Catégorie : Cinéma

« Une histoire banale » : un film pour 8.000 euros!

Avec cette somme dérisoire et trois semaines de tournage, Audrey Estrougo réussit une œuvre sensible sur l'itinéraire d'une victime d'un viol.

— Par Jean-Pierre Lacomme —

une_histoire_banaleLa voix est douce, ce qu’elle filme est fort. Une histoire banale est né d’un refus et d’une révolte. Le refus : celui des producteurs et distributeurs de financer un long métrage sur les femmes en prison, Taulardes. « Ce ne sont certainement pas des considérations économiques qui allaient m’empêcher de tourner. Par ailleurs, je suis très obstinée », assène gentiment mais fermement Audrey Estrougo, 30 ans, dont la profession de foi est de « témoigner de son temps. Je n’ai rien contre le cinéma de distraction mais… » La révolte? Comment le viol est perçu. « Qu’est-ce que c’est que cette société qui considère souvent que la victime d’un viol l’a un peu cherché ne serait-ce que par sa façon de s’habiller? C’est intolérable. Pas seulement comme cinéaste, j’ai voulu faire part de mon indignation citoyenne. »

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« Heli » : une monographie mexicaine

Film mexicain d'Amat Escalante avec Armando Espitia, Andrea Vergara, Linda Gonzalez (1 h 45). A Madiana.

— Par Roland Sabra —
heli-2La séquence d’ouverture signe le climat du film. Un plan fixe sur sur une chaussure cloutée qui maintient sur le plateau d’une camionnette une tête ensanglantée. A ses cotés, tête-bêche, un cadavre. Travelling vers l’avant du pick-up sur la nuque du conducteur, celle du passager et sur le faisceau des phares qui éclairent une route poussiéreuse. La voiture s’arrête au bord d’un hameau. Plan général sur la camionnette, la route et la passerelle pour piétons qui l’enjambe. Sortie des passagers qui transportent le mort et le prisonnier sur le pont, matraquent le rescapé, le laissent inanimé et pendent le cadavre au bout d’une corde du haut de la passerelle.  Pas d’explications.

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Les Bruits de Recife : tranches de vie en pays émergent

bruitsderecife1Par Selim Lander – Les Bruits de Recife : un premier long métrage de Kleber Mendonça Filho tourné dans une ville du  Brésil en plein boum économique, avec les gratte-ciels qui poussent partout ; plusieurs lignes narratives très lâches qui se développent simultanément, se croisent parfois ; un film patchwork, des personnages ordinaires, « sans qualité », vivant une existence banale, à l’exception de l’un d’entre eux qui veut assouvir une vengeance (mais cela nous ne le découvrirons qu’à la fin).

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Hong Sang Soe : un Rohmer coréen

Haewon et les hommes

Haewon et les hommesPar Selim Lander – Un cinéaste prolifique qui raconte des histoires où il ne se passe rien, rien de plus que des conversations entre des hommes et des femmes, où la grande question est celle de savoir si l’on aime ou pas, si l’on aime bien ou mal, si l’on va tomber amoureux ou si l’on n’aime plus. Le rythme est lent, on élève rarement la voix, la photo est belle, la musique aussi. En dehors de ces inquiétudes sentimentales, la vie est facile dans ce monde-là. L’argent n’est pas un souci, ni le travail. On a le temps pour autre chose, pour ce qui importe vraiment, ces conversations interminables, les lentes déambulations dans quelques lieux familiers que l’on revisite inlassablement. C’est l’univers de Rohmer, version Corée du Sud. Et puisque les deux personnages principaux d’Haewon et les hommes sont une étudiante (Haewon, grande et distinguée) et son professeur, Seongjun, on pense plus précisément à Conte d’automne (1998).

Nous sommes donc, avec Haewon et les hommes, dans un film maniériste à l’extrême. Nous ne dirons pas à l’excès.

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Bethléem : la guerre sans fin

BethléemPar Selim Lander – « L’occupation (de la Palestine) ou la sécurité, vous n’aurez pas les deux à la fois ». Tel est le message envoyé aux Israéliens, via Al Jazeera, par le terroriste palestinien Ibrahim. Ce dernier a un jeune frère, Sanfur, qui a été retourné par un agent secret israélien, Razi. Entre ces deux-là se sont nouées des relations affectives – réciproques – très fortes (à en croire le cinéma, le film Omar par exemple, les services secrets israéliens seraient très doués pour ce jeu-là). On voit toute la richesse d’une situation dans laquelle les deux principaux protagonistes (Sanfur et Razi) se trouvent pris entre des fidélités contradictoires, chacun devant à la fois protéger son ami et demeurer loyal envers son camp. De tels dilemmes ne se tranchent jamais de manière satisfaisante (ou il y faut beaucoup d’artifice comme dans le Cid de Corneille).

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Séances en V.O. à Madiana du 07 au 18 avril 2014

Deux bijoux parmi d'autres. Attention : affichage fantaisiste des horaires sur le site de Madiana!

— Par Roland Sabra —

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« Bethleem » : passionnant !

Israélien et Palestinien : pour chacun d’eux, pas d’entre deux possible!
2005 à Bethléem, juste après la fin de la seconde Intifada, l’autorité palestinienne tente, sous la pression internationale d’enrayer la militarisation du conflit en réduisant le financement groupes armés du Fatah , les Brigades Al-Asqsa. Une partie de celles-ci compensent le manque à gagner en faisant alliance avec le mouvement religieux Hamas. Dans ce contexte, Razi, un agent de renseignement israélien a noué un contact étroit avec Sanfur, son indicateur, un adolescent palestinien, en manque de reconnaissance, délaissé par son père et dédaigné par son frère Ibrahim militant dissident du Fatah. C’est auprès de Razi que Sanfur croît trouver ce qui lui est refusé du côté familial sans pourtant y renoncer. Il pense tracer son chemin en trahissant un peu tout le monde, en travaillant avec les deux camps. Razi, expert en manipulation se contenterait volontiers de gérer l’investissement que représente sa relation avec son indicateur s’il n’était, contraint par sa hiérarchie, sous la menace d’un grave attentat de le « griller ».

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Danger désir

"Eastern Boys", de Robin Campillo, avec Olivier Rabourdin, Kirill Emelyanov, Danil Vorobjev, Edea Darcque. 2h08.

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La rencontre ambiguë entre deux hommes inspire un film réussi et hors du commun à Robin Campillo, auteur des Revenants.

Il s’en passe, à Paris, du côté de la gare du Nord ! Dans Eastern Boys, dont l’ouverture dépeint le ballet des voyageurs et des égarés qui se frôlent dans ce décor bourdonnant, on n’en doute pas longtemps : le cash, le sexe et d’inavouables plaisirs y transitent au quotidien. Mais le documentaire n’est pas l’objectif de Robin Campillo, fidèle scénariste et monteur de Laurent Cantet (L’Emploi du temps, Entre les murs), qui signe ici son deuxième long métrage après Les Revenants, un film d’anticipation dans lequel des morts s’invitaient chez les vivants.

Plus réaliste, parfois hyperréaliste, Eastern Boys s’empare d’une histoire nettement plus vraisemblable mais pas moins échevelée, de bout en bout inattendue, forte de son atmosphère dérangeante, tendue, immorale, et au final plutôt belle et mémorable. Car cette fois, ce sont des immigrés qui s’invitent dans la vie bien ordonnée d’un bourgeois parisien… Daniel, un quadra esseulé campé par l’excellent Olivier Rabourdin, repère une bande de jeunes venus de l’Est, sans doute des Russes, peut-être des Roumains ou des Polonais, on ne sait trop.

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« Her » une fable philosophique entre utopie et dystopie

Un film de Spike Jonze à Madiana.

— Par Roland Sabra —

herLe futur est au présent, sous nos yeux.

C’est une fable entre cauchemar philosophique et parcours initiatique que nous propose Spike Jonze dans sa dernière œuvre «  Her ». 2024 peut-être, Los-Angeles, dans un monde aseptisé, les pauvres ont disparu tout comme les conflits sociaux, ethniques, politiques. Toute violence a cessé, rejetée au delà du cadre de l’écran, hors les murs de la ville. Les voitures ne sont plus, on se déplace dans des métros spacieux, confortables avec des gares aux corridors vitrés et aux espaces aseptisés. Il ne reste que des individus repliés sur eux-mêmes. Isolés. Atomisés. Théodore Twombly en est un parmi des millions.

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Combien un film coûte-t-il et qui paie ?

Sur dix ans, le coût de production des fictions, documentaires et films d'animation a augmenté de 28,4 %, soit 2,8 % par an.

— Source AFP —
cout_d_1_filmUn film de fiction a coûté en moyenne 5,57 millions d’euros, un documentaire 0,62 million et un film d’animation 8,11 millions en 2013, selon une étude du Centre national du cinéma (CNC) publiée vendredi. Sur dix ans, le coût de production de ces oeuvres françaises a augmenté de 28,4 % (2,8 % par an), affirme cette étude réalisée sur le coût définitif de production de films français. En 2013, la part des droits artistiques se montait à 8,5 % en 2013 dans le coût total, dont 4,2 % pour les dépenses d’écriture (sujet, adaptation et dialogues), le reste concernant les droits d’auteur du réalisateur ou les droits musicaux, par exemple. L’interprétation représente 13,2 % du coût total, le pourcentage le plus haut depuis 2004 : 8,7 % pour les rôles principaux, 1,5 % pour les seconds rôles.

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« Salvo » : une beauté plastique à couper le souffle

Une renaissance du cinéma italien

— Par Roland Sabra —
salvo

Elle aura la vie sauve et lui pourra espérer être sauvé de l’enfer. Il aura tout au moins fait un premier pas sur le très, très long chemin de la rédemption. Salvo, c’est son nom, est un tueur à gages de la Maffia. Froid, imperturbable, impitoyable, c’est un samouraï,  un homme de marbre, de ce marbre dont on fait les pierres tombales.. Il entre dans une maison sombre qui se protège de la chaleur, rideaux et volets fermés. Il tient son pistolet à deux mains. Il est venu buter un mafieux du camp adverse, le commanditaire du contrat dont il était l’objet. Il fouine dans la maison. Il tombe sur la sœur, Rita, une demi-folle constamment sur le fil du rasoir, prête à basculer du côté des Maniae, tout près de Lyssa. Semi-aveugle, elle compte à tâtons de l’argent sale. Elle chantonne un air de variété. Elle devine la présence menaçante de Salvo. Le jeu du chat et de la souris commence. Il rôde autour d’elle. Elle le cherche.

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Au cinéma !

"Lulu, femme nue", "Des Étoiles". "Salvo". "Cristo Rey"

LULU+FEMME+NUE Par Selim Lander – Toujours dans la série le CMAC à Madiana, Steve Szebina présente en ce mois d’avril quatre films inédits en Martinique, plus la reprise de The Lunchbox, projeté naguère mais qui mérite effectivement d’être proposé à nouveau aux cinéphiles qui l’auraient raté la première fois. Surprise : un film français à l’affiche : Lulu femme nue de Solveig Anspach, une fable tirée de la bande dessinée d’Etienne Davodeau. Lulu, une jeune dame (Karin Viard), néanmoins mère de trois enfants, décide qu’elle a besoin d’une coupure avec le train-train qu’on devine étouffant de la vie familiale. Habitant un petit village près d’Angers, elle se retrouve un peu par hasard à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

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« Lulu, femme nue » de Sólveig Anspach

L'art de la fugue dans les chemins de traverses. A Madiana.

— Par Roland Sabra —

 lulu_femme_nueLulu, donc, rate son entretien d’embauche pour un poste de secrétaire auquel elle ne semble pas trop croire. Néanmoins un peu dépitée, sur le quai de la gare de Saint-Gille -Croix de Vie, elle laisse partir le train qui devait la ramener au bercail où l’attendent, mari et enfants. Une ouverture comme un clin d’œil à celle de l’inoubliable Family life de Ken Loach ? Elle décide d’une échappée dans la « vraie vie ». C’est quoi la « vraie vie » ? Tout simplement sortir de l’aliénation du quotidien, cet enfer dans le quel les tâches répétitives, ménages, marmots, dodo, n’ont d’autres fins qu’elles-mêmes. Rien n’était décidé, rien n’était prémédité, mais voilà, un mot à la con du mari au téléphone «  « Tu t’es encore ridiculisée ! T’as encore voulu faire ton intéressante ! » provoque une bascule.

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En rentrant du ciné…

"Bethléem", "Ida", "Se battre", "Gloria"

— Par Roland Sabra —

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« Bethleem » : passionnant !

Israélien et Palestinien : pour chacun d’eux, pas d’entre deux possible!
2005 à Bethléem, juste après la fin de la seconde Intifada, l’autorité palestinienne tente, sous la pression internationale d’enrayer la militarisation du conflit en réduisant le financement groupes armés du Fatah , les Brigades Al-Asqsa. Une partie de celles-ci compensent le manque à gagner en faisant alliance avec le mouvement religieux Hamas. Dans ce contexte, Rafi, un agent de renseignement israélien a noué un contact étroit avec Sanfur, son indicateur, un adolescent palestinien, en manque de reconnaissance, délaissé par son père et dédaigné par son frère Ibrahim militant dissident du Fatah. C’est auprès de Razi que Sanfur croît trouver ce qui lui est refusé du côté familial sans pourtant y renoncer. Il pense tracer son chemin en trahissant un peu tout le monde, en travaillant avec les deux camps. Razi, expert en manipulation se contenterait volontiers de gérer l’investissement que représente sa relation avec son indicateur s’il n’était, contraint par sa hiérarchie, sous la menace d’un grave attentat de le « griller ».

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Camille Mauduech réalisatrice : un album de notre histoire

—Par Christian Antourel —
chalvetCamille Mauduech  a choisi d’offrir aux martiniquais  un  triptyque de documentaires, un travail de mémoire, une invitation à méditer ces trois événements qui ont blessé la Martinique. C’est en toute modestie, mais avec la ferme conviction de poursuivre une mission d’information et d’approfondissement de l’actualité qu’elle a pris ce pari.

Nous revenons à un fait divers, qui survient, il ya plus de cinquante ans. L’assassinat le 6 septembre 1948 par 36 coups de coutelas  d’un administrateur blanc d’une habitation sucrière. L’homme, armé  accompagné de gendarmes veut stopper  des  coupeurs de canne en grève pour revendiquer des conditions de travail plus humaines.

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« Se battre » ou la parole profonde des laissés-pour-compte

Réalisé à Givors, dans la banlieue lyonnaise, ce film sobre, intense et juste laisse monter les mots de ceux qui font face, chaque jour, au dénuement.

— Par Arnaud Schwartz —

se_battreJean-Pierre Duret, ingénieur du son et documentariste, compagnon de route – entre autres – des frères Dardenne, et Andrea Santana, architecte urbaniste venue du Brésil et passée au cinéma, livrent avec Se battre l’un des films les plus forts et dignes qu’il nous ait été donné de voir sur le thème de la pauvreté. Guidés par un ancien prêtre-ouvrier, ils ont posé leur caméra à Givors, cité industrielle de la banlieue sud de Lyon, ville ayant reçu beaucoup d’immigrants au fil des décennies et perdu nombre d’emplois.
En ce lieu encore marqué par son passé ouvrier et par les solidarités qui en découlent, le couple a pris le temps de se porter à la rencontre de ceux que l’on ne voit ni n’entend. Jeunes et pleins d’espoir, comme Eddy le boxeur, moins jeunes et en reconquête d’eux-mêmes, comme Dénia qui « apprend la patience » en récoltant des choux, âgés comme Élisabeth, qui fut éditrice, ou Agnès, qui nourrit les canards et les ragondins, lève les yeux vers un pont embouteillé et confie : « Je suis exclue de tout, je ne fais plus partie du monde qui bouge.

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« Un été à Osage County » : mauvais temps!

A Madiana. Drogue, cancer, alcoolisme et inceste sont en ménage. Lourdingue!

un_ete_osage_county-325On pouvait aussi ajouter à la liste un peu d’acomoclitisme, très répandu de nos jours, et une dose d’urolagnie, sans oublier pour les Antilles une bonne rasade de  mécanophilie mais trop c’est trop ! N’est pas Tennessee Williams ou  même Edward Albee qui veut !  Ce n’est pas l’accumulation des thèmes, fussent-ils scabreux qui fait un bon film. C’est bien évidemment la manière de les traiter, de les comprendre et  de les approfondir. L’adaptation cinématographique par l’auteur, Tracy Letts, de la pièce de théâtre étasunienne « Un été à Osage County » et réalisée par John Wells est éprouvante. Plus exactement fatigante. Ce n’est pas faute de beau linge. En effet la distribution réunie Meryl Streep, Julia Roberts, Sam Shepard, Juliette Lewis, Chris Cooper et Ewan McGregor.

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Les Oscars 2014. « 12 Years a Slave » sacré meilleur film

oscarL’Academy of Motion Picture Arts and Sciences ou AMPAS (Académie des arts et des sciences du cinéma en français été fondée le 11 mai 1927 en Californie, sous l’impulsion de Louis B. Mayer, afin d’élaborer une feuille de route pour les grands studios et aider à la médiation au sein des conflits sociaux. Ainsi, elle a défini de nouvelles règles techniques et déontologiques dans la production et la distribution de films sur le sol américain.

L’Académie est composée de moins de 6000 membres, issus de différentes professions cinématographiques et dont la très grande majorité provient des États-Unis. L’Académie accepte néanmoins l’affiliation des professionnels du cinéma du monde entier. En 2004, elle comptait, parmi ses adhérents, des représentants de 36 pays différents.

Depuis 2013, la présidente de l’AMPAS est la directrice marketing Cheryl Boone Isaacs (en), la troisième femme après Bette Davis et Fay Kanin et la première Afro-Américaine à accéder à cette fonction

Selon une enquête du Los Angeles Times, réalisée en 2012, 94 % des quelque 5 700 inscrits étaient blancs, seuls 14 % avaient moins de 50 ans et les trois quarts étaient des hommes.

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Le cinéaste Alain Resnais est mort

alain_resnaisAgé de 91 ans, le réalisateur Alain Resnais est mort samedi soir à Paris « entouré de sa famille », a annoncé à l’AFP le producteur de ses derniers films, Jean-Louis Livi.

D’Hiroshima mon amour (1959) à Aimer, boire et chanter (2014), en passant par On connaît la chanson (1997). Alain Resnais, c’est 60 ans de cinéma. Le réalisateur français est décédé samedi soir à l’âge de 91 ans. « Sa mort est intervenue hier soir (samedi, Ndlr) entouré de sa famille et de ses proches à Paris », a indiqué à l’AFP le producteur Jean-Louis Livi. « Il était en train de préparer, avec moi, un autre film dont il avait écrit le premier scénario », a encore indiqué celui qui avait produit les trois derniers films d’Alain Resnais.

Récemment Alain Resnais avait été mis à l’honneur lors de la 64e édition du Festival du film de Berlin pour son dernier long métrage. Au cours de sa carrière, il a reçu un grand nombre de récompenses pour son oeuvre, avec plusieurs César.

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Les mots comme résistance à l’oppression et comme rempart contre la mort.

A Madiana : "La voleuse de livres"

 la_voleuse_de_livresPeu de films relatent la seconde guerre mondiale guerre du point de vue de la population allemande, voûtée sous les bombardements, toute à la fois soumise au régime nazi et soutien du pouvoir hitlérien. « La voleuse de livres », le film du Britannique Brian Percival adapté du roman best-seller de l’Australien Markus Zusak est donc une exception. Et ce à plus d’un titre.

 Allemagne donc, 1939. Un train, une femme, deux enfants, une fille d’une douzaine d’année, un garçon de quatre cinq ans, tout trois hantés par la faim. Le garçon ne survit pas, il meurt dans les bras de sa mère. Celle-ci, communiste, est contrainte de laisser sa fille Liesel chez les Hubermann, une famille d’adoption composée de Hans le mari, un père au cœur d’accordéon et Rosa, une mère au cœur colérique. Si le premier intérêt de la famille adoptive est la pension versée par l’État, très vite l’attachement va prendre le dessus. A douze ans Liesel ne sait ni lire ni écrire.

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Fruitvale Station : horror movie

Fruitvale StationPar Selim Lander – Ça commence par des images floues tournées sur le quai d’un métro, des images réelles, des images tremblées, celles de flics qui tabassent quatre jeunes noirs assis contre un mur du métro, le BART (Bay Area Rapid Transit). Nous sommes à San Francisco, ou plutôt à Alameda, près d’Oakland, à la station Fruitvale. Un crime atroce va être commis, le spectateur non averti ne le sait pas encore et il vaut mieux en effet ne pas être averti pour apprécier le film. Soudain un bruit sec : est-ce une détonation, un coup de feu ? Changement d’ambiance : un jeune noir se dispute gentiment avec sa petite amie ; leur petite fille vient les rejoindre ; scène de tendresse familiale. Déjà, pourtant, quelque chose de lourd plombe l’atmosphère du film. Nous, spectateurs, sommes mal à l’aise sans véritable raison.

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A trop vouloir prouver…

"Fruitvale station", un film de Ryan Coogler à Madiana

— Par Roland Sabra —

fruitvale_stationC’est avec regret qu’il faut l’écrire mais les bonnes intentions ne font pas forcément  les très bons films. Dénoncer l’assassinat totalement gratuit d’un jeune noir de 22 ans sur le quai d’une station de métro à Oakland par un policier blanc qui l’avait arrêté et qui le maintenait plaqué au sol est tout à fait justifié. Cette scène filmée  avec les téléphones par des passagers de la rame, visible sur Internet est à l’ouverture du film. Comme dans les tragédies raciniennes  l’issue est connue et annoncée, il s’agira dès lors de nous y conduire ou mieux de nous faire comprendre le pourquoi et le comment du chemin qui y mène. Et c’est là que pèche le film de Ryan Coogler. A trop vouloir épouser la cause honorable qu’il défend, la dénonciation des injustices et des haines raciales qui labourent la société étasunienne il ne fait vibrer  qu’une seule corde  celle de l’émotion et verse dans une accumulation de scènes mélodramatiques, tout en faisant l’impasse sur une véritable analyse d’une société dans laquelle le meurtre de sang froid d’un nègre coûte onze mois de prison, une société dans laquelle, comme le montre «Rêves d’or », le film de de Diego Quemada Diez ( voir la critique de Selim Lander), on peut aller sans plus de formalités à la chasse aux migrants hispanophones le long de la frontière mexicaine et les abattre, avec un fusil à lunettes, en toute impunité.

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Workers : un film postmoderne

WorkersPar Selim Lander – Après les jeunes migrants guatémaltèques lancés dans une mortelle randonnée vers leur Eldorado nordique (Rêves d’or de Diego Quemada Diez), un autre film qui nous vient du Mexique, Workers de Jose Luis Valle, aborde le monde du travail, cette fois, et sur un mode plutôt optimiste. Car si l’exploitation est bien là et les différences de richesse aberrantes, tout finit bien pour les travailleurs du film. L’un, ouvrier (« agent de surface », plus précisément), s’est sorti de l’analphabétisme et va enfin toucher une retraite bien méritée ; les autres héritent une copieuse somme de leur patronne sous la condition suspensive qu’ils devront s’occuper de « Princesse », sa chienne adorée, jusqu’au décès de cette dernière. Si le film ne s’inscrit pas à 100 % dans l’idéologie néolibérale (il ne présente pas les inégalités comme tout-à-fait normales, quoique l’exploitation soit atténuée par « l’humanité » des maîtres), il est en tout cas une œuvre postmoderne. La perspective de la Révolution en est totalement absente. Il n’y a pas de solution du « problème social », le salut ne peut être qu’individuel.

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« Rêves d’or » de Diego Quemada Diez avec 4 jeunes comédiens et quelques centaines de migrants

—Par Selim Lander -–

Rêves d'orA quoi sert le cinéma ? A divertir, certes, et c’est un moyen de dépaysement merveilleux, mais le cinéma est bien plus que cela. Il a été pour des générations de cinéphiles, l’école de la vie, comme le fut la littérature pour des générations plus anciennes. Et encore aujourd’hui, dans un monde désormais saturé d’images animées, le cinéma demeure capable de toucher le spectateur au plus profond. On ne parle pas ici des blockbusters, ces fantaisies pour adolescents, lesquels y trouvent un exutoire à leur violence dans des scénarios répétitifs où l’on voit un héros aux muscles hypertrophiés triompher miraculeusement de tous les obstacles. Non, on fait allusion ici à des films comme ce Rêves d’or, qui nous font pénétrer dans le mystère de certaines vies, de certaines âmes si éloignées de nous et pourtant si proches, puisque nous y reconnaissons, non sans un sentiment de vertige, la même humanité que la nôtre.

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L’Afrique filmée tout court à Clermont-Ferrand

— Par Muriel Steinmetz —
regards_d_afriqueDeux cinéastes malgaches, un Ivoirien et une Sénégalaise explorent, brièvement l’âpre vie quotidienne de leurs pays respectifs.

Clermont-Ferrand, envoyée spéciale.  La section Regards d’Afrique présente onze films déclinés en deux volets. De Madagascar, deux courts métrages de qualité s’emparent de sujets sensibles. Le Petit Bonhomme de riz, de Rianando Ludovic Randriamanantsoa, capte sur le vif une communauté de gens très pauvres, dont un petit garçon (Gege Rasamoely) qui crève l’écran. Face à la prostration de ses aînés, le gamin se démène et ruse en se nichant sous les étals du marché pour percer les sacs de riz dont il récolte le contenu dans sa casquette. C’est filmé à bout portant au plus près des visages. L’effet de vérité est confondant.

D’un autre Malgache, Gilde Razafitsihadinoina, le court métrage les Enfants de la périphérie donne à voir en parallèle la vie des écoliers d’un village misérable et la condition des casseurs de cailloux. Cette condition faite de gestes durs et répétitifs ne laisse aucune place à l’école.

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« Dallas Buyers Club » : un film porté par Matthew McConaughey et Jared Leto

A Madiana

dallas_buyers_clubDébutant par le maintenant convenu « tiré de faits réels », et narrant le combat d’un Texan séropositif au milieu des années 1980, « Dallas Buyers Club » aurait pu être le métrage lacrymal de plus sur la vague épidémique du Sida.
Mais c’était sans compter sur l’habileté du réalisateur québécois Jean-Marc Vallée, qui confirme après l’excellent « C.R.A.Z.Y » que le mélo n’est pas l’unique voie de traitement de cette thématique.
 La dénonciation d’une politique criminelle
Ron Woodroof (Matthew McConaughey), baiseur invétéré et homophobe déclaré, navigue entre son boulot d’électricien, son activité illicite de bookmaker et sa passion pour le rodéo. Célibataire, il fait défiler dans son mobil-home tout ce qui porte une jupe, jusqu’au jour où, à la faveur d’une prise de sang, on le diagnostique séropositif.
Condamné à une mort rapide (les médecins lui donnent trente jours de longévité), il est immédiatement traité à l’AZT. Mais le cowboy n’est pas prêt à rendre l’âme. Traînant ses santiags dans les bibliothèques, il s’instruit, découvre des protocoles de soins alternatifs et met le cap vers le Mexique tout proche où il fait la connaissance d’un étrange docteur.

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