmoins toujours bon de savoir ce que nous avaient concocté Franck Riester et  Annick Girardin.

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John Lewis, figure du mouvement des droits civiques aux États-Unis, est mort

L’élu démocrate à la Chambre des représentants, compagnon de route de Martin Luther King, est mort vendredi à l’âge de 80 ans, des suites d’un cancer du pancréas.

John Lewis, emblématique militant de la non-violence et des droits civiques aux Etats-Unis, ancien compagnon de route de Martin Luther King, et qui a poursuivi une longue carrière au Congrès, est mort, vendredi 17 juillet, à l’âge de 80 ans, des suites d’un cancer du pancréas.

La mort de « l’un des plus grands héros de l’histoire américaine » a été annoncée par la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, dans un communiqué.

« John Lewis était un titan du mouvement des droits civiques dont la bonté, la foi et la bravoure ont transformé notre nation. (…) Que sa mémoire soit une inspiration pour que, tous ensemble, nous agissions face à l’injustice, que nous “causions de bons ennuis, des ennuis nécessaires”. »

Un « géant »

L’ancien président Bill Clinton et son épouse, l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton, ont salué cet élu démocrate à la Chambre des représentants, un « géant » devenu « la conscience de la nation ».

Les hommages sont également venus du camp républicain, avec notamment Mitch McConnell, président du Sénat, qui a loué ce « pionnier des droits civiques qui n’a pas hésité à mettre sa vie en jeu pour combattre le racisme, promouvoir l’égalité des droits et placer notre nation en accord avec ses principes fondateurs ».

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Déjouer les pièges du pouvoir colonial !

— Par Gilbert Pago, membre du GRS —

A l’évidence le piège est tendu. Avec un art de la manipulation basé sur des siècles d’expérience en matière de domination, l’état colonial pratique un double discours spécieux. D’un côté il fait mine d’hésiter dans sa démarche judiciaire contre les militants de l’affaire d’Oceanis comme si il pourrait jouer la carte de l’apaisement, de l’autre il manie la trique contre les mêmes. En embarquant au petit matin deux militants accusés de violences contre les policiers lors d’un autre procès le 15 mai, nos experts connaissaient si bien la suite prévisible qu’ils avaient déjà sous la main les forces de gendarmerie pour remplacer la police considérée comme trop locale pour « faire le boulot ». La saisie inadmissible d’un tambour de protestation devant le commissariat fut la provocation pour obtenir les échauffourées souhaitées.

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Le but évident est de faire naître un sentiment de lassitude dans la population, de provoquer un doute quant à la nature de certaines arrestations et d’isoler celles et ceux qui pour des raisons légitimes veulent en découdre avec un système basé sur le mépris du peuple et la complaisance criminelle avec un certain nombre d’empoisonner békés.

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