Profanation de la statue de Gandhi

— Par Pierre Catayée —
Dimanche 26 juillet 2020… Quelle triste journée ! Après avoir démantelé les statues de Joséphine et de d’Esnambuc, des manifestants « activistes », en se dirigeant vers le Parc Aimé-Césaire, ont profané la statue de Gandhi en la piétinant et en y inscrivant des insanités du genre « Gandhi, le négrophobe ! »

Comment peut-on écrire une telle ineptie quand on sait que Gandhi a mené une lutte sans concession contre le colonialisme britannique, une campagne nationale pour l’aide aux pauvres, pour la libération des femmes, pour la fraternité entre les communautés de différentes religions ou ethnies, pour la fin de l’intouchabilité et de la discrimination des castes ! Et pour parvenir à ce but, il s’est fait l’apôtre de la non-violence : « Je suis prêt à souffrir n’importe quelle humiliation, n’importe quelle torture, un ostracisme absolu et la mort même, pour empêcher ce mouvement de devenir violence ou précurseur de violence…

La profanation de sa statue en ce dimanche de juillet n’est rien moins qu’une hérésie, un nonsens. En réalité, à travers cet acte répréhensible, nous mesurons tout le mépris et la haine que certains affichent et entretiennent (encore !) pour la communauté indienne de Martinique.

Pourtant, sans se tromper, on peut affirmer qu’elle a durement et amèrement souffert des conditions dans lesquelles elle s’est installée dans ce pays. Pour beaucoup, arrachés à leur pays, à leur famille, leur adaptation et leurs conditions de vie ont été des plus misérables.

Pour la valorisation de notre identité

Les engagés indiens et leurs descendants ont rencontré des défis de tous ordres, mais ils ont aussi imaginé diverses possibilités et occasions de prospérer malgré l’oppression des plantations et la vindicte des anciens esclaves. Ils ont su faire face en choisissant, comme le Maître, la non-violence, le travail et surtout la foi. Ainsi, ils ont pu s’adapter, s’intégrer et se faire respecter. Il n’avait pas échappé au Mahatma que la lutte anti colonialiste aurait été incomplète si elle ne comprenait pas l’affirmation de sa culture et de son identité, ce qui explique le choix conscient d’afficher son indianité dans sa lutte.

Il ne s’agit pas pour notre communauté d’un engagement politique ou de lutte contre le colonialisme, mais nous sommes conscients que Culture et Identité sont des thèmes forts de ce début de 21e siècle comme l’a fait notre Illustre Maître, même s’il existe encore quelques dissensions ou incompréhensions qui peuvent être néfastes pour la valorisation de notre identité, nous nous devons d’honorer nos anciens pour la contribution qu’ils ont apportée à l’édification de cette société qui est désormais la nôtre et afficher fièrement et sans ostentation notre indianité en étant surtout conscients qu’elle est le produit de la confluence de 3 cultures : Hindoue, française et créole, en un mot notre créolité !

Pierre Catayée, Pour associations indiennes : ACATI et GOPIO Martinique