— Par Roland Sabra —
« Et Dieu ne pesait pas lourd » de Dieudonné Niangouna, jeu et m.e.s. de Frédéric Fisbach
Ce soir là sous le chapiteau de Tropiques-Atrium installé au Saint-Esprit deux pièces qui sur des registres totalement différent mettent le théâtre sur la sellette. Tout d’abord « Et Dieu ne pesait pas lourd » de l’auteur, metteur en scène et comédien congolais Dieudonné Niangouna, un monologue qu’il écrit à la demande de son ami l’acteur et metteur en scène français Frédéric Fisbach en souvenir d’une soirée bien arrosée au cours de laquelle la colère et la rage les emportent et les confortent dans leur détestation mutuelle d’un monde qui va droit dans le mur. « Mets tout ça noir sur blanc » lui dit-il. Niangouna ne dit rien. Il n’a jamais écrit pour un blanc. Huit mois plus tard Fisbach reçoit en offrande un cadeau somptueux, un texte flamboyant, volcanique, épique, baroque, échevelé, vertigineux, insolent à la structure gigogne, tendue entre récit tragique de Phèdre et fantaisies délirantes d’un comédien de stand-up. C’est l’histoire d’Anton, acteur dit-il, né à Grigny dans les années 60, qui raconte ou invente sa vie rocambolesque mais qui avant tout cherche à sauver sa peau face à des geôliers, flics-espions des services secrets ou djihadistes réels ou fantasmés peu importe.

C’eut été mal connaître Didier Poiteaux et Olivier Lenel que de croire qu’ils allaient nous embarquer dans une conférence théâtralisée sur le thème toujours aussi clivant, de la peine de mort. Abolie en France en septembre 1981 par l’Assemblée nationale à la suite d’un texte de loi présenté par Robert Badinter elle a toujours ses partisans, qui nostalgiques, l’évoquent le plus souvent à mots couverts: il est des désirs peu glorieux, honteux, sordides. Un quart des pays du monde, et parmi eux les plus peuplés se vautrent encore dans son lit. Trois jours avant la représentation de la pièce à Fort-de-France, l’Arabie saoudite exécutait 81 prisonniers.
Texte : Ali Babar Kenjah
« Je m’appelle Anton. Je suis né une première fois à la fin des années 60 à Grigny, dans une barre d’immeubles. J’ai grandi là-bas, entre la bande de l’escalier et le ventre de ma mère. J’ai voulu être acteur, je suis parti aux USA, où je me suis enfermé dans une cave avec un poète. La CIA m’a coincé, je suis parti en mission en Afrique, dans le désert. J’ai été fait prisonnier aux mains d’islamistes radicaux puis des djihadistes. Puis j’ai été délivré par un service secret, mais enfermé à nouveau, pour me faire cracher tout ce que je savais. Qu’est-ce que je savais ? Ça a duré presque trente ans, et chaque fois comme une mort et une nouvelle naissance. Je m’appelle Anton et je suis devant vous, je ne sais pas grand-chose mais j’ai des choses à dire. »
Conférence brillante ou performance foireuse, un portrait déstructuré du spectateur de théâtre
Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide

Suzy vit à Paris et Franck dans le couloir de la mort au Texas. En 1996, un peu par hasard, ils entament une correspondance. Peu à peu, ils se découvrent, se rencontrent, tombent amoureux et, plus tard, pour continuer de se voir malgré les restrictions imposés à Franck concernant ses conditions de détention, ils se marient. Vingt ans plus tard, ils continuent de s’aimer mais ne vivent toujours pas ensemble.
Primé Meilleur texte dramatique 2017 par Textes En Paroles – G

Gisèle Vienne met en scène un texte de Robert Walser,
Textes En Paroles et son Comité de Lecture Jeune Public ont le plaisir d’annoncer leur Sélection de Textes Dramatiques pour la Jeunesse 2022, issue de l’appel à écriture théâtrale jeunesse lancé en août 2021. 
Il n’y va pas de main morte Thomas Jolly ! Le jeune directeur du Centre Dramatique National D’Angers nous avait habitué au festival d’Avignon à sa façon d’aller « farfouiller » dans l’âme humaine sans ménagement ( Thyeste, Henri VI, Richard III ).
CALYPSO
La metteuse en scène et auteure brésilienne Christiane Jatahy a été couronnée ce lundi 31 janvier par le prestigieux Lion d’or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre théâtrale. Jatahy est une des figures les plus originales de la vague de théâtre qui a déferlé sur l’Atlantique et régénéré la scène européenne au cours des dernières décennies. Elcio Ramalho l’a jointe par téléphone à Rio pour recueillir sa réaction après l’annonce du prix.
Cette année 2022 est celle du centenaire de Georges Éleuthère Mauvois. Sa bien connue comédie « Arrivé d’Paris », a été reprise par une mise en scène d’Hervé Deluge pour fêter cet anniversaire autour de la date du 28 janvier, date de naissance de l’écrivain (1922).
Compagnie 0,10
Dans ce court texte datant des années 80, Bernard-Marie Koltès aborde une matière délicate, celle de la relation incestueuse qui peut unir (et opposer) une sœur aînée et son jeune frère. En l’absence de parents, la sœur aînée est investie du rôle maternel, mais elle est aussi une sorte d’initiatrice à la vie affective et sexuelle de son fère. C’est en tout cas la situation de Petit Abou (joué par Emile-Samory Fofana) et Maïmouna (jouée par Jisca Kalvanda). La scène se passe à Tabataba, quelque part en Afrique de l’Ouest, mais ce pourrait aussi bien être dans n’importe quel village. C’est un soir de fête, tous les jeunes se sont fait beaux et s’apprêtent à sortir, boire, danser, flirter, mais pas Petit Abou qui préfère rester dans la cour de la maison à réparer sa mobylette. Maïmouna l’exhorte à sortir, puis elle le supplie, il y va de son honneur de grande sœur. Que vont penser les autres si Petit Abou ne sort pas et refuse de draguer les filles du village? c’est l’occasion d’un échange musclé entre frère et sœur, qui se termine sur une gifle magistrale.
Dans la solitude des champs de coton marque le début du long compagnonnage de l’auteur Bernard-Marie Koltès avec Patrice Chéreau . Ce texte est la source d’inspiration de Deal. Jean Baptiste André s’en empare , pour nous donner, entre cirque, théâtre, danse, un spectacle criant d’intelligence et de talent sur la relation à l’autre, sur le désir d’altérité et son rejet.