— Par George Pau-Langevin —
Chaque fois que les mémoires de l’Esclavage et de la Shoah se retrouvent mesurées, comparées ou opposées, les passions, les emportements et les outrances qui s’expriment démontrent combien la connaissance historique et scientifique de l’une et de l’autre doit progresser et progresser encore avant que ne s’effacent, enfin, les tentations de l’inutile concurrence des mémoires et des victimes.
Peut-on encore évoquer la singularité de la Shoah sans que les descendants d’esclaves – dont je suis – ne se sentent minorés ou, pire, niés dans la mémoire des souffrances et des atrocités qui furent infligées à leurs aïeux ? Peut-on, de même, rappeler avec force la singularité de la traite des Noirs, de ses abjects fondements et de la monstruosité de son bilan humain, sans pour autant blesser la mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans les camps, jetés dans les rouages d’une industrie de la mort programmée et planifiée au seul motif qu’ils étaient Juifs ?
Chacun de ces deux crimes contre l’humanité a acquis sa singularité dans l’Histoire. Une singularité conquise de haute lutte et qui, pour la Shoah comme pour l’Esclavage, continue de se construire à mesure que la connaissance des faits historiques se renforce et que l’œuvre de mémoire collective progresse.

Cessons de diaboliser la dette
L’horreur commence sitôt la première atteinte, le premier sang, le premier mort. Elle est d’emblée totale. Toute atteinte à l’humain déclenche un abîme sans limites.
Les Économistes atterrés dénoncent la décision de la BCE qui viole la démocratie, renie ses propres engagements à tout faire pour éviter la déflation et pour sauver la zone Euro et fait le lit des forces politiques réactionnaires qui prospèrent toujours sur fond de crise totale. Ils appellent tous les démocrates à s’opposer avec la dernière énergie à cette décision inique de la BCE. Les choix du peuple Grec doivent être respectés.
Après la publication d’un dossier sur les « errements » dans la gestion du Ceregmia le site d’information Mediapart gagne sa seconde manche contre les dirigeants de ce laboratoire de recherche installé sur le campus de Schoelcher.
Ils s’appellent Cécilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor…
La chanteuse à succès des années 80 et 90 ne faisait plus beaucoup parler d’elle jusqu’à ce texte qu’elle publie et qui sera probablement bien commenté dans les milieux afro-antillais. Elle a écrit une « Lettre ouverte » à François Hollande pour s’insurger d’une phrase prononcée par le Président de la République lors des commémorations du soixante-dixième anniversaire de l’entrée de l’Armée rouge dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Ce texte est à relier au Manifeste des nègres insoumis qui dénonce la hiérarchisation dans l’indignation. Les deux textes procèdent de la même démarche de dénonciation du fait qu’on dise que la Shoah est le pire des génocides de l’Histoire de l’Humanité. Ils considèrent, même si ce n’est pas dit comme cela, qu’il est plus facile pour un juif d’attirer à lui la compassion des gens indignés par l’injustice que pour un autre Français.
Cela ne leur a pas plu, ce grand gars à la voix douce et à la barbe fournie d’un imam, qui collait sur le mur une affiche en pied de lui-même photographié en djellabah avec, à côté, le mot « coexist » – Un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T. Samedi 30 janvier, porte Dorée à Paris, les quatre jeunes lui ont demandé d’effacer l’inscription. L’homme a refusé, alors ils l’ont roué de coups. Epaule démise, des bleus douloureux et huit jours d’incapacité totale de travail (ITT), mais « rien de cassé » : « Mon petit frère, qui fait de la boxe, m’a appris : j’ai eu les bons gestes quand j’étais à terre. »
La justice américaine s’est penchée sur la lourde responsabilité de l’agence de notation dans la crise des subprimes. Mais Standard and Poor’s accepte de payer une lourde amende pour éviter un procès qui aurait pu être historique. L’agence Standard and Poor’s a accepté de payer une amende de 1,37 milliard de dollars aux autorités américaines pour avoir trompé les investisseurs sur la qualité des crédits immobiliers dits « subprime », à l’origine de la crise financière. S&P, si elle admet sa culpabilité, évite en payant cette amende un long procès qui aurait permis d’étaler au grand jour les pratiques des agences de notation, de dévoiler les conflits d’intérêts dans lesquels elles sont plongées autant leur incompétence.
Faut-il sanctuariser telle ou telle catégorie de la société -les Juifs, les Arméniens, les descendants d’esclaves africains, etc. – en donnant à chacune la satisfaction d’une loi mémorielle qu’elle pourrait avoir de bonnes raisons de revendiquer ? Appartient-il à l’autorité politique de définir la vérité historique sur certains traumatismes du passé pour préserver, sous la menace de sanctions pénales, la mémoire collective ? Ne risque-t-on pas, ce faisant, d’attiser les conflits de mémoires ? Telles sont quelques-unes des questions cruciales, et très actuelles, qu’aborde La concurrence mémorielle (1), un ouvrage collectif sous la direction de Geoffrey Grandjean et Jérôme Jamin.
C’est un petit mais important geste que vient de poser le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en s’alliant avec son homologue, le Conseil représentatif des Français d’outre-mer (Crefom).
Les maximes sur l’impossibilité de représenter la mort ne manquent pas. En particulier quand il s’agit de la mort de masse, celle qui fut donnée dans les camps d’extermination. Au nom d’une « irreprésentabilité » supposée de la Shoah, une école de pensée a délégitimé a priori l’archive visuelle, se fondant sur le parti pris formel de Claude Lanzmann dans Shoah (1985), qui excluait toute image d’époque. Siegfried Kracauer, dans Théorie du film (Flammarion, 2010), anticipant ce débat dans les années 1950, avait suggéré que l’horreur pouvait être vue, mais seulement de façon détournée (il recourut pour cela à l’allégorie de la tête de Méduse, dont Persée évita le regard mortifère en contemplant son reflet sur son bouclier). Dans Images malgré tout (Minuit, 2004), le philosophe et historien d’art Georges Didi-Huberman a, sans craindre la polémique, voulu restituer un statut « imaginable » à la déchirure du génocide, en commentant quatre photographies d’Auschwitz prises à l’insu des gardes SS par des Sonderkommandos en août 1944, alors que la machine meurtrière battait son plein avec le gazage des juifs hongrois.
-Tribune- Ma soeur, car nous le sommes par nos parents qui ont souffert de l’esclavage, j’ai lu attentivement
Dans un ouvrage qui vient de paraître, Vincent Goulet, sociologue spécialiste des médias et des pratiques culturelles, ancien maître de conférences à l’université de Lorraine, annonce la couleur avec un titre quelque peu provocateur, « Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1 ». Entretien.
Vous avez osé, Mr Hollande, en 2015 au vu et au su de tous, insulter par omission des peuples, oui des peuples entiers. Lors de la commémoration du 70ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, vous avez affirmé que : « La Shoah est le plus grand crime, le plus grand génocide, jamais commis »
Le nom de cette fête, Chandeleur, ou fête des chandelles, a une origine latine et païenne : la festa candelarum.
La perception du Semblable et de l’Autre différent évolue suivant les époques, influencée par des phénomènes politiques, sociaux, culturels et religieux. Quant au racisme, il sévit partout, pas seulement dans les partis d’extrême droite qui en font commerce. Il persiste en début de XXIe siècle malgré les grands progrès pour l’éradiquer.
Tribune. La victoire de Syriza est une bonne nouvelle pour la démocratie européenne. Ce parti a été caricaturé par certains médias comme incarnant une « gauche radicale » potentiellement antidémocratique. Il n’en est rien. Aube dorée, à l’inverse, fait un score médiocre : le peuple grec a choisi la voie de l’alternance démocratique plutôt qu’une « sortie de route » politique qui, en des circonstances voisines, fut celle de l’Europe des années 1930.
Le Prophète de l’islam est le plus impopulaire parmi les fondateurs de religion. Si vous évoquez Confucius, Bouddha ou Jésus chez les non-chrétiens, on vous prête l’oreille. Dès que vous évoquez Mahomet devant un non-musulman, celui-ci est dubitatif, à juste titre. On voit trop d’images horrifiantes à la télé commises en son nom pour être tenté d’avoir envie de le connaître. Mes compatriotes algériens ont manifesté dans les rues d’Alger pour exprimer leur indignation devant les caricatures de Charlie Hebdo et crier que les frères Kouachi sont des martyrs. Or, y a-t-il un seul verset dans le Coran qui appelle à mettre à mort celui ou celle qui insulte le Prophète ? Aucun verset ne légitime le meurtre d’un blasphémateur, d’un hérétique ou d’un apostat. Aucun !
Alors que je m’active à ramasser les quelques déchets laissés par les visiteurs de la réserve naturelle de Petite-Terre, Guadeloupe, en cette fin de samedi 24 janvier 2015, travail faisant partie de ma mission d’écovolontaire de l’association Ti-Té, mon regard butte sur un bouchon de bouteille en plastique : d’un bleu ciel inhabituel pour les bouteilles de Guadeloupe, il revêt également une inscription peu créole, Sidi Ali. Ayant un peu voyagé ces dernières années, je n’ai aucun doute quant à l’origine marocaine de ce bouchon. D’ailleurs après vérification, il s’agit bien d’un bouchon portant la marque d’une eau minérale d’Oulmès, Maroc, que je viens de trouver dans la laisse de mer de la journée parmi les sargasses et autres posidonies, au niveau de la cocoteraie de Petite-Terre. Je le montre à mes collègues qui n’ont alors qu’une question : mais comment est-il arrivé ici ? Peu de chance qu’un touriste ait eu dans son sac une bouteille d’eau marocaine.
Un ami, agacé, me réveille pour me demander mon point de vue sur, dit-il, « les attaques racistes dont fait l’objet la Guyane». L’auditeur qu’il vient d’entendre sur Radio-Guyane 1ère ne trouve pas de mots assez durs pour fustiger, et sur un ton des plus obscènes, les Guyanais coupables, à ses yeux, de n’avoir pas participé massivement, comme dans l’Hexagone, à la grande marche républicaine du 11 janvier dernier.
Il est fréquent d’imputer à l’école publique la réparation des dégâts que les politiques économiques libérales produisent. Plus de trois décennies de paupérisation, de précarisation, de destruction des services publics, ont eu des effets catastrophiques sur la vie quotidienne des classes populaires (et plus récemment sur celui des couches moyennes). Et l’on voudrait dans ce contexte que l’école puisse être un « sanctuaire » protégé des bruits et nuisances d’un environnement social en crise multiforme.
La femme que je suis, profondément attachée aux valeurs républicaines, fervente gardienne de la laïcité, psychologue légitimement préoccupée du respect du rythme de chacun, se pose des questions sur la notion de tolérance. Je me pose la question de la légitimité à regarder s’éteindre des consciences au profit d’une certaine idée de Dieu, édictée il y a quatorze siècles par des scribes adroits, n’ayant jamais rencontré ni Jésus, ni Mahomet, encore moins Moïse, Adam, Eve ou la pauvre Lilith.
Voici plusieurs années que Catherine Kintzler tente d’élaborer une construction philosophique du concept de laïcité. Elle en a proposé en 2007 (Qu’est-ce que la laïcité?, éd. Vrin) une exposition raisonnée de type « académique ». Il s’agit ici pour elle d’exposer et de reprendre cette réflexion de manière plus ample, tout particulièrement en la jugeant à l’aune de l’actualité. En effet, on doit pouvoir attendre d’une théorie qu’elle soit capable d’élucider le plus grand nombre possible de phénomènes entrant dans son champ, et qu’elle soit en mesure soit de prévoir de manière détaillée des phénomènes inédits, soit d’y faire face de manière tout aussi détaillée s’ils se présentent.