Sortie en salles de « Baccalauréat »de Cristian Mungiu Prix de la mise en scène à Cannes

Un film de Cristian Mungiu
Avec Adrian Titieni, Maria Drăguș, Lia Bugnar plus
Genre Drame
Nationalités Roumain, Français, Belge
Synopsis:
Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…

La presse en parle :

La Croix par Arnaud Schwartz
Écrivons-le sans préambule : voilà exactement ce que l’on est en droit d’attendre d’un grand film cannois. Une oeuvre au souffle long allant puiser dans le plus singulier du récit l’essence d’un partage universel.

Elle par Florence Ben Sadoun
Un film intense d’une inquiétante résonance. A ne pas manquer.

Bande à part par Michel Cieutat
Quatrième long-métrage de Cristian Mungiu, « Baccalauréat » poursuit la réflexion propre au cinéaste roumain autour du malaise existentiel que vit son pays depuis l’écroulement du communisme en 1989. Le tout porté par un même style de mise en scène toujours envoûtant.
20 Minutes par Caroline Vié
Prix de la mise en scène à Cannes, « Baccalauréat » est un drame d’une intensité rare dont l’enjeu dépasse la réussite ou l’échec à un examen…

Le Figaro par Marie-Noëlle Tranchant
Le talent de Mungiu éclate dès ces premières scènes, superbement rythmées. Personne ne sait comme lui inclure dans des plans narratifs toute la complexité humaine des situations et des relations.

Le Parisien par Pierre Vavasseur
« Baccalauréat » est un petit chef-d’oeuvre qui vous tient de bout en bout, remarquable d’intelligence et de lucidité, ce qui revient au même.

Le Nouvel Observateur par Pascal Mérigeau
C’est passionnant, d’une intelligence éblouissante, c’est du grand cinéma.

L’Humanité par Dominique Widemann
Un film sobre et fort qui met en scène la question des fins et des moyens.

Critikat.com par Axel Scoffier
La grande cohérence du film est à mettre au crédit de Cristian Mungiu, qui évite l’écueil du pensum socio-politique et invite à considérer avec toute la complexité d’un phénomène psychologique les différentes étapes de compromission d’une société.

Positif par Eithne O’Neill
Ce conte moral est une belle ilustration de la manière dont les cinéastes roumains associent le portrait de leur pays à l’entrelacs d’un destin humain.

Sud Ouest par Sophie Avon
Avec une économie d’effets admirable, des plans fixes et une lumière qui va de l’ensoleillement à la grisaille, Cristian Mungiu dévide une pelote dont les fils serrés n’en constituent pas moins des strates séparées.

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Entretien réalisé par Dominique Widemann

Baccalauréat, de Cristian Mungiu. Roumanie, 2 h 7. Palme d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, le metteur en scène roumain Cristian Mungiu présentait à Cannes son cinquième film, Baccalauréat, qui obtenait le prix de la mise en scène et sort en salles aujourd’hui.

Romeo Aldea (Adrian Titieni) est un honnête médecin. Arrivé à la cinquantaine, le sol vacille sous ses pieds. Le couple qu’il forme avec son épouse Magda (Lia Bugnar) tangue en eaux troubles. Sa liaison avec Sandra (Malina Manovici) dessine une voie de traverse en forme d’impasse et le conduit à un double jeu dont il n’est pas fier. La société qui l’entoure est grippée. Ce qui pourrait donner sens à sa vie? Le bac de sa fille Eliza (Maria Dragus), clé d’un avenir en pays étranger dont une agression va enrayer l’obtention licite. Questionnement des fins et des moyens.

Au premier plan du film, vous faites apparaître le personnage principal, Romeo. Immobile de dos, il semble contempler en face de lui des immeubles pareils au sien tandis qu’un ouvrier projette des pelletées de terre. Pourquoi avez-vous réuni ces éléments ?

Cristian Mungiu Ce premier plan est très important. Il indique l’un des propos majeurs du film. On peut voir que les immeubles ne sont pas en très bon état. Au loin, on se rend compte qu’un homme est en train de refaire son appartement. Cela souligne qu’en ­Roumanie, aujourd’hui, il y a des solutions individuelles mais pas de solutions collectives. De même envoyer ses enfants faire leurs études et s’installer à l’étranger ne résout que des situations particulières, mais n’offre pas de perspectives d’un avenir dans lequel les jeunes pourraient s’inscrire. On ne peut donc pas les associer à l’espoir de transformer la société. Le film parle de la façon dont les choses adviennent dans la vraie vie. Le précédent, Au-delà des collines, se terminait par un plan d’un ouvrier creusant un trou. J’ai voulu poursuivre un discours sur les difficultés à distinguer le bien du mal dans la société actuelle, distinguer la vérité et le mensonge dans l’existence de quelqu’un. Ces deux interrogations ont-elles partie liée ? Le film parle des positions que chacun prend dans la vie à un âge, la cinquantaine, où il est impossible de les changer. De plus votre vie ressemble rarement à ce que vous en aviez imaginé dans votre jeunesse. Le personnage principal, Romeo Aldea, ne voit rien d’autre à faire qu’utiliser son expérience pour aider sa fille. L’histoire reste subjective, entièrement circonscrite au point de vue de ce personnage. On essaie de comprendre ce qu’il pense et ce qu’il ressent en le suivant à distance.

Comment le présenteriez-vous ?

Cristian Mungiu C’est un père qui se demande ce qui est le mieux pour son enfant. Il n’est plus jeune mais pas encore vieux. Son mariage ne fonctionne plus. Sa vieille mère est malade. Il a une liaison qui ne marche pas très bien et lui confère un fort sentiment de culpabilité. Un sentiment renforcé du fait qu’il est difficile de parvenir à l’âge qui est le sien sans avoir fait de compromis. Comme médecin il s’est comporté de façon honnête, n’a jamais utilisé sa position pour extorquer de l’argent ou des services à ses patients. Mais il éprouve une grande anxiété à continuer ses routines de survie. Il voudrait guider sa fille pour qu’elle ne se retrouve pas dans la même impasse que lui. Son histoire est également celle d’une société et de ses institutions. Quelles relations entre le compromis, la corruption, l’éducation ? Pouvons-nous vraiment éduquer nos enfants différemment de la manière dont nous avons été éduqués ? Que devons-nous leur apprendre ? À se démener par tous les moyens pour assurer leur confort personnel ou à se battre pour leurs valeurs ? Quelles sont les frontières éthiques d’une société quand la corruption devient la norme ? Que peut l’individu ?

On a le sentiment non d’un engrenage pyramidal, du type un premier acte de corruption en entraînerait un autre par une sorte de fatalité du récit, mais plutôt celui d’être pris dans une vaste toile. À quoi cela tient-il ?

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