Catégorie : Sciences Sociales

Décès de l’écrivain et sociologue Albert Memmi, humaniste et penseur de la judéité

L’écrivain et sociologue Albert Memmi, grand auteur français d’origine juive tunisienne, connu notamment pour ses romans humanistes dont « La statue de sel » et ses ouvrages sur la « judéité », la colonisation ou le racisme, est décédé le 22 mai à Paris, à l’âge de 99 ans, a-t-on appris dimanche.

« Il est mort extrêmement sereinement, dans la nuit de jeudi à vendredi », a déclaré à l’AFP Guy Dugas, professeur émerite à l’université de Montpellier-3, qui collaborait avec cet « écrivain de la déchirure » depuis plusieurs décennies et avait publié plusieurs ouvrages sur sa vie et son oeuvre, dont des fragments de son journal intime.

Il était né en 1920 dans la Tunisie coloniale et une famille juive arabophone très modeste.

Son talent avait été reconnu très tôt par Albert Camus et Jean-Paul Sartre qui avaient préfacé ses premiers ouvrages, notamment son roman « La Statue de sel » (1953) où il s’émerveillait et souffrait à la fois d’avoir plusieurs identités, à l’image de son personnage principal, Alexandre Mordekhaï Benillouche.

Ecrivain et chercheur reconnu, Albert Memmi n’avait jamais cessé de chercher à bâtir des ponts entre l’Orient et l’Occident, l’Europe et le Maghreb, et il aura contribué par ses écrits à développer la pensée humaniste, notamment par ses essais autour de la « judéité » — un concept qu’il avait forgé dans les années 1970 –, du colonialisme (notamment avec son « Portrait du colonisateur », 1957) et du racisme.

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Le portrait du colonisé d’Albert Memmi

Après avoir publié le « Portrait du colonisateur de bonne volonté » dans Les Temps modernes en avril 1957, Albert Memmi faisait paraître le « Le portrait du colonisé » dans Esprit, en mai 1957. Les deux textes devaient être réunis et développés dans « Portrait du colonisé – Portrait du colonisateur » [1]. Nous reproduisons ci-dessous Le Portrait du colonisé tel qu’il est proposé sur le site de la revue Esprit à l’occasion de la parution de son numéro de décembre 2006 intitulé « Pour comprendre la pensée postcoloniale » [2].

Le mythe

Tout comme la bourgeoisie propose une image du prolétaire, l’existence du colonisateur appelle et impose une image du colonisé. Alibis sans lesquels la conduite du colonisateur et celle du bourgeois, leurs existences mêmes, sembleraient scandaleuses. Mais nous éventons la mystification, précisément parce qu’elle les arrange trop bien.

Lorsque le colonisateur affirme, dans son langage, que le colonisé est un débile, il suggère par là que cette déficience appelle la protection. D’où, sans rire – je l’ai entendu souvent – la notion de protectorat. Il est dans l’intérêt du colonisé qu’il soit exclu des fonctions de direction ; et que ces lourdes responsabilités soient réservées au colonisateur.

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Le débat ce n’est pas ça !

— Par Fola Gadet, écrivain et universitaire —

Quand ça se passe en Afrique du Sud, vous comprenez, vous applaudissez. Quand ça se passe aux États-Unis, vous comprenez, vous applaudissez, vous écrivez. Quand ça se passe chez nous, ça vous semble vide de sens, vous récriminez. L’indignation de ces jeunes activistes doit être entendue. Pour ma part, je préfère dix jeunes debout derrière leurs idées que 100 fatalistes, conformistes et individualistes. Ils ne sont pas les premiers à faire ça et ils ne seront pas les derniers si nous ne saisissons pas ce moment pour avoir une conversation autour de notre mémoire, de notre histoire. Ces jeunes ne sont pas bêtes et sans raisonnement intellectuel. Ils ne sont pas non plus les marionnettes d’un groupe politique. Arrêtons de les insulter et de les ridiculiser à partir du confort de nos petites vies. Vous avez eu leur âge ? Vous savez que ce sont des années où on veut changer le monde et nous avons besoin de cette énergie. Nous sommes le fruit de gens qui avaient cette énergie à un moment donné.

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Une drôle de salade de fruits !

L’autre événement du 22 mai, à Fort-de-France

— par Janine Bailly —

Depuis le déconfinement, et le retour à une vie presque normale, les affiches et publicités qui évoquent la nécessité de se tenir à un mètre minimum de quiconque se multiplient. Et si elle prétendent nous aider à tenir la maladie en respect, elles se voient pourtant reçues avec plus ou moins de bonheur.

Ainsi, ce vendredi 22 mai, la préfecture de Martinique avait publié sur les réseaux sociaux un message appelant ses habitants à respecter cette distance entre chacun. Un visuel légendé « 1 m ou 5 ananas », sur lequel la séparation était donc symbolisée par… cinq ananas  posés entre deux personnages, l’un noir et l’autre blanc, bien pourvus de masques.  Un dessin censé illustrer l’importance de cette distanciation physique, nécessaire pendant l’épidémie de coronavirus. Une affiche qui a paru enjoindre les Martiniquais à compter non en mètres, mais en ananas… Une utilisation du fruit exotique qui n’a pas été du goût de tous !

Suivre l’exemple ? En effet, le 10 avril dernier, la municipalité de Rapa Nui, sur l’île de Pâques, avait  la première utilisé cette comparaison pour rappeler l’importance de ce geste-barrière à appliquer contre le coronavirus.

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A bas Schoelcher ! Alors faut-t-il sortir du cocon de l’état-providence français ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Au delà des condamnations de principe de la destruction des statues de Victor Schoelcher, les responsables politiques et économiques de la Martinique ne se rendent pas compte qu’il s’agit là en fait d’un acte réitéré de défiance envers la communauté dite des békés et de la présence française en Martinique.

Nous sommes en présence d’une intentionnalité à part entière et non pas d’un simple épiphénomène .
En effet, tout cela laisse à penser qu’il existe actuellement en Martinique un terreau propice à la radicalisation des esprits. Cette forme de radicalité de certains activistes Martiniquais découle d’une réappropriation des concepts de lutte des classes et d’inégalités sociales par une génération que le confort et la consommation à outrance avaient dépolitisée.

La coup d’éclat actuel des activistes pan-africanistes nourrit aussi des dénonciations fortes, et dessine des aspirations plus manifestes encore qu’en 2009 , en précipitant des dynamiques enclenchées antérieurement par certains hommes politiques et intellectuels Martiniquais.

Pour beaucoup, la radicalité de l’action de destruction des statues de schoelcher révèle les défaillances de notre modèle départemental, une scandaleuse inversion des priorités de nature idéologique et historique , et une course insensée d’un système à la fois assimilationniste et nationaliste que nul ne maîtrise.

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Les femmes, la peine maximum

Le 16 mars, face à la pandémie et à sa propre impréparation, le pouvoir décrète le confinement, la vie s’arrête. En Martinique, brutalement, de nombreuses personnes se retrouvent dans une situation sans issue. Et, bien entendu, les femmes sont les plus touchées et les plus démunies. Plus de travail, plus de job : les aides-ménagères, les vendeuses de repas de tout genre (sandwiches à la morue, etc.) se retrouvent sans aucun revenu. Avec leurs enfants, elles regardent le placard et le réfrigérateur se vider à grande vitesse, sans aucune possibilité de les remplir. La situation est d’autant plus angoissante qu’elles assurent depuis de nombreuses semaines les trois repas – alors que celui du midi est pris en charge, souvent gratuitement, par les municipalités en période scolaire normale… Mais là, des enfants qui, comme les autres, ont faim matin, midi et soir. Et dont la seule activité, comme pour tous les autres, est de manger ou de vouloir manger matin, midi et soir ! Au bout de trois jours, les paniers donnés pour une semaine par les réseaux bénévoles de solidarité sont déjà bien entamés.

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Points de vue sur un évènement marquant de ce 22 mai 2020

France Antilles du 22 mai 2020 :  l’événement à Fort-de-France

« En ce jour de commémoration du 22 Mai, un groupe d’activistes a fait tomber deux statues de leur socle avant de les endommager à coups de masse. Les militants sont passés à la vitesse supérieure cette année, contestant l’action de Victor Schœlcher et lui reprochant notamment le décret suivant l’abolition de l’esclavage, ayant permis l’indemnisation des propriétaires d’esclaves. »

Sur People Bò Kay : un acte assumé, un témoignage

Deux militantes martiniquaises ont revendiqué samedi, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, avoir participé à la destruction des deux statues de Victor Schoelcher le 22 mai, jour du 172ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Martinique.

« Ceci est un message à la gendarmerie de la Martinique, la police, les forces armées, les juges, les magistrats. Nous assumons pleinement notre acte parce que nous en avons assez, nous jeunes Martiniquais d’être entourés de symboles qui nous insultent », déclare Jay Assani, activiste martiniquaise très connue sur les réseaux.

« Et nous avons pris la décision, nous ne sommes pas les premiers à s’en prendre à ces symboles.

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Distanciation : le préfet de Martinique retire une affiche jugée raciste

Plusieurs personnes se sont indignées de cette affiche publiée vendredi, qui représente deux hommes, un Blanc et un Noir, séparés par des ananas.

La préfecture de Martinique a fait machine arrière samedi 23 mai, après avoir publié sur les réseaux sociaux la veille une affiche pour illustrer la distanciation physique à respecter pour limiter la propagation du Covid-19, la distance en question ayant été transcrite en ananas. Deux personnages sont représentés : un Noir et un Blanc. Ce visuel a fait polémique sur les réseaux sociaux, avec un tweet remarqué du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a qualifié la démarche des services de l’État dans le département d’outre-mer de « honte ».

Lire aussi Déconfinement et gestes barrières : ce qu’il faut savoir

Excuses de la préfecture

Face à ça, les services du nouveau préfet Stanislas Cazelles, ex-conseiller à l’Élysée pour l’outre-mer nommé en février, ont retiré l’illustration. « Nous présentons nos excuses si elle a pu heurter certains d’entre vous. L’unique objectif était de montrer l’importance de la distanciation face à l’épidémie », a écrit le service communication du préfet sur son compte Twitter.

« Message honteux du préfet de la Martinique.

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Sciences Sociales : les nouveautés du 24 mai 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Casser les statues de Schoelcher est une démarche qui méconnait une part de l’histoire de la fin de l’esclavage!

— Par Gilbert Pago —

Ma lettre traduit une volonté de dialogue ( serait-elle impossible ?) avec les jeunes activistes. Accepteront elles et ils cette invite ?

Des statues de Victor Schoelcher tant au centre Camille Darsières ( ex tribunal de Fort de France) que celle de l’entrée du bourg de Schoelcher ( à Case Navire), ont été abattues ce vendredi 22 mai.

Le coup d’éclat se définit grandement comme militant, il reste très malheureusement erroné et perturbe encore plus notre compréhension de notre histoire.

Les militants et militantes des années 1960 et 1970 (avec lesquels je suis fier d’avoir très fortement agi) rejetaient le rôle d’une France qui aurait octroyé l’émancipation, par l’action bienfaitrice de ses seuls abolitionnistes dont Schoelcher. Cette génération exigeait de ne pas minorer le rôle de la lutte des esclaves pour l’arrachement de leur émancipation. Elle faisait ressortir que l’ignorance et la méconnaissance des 22 et 23 mai, ne devaient pas perdurer.

Le 22 mai, jour de 5 événements marquants à Saint Pierre et au Prêcheur, devenait à juste raison la date-phare qu’elles et ils érigeaient comme date de commémoration et de célébration, avant même celle du 23 mai, date réelle et officielle de l’abolition de l’esclavage.

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S’appuyer sur une mémoire partagée pour bâtir une vision ambitieuse de l’avenir

— Par Olivier-Ernest Jean-Marie —

Deux statues de Victor Schoelcher ont été détruites aujourd’hui (22 mai 2020) devant l’Espace Camille Darsières à Fort-de-France et à l’entrée du bourg de Schoelcher en Martinique.

Je constate que Nous (communauté martiniquaise) ne partageons pas (plus?) la même mémoire. Il existe des divergences sur les références historiques que nous devons retenir pour asseoir notre communauté dans le Monde et nous situer dans le temps.

En préambule, je précise que mon intervention n’a pas pour objectif de justifier ou de condamner ces destructions.

Au-delà du jugement moral que nous pouvons porter sur les motivations et les méthodes des auteurs de ces actes, il me semble important, si nous voulons créer ou consolider notre communauté martiniquaise, que nous entamions un devoir de mémoire profond, sincère, participatif et courageux.

Les statues de Schoelcher, de Joséphine et de D’Esnambuc sont régulièrement dégradées… puis furtivement restaurées (à l’exception de celle de Joséphine…), les plaques des rues Gallieni et Blénac sont régulièrement enlevées…puis remplacées discrètement.

Il y a là le signe d’un désaccord profond qui mine la construction d’une communauté martiniquaise sereine et ambitieuse.

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Du 22 Mai à aujourd’hui,les femmes toujours présentes et actrices dans les luttes !

Le 22 mai 1848, Il y a 172 ans, femmes et hommes réduit·es en esclavage se libéraient de leurs chaines par une insurrection victorieuse.

Les femmes ont participé activement à cette page de notre histoire … Pendant ces 2 longs siècles, elles ont inventé plusieurs formes de résistance. Cela pouvait aller du refus de travail au suicide, en passant par l’avortement, le marro-nage… Elles étaient souvent à la tête de ces sociétés clandestines appelées «sociétés d’esclaves», c’est-à-dire ces «associations serviles» qui étaient non seulement des lieux où ces Africains réduits en esclavage pouvaient pratiquer leurs cultes, mais aussi des lieux d’entraide et d’organisation de la résistance.
Elles ont été de tous les combats menés contre le système esclavagiste agitations sur tous les lieux (habitations, sortie des messes, arrivée des bateaux, diffusions des pétitions pour l’abolition… , Elles sont dans la foule qui du Prêcheur accompagne l’esclave Romain à la prison de Saint-Pierre le 22mai.Nombre d’entre elles sont blessées et tuées lors de la fusillade qui déclenche l’insurrection.

Comme partout et toujours, l’Histoire se déroule avec elles comme Actrices.
Les femmes insurgées de Saint-Pierre et du Précheur démentent par leur engagement dans les affrontements, les stéréotypes féminins bourgeois de faiblesse, de manque de courage physique.

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Sur l’abolition de l’esclavage : fausses querelles et vrais problèmes

— Par Édouard de Lépine —

Au moment où s’annonce bruyamment la préparation des fêtes du 22 mai, il nous a semblé qu’on ne pouvait laisser passer sous silence, la date du 27 avril, date de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Pour éclairer le débat, un extrait de l’ouvrage d’Édouard de Lépine, Dix semaines qui ébranlèrent la Martinique, Maisonneuve Larose – Servédit, Paris 1999

…Faut-il opposer le 22 mai au 27 avril comme on tend à le faire depuis une trentaine d’années, après avoir, il est vrai, outrageusement privilégié le 27 avril par rapport au soulèvement du 22 mai qui a conduit à l’abolition anticipée de l’esclavage à la Martinique et à la Guadeloupe ? S’il est vrai que c’est la France qui a introduit l’esclavage dans ses colonies et qu’il n’y a pas lieu de se confondre en actions de grâce pour la remercier d’avoir aboli ce qu’elle avait établi, rien ne nous oblige à donner raison à ceux qui pensent qu’il « y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude ».

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Cultes, culture et culture physique

— Par Suzanne Dracius —

Moi, mon culte, c’est Manman Dlo, la divinité marine caribéenne, et mon lieu de culte, c’est la mer. Pour accéder à mon lieu de culte, l’océan, je dois passer par la plage, mais je ne fais que passer. Quant aux gendarmes qui, comme ils l’ont fait le 20 mars, m’enjoindraient de sortir de l’eau alors que je nage au large, je leur rétorquerai que mon corps de Martiniquaise est sur mon lieu de culte.
Ay chaché’y !

Ils ont esclavé le corps de mes ancêtres africains – oui, esclavé, comme dit Ronsard au XVIe siècle, au siècle où tout a commencé, sous nos tropiques — toutes les tristesses de nos tropiques –, ils n’esclaveront pas mon corps créole. C’est trop tard ! J’ai les armes pour ne pas laisser « esclaver ma liberté ». Fi de Malherbe, qui estimait qu’ « esclaver » est un « mauvais mot ». Une mauvaise réalité, oui ! Un crime contre l’humanité.

C’est insensé. Tout va rouvrir tous azimuts, sauf les plages de Martinique. Les gens vont pouvoir aller se contaminer en chœur dans les églises, les mosquées, les synagogues et les temples, tous les lieux de culte, mais baigner son corps dans la mer, l’une des choses les plus saines du monde, c’est interdit.

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Le permis sera désormais retenu en cas d’infraction commise avec le téléphone au volant

Au-delà des 72 heures de rétention, le préfet pourra prononcer une suspension de permis pouvant aller jusqu’à six mois et même un an.

Les automobilistes qui commettent une infraction routière avec leur téléphone à la main verront désormais leur permis de conduire immédiatement retenu et encourront une suspension pouvant aller jusqu’à un an, a annoncé la Sécurité routière.

» LIRE AUSSI – Sécurité routière: 55,8% de morts en moins en avril, avec le confinement

Les infractions concernées sont par exemple le défaut de clignotant, le franchissement d’une ligne continue, les excès de vitesse, les refus de priorité aux piétons ou les dépassements dangereux. Au-delà des 72 heures de rétention, le préfet pourra prononcer une suspension de permis pouvant aller jusqu’à six mois et même un an en cas d’accident, de conduite en état d’alcoolémie ou après usage de stupéfiant.

Selon la Sécurité routière, le téléphone au volant est responsable d’un accident corporel sur 10 et multiplie les risques d’accident par trois.

Fin de l’éthylotest obligatoire dans le véhicule

D’autres mesures, qui avaient été prises lors d’un conseil interministériel de la Sécurité routière en janvier 2018, entrent également en vigueur vendredi après publication la veille du décret d’application au Journal officiel.

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Coronavirus en Outre-mer : Douze nouveaux cas enregistrés en Guyane

Quatre cas ont été détectés dans la commune de Saint-Georges de l’Oyapock, proche du Brésil, fortement touché par l’épidémie de Covid-19

Douze nouveaux cas de coronavirus ont été enregistrés jeudi soir en Guyane, portant à 249 le nombre de contaminés dans ce territoire de 300.000 habitants, a-t-on appris auprès des autorités.

Quatre cas de plus ont été notamment relevés dans la commune de Saint-Georges de l’Oyapock, proche du Brésil qui est très touché par l’épidémie. Au total, 89 cas sont confirmés dans cette commune de 4.220 âmes, soit 2,2 % de sa population, selon l’Agence régionale de santé.

Une « situation sérieuse », reconnaît Edouard Philippe

Quatre autres cas ont été enregistrés à Camopi, commune amérindienne du Parc amazonien de Guyane, isolée à la frontière fluviale du Brésil, sans axe routier vers le littoral et en proie aux affres de l’orpaillage illégal. Un légionnaire du 3e REI (régiment étranger d’infanterie) et deux piroguiers amérindiens travaillant pour la Légion sont les trois premiers cas positifs au Covid-19 dans cette commune

« Par mesure de précaution, les militaires en contact avec ces trois personnes ont été mis en quatorzaine », a indiqué un communiqué des forces armées, selon lequel « une enquête épidémiologique conjointe entre l’ARS et le service de santé des armées est en cours ».

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Déconfiner la mémoire de l’esclavage

— Par Dominique Taffin —

Le 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, J-1 de la sortie du confinement profond, et première étape du combat mené en France contre une pandémie qui nous a montré comment, en quelques semaines, les bases du système-monde qu’on admettait comme plus solides que nous, même si on les critiquait, pouvaient être ébranlées. Le 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, est le moment idéal pour interroger cette économie mondialisée : car elle n’est pas simplement née de l’essor du capitalisme industriel au XIXe siècle, elle prend ses racines dans l’expansion européenne vers le Nouveau Monde et, surtout, dans la mise en place du XVIe siècle jusqu’au beau mitan du XIXe siècle du premier système-monde, l’esclavage colonial. Comment aujourd’hui ne pas inclure cette donne historique dans la réflexion qui doit nous inviter à « réinventer » la France, alors qu’elle est là, négligée, sauf dans la Caraïbe, en Guyane, à la Réunion ?

Le « monde d’après »

Le « monde d’après », c’est aussi celui qui sait faire face à son passé, qui en lit les traces, et qui questionne ses héritages.

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Commémorer les dates historiques c’est aussi préparer les luttes d’aujourd’hui et de demain

Déclaration de « Combat Ouvrier » sur les 22 et 27 mai en Martinique et en Guadeloupe

Le 22 mai 1848, en Martinique, les esclaves brisent leurs chaînes. L’esclave Romain est arrêté et emprisonné pour avoir joué du tambour. Ses compagnons manifestent et il est libéré. Mais peu après, une milice esclavagiste tire sur le défilé des esclaves. Plusieurs morts. L’insurrection armée part de Saint-Pierre et se répand dans l’île. Le 23 mai, le gouverneur Rostolan décrète l’abolition en Martinique.

Le 27 mai en Guadeloupe, le gouverneur Layrle fait de même. Il craint que l’insurrection de Martinique gagne la Guadeloupe. En effet, désobéissances et marronnages augmentent. Les esclaves sont au bord de la révolte ouverte.

Quarante-six ans auparavant, les 26, 27 et 28 mai 1802, en Guadeloupe, la guerre anti-esclavagiste était déclenchée car Bonaparte y rétablit l’esclavage. Une première abolition avait été décrétée en 1794 par le gouvernement révolutionnaire de la Convention, mais l’abolition n’est appliquée qu’en Guadeloupe. La Martinique était sous occupation britannique. La guerre anti- esclavagiste dirigée par Delgrès et Ignace sera un échec. Mais elle est une victoire morale pour la postérité.

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Déconfinement : En Martinique, 12 communes autorisées à rouvrir leurs plages

L’autorisation va « du lever du soleil à 11 heures puis de 16 heures à 18h30, pour les activités sportives individuelles »

Enfin un petit bain de mer. Dix communes de  Martinique peuvent rouvrir leurs plages ce jeudi, et deux autres samedi (sur un total de 24 communes), a annoncé la préfecture dans un communiqué, au terme d’une consultation avec les maires.

Cette décision intervient alors que le tribunal administratif de Martinique, qui compte près de 200 cas déclarés de coronavirus et 14 décès, avait rejeté lundi une demande visant à ordonner au préfet de rouvrir ces plages. Le tribunal avait argumenté que l’autorisation nécessitait au préalable « une proposition du maire, ainsi que la mise en place par les communes des modalités et des contrôles de nature à garantir le respect » des mesures barrières. Or, ajoutait le tribunal lundi, « à ce stade, les maires (…) ont réservé leurs réponses alors qu’ils doivent trouver (…) un juste équilibre entre la sécurité sanitaire et la reprise progressive des activités ».

Pas de repas ou de pause sur la plage

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22 mai, la vie aux couleurs inattendues

— Par Pierre Pastel, Sociologue, Psychothérapeute.—

Quelle est la couleur de la Vie ?

Elle n’est ni jaune,

ni bleue,

ni verte,

ni rouge,

ni mauve,

ni rose,

ni marron,

ni beige,

ni…

Elle n’est pas translucide.

Il ne nous reste que deux couleurs

Elle n’est surtout pas noire.

Elle n’est surtout pas blanche.

La Vie a la couleur de Dieu.

Et, et ……

Dieu n’a pas de couleur

Donc…la vie n’a pas de couleur !

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Sur l’abolition de l’esclavage : fausses querelles et vrais problèmes

— Par Édouard de Lépine —

Au moment où s’annonce bruyamment la préparation des fêtes du 22 mai, il nous a semblé qu’on ne pouvait laisser passer sous silence, la date du 27 avril, date de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Pour éclairer le débat, un extrait de l’ouvrage d’Édouard de Lépine, Dix semaines qui ébranlèrent la Martinique, Maisonneuve Larose – Servédit, Paris 1999

…Faut-il opposer le 22 mai au 27 avril comme on tend à le faire depuis une trentaine d’années, après avoir, il est vrai, outrageusement privilégié le 27 avril par rapport au soulèvement du 22 mai qui a conduit à l’abolition anticipée de l’esclavage à la Martinique et à la Guadeloupe ? S’il est vrai que c’est la France qui a introduit l’esclavage dans ses colonies et qu’il n’y a pas lieu de se confondre en actions de grâce pour la remercier d’avoir aboli ce qu’elle avait établi, rien ne nous oblige à donner raison à ceux qui pensent qu’il « y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude ».

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Enseignement et déconfinement : entre la classe et la garderie

Vidéo. Alors que les collégiens des départements verts ont repris le chemin des cours, certains enseignants sont dubitatifs devant l’organisation de cette reprise.

— Par Nora Bussigny —

Alors que pour les zones rouges les portes des établissements restent résolument closes, de nombreux collèges situés en zone verte ont à nouveau pu accueillir des élèves depuis le 18 mai. S’ils sont beaucoup à estimer que le face-à-face leur manque, les professeurs sont majoritairement dubitatifs quant à cette reprise aseptisée, où pédagogie rime avec bactérie et grammaire avec sanitaire.

C’est le cas de deux professeurs qui ont accepté de prendre le risque de raconter leurs « rentrées » respectives, même si l’Éducation nationale a pourtant stipulé qu’il n’était pas conseillé de répondre aux sollicitations des médias.

Lire aussi Déconfinement : le retour en classe des collégiens

Une organisation opaque

Les rentrées étant échelonnées pour éviter de recevoir trop d’enfants, l’établissement de Léa* en Normandie (76) est ouvert aux sixièmes et cinquièmes uniquement le matin. « Je pensais honnêtement que je n’allais pas revoir mes élèves avant septembre. Étonnamment, peu d’élèves ont fait le choix de revenir, je fais donc de la continuité pédagogique par Internet les après-midi », explique la jeune professeure d’histoire-géographie.

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La secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes a annoncé que les plaintes pour violences conjugales avaient augmenté de 36%.

Une annonce qu’il faut prendre avec « beaucoup de prudence », comme le dit elle-même Marlène Schiappa. Selon la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, « il y aurait eu moins de féminicides que d’habitude » pendant les huit semaines de confinement, a-t-elle indiqué ce jeudi sur France Inter. 

En revanche, Marlène Schiappa a fait état de 36% de plaintes supplémentaires liées à des violences conjugales, expliquant que la plateforme dédiée a reçu cinq fois plus de signalements qu’en temps normal. « Mais il y aurait eu, je mets beaucoup de guillemets et beaucoup de prudence, moins de féminicides que d’habitude », a-t-elle poursuivi, évoquant un féminicide « tous les 4,2 ou 4,4 jours » au lieu d’un tous les trois jours ou deux jours et demi. 

Près de 500 personnes dans les « points contacts »

La secrétaire d’Etat a aussi fait état de « 200 appels » d’hommes à la ligne dédiée à l’accompagnement des hommes violents ou s’apprêtant à le devenir. 

LIRE AUSSI >> Violences conjugales: en période de confinement, « il n’est pas interdit de fuir » 

S’agissant des signalements dans les « points contacts » mis en place pour aider les femmes victimes de violences, « près de 500 personnes » sont « passées dans les hypermarchés ».

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« Réparations une exigence urgence pour l’Humanité »

Vendredi 22 mai 2020 de 15h à 16h30 (+6h pour la France)

Dans le cadre des commémoration de l’abolition de l’esclavage, Patriculture vous invite à participer à une conférence virtuelle qui se déroulera le 
Vendredi 22 mai 2020 de 15h à 16h30 (+6h pour la France) animée par Rodolphe Solbiac, maître de conférence HDR en études anglophone à l’Université des Antilles à la Martinique. 
 
Durant la conférence Rodolphe Solbiac nous présentera le dernier ouvrage collectif international Réparations une exigence urgence pour l’Humanité publié par le MIR (Mouvement International pour les Réparations) et coordonné par Garcin Malse, Mame Hulo et Myriam Malsa
 
Pour le bon déroulement de la conférence virtuelle, il est nécessaire de s’inscrire via ce lienframaforms.org/patriculture-conference-virtuelle-1-1589743277
 
Vous recevrez le lien de la conférence la veille et jusqu’à 12 h le 22 mai. 

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Le 22 mai 1848, les esclaves de Martinique brisaient leurs chaînes.

Depuis des décennies, révoltes, incendies de plantations, marronnage des esclaves révoltés se multipliaient

A Paris, la révolution de Février 1848 renverse le roi Louis-Philippe. Un vent de liberté souffle sur le petit peuple de France. Aux Antilles, colonies françaises, il gagne les ateliers et les habitations où les esclaves ne supportent plus privations de liberté inhumaines, humiliations, sévices cruels

Le 20 mai 1848, le maitre de l’habitation Duchamp fait arrêter l’esclave Romain pour avoir bravé l’interdiction de jouer du tambour lors de la « grage du manioc ». Le 22 mai, plusieurs groupes d’esclaves et de Noirs libres de Saint Pierre se forment devant la mairie de Saint Pierre pour exiger la libération du tambouyé. Devant la colère qui montait Pory-Papy, adjoint au maire fait libérer l’esclave injustement puni. En rentrant sur leurs habitations tout joyeux, les esclaves vont se trouver face à l’attaque d’une milice du maire du Prêcheur, le béké Huc. L’attaque fait plusieurs morts. Rassemblant des milliers d’esclaves venus de St Pierre, du Prêcheur, mais aussi du Carbet, de Morne-Rouge, la riposte des esclaves à ce nouveau massacre se transformera en une insurrection.

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