Archiver la tendresse…
–— Par Raphaël Confiant
Il y a d’abord cette rondeur maternelle, l’impression d’être en permanence sous mille regards bienveillants et à mesure-à mesure que l’on suit la montée de la trace, entre goyaviers sauvages et halliers aux noms inconnus, la certitude d’être vivant, là, au beau mitan du pays.
Le Morne est donc éternité impassible.
Il charroie avec allégresse – ô têtue ! – des fragments de lumière, des éclats argentés et tout un scintillement infini que capte miraculeusement l’objectif de Philippe Bourgade. Ce sont rigoles, ravines, torrents, rivières, tout ce qui nous ramène au royaume enchanté de l’enfance. Fugacement. La lessivière au bord de l’eau, accroupie dans l’eau, devient négresse féerique. Elle invente un chanter muet, des gestes qui subjuguent l’homme revenant de son jardin créole. Et lui de kokiyé les yeux de tendresse.
Car l’entre-jambes de la négresse, assise sur une roche, n’est point du tout obscène, pas plus que n’est hilarante la traversée, bas du pantalon relevé et jupe remontée, du couple de vieux-corps, qui brave les gués faussement calmes pour s’en aller prier à l’église.


Six fois primé au festival de Cannes, où il avait reçu la Palme d’or en 2006 pour Le Vent se lève, Ken Loach, 79 ans, se voit couronner pour la deuxième fois avec Moi, Daniel Blake, qui raconte les démarches d’un menuisier cardiaque pour récupérer sa pension d’invalidité.
● Palme d’or du court-métrage: Timecode, de Juanjo Giménez
Méconnu en France et controversé aux Antilles, Louis Delgrès, né le 02 avril 1766 à Saint-Pierre de Martinique, est un héros de la lutte anti-esclavagiste. C’est un métis né d’une mère blanche martiniquaise et d’un père fonctionnaire du Roi de Tobago. « Au prix de la mort » raconte la dernière journée de celui qui mena la résistance contre les troupes bonapartistes venues, sous les ordres de Richepance, restaurer l’esclavage aboli une première fois en 1794 par la Convention. Le 06 mai 1802 une flotte d’une douzaine de navires ayant à son bord 3500 soldats se profile à l’horizon des côtes guadeloupéennes. Louis Delgrès, soldat engagé dans l’armée française dont il a gravi les échelons par son courage et ses faits d’armes, est alors colonel. Épris des idéaux révolutionnaires de liberté et d’égalité il est chargé de protéger la Guadeloupe des appétits coloniaux des autres puissances européennes. A cette époque, pour échapper à cette première abolition de l’esclavage, la Martinique s’était livrée corps et âme aux Anglais. A la trahison des idéaux révolutionnaires par le Consulat, Delgrès va opposer une résistance farouche, désertant l’armée, regroupant quelques centaines de combattants bientôt rejoints par des femmes guadeloupéennes, pour une lutte disproportionnée, militairement perdue d’avance mais moralement victorieuse pour les siècles et les siècles.
Un premier décès dû au virus Zika a été enregistré en fin de semaine dernière en France, avec la mort d’un octogénaire en Martinique.
Telle est la remarque faite par un écrivain célèbre de chez nous, parue dans le quotidien France Antilles du 09 avril dernier. Plus tard, dans l’édition du 16 avril de ce même quotidien, une universitaire déclare : « Nous vivons aussi une crise intellectuelle ».
2011 : mort et résurrection de La Rue Princesse. Le 05 août de cette année là le président Ouattara, fraîchement élu, envoie ses bulldozers « nettoyer », plus exactement raser La Rue Princesse dans le quartier d’Aya de la commune de Yopougon juste au nord d’Abidjan, la capitale économique de Côte d’Ivoire. Cette rue mythique, connue internationalement pour ses maquis (boites de nuit à ciel ouvert) ses bars dans lesquels la bière se compte en casiers, ses commerces en tout genre, ses musiques, ses danses, son imaginaire écervelé, ses rumeurs, ses dires et ses rires appartenait au peuple des rues. La dernière trace de chenille de bulldozer à peine effacée par la pluie, La Rue Princesse renaissait sous la forme d’une pièce chorégraphique portant son beau nom.
L’égise et la question de l’esclavage

Parce que nous vivons une période inédite dans l’histoire du capitalisme contemporain. Alors que, dans les années 60, les rémunérations des PDG représentaient 40 fois le salaire moyen pratiqué dans les plus grandes entreprises américaines, cet écart a explosé pour atteindre aujourd’hui plus de 200 au sein de ces dernières et 120 dans les sociétés françaises.
Cet ouvrage poursuit deux objectifs. D’une part analyser l’image du « Noir » et son évolution dans l’imaginaire cinématographique français depuis un siècle. D’autre part, mettre en lumière la présence des Noirs et Métisses dans le cinéma hexagonal depuis les premières vues des frères Lumière jusqu’au triomphe d’Intouchables, en évoquant notamment les rôles interprétés par Josephine Baker, Habib Benglia, Darling Légitimus, Robert Liensol, Isaac de Bankolé, Firmine Richard, Jacques Martial, Alex Descas, Mouss Diouf, Aïssa Maïga, Edouard Montoute, Stomy Bugsy, Eriq Ebouaney, Joeystarr ou Omar Sy.
22 MAI 1848
Petit bréviaire des 12 défis majeurs à relever pour la Guadeloupe et la Martinique dès 2017 mais à l’horizon 2025 .
Trois pièces. Trois pays. Trois auteurs. Les Comores. Le Congo-Brazzaville. Haïti. Et pourtant, non pas la même histoire, mais la même question : la violence est-elle le dernier recours contre l’injustice politique ? Ces trois auteurs y répondent chacun à leur manière, en traitant des faits les plus tragiques de l’actualité récente de leurs pays, mais en n’oubliant pas ce que le théâtre peut opposer à la barbarie engendrée par le chaos : le langage, la poésie et le logos comme un long chant destiné à témoigner, à faire réfléchir, à faire agir.
Cette étude dévoilée mercredi 18 mai met en lumière un problème social souvent passé sous silence en France. Après avoir soumis 770 000 Français de toutes régions, âgés de 16 à 25 ans, à plusieurs tests, les responsables du programme au sein de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) ont découvert que près d’un jeune sur dix éprouve des difficultés de lecture et 4,3 % sont en situation d’illettrisme. Cette cellule rattachée au ministère de l’Éducation a profité de la Journée défense et citoyenneté pour mener cette étude. La fréquence des difficultés est plus prononcée dans les départements du Nord, entourant l’Ile-de-France ou plus encore en outre-mer et les garçons sont plus concernés que les filles.
Fidèle à son projet d’œuvrer pour la diffusion du savoir historique, l’Association des professeurs d’histoire-géographie de Guyane (aphg-g), en partenariat avec le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement (ccee) de Guyane et le soutien du Rectorat Guyane et de la Région Guyane, organise la deuxième édition du concours du Jeune historien guyanais. Il s’adresse aux élèves des écoles primaires, des collèges et des lycées de l’académie de Guyane.
Un collectif de chercheurs a réalisé une enquête place de la République pour mieux connaître les participants. Les résultats font mentir les idées reçues, notamment sur l’entre-soi supposé du mouvement
J’aurai pu ne pas répondre, ignorer complètement
Quand on connaît le peu de concessions ou d’attention accordées par la classe politique, de gauche comme de droite, à la communauté musulmane de France, on est surpris par sa délicatesse, sa prévenance et son souci de la rhétorique dans cette affaire du voile. Convaincu, pour ma part, qu’on ne peut parler de respect de liberté, de culte ou de croyance quand il s’agit d’imposer un signe d’avilissement à des filles et des femmes dans l’espace public, j’ai été, par curiosité, à la rencontre d’enseignants et de militants associatifs dans plusieurs villes de France. Chaque fois mes interlocuteurs, tous convaincus de la pertinence et d’une urgence d’une loi, me disaient sur le ton de la confidence : «Oui, on sait, mais on ne peut pas. Vous savez, les pauvres…»