Parmi tous les hommages rendus à Édouard Delépine, l’un des plus émouvants est sans doute celui que Raphaël Confiant publie sur son « Bloc-notes », dans Montray Kreyol, ce mercredi 12 août.
« Édouard Delépine
, l’empêcheur de penser en rond
Il fut le professeur d’histoire de bon nombre d’entre nous au lycée Schoelcher dans les années 1960-80.
Tant de vitalité et d’acuité d’esprit, de culture surtout, dans un si petit corps nous enchantait tout comme nous étonnait le bleu de son regard. Il essayait d’inculquer à nous autres, fils de la petite-bourgeoisie (l’établissement n’était pas encore mixte à cette époque), des rudiments d’analyse marxiste, cela sans dogmatisme ni bourrage de crâne. Son humour décapant, féroce même par moments, clouait le bec aux petits prétentieux qui, comme c’était mon cas, osaient émettre quelques doutes. Sans dévier du programme car nous avions le bac à présenter, il trouvait toujours une occasion d’élargir son propos aux grandes causes qui le passionnaient : la révolution prolétarienne et le bloc soviétique, la décolonisation en Afrique noire, dans le monde arabe et en Asie, dans la Caraïbe mais aussi et surtout dans notre Martinique.

« A travers l’action RVN (Rouge Vert Noir) de ces dernières semaines, la Martinique parle le présent. Elle le parle doublement : elle parle le présent de son histoire coloniale. Elle parle en même temps le présent de la terre entière dont l’espace est au même titre dévasté par un technicisme productiviste débridé et le temps embrigadé dans l’historiographie, pressuré par l’exigence d’un développement (d’un progrès) dont la seule destination est la marchandisation complète du monde, son nivellement et son engloutissement dans le totalitarisme technologique. Elle le fait dans un langage qui lui est propre faisant écho à un contexte qui lui est propre : celui d’un colonialisme qui s’exaspère avec la cristallisation de deux phénomènes parallèles : d’un côté une jeunesse émigrée massivement, en quête d’emplois vers la métropole coloniale (un peuple une nouvelle fois déraciné, désertant sa terre, mué en ombre) ; d’un autre côté, une active colonisation de peuplement qui ne cesse de se renforcer depuis deux décennies. S’ajoute à cela, le resserrement colonial d’un encerclement administratif et répressif.
Dimanche 26 juillet 2020… Quelle triste journée ! Après avoir démantelé les statues de Joséphine et de d’Esnambuc, des manifestants « activistes », en se dirigeant vers le Parc Aimé-Césaire, ont profané la statue de Gandhi en la piétinant et en y inscrivant des insanités du genre « Gandhi, le négrophobe ! »
Les événements violents que nous vivons depuis quelques mois nous invitent à une réflexion sur le devenir de la Martinique. S’il est vrai selon Frantz Fanon que « chaque génération doit, dans une relative opacité, trouver sa mission, la remplir ou la trahir » quelle est celle des acteurs qui sous l’étiquette de « Martiniquais éclairés » ou de « militants RVN » (rouge vert noir) ont conduit les récentes opérations-commando ? La réponse à cette question peut être éclairée par les missions des trois générations qui se sont succédé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Lorsqu’une situation est complexe, la prise en compte de la totalité de ses aspects est la seule façon de voir clair et d’éviter de sombrer dans un opportunisme ou un autre. Voyons ces éléments sans les hiérarchiser ni oublier leur imbrication.
— Par Thomas Lalime —
Marcelin Nadeau, maire du prêcheur, accorde une interview à Hervé Brival à lire dans France-Antilles du 10 août 2020, dont on trouvera ci-après les premières lignes. Il réaffirme sa volonté de dialogue avec » un mouvement spontané et non encarté »
Axa, Banque de France, Marie Brizard… A un degré moindre que leurs homologues britanniques, des entreprises françaises ont elles aussi bénéficié plus ou moins directement du commerce des esclaves.
Au moment de publier cette chronique, je prends connaissance de l’article écrit par Philippe Pierre-Charles sous le titre : «
Les cérémonies dites du “Tricentenaire”ont consacré solennellement ,le rattachement de la Martinique à la France.
Les créations de Wajdi Mouawad sont toujours d’une grande puissance, qui évoquent en la transcendant l’actualité tragique de notre monde. Des œuvres, textes et mises en scène, au souffle épique : on se souviendra de la trilogie Littoral / Incendies / Forêts,
En raison des conditions océaniques et atmosphériques, « cette année nous nous attendons à des tempêtes plus fortes et plus longues que la moyenne ».
Combien de martiniquais savaient que l’entrée du Parc Aimé Césaire avait été construit en 1935 pour le tricentenaire de la conquête française de la Martinique. A la même période que l’érection de la statue de d’Esnambuck ?
La ville natale de Colbert est aussi celle du Monument des héros de l’armée noire, rappelle l’historien. Selon lui, il est plus utile de conserver les statues, plutôt que de les déboulonner, afin de les appréhender de manière critique.
Ces dernières années, des extrémistes identitaires percutent les valeurs républicaines de la société française. Voyant l’avenir de l’humanité comme un « choc des civilisations » et une « guerre de races », ces mixophobes ethno-différencialistes partagent la théorie du « grand remplacement » en Occident : les identitaires nationalistes et anti-cosmopolites, de même que les identitaristes décoloniaux et islamistes. Les crispations identitaires ont ainsi fait couler beaucoup d’encre : les uns dénoncent le « défaut d’assimilation » des populations immigrées, tandis que les autres accusent la « panique identitaire ». Cet ouvrage ne se situe dans aucun de ces camps idéologiques mais décrit ces radicalités identitaires et les enjeux pour la cohésion sociale au sein des sociétés démocratiques.
Paris – Les obsèques de l’avocate et figure féministe Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet à l’âge de 93 ans, ont été célébrées jeudi à Paris en présence de plusieurs centaines de personnes, au son notamment de «
Rien ne peut plus nous étonner !. Et voilà nos insurgés du dimanche se réclamant de A. Cesaire, de F. Fanon et de Koko René-Corail, qui se coulent dans le modèle anglo-saxon en vogue, le très controversé
La loi visant à protéger les victimes de violences conjugales est la transcription législative des travaux du Grenelle des violences conjugales.
La question de la Mémoire est un sujet qui divise les Martiniquais. En plein 20e siècle, on parle encore de communauté béké. Contrairement à ce qu’en pense l’un d’entre eux, Alain Hugues Despointes lors d’une interview sur Canal +, cette communauté n’aurait-elle pas dû avoir une tête « métissée » plutôt que toute blanche depuis tout ce temps passé à côté des Noirs ? Le mot béké ne devrait-il pas se contenter de trouver sa place dans des livres d’histoire ?
Depuis quelques temps, la Martinique vit un tournant dans son histoire. Plus précisément, elle voit sa mémoire bousculée, remaniée mais vérifiée par une jeunesse martiniquaise, non pas révolutionnaire comme le disent certains, mais une jeunesse consciente et militante. Un militantisme que d’autres ont initié dans le passé et qui aujourd’hui refait surface de plus belle. Oui, une jeunesse soucieuse de ne pas se laisser corrompre par une histoire fallacieuse, une histoire falsifiée au bénéfice de ceux qui l’ont écrite. Une histoire fallacieuse restée dans la mémoire collective comme immuable, impérissable, inaliénable mais une histoire symbole de l’aliénation du peuple martiniquais. Oui, cette histoire assimilationniste que l’Etat Français a servi durant des années à nos aïeux. Ces mêmes aïeux qui aujourd’hui pour certains, refusent, condamnent ou saluent le combat mené par cette jeunesse militante ayant rétabli la vérité sur notre histoire. L’histoire du peuple martiniquais et de ses descendants d’esclaves, l’histoire qui érige l’homme blanc comme notre sauveur, comme le grand abolitionniste, je parle de Victor Schoelcher notamment.
Faut-il déboulonner les statues de Victor Schoelcher en Martinique ? Oui. Faut-il déboulonner toutes les figures colonialistes de l’espace public en Martinique ? La réponse est une nouvelle fois positive. A ces affirmations qui nous semblent évidentes, se mêlent en filigrane des questions subsidiaires liées à la légalité et la légitimité des actions de déboulonnage ainsi que celle, plus large encore, de la représentation de la mémoire dans notre espace public.
Lorsqu’une situation est complexe, la prise en compte de la totalité de ses aspects est la seule façon de voir clair et d’éviter de sombrer dans un opportunisme ou un autre.
—Communiqué de presse du Centre de Culture Populaire Ypyranga de Pastinha Martinique (CCPYPM)—