
Serge Goudin-Thébia aimait répéter cet extrait d’un de ses poèmes. Et, oui, sa bouche, sa voix, ses mains, son corps, sa vie, Serge Goudin-Thébia les a donnés sans compter pour exprimer, dire, crier, chanter, tonner cet éternel enchantement de vivre, cette éternelle boulimie de lecture, cette passion du bleu, des pierres, des bois flottés, cette urgence de la création perpétuelle, cette indispensable « intranquilité ».
La vie et l’œuvre plastique et poétique de Serge Goudin-Thébia ne font qu’un, un élan vital. La voix forte qui résonne, la main qui trace les mots, vite, la main qui griffe, sculpte, déchire, relie, mais sait se faire patiente et douce quand les lézards, par dizaines, viennent y dévorer les miettes déposées à leur intention au creux de la paume.
Et même si la maladie, actuellement, ne lui permet plus de donner sa pleine mesure, la presqu’île de la Caravelle résonne encore des échos de la voix et des pas du poète, arpentant les rivages lors de ses inlassables errances géopoétiques.
Là où nous allons tous (extrait)
(à Léon-Gontran DAMAS)
(…)
Ils disent
que j’ai de la chance
de pouvoir acheter ou vendre
tout un tas de mensonges,
qu’en mettant dans le réservoir de ma voiture
des miles et des miles de litres d’essence
je pourrai oublier ce que je suis.







— 

D’abord fermer les yeux. Les ouvrir et être ailleurs. La peinture de Jocelyne Fortuné nous entraîne à la lisière de deux mondes, entre l’art et le cosmos, comme si elle cherchait à confondre la matière et le mouvement. Son œuvre va bien au-delà d’un simple regard de traces. Elle laisse entrer le hasard qu’elle apprivoise quand le sable impose son relief, son accroche à la lumière. Elle se fond dans les minuscules sourires du sable pour mieux embrasser l’immensité de l’art dans son espace intemporel. Ainsi elle crée cette peinture aux formes indifférenciées qu’elle offre à la matière, collée au support comme une origine de vie, espace de création. Dans cette complicité privilégiée entre transparence et apparence, elle vide son âme dans la lumière réinventée.










Dans un précédent livre consacré à l’œuvre de Serge Hélénon, Daniel Radford introduit sa contribution en ces termes : « L’œuvre d’art est-elle muette, qu’elle ait besoin d’un texte qui la renforce et qui l’anime ? Souvent le mot l’endort, l’anesthésie, fouille à côté et, par redondance, la tue. Rien n’est plus beau qu’une peinture qui se raconte toute seule car tel est son destin, et le risque du peintre. Le mot accapare son espace et, voulant la dévoiler, lui vole sons sens et invente un discours à partir de sa forme.»
A partir de matériaux de récupération apparemment hétéroclites et improbables, Serge Hélénon s’attache à produire de l’harmonie, de l’émotion. D’abord en les associant, en les combinant, ensuite en les peignant.