Catégorie : Politiques

« Le Venezuela est le grand laboratoire politique de notre époque »

Ignacio Ramonet, journaliste, essayiste et analyste international, a longtemps été rédacteur en chef du Monde diplomatique. Dans son livre, La era del conspiracionismo, il a analysé les mécanismes du « trumpisme », que l’on voit aujourd’hui se propager sous d’autres latitudes, de l’Amérique latine à l’Europe. Nous avons évoqué la crise politique de l’Union européenne et le regain de tensions entre les États-Unis et les pays socialistes d’Amérique latine.

Illustration d’après image: l’antidiplomatico

Nous vivons une époque de transformations profondes et dramatiques qui affectent tous les niveaux d’un modèle – le capitalisme dominant – en crise systémique, mais avec l’intention claire de faire vivre son agonie à l’humanité entière. De votre point de vue, celui d’analyste politique chevronné et raffiné, comment interprétez-vous cette crise ?

Nous ne sommes pas confrontés à une crise ponctuelle du capitalisme, mais à une crise de civilisation. Le système, dans son incarnation néolibérale et financiarisée, a atteint un point où il ne peut plus se reproduire sans détruire ses fondements mêmes : le travail, la nature, les liens sociaux et même l’idée même de communauté politique.

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Appel aux peuples des Caraïbes

Nous devons rester fermes : les Caraïbes doivent rester une zone de paix ! Non à l’intervention des États-Unis.

L’Assemblée du peuple des Caraïbes :

Consciente de l’histoire des interventions coloniales et impériales des États-Unis dans les Caraïbes et en Amérique latine, qui ont notamment pris la forme d’invasions militaires, de coups d’État, d’assassinats, de blocus commerciaux, financiers et économiques illégaux et illégitimes, d’ingérences politiques visant à créer l’instabilité et le chaos afin de provoquer des changements de régime, et d’autres formes de menaces, d’intimidations et de pressions économiques, politiques et diplomatiques ;

Précisant qu’il y a eu des interventions militaires et des occupations dans certains pays (certains à plusieurs reprises), notamment au Guatemala, en Haïti, en République dominicaine, à Cuba, au Chili et à Grenade, ainsi que l’organisation ou le parrainage et/ou le soutien de coups d’État au Chili, en Bolivie, en République dominicaine, en Haïti, au Honduras, au Venezuela, au Brésil et en Argentine, et l’encouragement de guerres civiles au Salvador et au Nicaragua ;

Conscients que les États-Unis sont une puissance coloniale qui refuse au peuple portoricain le droit à l’autodétermination ;

Rappelant le rôle joué par les États-Unis dans la déstabilisation de gouvernements démocratiquement élus afin de créer les conditions propices à l’instauration d’un gouvernement favorable à leurs intérêts, comme cela s’est produit en Jamaïque à la fin des années 1970 ;

Conscients du blocus illégal, illégitime et criminel imposé unilatéralement par les États-Unis à Cuba, soutenu par tous les pays sauf deux (les États-Unis et Israël), et de la crise humanitaire que cela a provoquée pour le peuple cubain, blocus qui s’est intensifié lorsque les États-Unis ont unilatéralement inscrit Cuba, sans la moindre preuve, sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme ; et du fait que les États-Unis utilisent leur puissance impériale pour sanctionner et bloquer unilatéralement le Venezuela et le Nicaragua ; et à un moment donné, pour imposer illégalement un blocus naval au Nicaragua ;

Comprenant que les États-Unis agissent dans cet hémisphère sur la base de la doctrine Monroe discréditée, vieille de plus de 200 ans, que les gouvernements américains successifs ont utilisée pour justifier leurs interventions en alléguant qu’elles répondaient aux « intérêts nationaux (de sécurité) des États-Unis », sans tenir compte ni respecter le droit international, la Charte des Nations unies et les principes établis des relations internationales, tels que la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays et le respect de la souveraineté des États ;

Conscients de l’importance des processus d’intégration régionale et de l’unité des petits États pour faire face au pouvoir et à l’agenda de la puissance impériale ;

Analysant le contexte mondial dans lequel : les accords conclus après la Seconde Guerre mondiale touchent à leur fin et/ou se sont effondrés ; le système capitaliste néolibéral a échoué et est en crise ; les États-Unis ne sont plus la seule puissance hégémonique, car nous sommes passés à un ordre multipolaire avec l’essor d’organismes tels que les BRICS + et une plus grande appréciation de la part des pays du Sud pour participer à de nouveaux accords économiques et commerciaux (Sud-Sud) ;

Conscients de la montée du néofascisme et de la suprématie blanche dans les pays du Nord, qui cherchent à maintenir leur domination et leur contrôle colonial et impérial historique sur le Sud et, au niveau interne, à réprimer la dissidence et à revenir sur les acquis obtenus après de dures luttes menées par des mouvements sociaux tels que ceux des droits civiques et, plus tard, Black Lives Matter ; les femmes ; syndicats, jeunes et étudiants, justice climatique et solidarité internationale (Palestine, anti-apartheid) ;

Conscients que l’hégémonie impérialiste des États-Unis et l’échec de l’ordre capitaliste néolibéral, ainsi que le contrôle de l’État américain par le néofascisme, constituent une grave menace pour l’humanité et pour la paix et le bien-être de la majorité des peuples du monde, en particulier dans les Caraïbes et en Amérique latine ;

Considérant le soutien apporté par le gouvernement des États-Unis à plusieurs coups d’État violents contre le processus démocratique en Haïti, notamment en septembre 1991 et février 2004.

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Un collectif de 400 journalistes francophones interpelle Emmanuel Macron : « Monsieur le président, laissez-nous accueillir nos confrères et consœurs palestiniens »

Plusieurs centaines de professionnels des médias demandent à Emmanuel Macron la reprise de l’accueil des journalistes gazaouis souhaitant être évacués de l’enclave, et l’accès immédiat de la presse internationale sur le terrain.

Nous sommes près de 400 journalistes et professionnels des médias français et francophones apportant notre soutien, depuis le mois de juillet, à la constitution de dossiers d’évacuation et à l’accueil de nos confrères et consœurs palestiniens de Gaza, qui entretiennent pour la plupart des liens avérés avec la France. Parmi eux, certains collaborent avec de grandes rédactions comme Le Monde, BFM-TV, l’Agence France-Presse ou encore LCI. Ces journalistes, au péril de leur vie, permettent aux Français d’accéder à l’information malgré le black-out médiatique imposé par Israël, qui a transformé Gaza en une véritable « zone létale » pour la profession.

De notre côté, nous nous plions aux conditions drastiques de constitution des dossiers de nos confrères et consœurs. Nous récupérons leurs documents d’identité, nous rassemblons les attestations de travail auprès des organes de presse français ou étrangers avec lesquels ils ont collaboré, nous réunissons des promesses d’embauche, des attestations d’hébergement et de soutien financier, nous leur trouvons des logements pour les accueillir dignement.

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Arpentage de la délinquance à cravate 

Enex Jean-Charles, juriste et architecte-en-chef d’une nouvelle arnaque constitutionnelle en Haïti

 —Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Paru dans Le Nouvelliste du 4 septembre 2025, l’article de Jean Junior Célestin, « On est en situation de rupture de l’ordre constitutionnel, déclare Enex Jean-Charles », éclaire adéquatement les acrobaties et les délictueux arguments « juridiques » d’Enex Jean-Charles » dans l’inépuisable saga de la « réforme constitutionnelle » en Haïti. Depuis 1987 l’obscure saga de la « réforme constitutionnelle » mobilise nombre d’« intellectuels serviles », éternels paka pala et funambules patentés de la scène politique locale, parmi lesquels Jerry Tardieu, ancien député et intrépide faussaire dans l’affaire d’un faux diplôme de maîtrise qu’il prétend avoir obtenu, en Belgique, d’une institution universitaire qui n’existe même pas. Aujourd’hui la saga labyrinthique de la « réforme constitutionnelle » –qui vient d’être actualisée par un Conseil présidentiel de transition indocte, erratique, fantasque et mutique–, est alimentée par un juriste et ancien Premier ministre, Enex Jean-Charles. NOTE – Sur la problématique des « intellectuels serviles » au pays des « bandits légaux », voir l’article « Le rôle des « intellectuels serviles » dans l’arsenal idéologique érigé par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste », par Robert Berrouët-Oriol, Médiapart, Paris, 22 novembre 2024.

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Chute du gouvernement Bayrou : les Outre-mer en première ligne

— Par Jean Samblé —

Le gouvernement dirigé par François Bayrou  est tombé ce lundi 8 septembre, à l’issue d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale qu’il était certain de perdre (364 votes contre 194 pour) pour. Cette crise politique majeure, inédite depuis 1962, plonge le pays dans une phase d’instabilité institutionnelle à un moment critique, en particulier pour les territoires d’Outre-mer.

Deux issues sont alors possibles : soit le président de la République nomme un nouveau Premier ministre capable de former une majorité, soit il convoque de nouvelles élections législatives. En attendant, le gouvernement démissionnaire sera chargé d’expédier les affaires courantes, ce qui limite considérablement sa capacité à prendre de nouvelles décisions.

Et c’est là que le bât blesse pour les Outre-mer. Plusieurs dossiers urgents risquent d’être relégués au second plan, voire totalement gelés. À commencer par le projet de loi contre la vie chère, qui devait être présenté fin septembre au Sénat. Si le futur gouvernement choisit une autre orientation politique, le texte pourrait tout simplement être abandonné.

Autre victime probable de ce blocage institutionnel : le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM), prévu d’ici à la fin de l’année.

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L’éphéméride du 6 septembre

Publication du Manifeste des 121 le 6 septembre 1960

Le Manifeste des 121, titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », est signé par des intellectuels, universitaires et artistes et publié le 6 septembre 1960 dans le magazine Vérité-Liberté. Le manifeste est né dans le sillage du groupe de la rue Saint-Benoît. Il a été pensé puis rédigé par Dionys Mascolo et Maurice Blanchot. Ce traité a permis de regrouper des personnalités de divers horizons dans un esprit libertaire et plutôt orienté à gauche. Il est important pour l’histoire de la gauche et de l’extrême gauche en France.

Contenu du manifeste
« On ne réclamait plus seulement le droit du peuple à ne plus être opprimé, mais le droit du peuple à ne plus opprimer lui-même. »

— François Maspero, Le droit à l’insoumission, le dossier des 121, Paris, François Maspero, 1961, « Avertissement de l’éditeur »

Selon ses propres termes, le manifeste cherche à informer l’opinion française et internationale du mouvement de contestation contre la guerre d’Algérie. Les 121 y critiquent l’attitude équivoque de la France vis-à-vis du mouvement d’indépendance algérien, en appuyant le fait que la « population algérienne opprimée » ne cherche qu’à être reconnue « comme communauté indépendante ».

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Pourquoi une Sixième république ?

ContreChroniques d’Yves-Léopold Monthieux

Le régime est arrivé à bout de souffle”, “la Vème République a atteint ses limites”, “on est arrivé au bout du système”, “vivement la Sixième République !” Du gran grek à l’ignorant de l’abécédaire politique semble se manifester le besoin de changer de république. Une grande partie de la classe politique française, parfois nostalgique de l’instabilité ministérielle de la IVème République, estime avoir épuisé les charmes de la constitution de 1958. Depuis le début de la crise politique qui secoue la France, le phénomène lancé par Jean-Luc Mélenchon s’est transformé en véritable ritournelle. En réalité, plus que la cinquième du nom, c’est la République qui pourrait être visée. Et peut-être la démocratie.

L’inexpérience constitutionnelle de la France

L’histoire des institutions, en France, est celle d’une insatisfaction permanente de la classe politique. De toutes les grandes démocraties, seule la France a connu cinq constitutions, ce qui avait permis au professeur Maurice Duverger de parler d’inexpérience constitutionnelle. Les Etats-Unis n’ont eu qu’une constitution. Elle remonte à près de trois siècles et a été modifiée depuis avec parcimonie.

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A propos du prochain Congrès des élus de la Martinique

— Par Max Orville (*) —

Aux dernières nouvelles, la tenue d’un Congrès des élus de la Martinique prévu le 25 septembre prochain, serait finalement reportée à une date ultérieure. Il semble que les évènements nationaux, l’instabilité politique liée à la demande du vote de confiance par le 1er Ministre bouscule l’agenda local. On ne peut que se réjouir tant la déconnection des élus locaux avec le réel et les préoccupations des martiniquais semble évidente !!!

Là où les martiniquais veulent des réponses concrètes face à leurs problèmes quotidiens : l’eau, les transports, la vie chère, le chômage, l’éducation, les sargasses, … nos élus répondent invariablement, « Donnez-nous un pouvoir normatif, c’est-à-dire celui d’édicter nos propres lois dites lois pays afin de tenir compte de nos réalités locales ! »

En un mot, c’est la question de l’autonomie qui est réclamée par la majorité de nos élus de la CTM.

Après la décentralisation de 1982 qui a accordé à nos territoires des compétences nouvelles pour les développer, nous avons vu la Loi de juillet 2011 créant la Collectivité unique, dotée de nouvelles compétences, succédant au Conseil Général et au Conseil Régional.

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Conjuguer plutôt que séparer !

— RS n° 410 lundi 1er septembre 2025 —

On peut se dire que les crises sociales et politiques sont souvent le prélude aux soulèvements qui éclaircissent l’horizon, et amènent les solutions. On peut aussi penser qu’après les vagues poussant vers l’extrême droite fascisante, le balancier ramène souvent à des retours à gauche toute. Soit ! Mais ces visions, somme toute rassurantes, ne doivent pas conduire à ignorer deux éléments majeurs de la situation.

Le premier est une donnée, si on peut dire, permanente. C’est que les fascistes, lorsqu’ils se hissent au pouvoir en exploitant habilement les circonstances, ne le lâchent pas facilement. Les coups avortés de Trump 1 et de Bolsonaro sont dans les mémoires.

Le second est plus spécifique aux temps que nous vivons. La conjugaison de la crise sociale (explosion mondiale des inégalités), de la crise politique (discrédit des institutions, rejet des « politiques », faillite morale du système), et de la colossale crise environnementale, nous plonge dans l’inédit : l’espèce humaine n’a plus tout son temps devant elle. À tous les échelons, l’urgence est là : à l’échelle des dernières colonies de la France, à l’échelle de la France, à l’échelle du monde.

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« Le Sang et la boue », un documentaire de Jean-Gabriel Leynaud

Sortie nationale : 27 août 2025 (en salle dès le 26 août)

Présentation

Dans Le Sang et la boue, Jean-Gabriel Leynaud nous plonge au cœur de Numbi, un village reculé du Sud-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo. Cette bourgade, autrefois paisible, est aujourd’hui ravagée par la pauvreté, les conflits armés et l’avidité mondiale autour d’un minerai aussi discret qu’indispensable : le coltan, essentiel à la fabrication de nos téléphones et ordinateurs.

Synopsis

À Numbi, des hommes, des femmes, parfois des enfants, creusent à mains nues dans la boue, dans l’espoir d’extraire quelques grammes de coltan. Munis de simples pelles, ils s’enfoncent dans les profondeurs d’un sol devenu à la fois promesse de richesse et malédiction. Autour d’eux, une économie informelle s’est installée, gouvernée par les groupes armés, les trafiquants, les forces de l’ordre corrompues – un système brutal, invisible, qui alimente le confort numérique des pays du Nord tout en détruisant les vies locales.

Le film donne la parole à plusieurs figures de ce drame silencieux : Ujumbe, jeune père de famille creuseur, un négociant, une prostituée, un policier… Tous sont pris dans l’engrenage d’un néocolonialisme économique contemporain, où les rapports de force hérités du passé refont surface sous des formes nouvelles.

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Colonialisme de peuplement !

— RS n*409 lundi 25 août 2025 —

Nous pensons nécessaire de revenir sur l’examen d’une réalité autant que sur les débats quant à sa dénomination.

Choses et gens de la colonisation

Les choses que nous voulons nommer, ne sont pas une nouveauté. On a traditionnellement distingué les colonies d’exploitation et les colonies de peuplement. Cette distinction est relative. Il n’y a pas de colonies de peuplement qui ne cherchent à exploiter les terres et les Humains, qui s’y trouvent. Et il n’existe pas de colonies d’exploitation sans un minimum d’installation de colons. Il n’empêche que les appropriations coloniales qui se sont accompagnées de fortes installations de colons ont toujours posé un problème de décolonisation particulier.

Tantôt les colons d’hier sont devenus des nationaux des terres conquises (Amérique du Nord et du sud, Australie…) au point de prendre la tête des luttes pour l’indépendance. Tantôt les colons installés ont été les relais les plus sûrs du pouvoir colonial. Dans ce cas, la décolonisation fut plus difficile et plus douloureuse (Le cas de l’Algérie est, à cet égard, emblématique). Pour se maintenir coûte que coûte, le pouvoir colonial dans certains cas, pousse à l’installation de colons pour modifier l’équilibre démographique du pays, rendre les originaires minoritaires.

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Saint-Barthélemy : Le massacre des voisins

24 août 1572

À l’été 1572, un mariage censé apaiser les tensions religieuses allait précipiter la France dans l’un des épisodes les plus sombres de son histoire. Catherine de Médicis, reine-mère, pense alors sceller la paix entre catholiques et protestants en mariant sa fille Marguerite de Valois à Henri de Navarre, chef du camp réformé. Mais cet espoir de réconciliation se heurte à des années de haine accumulée.

Le 18 août, Paris fête cette union royale. Pourtant, derrière les façades illuminées du Louvre, l’équilibre est déjà rompu. Quatre jours plus tard, un attentat vise l’amiral de Coligny, chef de file protestant. Craignant une riposte, la Cour, dans la panique, ordonne l’élimination des principaux chefs huguenots. Le massacre commence dans la nuit du 23 au 24 août.

Ce que l’histoire a retenu comme la Saint-Barthélemy ne fut pas qu’un déchaînement spontané de violence : c’est une explosion qui couvait depuis longtemps. Loin d’un acte isolé, il s’agissait d’un massacre de proximité, minutieusement préparé par des années de stigmatisation, de dénonciations, de violences tolérées. Jérémie Foa, historien, montre comment, dès les années 1560, les protestants étaient fichés, surveillés, repérés.

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« Une injustice totale » : Rodrigue Petitot condamné à un an de détention à domicile sous bracelet électronique

Le verdict est tombé ce jeudi 21 août 2025 à la Cour d’appel de Fort-de-France. Rodrigue Petitot, figure centrale du Rpprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), a été condamné à douze mois de prison ferme, aménagés en détention à domicile sous bracelet électronique. Une décision que le militant qualifie d’« injustice totale », dénonçant une volonté politique de l’écarter de la scène publique.

Une peine durcie en appel

En janvier 2025, « Le R » avait été condamné à un an de prison avec sursis pour l’intrusion du 11 novembre 2024 dans l’enceinte de la résidence préfectorale, en pleine vague de contestation sociale. Le parquet avait estimé la sanction trop clémente et avait fait appel. Après deux jours d’audience en juin dernier, la Cour a rendu son délibéré ce jeudi, confirmant partiellement le jugement mais transformant le sursis en prison ferme sous surveillance électronique.

La Cour a reconnu Petitot coupable de violation de domicile, d’actes d’intimidation, d’outrages à l’encontre du préfet et de rébellion en réunion. En revanche, certaines accusations, notamment celles de « violences ayant entraîné une incapacité de travail », n’ont pas été retenues.

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L’autonomie martiniquaise : entre idéalisme et incertitude

La seule définition de l’Autonomie par ce qu’elle n’est pas doit-elle suffire ?

— ContreChroniques d’Yves-Léopold Monthieux —

La démarche autonomiste martiniquaise est plus que jamais à l’ordre du jour. Dans le maelström institutionnel voire existentiel qui l’entraîne et en cible de courants qui rappellent les Gilets jaunes, tels que « Bloquons tout » ou « C’est Nicolas qui paie », la République semble vouloir se dégager et s’offrir un label décolonial en libérant les forces du largage. Tandis que les autonomistes et indépendantistes y voient une aubaine qui pourrait disparaître dans le confort retrouvé d’une République apaisée. Certes, de la part des postulants, cette démarche est inspirée d’un idéal de dignité et d’une exigence de responsabilité. Mais passé l’énoncé de ces valeurs, on a du mal à découvrir leur réalité dans un projet pour la Martinique dont on ne voit toujours pas la couleur.

En effet, peut-on se contenter de définir l’autonomie par ce qu’elle n’est pas ? De la part de ses porteurs, le discours sur l’autonomie s’est toujours caractérisé par une définition négative que l’on pourrait nommer autonomie du ni-ni : « l’autonomie n’est pas ceci, l’autonomie n’est pas cela ».

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Edwy Plenel en Martinique

— RS n° 408 lundi 18 août 2025 —

La remarque est banale mais tellement vraie : le meilleur remerciement à faire à Edwy Plenel et à Tropiques Atrium pour cet entretien accordé au mouvement social et politique RESPÉ, dans la grande et belle salle Aimé Césaire, c’est de poursuivre la réflexion autour de quelques-uns des thèmes abordés ce 22 juillet dernier.

Les 800 personnes environ qui se sont pressées pour bénéficier de ce moment, ont certes été attirées par la notoriété du fondateur de Médiapart, par la connaissance de son lien particulier avec la Martinique, mais savaient par la publicité faite, que ces thèmes ne seraient point marqués par la légèreté et l’insouciance.

État du monde, génocide en Palestine, colonialisme et suprémacisme, Kanaky, état de la France, égalité, féminisme, internationalisme …Tout cela était au menu et Michèle, Marcel, Anouk, Anne-Claire, Nicole, Malou ont efficacement posé les problématiques que le public a généralement repris en y ajoutant des questions sur le journalisme.

Plutôt qu’un compte-rendu de ces deux bonnes heures d’échanges que personne n’a quittées avant la fin, complétons les notes éclairantes de Colette Césaire, dans un précédent RS, par le retour sur quelques notions importantes martelées par Edwy Plenel.

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Centenaire de Frantz Fanon

Une étape importante dans la connaissance de Frantz Fanon, surtout en Martinique
Parlons d’abord des réalités chiffrées!

—RS n° 407 lundi 11 août 2025 —

L’extension du public touché
Par le nombre de films et documentaires sortis cette année sur Frantz FANON, (le film de Jean-claude Barny est resté plusieurs semaines à l’affiche à Madiana), par la tenue de trois colloques dans la seule Martinique, par l’évocation de ces colloques dans les médias, par le nombre d’actions pédagogiques réalisées dans les établissements scolaires, par les conférences, par les témoignages dans deux colloques d’un condisciple centenaire de Fanon, par la présence active d’un insoumis de la guerre d’Algérie resté fidèle à ses idéaux, Daniel Boukman, par les émissions dans les médias, par la sortie en première mondiale d’une pièce de théâtre de Fanon jouée par une troupe martiniquaise, (« les mains parallèles »), par les nombreux lieux en Martinique où se sont déroulés les évènements liées au centenaire (Sainte-Luce, Marin, Lamentin, Marigot, Saint-Pierre, Morne-Rouge, Fort-de-France, Schoelcher, François…), nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la connaissance de Frantz Fanon.
Le Mémorial de 1982 sous l’égide du Cercle Frantz Fanon, le colloque scientifique international de 2011 de First Caraïbe, ne sont donc pas restés sans suite.

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L’ex-ministre de l’Éducation nationale, Pierre Josué Agénor Cadet…

fer de lance d’une campagne de réhabilitation de la corruption dans le système éducatif d’Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Paru en Haïti dans Le Nouvelliste du 6 août 2025, l’article de Claude-Bernard Sérant, « Promouvoir la lecture en créole et en français pour une société plus inclusive, plus cultivée et plus souveraine », interpelle à plusieurs titres. Relatant un récent entretien, cet article a le grand mérite de consigner la vision de Pierre Josué Agénor Cadet, ex-ministre de l’Éducation nationale, sur plusieurs questions majeures, y compris les enjeux linguistiques de l’éducation. Cette vision s’énonce dès le « chapeau » de l’article : « Dans ce deuxième volet de notre entretien avec l’ancien ministre de l’Éducation nationale, réalisé le samedi 2 août 2025 après sa conférence en ligne à la Bibliothèque Nazaréen de Cabaret, Pierre Josué Agénor Cadet s’exprime sur les enjeux linguistiques qui freinent l’accès à la lecture en Haïti. Selon lui, la question de la langue dépasse les clivages linguistiques : elle touche à la justice sociale, à l’égalité des chances et à la souveraineté intellectuelle du pays.

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Netanyahu : Le monstre de Frankenstein

— Par Robert Lodimus —

« Si Dieu n’existe pas, tout est permis.  

(Fiodor Dostoïevski, Les Frères Karamazov)»

  C’est vrai que ce sujet épineux incite à la plus haute réserve et à la plus grande précaution. Les agissements politiques des enfants d’Abraham envers les habitants de la Bande de Gaza – il faut le dire clairement – souvent non conformes aux conventions et traités internationaux,  sont toujours au-dessus de tout blâme. Nous ne parlons même pas de sanction. Les Israéliens comptent autour d’eux des alliés puissants. Leurs richesses économiques et financières se déploient à la grandeur de la planète. Les Juifs, établis sur tous les continents, n’arrivent plus à comptabiliser leur  argent,  leurs mobiliers et leurs immobiliers. Et par-dessus tout, comme si cela ne suffisait pas, « l’Éternel » aurait même fait d’eux – selon les Écritures – les premiers et principaux héritiers du « Paradis ». Ils sont donc – contrairement à vous et à moi – les  « enfants légitimes » de la « Création ».

Les États-Unis, le Canada, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, pour ne citer que ceux-là, révèrent Israël comme les Frères de l’Instruction Chrétienne nous apprenaient, enfants,  à vénérer Jean-Marie de La Mennais, encenser  le catholicisme rétrograde et son « mensonge théorisé » – pour reprendre  les termes que Jean-Pierre Rioux(1) a utilisés dans un contexte différent – et à abhorrer les Indiens.

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Le Conseil constitutionnel valide la loi pour la refondation de Mayotte

Jeudi 7 août 2025, le Conseil constitutionnel a donné son feu vert à la loi de programmation pour la refondation de Mayotte, ainsi qu’à la loi organique relative à son organisation institutionnelle. Saisi mi-juillet par des parlementaires de gauche, opposés notamment à certaines dispositions du volet migratoire, le Conseil a jugé les textes globalement conformes à la Constitution, malgré quelques réserves d’interprétation.

Présentée par le gouvernement comme une réponse aux multiples crises que traverse Mayotte — aggravées par le passage du cyclone Chido en décembre 2024 — cette réforme vise à restructurer profondément le territoire, tant sur les plans juridique, social, institutionnel que sécuritaire.

Une loi justifiée par les « caractéristiques et contraintes particulières » de Mayotte

Au cœur des débats : les mesures de durcissement en matière d’immigration, contestées par des députés socialistes, insoumis et écologistes, qui les estimaient contraires aux principes d’égalité et de protection de l’enfance.

Le Conseil constitutionnel a cependant estimé que la situation migratoire de Mayotte — marquée par une forte proportion de résidents étrangers, dont beaucoup en situation irrégulière — constitue bien une « contrainte particulière » au sens de l’article 73 de la Constitution, qui permet des adaptations législatives spécifiques pour les territoires ultramarins.

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Kanaky : Urgence, débat et solidarité

—RS n° 406 lundi 4 août 2025 —

La signature de l’accord de Bougival par le responsable de la délégation kanak, l’État français, les Caldoches auto-désigné·e·s  « loyalistes », les débats qu’il suscite au sein du camp indépendantiste, interpellent tout anticolonialiste.

Personne de raisonnable ne peut prétendre donner des leçons à celles et ceux qui mènent la lutte de libération sur le terrain, en payant le prix exorbitant que cela implique. Le devoir de solidarité suppose le respect des directions que le peuple en lutte s’est donné, mais aussi l’aptitude à tirer les leçons des évènements tels qu’ils se déroulent.


À propos de l’accord

Le président de l’Union Calédonienne, principale force historique du mouvement kanak, ne cache pas son désaccord avec une signature pourtant avalisée par le Palika, une composante du FLNKS née sous le signe de la radicalité « marxiste-léniniste ». Signe de la complexité de la situation. L’USTKE, centrale syndicale majoritaire, fidèle à son orientation anticolonialiste et anticapitaliste vient à son tour de rejeter ledit accord.

De fait, cet accord a une apparence et une réalité. L’apparence, dirons nous en exagérant quelque peu, c’est la création d’un État, la proclamation d’une nationalité, l’attribution de pouvoirs à cet État, y compris sur le plan international.

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La Nuit du 4 Août 1789 : L’Abolition des Privilèges et la Fin de l’Ancien Régime

Dans la nuit du 4 août 1789, un bouleversement sans précédent ébranle les fondements de la société française. En une séance mémorable de l’Assemblée nationale constituante, les députés proclament la fin des privilèges féodaux, mettant ainsi un terme à un ordre social millénaire fondé sur l’inégalité des droits. Ce moment historique, survenu dans une atmosphère de ferveur révolutionnaire et d’urgence nationale, s’impose comme l’un des actes fondateurs de la Révolution française.

Le contexte : une France en crise

Depuis la prise de la Bastille le 14 juillet, la Révolution s’est accélérée. Partout dans les campagnes, les paysans s’emportent contre l’oppression seigneuriale, brûlent les châteaux, détruisent les registres féodaux, et réclament justice. Cette vague de violences, connue sous le nom de Grande Peur, provoque une panique générale. Les élites craignent un effondrement total de l’ordre social. Dans ce climat tendu, l’Assemblée constituante cherche une réponse politique immédiate pour apaiser les tensions.

Une nuit d’élan, de ruptures et de renoncements

Le 4 août, à la tombée du jour, débute une séance qui va durer jusqu’au petit matin. Ce sont les nobles eux-mêmes qui, les premiers, prennent la parole pour proposer l’abandon de leurs privilèges.

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Maintenant !

— RS n° 404 lundi 21 juillet 2025 —

« Résister est un verbe qui doit se conjuguer au présent ». Cette phrase que l’on attribue à Rosa Luxemburg, a, par définition, toujours le mérite de l’actualité.

Il n’y a pas de résistance capable de se muer en offensive sans programme. Les programmes, eux, ne sortent pas tout faits d’un livre déjà écrit. Ils ne naissent pas non plus de l’activité solitaire d’un cerveau génial.

Les programmes, sans lesquels l’action n’est qu’une agitation désordonnée, se forgent dans le débat collectif, constamment renouvelé à la chaleur des luttes communes.

Plusieurs évènements en cours en Martînique méritent d’être analysés à l’aune de ce bon sens pas aussi partagé qu’on le voudrait. Voyons cela.

Le débat à l’initiative de RESPÉ et du GRS

Tout entière tournée sur la question du programme et des moyens pour le faire avancer, la réunion du 13 juillet fut éminemment positive, même si elle n’a pas atteint tous ces objectifs en termes de forces représentées.

Parmi les 53 participant·e·s (33 sont restées pour la collation conviviale qui a prolongé certains échanges), nous avons eu le plaisir de partager des réflexions avec des militantes et militants venu·e·s soit à titre personnel (des camarades de la CDMT, du PPM, de la CGTM, du PCM).

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Haïti en 2025 : une spirale de violence incontrôlable et un État en déliquescence

— Par Jean Samblé —

Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine. Le pays, déjà miné par des décennies de crises politiques, économiques et sociales, est désormais plongé dans une spirale de violence sans précédent, principalement orchestrée par des gangs armés qui ont progressivement étendu leur contrôle sur de larges portions du territoire. Les derniers rapports de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dressent un constat accablant : entre janvier et juin 2025, plus de 3 141 personnes ont été tuées, portant le total des assassinats à 4 864 en neuf mois, sans compter les milliers de blessés et les centaines d’enlèvements signalés.

Une violence qui se propage au-delà de la capitale

Si Port-au-Prince reste l’épicentre de l’insécurité, la situation se détériore rapidement dans les provinces, notamment dans les départements du Centre et du Bas Artibonite, jusqu’ici relativement épargnés. La ville de Mirebalais, par exemple, a vu 100 000 habitants fuir face aux attaques à répétition des gangs depuis début 2024. Plus récemment, 27 500 personnes ont été déplacées en moins d’une semaine dans cette même région, à la suite d’attaques dans la zone de Sarazin, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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«Entretiens avec Edwy Plenel» le 22 juillet 18h à Tropiques-Atrium

— RS n° 403 lundi 14 juillet 2025 —

Quel militant.e n’a pas une flopée de questions à poser à Edwy Plenel par les temps compliqués que nous vivons ? Où va la France ? Où va le monde ? Le génocide en Palestine, l’extrême droitisation et les résistances, la question morale, les turpitudes de la presse dominante et les alternatives, la géopolitique des «blocs», l’internationalisme des peuples, le regard français sur son empire colonial, la place du chlordécone dans la panoplie des crimes sanitaires et écologiques de France, le péril climatique et les moyens d’y faire face, les affaires, la corruption, Médiapart dans tout ça.

Que de questions ! Comment trier pour tirer le maximum de l’opportunité d’un entretien avec le co-fondateur de Médiapart, observateur passionné du cours des choses, auteur d’une multitude d’études (livres, articles), militant révolutionnaire puis journaliste exigeant, toujours engagé dans le combat pour l’égalité et la démocratie, anticolonialiste de toujours, amoureux de son pays d’enfance, la Martînique ? C’est le défi que devra relever RESPÉ, avec l’aide du public que nous voulons à la hauteur de la grande salle Aimé Césaire de Trooiques-Atrium.

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Faire Peuple : Le Nouveau Pacte Calédonien de Bougival

Résumé détaillé de l’accord sur l’avenir de Nouvelle-Calédonie, conclu à Bougival en juillet 2025.

Préambule : Le Pari d’une Confiance Renouvelée

S’inscrivant dans la continuité des accords de Matignon-Oudinot (1988) et de Nouméa (1998), ce nouvel accord vise à écrire une nouvelle page de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Il reconnaît les acquis historiques tout en prenant acte des profondes blessures laissées par les événements de mai 2024. L’objectif est de reconstruire un projet de société et un avenir stable, en s’appuyant sur les valeurs de dialogue, de paix et de destin commun. Le succès de cet accord repose sur l’engagement de tous les partenaires et la volonté des Calédoniens de « faire peuple ».

I. Principes Fondamentaux et Nouveau Statut
L’accord propose une solution politique pérenne pour garantir la stabilité du territoire.

* Un État au sein de la République : Il est convenu de créer une organisation institutionnelle sui generis (unique en son genre) : l’État de la Nouvelle-Calédonie. Cet État sera partie intégrante de l’ensemble national français, son statut sera inscrit dans la Constitution de la République française et il pourra être reconnu par la communauté internationale.

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