Guyane : un projet de centrale au fuel divise

Les défenseurs de l’environnement dénoncent la future installation, qui pourrait être construite par EDF

Pour le moment, ce sont des mangroves et une forêt marécageuse situées au bord de la route nationale 1 à Matoury, en périphérie de Cayenne. Dans ce secteur, à proximité du port de pêche du Larivot, une nouvelle centrale au fuel est censée commencer à produire de l’électricité d’ici à trois ans. Elle est destinée à remplacer la centrale thermique de Dégrad des Cannes : construite au début des années 1980, cette usine de moteurs diesel au fuel lourd doit fermer ín 2023, à l’expiration de la dérogation lui permettant des rejets polluants hors normes, notamment en oxyde d’azote (NOx).

En pleine crise sanitaire, et sans qu’aucune réunion ait pu se tenir, le projet a été soumis à enquête publique du 15 mai au 15 juin, le ministère de la transition écologique ayant jugé que la sécurité de l’approvisionnement électrique était en jeu. Seules quelque 350 contributions ont été envoyées par mail – la majorité étant hostile à la centrale.

Contrairement au projet de mégamine de la « Montagne d’or », la question de cette installation au fuel ne mobilise pas largement les Guyanais. Mais la tenue de cette enquête a ravivé les inquiétudes des associations de défense de l’environnement, qui redoutent que la Guyane s’éloigne de l’objectif d’atteindre l’autonomie énergétique en 2030.

« Cette centrale est en contradiction avec la loi de 2015 sur la transition énergétique, qui exige un rempìacement des énergies fossiles », déplore Laurent Kelle, responsable du WWF Guyane, qui a participé aux discussions sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

Ce texte, élaboré par l’Etat et la collectivité territoriale et adopté en 2017, prévoit bien la construction d’une centrale d’une puissance thermique de 120 MW – contre 108 MW pour la centrale actuelle. EDF PEI (Production électrique insulaire), íliale d’EDF pour l’outre-mer et la Corse, prévoit d’investir 500 millions d’euros. « En retenant un [tel] projet, on va mettre en péril les futurs projets en énergies renouvelables déjà largement avancés » écrit le Groupement des entreprises en énergies renouvelables de Guyane (Generg), dans une contribution à l’enquête publique.

Une trentaine de personnalités, dont l’eurodéputé Yannick Jadot ou la présidente du WWF-France Isabelle Autissier, ont relayé ces inquiétudes dans une tribune publiée le 2 juillet. Le président du syndicat des professionnels de l’énergie solaire renouvelable Enerplan, à l’origine de ce texte, fait état d’un « sentiment d’incompréhension totale » « D’un côté on nous dit qu’il faut mettre le paquet sur les énergies renouvelables, et de l’autre, on construit une centrale au fuel, Où est la cohérence ? » dénonce Daniel Bour…

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