Roland Sabra

Avignon 2019. « La république des abeilles », écrit et m.e.s. par Céline Shaeffer

D’après « La vie des abeilles » de Maeterlinck

— Par Roland Sabra —

La république des abeilles est une pièce créée à partir du livre le plus célèbre de Maurice Maeterlinck, Prix Nobel de littérature en 1911. On y suit les différents épisodes de la vie d’une ruche d’un printemps à l’autre : essaimage, naissance et sélection de reines, le vol nuptial avec le faux-bourdon, les différents métiers des ouvrières, la fondation de la cité avec ses rayons de cire, sans oublier la fabrication du miel et l’inévitable, la cruciale opération, aujourd’hui menacée, sans laquelle rien ne serait possible : la pollinisation.

Sur le plateau des Pénitents Blancs, en fond de scène, un immense écran, plus haut que large, la nature se projette en frémissements de branches d’arbres, essaims d’abeilles, coquelicots et autres fleurs. Cinq panneaux modulables dessinés comme une évocation des  murs de cire où viennent s’ ajuster, les uns dans les autres les casiers hexagonaux figurant les alvéoles. Leur structure et leur plastique transparente soulignent la fragilité des rayons de cire. La voix off d’Agnès Sourdillon commente.

Trois interprètes, une comédienne, une danseuse et un « narrateur-régisseur » donnent vie aux nombreux personnages qui peuplent la ruche, ce monde qui fait appel à tous nos sens.

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Philippe Pierre-Charles convoqué au commisariat de police !

À Fort-de-France le vendredi 19 juillet 2019!

Je suis convoqué en référence à des  » faits » (!!!) qui se seraient produits  » entre le 27 novembre et le 1er décembre 2017 à FDF- CTM ». L’évocation de ce nouveau quartier ( FdF-CTM) et la date font penser qu’ il pourrait s’agir de faits liés à la grève de salariés du PNRM (Parc Naturel Régional de Martinique) dont j’accompagnais la lutte à l’époque en tant que secrétaire général de la CDMT. Ce serait donc là que je me serais rendu coupable des crimes les plus abominables.

Le ridicule de cette accusation, dans un conflit emblématique et très médiatisée durant plus de deux mois, prêterait à rire si on n’était pas en ce moment face à un climat de criminalisation de toute action de contestation, criminalisation qui semble devenue la marque de fabrique de la macronie au pouvoir. Mains arrachées, yeux crevés après les manifestations des  » gilets jaunes « , et en Guadeloupe Elle Domota accusé d’avoir traité le Préfet de pédophile, ce qu’évidemment il conteste totalement.

Ma convocation au commissariat de police pose bien des problèmes : pourquoi intervient elle, huit mois après celle de Daniel Gromat sous les mêmes chefs d’inculpation ?

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Avignon 2019. « Lewis versus Alice », d’après Lewis Caroll, par Macha Makeïff

— Par Roland Sabra —

Pas facile de mettre en scène Alice ! Macha Makeïff voulait éviter une lecture freudienne de l’œuvre, elle verse dans une lecture psychobiographique qui prête à ce qu’elle voulait éviter dans une mise en miroir de l’écrivain Charles Dogson et son alias Lewis Caroll. Dédoublement dupliqué par confrontation d’une Alice elle même présente en deux exemplaires face tantôt à son créateur, et tantôt face au créateur du créateur ! On comprend que certains aient pu alléguer de la schizophrénie, voire de la perversion de Lewis Carroll, sujet clivé entre le professeur austère d’un côté et le poète « décadent » de l’autre. La voie du « nonsense » qu’emprunte Lewis Caroll permet à Alice dans « le passage du miroir » d’avoir accès à travers un au-delà du mo. A la question d’Alice « Qui-suis-je » surgit le manque d’être, condition d’accès au langage.
Puisque la structure narrative d’Alice est fondée sur le rêve il faut pour ce travail de Macha Makeïff s’en tenir au discours manifeste tel qu’il est restitué sur le plateau. Le spectateur est comblé par la représentation du monde merveilleux et cruel d’Alice et de la « chasse au Snark ».

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Polyphonie transatlantique

— par Kora Véron Leblé —

Deux ouvrages complémentaires reviennent sur l’exil américain de milliers d’Européens fuyant la Seconde Guerre mondiale, en particulier sur l’une des traversées du Capitaine-Paul-Lemerle, bateau célèbre pour avoir réuni à son bord des personnalités aussi différentes que Claude Lévi-Strauss, Victor Serge, André Breton, Anna Seghers ou Wifredo Lam. Eric T. Jennings étudie minutieusement l’organisation du départ de Marseille à Fort-de-France et les conditions duséjour à la Martinique, à travers archives administratives et témoignages d’exilés. Un voyage. Marseille-Rio 1941 donne à lire et à voir l’expérience de deux passagers : la photographe Germaine Krull et le cinéaste Jacques Rémy.

Eric T. Jennings, Escape from Vichy : The Refugee Exodus to the French Caribbean. Harvard University Press, 320 p., 31,50 €

Un voyage. Marseille-Rio 1941. Textes et photographies de Germaine Krull et de Jacques Rémy. Édition présentée par Olivier Assayas et Adrien Bosc. Stock, 300 p., 24,50 €

Les circonstances générales sont connues depuis longtemps [1]. Elle ont été précisées l’année dernière par Eric T. Jennings, dans Escape from Vichy : The Refugee Exodus to the French Caribbean.

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Avignon 2019. « Genoma B », cirque et théâtre dansé par la Cie Albadulake

— Par Roland Sabra —

D’emblée la première scène est de toute beauté. Un jeu d’éventails rouges épouse au plus près de corps le noir des corps qui dansent. Chant et musique soutenus du talon de la chaussure qui frappe le sol. Elles ont arrivées cerclées de crinoline, enfermées dans un deuil de huit ans imposé par la mère qui vient de perdre son second mari. « La maison de Bernarda Alba » de Fréderico Garcia Lorca est un drame de l’enferment de cinq jeunes femmes rebelles en proie à la tyrannie d’une mère obnubilée par le «  quand-dira-ton ». C’est la question douloureuse de la liberté, de l’insoumission et de la nécessaire révolte contre un ordre maternel sclérosé dont il s’agit. Sur l plateau elle prend la forme d’un robot métallique tandis que la grand-mère enveloppe ses petites-filles dans le filet d’un chant qui se voudrait protecteur.

L’adaptation libre de la Cie Albadulake repose sur la conjugaison des arts de la danse du chant et du cirque. Pas de mots si ce n est un courte phrase pour identifier chaque soeurcaractérisent les personnages.

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Asimbonanga

Mofwazaj chanté misié Johnny Clegg

— Par Daniel M. Berté —
Rèfren (x2)
Nou pa wè’y
Nou pa wè Mandela
Koté-a i yé-a
Koté-a YO ka ritjenn-i lajol

O lanmè-a frèt ek siel-a gri
Gadé pa lòtbò zil-a dan bé-a
Nou tout sé dé zil jiktan jou-a ka’y rivé
Eti nou ké travèsé lanmè difé-a Rèfren (x2)

An goélan pran lavol pa lòtbò lanmè-a
Man ka révé ki silans-la fini
Ki moun ki ni mo pou fè tonbé ladistans
Ant wou ek mwen ? Rèfren (x2)

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Avignon 2019. « Sang négrier » de Laurent Gaudé, m.e.s. de Khadija El Mahdi.

— Pr Roland Sabra —

De Laurent Gaudé, nous avons déjà eu le bonheur de voir à Fort-de-France, dans une mise en scène de Margherita Bertoli, Médée Kali en janvier 2017. « Sang négrier » est un seul en scène avec Bruno Bernardin qui aborde le thème de l’esclavage du point de vue d’un négrier ! Khadija Mahda met en scène la nouvelle «  Sang négrier » avec une très grande fidélité au texte de Laurent Gaudé. Le narrateur est devenu capitaine d’un bateau à Gorée à la mort de son supérieur emporté par de mauvaises fièvres. Son accession à ce poste de responsabilité ne tient pas vraiment à ses qualités de marin mais aux plutôt circonstances malheureuses qui ont frappée le chef d’équipage. La pratique la plus courantes dans cette situation consiste à immerger le corps de la victime et de continuer la route. L’homme est un second, plus habitué à obéir qu’à commander. Pris dans un ordre hiérarchique qui le protège et qui l’épargne d’une prise d’initiative il est peu apte à faire face à l’imprévu. Au lieu de conduire son navire chargé d’esclaves vers les Amériques comme il se devait de le faire, il décide en dépit du bon sens de rapatrier la dépouille vers Saint-Malo.

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Crash de 1969 : le Secret-Défense qui arrange le PCM.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Je m’apprête à publier une tribune qui montrera que, tout en s’opposant à l’assimilation, le Parti communiste martiniquais (PCM) a, par son action sociale en faveur de la classe ouvrière, participé à l’installation du département. Cependant, des circonstances nouvelles me conduisent à publier d’abord une réflexion totalement imprévue qui montre un autre aspect de ce parti, bien moins glorieux. Après les récentes déclarations de deux dignitaires du PCM, les conditions de l’envoi en mission au Chili du militant Dolor Banidol, en 1969, ainsi que le silence abyssal observé depuis sa mort rappellent les heures sombres du stalinisme.
Voilà un secrétaire général du PCM qui révèle à la télévision de la façon la plus claire et intelligible qui soit, gestes à l’appui, les circonstances de la disparition de son camarade de bureau. Il avait été lui-même désigné, dit-il, pour représenter son parti à un congrès au Chili, mais y avait renoncé à la suite d’une confidence relative à un possible accident de l’avion qui devait le ramener. Fort de cette « prémonition », Armand Nicolas s’était fait remplacer par un autre membre du bureau qui avait été visiblement tenu dans l’ignorance du risque encouru.

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Le zoulou blanc, Johnny Clegg est décédé

Le musicien sud-africain Johnny Clegg, surnommé le « Zoulou blanc », est décédé mardi des suites d’un cancer à l’âge de 66 ans.
« Johnny est décédé paisiblement aujourd’hui, entouré de sa famille à Johannesburg (…), après une bataille de quatre ans et demi contre le cancer », a déclaré son manager, Roddy Quin sur la chaîne de télévision publique SABC. « Il a joué un rôle majeur en Afrique du Sud en faisant découvrir aux gens différentes cultures et en les rapprochant », a-t-il ajouté dans un communiqué. « Il nous a montré ce que cela signifiait d’embrasser d’autres cultures sans perdre son identité ».
Johnny Clegg a puisé dans la culture zoulou son inspiration pour concevoir une musique révolutionnaire où les rythmes africains endiablés cohabitent avec guitare, clavier électrique et accordéon. Son album « Scatterlings of Africa » en 1982 l’avait propulsé en tête des hit-parades en Grande-Bretagne et en France. L’un de ses plus grands tubes planétaires, « Asimbonanga » (« Nous ne l’avons pas vu », en langue zoulou), est dédié à Nelson Mandela, le héros de la lutte anti-apartheid.

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Avignon 2019. « Et le cœur fume encore », d’Alice Carré et Margaux Eskenazi

Au T.A.C. du 17 au 19 octobre 2019

— Par Roland Sabra —

«  Et le cœur fume encore » est le second volet d’un diptyque intitulé Écrire en pays dominé dont le premier volet «  Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre » a été présenté à Fort-de-France en mars 2018 ( Voir les articles de Janine Bailly et Roland Sabra). La traversée poétique, politiuqe et musicale des courants de la négritude et de la créolité se poursuit au travers des mémoires, des écritures et des pensées de la décolonisation pour dessiner nos identités de l’Algérie coloniale à la France d’aujourd’hui.
C’est Edouard Glissant qui opère la transition entre les deux volets. Il concluait le précédent spectacle autour de la philosophie du Tout Monde, il ouvre symboliquement celui-ci en ayant « préfacé Kateb Yacine et reconnu Nedjima comme le grand roman de la révolution algérienne. » qu’il comparait au mouvement de la langue de Césaire, construisant un peuple en même temps qu’elle élabore sa grammaire. ». Son personnage est mis en scène dans le spectacle lors de la première du Cadavre encerclé, de Kateb Yacine au Théâtre Molière à Bruxelles en Novembre 1958.

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Avignon 2019. « À ceux qui nous ont offensés », d’après Jérémie Lefebvre, m.e.s. de Carine Bouqillon

— Par Roland Sabra —

Chyen paka fè chat ? Pas sûr ! Adapté du livre « Le collège de Buchy » de Jérôme Lefebvre «  À ceux qui nous ont offensés » dans une mise en scène de Carine Bouqillon est un seul en scène avec Bruno Tuchszer. C’est le portrait d’un homme enfermée dans une enfance harcelée, qui tout au long d’une interminable nuit blanche se remémore les humiliations, les injures, et les coups dont il a été victime tout au long de sa scolarité du fait d’un défaut de virilité affichée. Ce retour du passé est la conséquence d’une découverte scandaleuse : le comportement de son propre fils. Humiliation suprême, le gamin reproduit aujourd’hui les gestes et les dires des bourreaux d’antan.
Peut-on aimer un tel fils ?
Les désirs de vengeance et de meurtre alternent avec les situations non dépourvues d’ambiguïté entre larmes, rires étouffés et cris de désespoir. A la cruauté du monde des enfants répondent l’aveuglement et le silence complices des adultes, pédagogues,personnels soignants et tutti quanti. Si les bourreaux s’acharnent c’est peut-être que la victime n’est pas innocente. Ce qu’elle finit par croire.

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Avec quoi écrire l’histoire de l’Afrique ?

— Par Vincent Hiribarren —

S’il est bien une chose qu’on entend sur l’Histoire de l’Afrique, c’est qu’il n’y a pas ou peu de documents disponibles pour l’étudier. Face aux montagnes de documents disponibles pour la Chine, l’Inde, le monde arabe ou l’Europe, il est souvent difficile de rivaliser. En ressort souvent une conclusion qui fait de l’Afrique subsaharienne et de certaines parties de l’Amérique précolombienne les parents pauvres de l’Histoire. Selon cette vision du monde, la vraie histoire commence avec les documents papier de la période coloniale européenne.

L’Histoire et le papier font tellement bon ménage que l’absence de papier voudrait automatiquement dire qu’il n’y a pas d’Histoire. Evidemment, ce constat est faux mais il en devient extrêmement difficile de croire qu’il soit possible d’écrire l’Histoire avec des sources orales, linguistiques ou archéologiques… Pourtant, cela fait plus d’un demi-siècle que la discipline de l’Histoire de l’Afrique s’est professionnalisée et que toutes ces sources sont mobilisées pour écrire l’Histoire de tout un continent.

Pourtant des sources écrites existent sur le continent africain. En consultant cette liste de documents écrits en différentes langues africaines avec l’alphabet arabe (ajami), on peut se rendre compte qu’il existe une vraie tradition d’écriture sur le continent et que des générations d’historiens ont utilisé ces documents.

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Quand Jean-Claude Bajeux dénonçait le mépris du créole par certains Haïtiens

Retour sur « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen ».

— Par Fortenel THELUSMA, enseignant-chercheur —

Né le 17 septembre 1931 et mort le 5 août 2011, Jean-Claude Bajeux avait plusieurs codes à son arc. Entre autres études, il était philosophe, traducteur, spécialiste de la littérature antillaise. Il a contribué à la rédaction de la revue en créole Sèl des Pères spiritains de Brooklyn alors qu’il vivait en exil dans les années 70. Poète, enseignant, écrivain, il était l’auteur de plusieurs ouvrages. En 1999, il a publié, aux Editions Antilia, une anthologie bilingue (créole-français) de la littérature créole : « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne ». Ce livre est présenté en sept chapitres avec des sujets /thèmes variés sous la plume des meilleurs écrivains haïtiens du 18e au 20e siècle :
– Premiers textes
– Littérature orale
– Poèmes
– Théâtre
– Romans et récits
– Essais

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Lettre aux lauréat-e-s récompensé-e-s et aux adultes pensant-e-s

— Par Philippe Pierre-Charles, Groupe Révolution Socialiste. 
Avec presque la larme à l’œil, dans une atmosphère ruisselant de bons sentiments, les élites politiques, économiques voire intellectuelles (cela va parfois ensemble !) multiplient les scènes de congratulations, ébahies de vos prouesses scolaires sous les flashs d’une presse aux anges, trop heureuse de montrer qu’à côté, voire à l’opposé, d’une poignée de délinquant-e-s dangereux/ses, il y a celles et ceux, en nombre, qui travaillent, réussissent et représentent l’espoir. Comme quoi, les choses ne vont pas si mal que çà …

Sans vouloir jouer les gâcheurs professionnels de fête, l’envie me prend de vous parler à hauteur du sérieux et de l’intelligence dont vous venez de faire preuve en réussissant brillamment vos examens.
D’abord pour vous avouer que la joie que j’éprouve pour vos succès prometteurs n’égale pas l’inquiétude que je partage avec beaucoup pour des générations entières dont vous n’êtes que l’écume florissante. Il y a quelques jours un million de jeunes lycéen-ne-s et collégien-ne-s dans le monde ont fait la grève des cours et ont pris les rues pour clamer : quel avenir nous réclame-t-on de préparer quand dans le même temps la destruction de l’espèce humaine (parmi des milliards d’autres !)

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Philo, la force et la fraternité du tambour bèlè

Les coups de cœur de Fara C.

Dans la sympathique ambiance du Karaïb Festival, à Saint-Denis, une grande partie du public a découvert, le 6 juillet, un talentueux tambourinaire martiniquais nommé Philo, à la tête de sa formation Les Voix du tambour, dont un disque sortira en octobre. Lui, qui avait quitté son île natale pour étudier la philosophie à la fac de Montpellier en 1996, a décidé, un jour, de se consacrer au legs de ses ascendants : le tambour bèlè et la branche martiale de ce dernier, le danmyé. Sa démarche n’a rien d’opportuniste à l’endroit d’une quelconque mode. Dès sa tendre enfance, il a bu directement à la source de cette pratique ancestrale, dans le village de l’Anse Dufour. Un héritage, certes, encore vivant, mais menacé de disparition ou de dilution.

Sur scène, sept musiciens l’entourent. Parmi eux, figurent François Remy, qui officie notamment au tambour ka (cousin guadeloupéen du bèlè) et Nicolas Briant, qui, à la tumba, semble retisser le lien avec Cuba. Le répertoire comprend des compositions originales et des adaptations de titres issus du patrimoine.

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Avignon 2019. « Le présent qui déborde – Notre odyssée II », de Christiane Jatahy, d’après Homère

— Par Roland Sabra —

Le thème du Festival d’Avignon cette année, au delà du thème officiel « des odyssées contemporaines »  est bien celui des frontières, qu’il s’agisse de celles entre les genres, les identités sexuelles ou celles qui séparent l’ici de l’ailleurs, le citoyen (grec) du métèque, l’indigène de l’allogène, le résident du migrant. L’Odyssée et l’Enéide sont à l’honneur. La brésilienne Christiane Jatahy, à qui l’on doit la superbe adaptation au théâtre de « La Règle du jeu » de Renoir, entrée au Répertoire du Français en 2017 réitère son désir de « « «travailler sur les frontières entre l’acteur et le personnage, l’acteur et le spectateur, le cinéma et le théâtre, la réalité et la fiction. ». Dans le Gymnase du Lycée Aubanel « Le présent qui déborde – Notre Odyssée II », évoque les exilés dans le monde aujourd’hui. Le plateau est vide avec en fond de scène un immense écran sur lequel passe en boucle une vidéo tournée quelque part au Liban dans un camp de réfugiés, sur la gauche de l’espace, difficile de dire scène ou plateau, la régie avec Jatahy aux commandes.

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Frantz Fanon a-il été déchu de sa nationalité française ?

— Par Sarah Boumghar —
Médecin et militant, l’homme avait rejoint les rangs des indépendantistes pendant la guerre d’Algérie.
Frantz Fanon, né à Fort-de-France le 20 juillet 1925 et mort le 6 décembre 1961 à Washington, aux Etats-Unis, était psychiatre, essayiste et militant anti-colonialiste. Il est connu pour ses œuvres traitant du racisme et du colonialisme, notamment Peau noire, masques blancs (1954) et Les damnés de la terre (1961).

Raoul Peck, réalisateur haïtien, prépare actuellement un long métrage sur cette figure de l’anticolonialisme. Un casting a d’ailleurs été lancé.

Le site Une autre histoire écrivait, dans sa page consacrée au psychiatre : «Frantz Fanon, déchu de la nationalité française, est enterré en Algérie.» Après avoir été contacté cette semaine par CheckNews, le site a modifié la page.

Selon son fils, Olivier Fanon, Frantz Fanon n’a jamais été déchu de sa nationalité par l’Etat français. «Il s’est auto-déchu de facto de manière symbolique en rejoignant le camp du FLN. Ce n’est pas une déchéance au sens juridique du terme», explique-t-il à CheckNews.

Sa lettre de démission de l’hôpital de Blida, où il exerçait comme psychiatre, adressée en 1956 à Robert Lacoste, alors gouverneur de l’Algérie, lui vaut par ailleurs un arrêté d’expulsion du territoire algérien, daté de 1957.

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Parutions: nouveautés du 14 juillet 2019

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Avignon 2019. « Bananas », de Julie Timmerman. Lecture

Outre les pièces de théâtre, les tours de chants, les conférences, il y a aussi des lectures à Avignon. Bananas, la pièce de Julie Timmerman a été lue à Présence Pasteur il y a quelques jours. Elle était à l’affiche du Théâtre du Rond Point à Paris en février 2019. Le synopsis ci-après, confirme totalement ce que le titre suggère: nos antilles et la Martinique en particulier sont tout à fait concernées par une thématique qui remet en perspective l’histoire de la culture fruitière dans nos modes de production. On y entend que l’empoisonnement des territoires est consubstantiel à ce type de culture. Bien avant le chlordécone, la  » bouillie bordelaise » décimait déjà les populations confrontées à ce poison. Pire encore, l’asservissement des peuples, la ruine des démocraties, l’instauration de dictatures, les assassinats politiques deviennent monnaie courante dans ce qui par dérision s’appelle « République bananière ». Le texte de Julie Timmerman est sans concession, il invite à élargir la mise en cause du scandale de l’empoisonnement de nos terres au système politico-économique qui le met en œuvre.

R.S.

Minor Cooper Keith, conquistador des temps modernes, débarque au Costa Rica à la fin du XIXème siècle pour y bâtir le chemin de fer.

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Avignon 2019. « Un démocrate », texte et m.e.s. de Julie Timmerman

— Par Roland Sabra —

« Comment faire récit au théâtre et créer des images, quand on veut dénoncer la propagande et la fabrication du consentement, qui fonctionnent précisément par récit et par images ? » Julie Timmerman cerne d’emblée la difficulté de la tâche à la quelle elles s’est attaquée en recréant dans une optique brechtienne le genre du cabaret politique avec « Un démocrate ». Elle s’attache présenter le rôle qu’a eu le neveu de Freud, Edward Bernays dans l’invention des techniques de manipulation de masse, plus précisément de fabrication du consentement pour vendre indifféremment, savons, hommes politiques, cigarettes, coups d’État. En réalité il ne s’agit pas tant de vendre que de faire acheter docilement par un consommateur, qui se croyant libre, obéit en fait à des injonctions intériorisées grâce aux techniques de persuasions. De la lecture des œuvres de son oncle Edward Bernays n’ a retenu qu’une chose : les hommes sont animés par des pulsions premières qui dans le meilleur des cas fontt l’objet d’une tentative d’habillage rationnel dans l’après-coup de leur émergence. Faire croire que la cigarette «  Luky » fait maigrir pour inciter les femmes à fumer, faire peur aux gens pour qu’ils oublient de réfléchir ( la diabolisation en politique), réduire le féminisme à des slogans ( Moulinex libère la femme) toutes des techniques encore plus raffinées et encore plus efficaces à l’heure du Big Data.

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Des coupes afro interdites dans un lycée en Guadeloupe

Des coupes de cheveux en tout genre ont été interdites dans un lycée privé de Baie-Mahault en Guadeloupe, a indiqué la direction vendredi à Radio Caraïbes International (RCI), interrogée sur une polémique venue des réseaux sociaux.

Des coupes de cheveux en tout genre ont été interdites dans un lycée privé de Baie-Mahault en Guadeloupe, a indiqué la direction vendredi à Radio Caraïbes International (RCI), interrogée sur une polémique venue des réseaux sociaux. C’est notamment Twitter qui s’est animé après la publication d’une photo d’une affiche portant la mention «coupes de cheveux femmes / hommes non autorisées au lycée Bel Air», ceci pour la «rentrée 2019» de ce lycée technologique et professionnel.

Le tweet de @Dnl_Gab reproduit la photo d’une affiche de près de 30 coupes de cheveux très répandues en Guadeloupe: coupe afro, dreadlocks et teintures peu conventionnelles pour les femmes, waves, curls et locks ou même dégradés interdits également pour les garçons. Même Kit Harrington, l’acteur incarnant Jon Snow dans la série à succès Game of Thrones, se retrouve sur le panneau des coupes interdites. «Mais, c’est quoi les coupes autorisées?

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Au Festival d’Almada : un théâtre d’engagements

— par Janine Bailly —

« As três sozinhas » (Les trois toutes seules), « Un poyo rojo » (Uma luta de galos : un combat de coqs)

Au cœur de l’été, se divertir mais aussi parler de nos engagements, tel semble bien être le but de ce festival pas tout à fait comme les autres. Chaleureux, mêlant les publics de tous âges, qu’ils soient novices ou habitués des salles de théâtre, il offre en plein air des conférences et rencontres de proximité avec les metteurs en scène, allie aux scènes traditionnelles un plateau improvisé sous les étoiles dans l’atrium d’une école — le « Palco Grande » de « Escola D. António da Costa » —, et la cour en est aménagée en un espace de restauration qui reste ouvert dans la douceur des premières heures de la nuit. Bien sûr, pour assister à ce festival, il est nécessaire de connaître un tant soit peu la langue portugaise, les spectacles venus d’ailleurs étant sur-titrés en cet idiome. Mais passé cet obstacle, et si l’on peut se renseigner aussi dans la presse qui couvre l’événement, c’est là une occasion de découvrir des formes théâtrales venues d’ailleurs, des mises en scène singulières, des textes inédits autant que des classiques, qu’ils soient respectés ou revisités à l’aune de notre actualité.

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Mariam, esclave sexuelle : « Son bourreau libyen ne risque rien »

Le site InfoMigrants publie vendredi le témoignage exceptionnel de Mariam, une migrante ivoirienne de 16 ans séquestrée et violée durant plusieurs mois par un homme libyen.

Deux journalistes d’InfoMigrants, Charlotte Boitiaux et Leslie Carretero, ont recueilli le témoignage de Mariam, une Ivoirienne de 16 ans, vendue à un Libyen, violée et séquestrée dans une maison de Tripoli durant plusieurs mois.

Elles racontent sur France 24 comment elles ont pu communiquer avec la jeune fille, qui est aujourd’hui en sécurité en Europe, via l’application de messagerie Whatsapp. Elles expliquent également pourquoi les agences internationales contactées n’étaient pas en mesure d’aider la jeune fille et pourquoi son bourreau, dont l’identité reste inconnue, ne risque rien.

 

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Avignon 2019. « Hen », création et m.e.s. de Johanny Bert

— Par Roland Sabra —

C’’est peut être le spectacle le plus déjanté du Festival. Hen (prononcez heune) ne viendra pas en Martinique. Trop subversif. Fruit d’un travail sur les questions d’identités et de genre confrontées à une recherche sur les origines d’un théâtre de marionnettes transgressif. Le personnage est un altersexuel, inspiré des cabaret berlinois des années 30 et de la scène performiste queer actuelle. Hen se transforme et joue avec les images masculines et féminines grâce à un corps «  mutant au gré de ses envies, de ses désirs, et il le fait avec sarcasme, insolence. Ni travesti, ni transsexuel, ni transgenre, ni tout à fait un(e) autre, Hen diva virile et enragée se promène dans la vie avec humour et dérision, perchée sur sur des hauts talons pour chanter l’amour, le sexe, la liberté. Multiple, transformable refusant d’être défini, normé il fuit les assignations identitaires genrées et peut être vu comme le symptôme d’une hystérisation généralisée du corps social…

Les textes sont pour la plupart de originaux de Johanny Bert ou des reprises de Pierre Notte, Perrine Griselin, Laurent Madiot, Brigitte Fontain en Serge Gainsbourg, Catherine Ringer.

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L’Eau peine à arriver au robinet…

— Par Florent Grabin, Président de P.U.M.A. —

Sous décision préfectorale du 18 mars 2019, portant la Martinique en zone d’alerte sécheresse et limitant les usages de l’eau, en vue de la préservation de la ressource, nous avons immédiatement réagi en saisissant Monsieur le Préfet sur le risque sanitaire et aussi sur l’une des raisons à l’origine de cette situation. Si cette décision présente un intérêt écologique, il n’a pas été pris en compte l’étranglement du réseau de transport de 800 cm de diamètre, au quartier Séguineau au Lorrain, qui ne laisse passer que 17 500 m3 jour, avec tous les problèmes collatéraux.
En effet, en avril 2009, ce plus important tuyau d’eau transportant 35 000 m3 d’eau /jour, produite à l’usine de Vivé au Lorrain s’est desemboîtée, afin d’éviter tout retard de réparation du fait des contraintes des procédures, constatant que l’exploitant, la SMDS ne pouvant pas faire face, la SME s’est immédiatement engagée à faire rentrer des tuyaux par avion spécialement affrété pour l’occasion, pour une valeur de 150 000 € environ ; c’est ainsi que les spécialistes de ce type d’installation sont venus sur place pour installer ce raccordement provisoire, prévu pour six mois.

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