Louisa Marajo

 

Louisa Marajo

Elle n’a que 18 ans mais elle sait ce quelle veut. Louisa Marajo vient tout juste de passer son bac avec la mention « Bien ». Férue d’arts plastiques, elle part pour Saint-Etienne se perfectionner dans cette voie. Mais Louisa est aussi une grande athlète qui a remporté des médailles.

Il existe une école régionale d’arts plastiques à la Martinique. Alors pourquoi partir ? 

La première raison tient à mon besoin d’évasion, j’ai envie de rompre le cordon ombilical et me retrouver face à moi-même. Je veux avancer en eau profonde. Par ailleurs je crois beaucoup à l’adage qui dit que « Les voyages forment la jeunesse”. Ce sera pour moi l’occasion de voir d’autres horizons et de rencontrer d’autres types de personnes. Je veux vivre une expérience de solitude pour affronter la vie, le froid, bref d’autres réalités.

Et pourquoi avoir choisi Saint-Etienne plutôt qu’une autre grande ville de France ?

Au mois de mai, je suis partie pour passer plusieurs concours d’entrée aux écoles d’arts. J’ai réussi à trois d’entre elles sous réserve, bien entendu, de l’obtention du bac.
C’était un pari audacieux il est vrai mais je l’ai tenu ! L’ambiance de l’une ne me plaisait pas et la troisième n’était pas très cotée. L’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Saint Etienne, par contre, jouit d’une très bonne réputation et de plus c’est celle qui a formé l’un de mes profs. C’est d’ailleurs sur ses conseils que je l’ai choisie. J’y avais un premier repère.

Qu’est-ce qui vous déplaisait tant dans cette école que vous n’avez pas retenue ?

L’ambiance générale m’attirait bien moins que celle de Saint-Etienne. Le programme ne me séduisait pas non plus beaucoup. Il s’agissait surtout d’apprendre l’art contemporain. Par contre l’ambiance de la troisième école m’a paru beaucoup plus séduisante, beaucoup plus conviviale même. Cependant elle n’avait pas très bonne réputation. Des trois, celle de Saint Etienne avait ma faveur.

A voir vos oeuvres, vous avez déjà un certain talent alors qu’attendez-vous de celte école ? 

Les matières étudiées sont assez diversifiées. Je n’apprendrai pas que la peinture mais plusieurs autres matières qui me paraissent intéressantes comme l’histoire de l’Art, l’infographie, la sculpture, la céramique ou encore la scénographie. A cela s’ajoutent les langues vivantes et les nouvelles technologies donc c’est un programme qui me parait assez complet.

Louisa Marajo

Comment vos parents voient-ils votre choix ?

Pas d’un très bon oeil ! Comme j’ai suivi un bac scientifique, ils s’attendaient è ce que je fasse une prépa comme la plupart de mes camarades mais ce n’était pas mon choix.
Cela dit, ce n’est pas nouveau, tous les jeunes qui veulent embrasser une carrière artistique vivent la même chose.

Y a-t-il d’autres artistes dans votre famille ?

Pas du tout. D’ailleurs, je me demande bien où j’ai pu prendre cela !

Une fois les études terminées, quels sont vos projets ?

Les études elles-mêmes durent cinq ans et sont sanctionnées par le DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastiques). Une fois que je l’aurai comme je l’espère vivement, je pense poursuivre en Histoire de l’art ou faire une formation de critique d’art.

Quels sont vos autres centres d’intérêt ?

J’aime beaucoup l’Histoire en général, mais surtout l’Histoire de la Martinique et plus généralement du monde nègre. Bien sûr l’Histoire de l’art me passionne beaucoup, de même que la philo et les activités de plein air.
J’ai fait aussi beaucoup de sport, en particulier de l’athlétisme. J’ai d’ailleurs été championne de Martinique de cross en 2004 et championne du 3000m aux championnats d’hivernage de Martinique.
En philo, je suis passionnée par le philosophe Indien Krisnamurtu et par la religion bouddhiste. 

En tant que jeune artiste, quel est votre plus grand rêve ?

J’espère un jour avoir un style qui me soit propre sans pour autant être rattaché à un “isme » quelconque ! Autrement dit, j’aimerais que soit reconnu un style martiniquais qui ne fasse pas référence à un courant particulier venu d’ailleurs.
Par exemple, j’entends souvent dire qu’il n’y pas de mouvement martiniquais, mais que cela va dans la continuité du travail des autres.
Moi je voudrais travailler à ce qu’il se dégage un courant bien martiniquais qui s’inscrive dans la continuité de ceux qu’ont fait mes prédécesseurs et qui continuerait après moi.
Mais pour sortir un peu du cadre de ma formation, j’aurais aimé que mes compatriotes puissent davantage apprendre à connaître les activités artistiques et, d’une manière générale, qu’ils puissent se détacher de l’aspect matériel et superficiel de la vie.

Joël Sandot (01/06)