— Par Marie-José Sirach —
Olivier Py a présenté le menu de la prochaine édition. Avec, en guest star, Christiane Taubira.
C’est au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, à Paris, qu’Olivier Py a joué les maîtres de cérémonie pour présenter à la presse la teneur de la 71e édition du Festival d’Avignon: 34 créations, 41 spectacles, du jeune public, du moins jeune public, des expositions, un spectacle itinérant, du théâtre, de la danse, de l’entre-deux baptisé « indiscipliné », des habitués, des pas habitués…
La cour d’Honneur accueillera un spectacle de l’immense metteur en scène japonais Satoshi Miyagi, qui, il y a trois ans, à la carrière Boulbon, nous avait enthousiasmés avec son Mahabharata. Il a choisi de monter Antigone, de Sophocle, féministe avant l’heure, une rebelle, celle qui dit non. Il sera beaucoup question de femmes dans les pièces montées de cette prochaine édition, qu’elles soient héroïnes ou metteures en scène. Il sera aussi beaucoup question d’Afrique, avec des metteurs en scène et chorégraphes qui viendront présenter la vitalité et l’énergie de la scène subsaharienne : Afrique du Sud, Rwanda, République démocratique du Congo, Bénin, Burkina Faso…
Christiane Taubira s’est vu confier le feuilleton inauguré il y a deux ans par Alain Badiou, un rendez-vous quotidien ouvert au public (gratuit).


Au Rond Point à Paris, une pièce de et avec Kery James (rappeur né aux Abymes), créé à la scène nationale bipolaire de Lons le Saunier et Dole. Voilà un beau pari que conduit tambour battant la jeune directrice, petite souris de la culture, vive et futée, en jeans et blouson ( Ah non on ne lui volera pas son fromage !), en donnant carte blanche au metteur en scène sénégalais Jean Pierre Baro fortement impliqué sur des sujets d’engagement politique et citoyen ( discriminations, racisme, identité, dérives du pouvoir…) pour trois spectacles dans la programmation de saison.
Avec « Lili » Daniel Mesguich adapte et met en scène avec finesse « Le désespoir tout blanc » de Clarisse Nicoïdski. Catherine Berriane est remarquable en jeune fille attardée.
D’Arthur Rimbaud
Spectacle en français et en arabe
Stéphane Gornikowski porte à la scène les travaux des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot. C’est à la fois drôle et percutant.
Tous les grands prix Beaumarchais/ETC-Caraïbe ne se ressemblent pas : telle était la réflexion que l’on pouvait se faire en assistant pendant deux longues heures à la pièce d’Alain Foix (lauréat du prix 2004) qui mêle l’enquête policière et journalistique, la romance interraciale, les rites sanguinaires, la Tamise, Scotland Yard, le panthéon yoruba, la mythologie grecque, The Times, Libération et les dissections d’une médecin légiste à l’esclavage, à la vénus hottentote et aux saumons qui remontent les rivières. Non qu’on soit contre les mélanges de genres, au contraire, mais ici tout cela nous a paru plaqué et artificiel. On cherche – pardon, nous avons cherché – en effet vainement dans la pièce « l’alliance d’une esthétique brillante profondément humaniste [qui] fait merveille dans le roman [tiré de la pièce] » d’après le site Evène. (1)
Le 21 septembre 2001 à Londres, sur la Tamise « bout de bois d’ébène flottant au fil de l’eau… » est découvert. Il s’agit du cadavre démembré d’un enfant noir juste vétu d’un short orange. Une enquête est ouverte pour retrouver l’identité, et de la victime et du criminel. Mais qu’est-ce que l’identité ? A partir de ce fait divers Alain Foix va construire « Adam et Vénus » d’abord sous la forme d’une pièce de théâtre, puis sous la forme d’un roman, démarche un peu originale qui va à rebrousse poil du parcours habituel de l’adaptation théâtrale.
Stéphane Braunschweig présente Soudain l’été dernier, de Tennessee Williams, première création depuis qu’il a pris ses fonctions de directeur du Théâtre de l’Odéon.
Célestine est devenue femme de chambre pour fuir une vie trop restreinte et se retrouve dans un monde où la vie ne se conjugue pas avec le bonheur. Cette ancienne chambrière vient de publier son journal. A l’occasion d’une rencontre avec ses lecteurs , elle raconte avec humour et franchise les anecdotes de son quotidien d’antan. Elle souffle aussi ses secrets « on se sent seul quand on est chez les autres » Elle se montre coquine, attachante aussi angoissante. Elle singe ses anciens maîtres et rejoue des situations cocasses. Il est hors de question de finir sa vie au service des affreux Lanlaire.
Le poète et dramaturge Faubert Bolivar vient d’obtenir le Prix Texte en Paroles 2017 du meilleur texte dramatique, pour son texte « Les revenants de l’impossible amour ». Basée en Guadeloupe, l’association Textes en paroles s’est donnée pour objet, depuis 2002, de promouvoir les écritures dramatiques contemporaines issues de, ou inspirées par l’univers de la Caraïbe ou des Amériques. Entretien avec le lauréat.
Le spectacle Samo, a tribut to Basquiat, proposé à Tropiques-Atrium, fut unique, en ce sens qu’il n’eut lieu qu’une seule fois, en ce sens surtout qu’il a donné à voir une création de forme particulièrement inventive et novatrice. Nécessaire travail de mémoire, étrange poème en prose, ode au peintre si tôt disparu, sorte d’opéra-rock, opéra-jazz tirant sur le hip-hop, tragi-comédie musicale aussi… et pourquoi pas ?
Une comédie politico-érotico-policière, d’après le roman d’Octave Mirbeau
Une rhapsodie théâtrale dominée par la figure du père et par le jazz. Une écriture en mouvement de paroles et de notes.
L’actualité rattrape parfois le théâtre (et vice versa). C’est le cas avec « Timon d’Athènes », mis en scène par Cyril Le Grix au Théâtre de la Tempête, et « Honneur à Notre Elu », de Marie Ndiaye, mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia au Théâtre du Rond-Point. Et Aurélie Van Den Daele s’est inspirée d’Ovide pour créer « Métamorphoses ».
Parce que toutes les femmes méritent d’être célébrées dans leur diversité et qu’il n’y a pas besoin d’attendre la #Journeedelafemme pour cela, découvrez la programmation spéciale de Multiscénik ce dimanche 5 mars ! Greg Germain propose pour cette édition, F(l)ammes, la nouvelle création du metteur en scène Ahmed Madani. Après Illumination(s) créé avec de jeunes hommes de Mantes-la-Jolie, il présente le versant féminin de son aventure artistique « Face à leur destin ». F(l)ammes met en scène de jeunes femmes de quartiers populaires. Elles sont une dizaine, nées de parents immigrés. Elles explorent ensemble leurs identités multiples, leur sensibilité, leurs désirs.
C’est un samedi soir peu ordinaire sur la terre. À l’extérieur, le Carnaval se déploie. Dans la nuit foyalaise, la « Bet a fé » déroule ses anneaux, et ses luminescences font surgir de l’obscurité les lisières de la Savane. Il nous faut donc louvoyer, un œil sur les groupes chamarrés qui se déchaînent au rythme endiablé des percussions, l’autre sur les aiguilles de la montre, pour être sûrs de rejoindre à temps la scène de Tropiques-Atrium. Car là, à l’intérieur nous attendent d’autres lumières, d’autres chants, d’autres danses, et les mots de ces femmes-feu, femmes-filles, femmes-volcans qui laissent couler une parole libérée, brûlante de sincérité et d’énergie vitale.