Paris Hip Hop prend l’accent new-yorkais

Les Neg’Marrons méditent et résistent
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—Par Fara C. —
Au festival Paris Hip-Hop, Jacky et à Ben-J présenteront leur album Valeur sûre. Un cocktail de rap et de reggae qui exhorte à la danse et à la conscience.

En 1997, Rue Case Nègre, des Neg’Marrons, triomphait, avec plus de 150 000 exemplaires vendus. C’était leur premier album, premier disque d’or : façon Zidane, Jacky et Ben-J tiraient un but prodigieux. Après une étincelante couronne de disques d’or, les deux chanteurs français accomplissent un retour en beauté avec l’album Valeur sûre, autoproduit. Ils ont invité des artistes de leur trempe, les rappeurs Passi, Purple Star et Dry, la chanteuse sud-africaine Tato… Intégrant judicieusement des sonorités électroniques actuelles, ils gardent leur signature : cet alliage allègre de reggae et de rap, qui appelle à la danse tout en portant des messages d’une grande profondeur. Le titre éponyme donne le ton du disque : Méditer, résister, unité, humilité, tel leur adage.

« En vingt ans de carrière, on a observé la mutation de la société : force est de constater que le peuple a été trahi », expliquent-ils d’une même voix. Eux qui ont connu la France championne du monde ne pensaient pas que « l’espoir allait prendre du sursis ». Et n’imaginaient pas le pire : « J’ai vu Marine faire plus de 40 % », psalmodie Jacky dans Le monde bouge. À l’heure où règnent le buzz et le biz, les Neg’Marrons ne trahissent pas l’idéal qui les a incités à choisir ce nom pour leur tandem, en hommage aux esclaves qui désertaient les plantations pour prendre le maquis.

Quand on demande à Jacky, d’origine capverdienne, et à Ben-J, né de parents congolais, comment ils ont su maintenir leur association, alors que tant de groupes finissent par se séparer, la réponse fuse : « Nous sommes amis avant tout, nous avons toujours mis la fraternité qui nous lie au-dessus des intérêts matériels. » Leur digne quête irradie tout au long de l’album et libère l’espoir des barreaux que lui inflige le dieu fric. « On est fiers des réussites issues du prolétariat », scandent les Neg’Marrons dans le diamant du CD, Fonce, qu’illumine le chant étourdissant du soulman jamaïcain Wayne Beckford.

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