Roland Sabra

« Le garçon incassable » d’après le roman de Florence Seyvos adaptation et m.e.s. Laurent Vacher

— par Michèle Bigot —
Festival d’Avignon off 2017

Sur scène trois coffres à roulettes, deux acteurs et une actrice qui joue du ukulélé. En fond de scène un rideau de franges qui dissimule un écran vidéo. Au son de la musique, commence l’histoire de Buster Keaton, de son vrai nom Joseph Keaton. Il est né en 1895 dans le Kansas, ses parents sont saltimbanques, musiciens et acrobates. Enfant de la balle, à l’instar de Chaplin, il va connaître une enfance aussi difficile. A six mois, il dévale les escaliers. Cette chute mémorable arrache à son père l’exclamation : « What a buster ! ». Le surnom lui restera. A peine a-t-il appris à marcher que son père l’enrôle dans ses numéros où il joue le rôle d’une chose. Il se sert de lui comme d’un projectile. Buster se fracasse, se blesse mais retourne à son rôle. Il apprend à tomber et il va devenir le spécialiste de la chute. Mais un second récit avance en parallèle : c’est celui de Henry, le demi-frère de la narratrice, lui aussi enfant martyr, né handicapé, auquel son père va faire subir la plus cruelle des rééducations.

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OX513A, le moustique OGM qui doit éradiquer l’Aedes Aegypti

— par RFI —

Pour lutter contre le moustique Aedes Aegypti, qui transmet des fièvres parfois mortelles, l’institut néerlandais de santé publique vient d’autoriser le lâcher de 15 millions de moustiques génétiquement modifiés sur l’île de Saba, aux Antilles néerlandaises.

Pour remplacer les insecticides, peu efficaces et dangereux pour la santé, l’entreprise britannique Oxitec, proche du géant de l’agrochimie Syngenta, a développé un moustique génétiquement modifié. Son nom : OX513A.

L’idée est de changer le patrimoine génétique de moustiques tigres mâles pour qu’ils transmettent à leurs descendants un gène qui les tue avant la reproduction. La modification génétique rend le moustique dépendant d’un antibiotique, la tétracycline, sans lequel il meurt. Les moustiques mâles modifiés, qui ne piquent pas, sont lâchés dans la nature où ils vont s’accoupler avec des femelles sauvages. Les petits, privés de l’antibiotique, ne survivront pas et l’espèce pourrait s’éteindre peu à peu.

Cette technique a déjà été employée, notamment au Brésil. La Malaisie, qui avait donné le feu vert pour un essai en 2010 afin d’endiguer une épidémie de dengue, a finalement renoncé à utiliser une méthode estimée coûteuse et peu efficace.

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4 Voix pour 1 Fin

— par Dégé —

Il est loin le temps ou des mouvements black révolutionnaires faisaient défiler « Femme nue » sur les images d’une main noire caressant le corps d’une femme blanche dénonçant ainsi l’hypocrisie senghorienne.
Ce poème autrefois encensé autant que décrié est devenu emblématique au point d’illustrer la clôture du Festival d’Avignon 2017. Le visage de Léopold Sédar SENGHOR immense sur la façade immense de la cour d’honneur du Palais des Papes…
Désormais pour ce public acquis au « Tous ensemble », le phénotype n’est plus discriminant, aussi a-t-il pu apprécier de découvrir, ou retrouver avec plaisir, la belle et chaude voix de ISAAC DE BANCOLE. Son phrasé et son rythme car la reconnaissance des poèmes n’était pas évidente. « Élégie pour la reine de Saba », « Prière » en partage avec A. KIDJO fut marquant, de même que le duo avec le jeune slameur, MHD, qui avait ses fans dans les gradins. Le guitariste Dominic JAMES, excellent, mais on peut regretté qu’une vraie kora n’ait représenté la sonorité naturelle de l’Afrique.
La mise en scène, plus que sobre et minimaliste, de Frédéric Maragnani donne bien l’impression de l’ensemble du spectacle.

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Une ouverture aux comédiens en formation

— Par Dominique Daeschler —

En choisissant d’ouvrir les portes du in à des élèves comédiens (CNSAD) dans deux spectacles : On aura tout,  Claire, Anton et eux, Olivier Py  a eu souci de rappeler qu’être comédien est un métier….

Claire, Anton et eux-Cervantes-CNSAD – In

En fond de scène un portant chargé de costumes, à cour et à jardin des chaises et 14 comédiens qui bataillent avec leurs souvenirs, des pays, des situations, des familles, des rêves. Ils énoncent, partagent, prennent le relais, s’accueillent dans la mémoire et le corps de l’autre. Le plateau vibre du plaisir de jouer et de porter le besoin de parler. Un exercice réussi mais sans émotion.

Du côté du Off : le tout jeune  théâtre des deux galeries a ouvert sa première programmation à de jeunes comédiens élèves de grandes écoles.

Deux Frères-Compagnie de l’Illustre théâtre.

Trois comédiens qui souhaitent partager des textes d’auteurs  aux écritures singulières  et ont choisi  le nom d’une très célèbre troupe pour leur compagnie mettent collectivement en scène  la pièce d’un  jeune auteur italien Fausto Paravidino. Ce dernier travaille l’écriture au plan et à la séquence.

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Populations déplacées, migrants, déportés Du In au Off

— Par Dominique Daeschler —

Grensgeval-Tonelhuis -In

A partir des Suppliants de Elfriede Jelinek,  texte qui fait référence à notre histoire culturelle et européenne  en associant ses mouvements de population à l’histoire d’aujourd’hui, Guy Cassiers metteur en scène et Maud le Pladec  chorégraphe plongent dans la réponse ambigüe, protectionniste de l’Europe à l’égard des réfugiés. Avec quatre comédiens, seize danseurs, de la vidéo et un son ultra présent, le choix est fait de dire avec plusieurs voix, plusieurs corps. La parole est absorbée par les jeunes danseurs (du conservatoire royal d’Anvers) qui s’engagent et résistent tout à la fois : porosité, mouvement, distance. Le spectacle se présente comme un triptyque : le périple en bateau (atmosphère sombre, projection agrandie des corps et lents déplacements des planches), la marche en Europe en plein feu avec une profusion d’images et d’informations qui se catapultent sur un écran géant, l’arrivée dans une église (protection et huis clos) où chaque être est fondu dans la pénombre en une masse  informe. La réussite du spectacle tient beaucoup à son absence totale de redondance, d’illustration : chacun joue sa partition sans qu’on sache toujours qui parle, quelle image est la plus forte car le récit provocateur, violent coure comme torrent furieux.

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TOMA : un petit tour de piste avec Marie Pierre Bousquet

— Par Dominique Daeschler —

Prendre le petit escalier en colimaçon et s’arrêter au premier : à droite, à gauche ça bourdonne autour des téléphones, des ordinateurs, des imprimantes. On charge les photos ,consulte la presse, revoit un texte, prend des rendez vous ,s’occupe d l’intendance au sens premier ( les buffets du Toma font appel à tous les talents culinaires de la maison) et si l’on s’écroule dans le divan du petit salon ( esprit « puces » garanti) c’est encore pour prendre le temps d’expliquer, de résoudre, de rencontrer…C’est le domaine de Marie Pierre Bousquet codirectrice qui officie dans un petit bureau surchargé de paperasse rebelle en compagnie de Séverine l’administratrice : les murs cependant attestent avec consignes et planning d’une vraie conscience organisationnelle !
DD Vous avez un parcours de manager plongé jusqu’au cou dans l’économie libérale et hop, d’un coup le théâtre, c’est un changement radical …
MPB Oui, Sup de Co, IBM, ITACHI, la Banque, une société de super calculateurs, les marchés boursiers c’est un autre monde. Il y a eu toute une conjoncture d’évènements (époque du fameux serpent budgétaire européen) qui ont fait que les risques du change devenaient trop élevés.

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Festival d’Avignon : les critiques de Madinin’Art

Droit à l’avortement et luttes féministes

— Par Culture Égalité —
Mercredi 19 juillet, l’association féministe martiniquaise Culture Égalité a rendu hommage à la très regrettée Simone Veil par la projection, suivie de débat, du Procès de Bobigny. L’histoire ? Gisèle Halimi, avocate, signataire du Manifeste de 343 Salopes, fondatrice du mouvement Choisir, saisit l’occasion du procès fait à la jeune Marie-Claire, enceinte à 16 ans à la suite d’un viol, ainsi qu’à sa mère, pour mettre en accusation la loi nataliste de 1920 qui, en 1972 encore, interdit la contraception et pénalise l’avortement.
Dans la salle de la maison d’artiste, Un œuf, se pressait un public d’une cinquantaine de personnes de tout âge : des femmes surtout, mais aussi quelques hommes, des spécialistes mais aussi des profanes. Tout ce monde a applaudi chaleureusement le film, la pugnacité de Gisèle Halimi, alors jeune avocate, et surtout le courage de la mère, femme modeste, qui a accepté de risquer gros en revendiquant son acte… Puis le débat s’est installé. La culture du viol a été dénoncée, de même que le double standard exigé des hommes et les femmes en matière sexuelle, et plus généralement, la domination masculine sur le ventre et la vie des femmes, surtout modestes.

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Olivier Py et François Cervantès aux prises avec l’univers carcéral

— Par Dominique Daeschler —

Chacun l’aborde à sa façon. Depuis 2014 Olivier Py conduit un atelier de création avec Enzo Verdet au centre pénitentiaire du Pontet. Après Prométhée enchaîné, Hamlet est répété, joué l’an dernier dans le cadre de la prison et cette année au festival dans le salon de la mouette dans le cadre prestigieux de la Maison Jean Vilar pour trois représentations données, vu la petite jauge, à une poignée de spectateurs tirés au sort. Les détenus ont choisi Hamlet le révolté qui affronte l’autorité, la loi et le pouvoir et clame l’effondrement du politique. Hamlet impuissant à agir sur le monde se réfugie dans le théâtre. Le pont était lancé. Sur une scène dépouillée à l’extrême (une toile peinte en fond de scène et se déroulant au sol), Hamlet est empoigné à bras le corps et chacun joue sa partition avec un verbe qui sonne, vibre. Ces voix qui s’entendent, s’écoutent redonnent vie aux corps grandis par la dignité de la verticalité. Force des mots qui à travers le lien social introduisent le jeu avec des gestes à soi et de temps à autre des mots repères comme délinquant, petite pute, vieux con, pourri.

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Retour sur Jaz. Le dîner. 0’Brother Company.

— Interview d’Alexandre Zeff  par Dominique Daeschler —

Retour sur Jaz. La Camara Oscura.

Rendez vous au Jardin de Mons où se déroulent les rencontres De RFI avec le jeune metteur en scène de Jaz. Ce qui frappe de suite c’est son calme, son écoute et …son sourire.

DD   Peut-on faire un petit flash back sur votre parcours ? (premier sourire)

AZ  j’ai fait le CNSAD comme acteur. J’ai d’abord monté deux pièces de Pinter (Célébration et le Monte Plats puis je suis passé au court métrage (trois en 2013), puis au long métrage. Ensuite j’ai empoigné les textes de Lars Norén  et Jon Fosse.

DD  Et Koffi Kwahulé ?

AZ C’est un parcours sur trois textes. J’ai mis en scène Big Shoot l’an dernier. Pour moi Jaz en est le deuxième Volet. Après je terminerai avec Blues cat.

DD  Qu’est ce qui vous a amené à faire un tour dans l’écriture de Koffi Kwahulé ?

DD Bien sûr le lien avec la musique puisque Koffi se définit comme le jazzman de l’écriture. DD Comment ce mariage s’organise ?

AZ  La musique a été écrite en jeu avec le texte.

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Festival d’Avignon : du côté du jeune public

— Par Dominique Daeschler —

Tout d’abord il faut signaler l’attention particulière que porte Olivier Py aux jeunes spectateurs. Depuis 2014 un lieu leur est consacré dans le in (Chapelle des pénitents blancs)  et des tarifs particulièrement attractifs (jusqu’à 9 euros la place) sont pratiqués. Mieux, un guide du jeune  spectateur réalisé avec  élèves d’écoles et collèges, animateurs, professeurs  indique spectacles et lieux, retrace l’histoire du festival, présente la cour d’honneur, initie au vocabulaire technique du théâtre etc…Intelligemment  il permet de, comme le dit le directeur du Festival, « reconsidérer le réel au prisme des artistes » et de ne pas oublier que «  l’émerveillement est bien plus une question qu’une réponse ».

Sous la neige. Compagnie des Bestioles.

Au cœur d’une scénographie épurée, deux comédiens évoluent sur un tapis épais de papiers de soie, plongent dans cette matière douce, y rêvent et en complicité totale avec une lumière changeante et une musique qui apporte aux bruissements du papier émotions et rythmes, inventent mariée, princesse, lapin…Une grande liberté de conception, des déplacements chorégraphiés nous entrainent loin du narratif et du conventionnel. Nous voilà en poésie, dans l’attente de ce qui va naître dans l’instant.

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Chronique d’une veste électorale…

Par Roland Tell —

Cette île dans la mer, que l’on nomme la Martinique, verra bientôt se retirer ses vétérans politiciens. Dans leur arrière-saison de récolte de suffrages, par une cadavérique soirée de décembre 2015, dans la fraîche nuit pensive des résultats électoraux, ils firent tête à tête avec les élus d’une droite inconnaissable. Certes, toute trahison est poursuivie ! D’ailleurs, elle est déjà attrapée, dès l’issue des législatives dernières, du fait de l’échec total des six dignitaires du Conseil Exécutif, alors candidats ! Sont-ils morts politiquement ? La vérité supérieure des urnes nous le dira bientôt. Pour l’heure, la grande lassitude, physique et morale, où ils se trouvent après la campagne électorale, les condamne désormais à une sorte d’hypocrisie électoraliste dans leurs nouveaux rapports avec les citoyens. En effet, le silencieux espoir, qui les habitait tous, d’être élus députés, a du mal à les quitter. Mais ils ne peuvent plus rien faire deux fois en la matière ! C’est pourquoi ils se sentent un peu perdus, comme hébétés, puisque, en chacun d’eux, se trouve quelque chose d’inassouvi, un désir d’échappatoire, de fuite, de leur situation actuelle, obscure et nocturne, comme l’alliance qui les unit.

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Pour Rire ou Pleurer !!

—    Lucien Cidalise Montaise —

Nous sommes en France Hexagonale ! En Métropole…quoi !…

Le raciste équivoque. Un flic verbalise « un ultra-marin », chauffard pressé – D’où venez-vous ? – je suis Martiniquais…- Ah bon ! Je disais bien. Vous n’êtes pas français – Ah Non ? Je suis Français depuis 1945 et quelques années !! – Ah Bon. Pourquoi vous n’êtes pas blanc ??

Le désolant constat. Le même flic interpelle un syndicaliste en colère  – Pourquoi vos vêtements sont-ils aussi troués ? on dirait des marques de balles ! – J’ai hérité des vêtements de mon père décédé, a craché « le français des tropiques » au visage de l’autre- ???

L’ écœurante obscénité. Toujours le même flic. Il interroge une «  domienne » dépenaillée, mais outrageusement poudrée. – Pourquoi vous n’êtes pas Coiffée ? – J’ai perdu ma perruque BB qu’on appelle ça, minaude-t-elle ! On me l’a volée dans une manif avec Marine, contre les étrangers, les noirs, les bougnoules et les autres qui nous volent nos emplois – ???

La subtile efficacité. Le flic interpelle un « ultra-périphérique » bien sapé – Pourquoi votre crâne est-il rasé ?  – Ah .Ah ! C’est pour le boulot,.. le boulot ! le patron qui me reçoit,  ne saura  pas si je suis noir ou si chivé mwen cé  jex.

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« L’Âge libre » par la Compagnie Avant l’Aube

— Par Dégé —

Un ring aux cordes de Leds rouges. C’est donc que pour elles, l’amour c’est un combat. Et elles en ont du punch ces quatre filles dont une violoncelliste qui ajoute un peu de romantisme à toutes ces historiettes, ces « fragments amoureux » qu’elles nous rapportent en pleine énergie et fraîcheur et sincérité. Parfois en dansant, parfois en chantant, en déclamant, toujours avec humour. Même lorsqu’elles abordent le douloureux tableau des « PLEURS » où elles accompagnent leurs sanglots simulés de force oignons puants . Le public, sollicité , déconcerté au début sort d’autant plus heureux qu’il a pu participer aux rengaines et apprécier cet air de liberté insufflé par les années Barthes et qui ne se mêle plus de censurer sexe, genres…Au théâtre des Barriques on peut également voir dans les mêmes thématiques, par la compagnie Avant l’aube, Boys don’t cry », un peu plus hard, ou encore « Ground zéro « , plus inspiré par A . Ernaut et tout aussi « révolutionnaire « .

Par DEGE

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FESTIVAL D’AVIGNON 2017 – THEATRE DES BARRIQUES
TRIPTYQUE FEMININ – MASCULIN
L’AGE LIBRE -> 18h10 Jours Pairs
GROUND ZERO -> 18h10 Jours Impairs
BOYS DONT CRY -> 21h45

 

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« Vivre » texte et m.e.s. Hugo Paviot avec David Arribe

— Par Michèle Bigot —

Festival d’Avignon off 2017, Présence Pasteur 7>30 juillet

Vivre est l’histoire d’Alexandre, un ancien peintre célèbre, qui a investi sa fortune dans une fondation destinée à recueillir les enfants victimes de maltraitance. Il est en ce moment invité par l’ambassade de France d’un pays du Moyen-Orient. Ce pourrait être l’Irak, ou la Syrie. Pour cette ville en guerre où il débarque, on pense aussi à Beyrouth, ou à Kaboul. Aucun détail ne ne permettra d’identifier le pays, tant la situation est identique dans tous ces pays du Moyen Orient dévastés par la violence meurtrière. Un attentat suicide vient d’avoir lieu en pleine réception de l’ambassadeur. Un enfant Kamikaze s’est fait exploser en tuant avec lui une dizaine de personnes. Alexandre en réchappe par chance ; il a assisté à la cérémonie, il a vu l’enfant kamikaze s’avancer vers la tribune, et au moment fatal il s’est retourné et à échanger un regard avec une fillette qui s’apprêtait à faire actionner le déclencheur de sa ceinture d’explosif. Mais le déclencheur n’a pas fonctionné. Depuis lors, Alexandre, au péril de sa vie, erre dans la ville à la recherche de cette fillette qu’il veut ramener à la lumière de l’enfance.

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« Vive les animaux spectacle forain », d’après Vinciane Despret

— Par Michèle Bigot —

M.E.S. Thierry Bedard
Festival Villeneuve en Scène 2017, Villeneuve lez Avignon

Une baraque foraine sur laquelle sont installés des rangées d’animaux en peluche. Des rangées de singes alternent avec des chiens et des moutons.. Devant cet éventaire, une estrade où vont se produire trois acteurs : un musicien et deux conteurs-conférenciers qui se disputent la parole. L’actrice (Sabine Moindrot) représente une conférencière (Vinciane Despret) qui raconte les démêlés de la science et des chercheurs sur la question des animaux. Le spectacle a pour motif une conférence savante animée par une philosophe passionnée d’éthologie. La question animale est aux cœur des préoccupations de nos contemporains et un enjeu crucial pour la société de demain. Depuis 1970 elle parcourt le champ des sciences humaines (F. Burgat) de la littérature (J.-C. Bailly) et de la philosophie ( E. de Fontenay). Le fond du propos consiste à promouvoir une nouvelle forme d’attention au monde animal : « Sans doute devrait-on envisager de penser les termes de notre histoire dans ceux d’une écologie de l’attention et du tact, une écologie qui pense les êtres dans les liens qu’ils tissent ensemble, et qui les rendent, avec un peu de chance, moins dangereux les uns pour les autres » avance V.

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« L’Apprenti » de Daniel Keene, m.e.s. Laurent Crovella

— Par Michèle Bigot —

Festival d’Avignon off 2017, Présence Pasteur, 7 =>28 juillet

En 2012, Laurent Crovella avait déjà mis en scène la trilogie de D. Keene : « Entre aujourd’hui et demain », « Avis aux intéressés », et « La Visite », abordant la question de la filiation.La rencontre de sa troupe avec ce nouveau texte, « L’Apprenti » fut immédiate et décisive. La mise en scène fut précédée par des lectures publiques. Elle conservera quelque chose de ce moment de partage avec le public dans sa scénographie. En effet, les spectateurs sont distribués en cercle sur des rangs de chaises blanches qui dessinent un espace circulaire. L’image du cercle symbolise le partage de l’expérience avec le public mais aussi la révolution de la terre pendant une année et la clôture de l’histoire. Les acteurs joueront au centre du dispositif et quelquefois parmi les spectateurs (des chaises noires leur ont été réservées).

L’action se déroule, la majeure partie du temps, dans l’espace public, un café, un parc, au cinéma, dans une église. Le public est donc témoin potentiel des conversations entre acteurs. Il peut être client dans un bar, spectateur au cinéma, promeneur dans un parc.

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« Je garde le chien » Jeu, texte et mise en scène Claire Diterzi

—Par Michèle Bigot —

Festival d’Avignon off 2017, La Manufacture, 6 =>26 juillet

 Seule sur le plateau, entourée d’objets fonctionnels, un écran en fond de scène, sur le devant, une colonne de bois qui soutient un ordinateur, au fond un poste radio-cassette, amplis, baffles et en front de scène une statue de berger allemand en porcelaine. L’ambiance est en place. L’actrice arrive. Elle commence pas une chanson a cappella : 69 battements par minute. « J’avance au rythme de mon cœur », chante-t-elle. Claire Diterzi vient partager avec le public le journal de bord de sa dernière création 69 battements par minute, celle qu’elle a présentée aux Bouffes du Nord en 2015, et qu’elle a tournée depuis dans sa version concert. Car l’actrice est aussi et avant tout chanteuse-guitariste : elle a fondé le groupe rock « Forguette-Mi-Notte » mais elle a aussi étudié le chant lyrique. Compositrice, metteuse en scène, elle possède tous les arts du spectacle. Mais tout ce talent ne la dispense pas d’être en outre follement drôle.

Son journal de bord est l’occasion d’un retour en arrière sur son enfance et ses débuts artistiques : elle a aimé le roman contemporain, le théâtre contemporain, la musique contemporaine : « Je voulais faire de la chanson contemporaine, mais ça n’existe pas ».

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« Encre noire » sur une mise en scène de Eric Checco

— Par Michèle Bigot —

avec Filip Calodat, Didier Andenas, Nicolas Mouen, Tania Jovial
Festival d’Avigon off 2017, Chapelle du Verbe incarné, 7=>30 juillet

« Ce spectacle est l’encre noire des hommes libres, indomptables ». Le titre place en exergue l’écriture poétique, celle de la négritude, celle qui chante la révolte et la liberté. En fait, le spectacle mêle ou fait alterner chant, danse et poésie. L’enjeu c’est de révéler l’essence commune de ces trois arts, pris dans un même élan pour chanter la vie libre. Sur le plateau viennent résonner les voix de poètes martiniquais, guadeloupéens, haïtiens et africains. C’est bien de ce passé commun de traite négrière que surgit leur chant. Mentionnons leur nom :
Antilles : Guy Tirolien, Sonny Rupaire, Patrick Rilcy, Joby Bernabe, Aimé Césaire, Frantz Fanon, Edouard Glissant, Léon Gontran Damas, René Depestre.
Afrique : Léoplod Sédar Senghor, Francis Bebey, Thomas Sankara, Jean-Marie Adiaffi, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Camara Laye.
La gageure, c’est de fusionner théâtre et poésie. Pari réussi, à la faveur de la scénographie, du jeu des acteurs et de la danse.
L’argument, c’est l’histoire de trois hommes noirs, trois condamnés à mort pour subversion, qui viennent d’être incarcérés.

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« L’Atrabilaire amoureux » variation autour du Misanthrope de Molière

— Par Michèle Bigot —

de et avec Jacques Kraemer

Festival d’Avignon off 2017, salle Roquille, 8=>22 juillet

Cette variation autour du Misanthrope repose sur un parti-pris d’écriture et de mise en scène qui suffit à ouvrir des perspectives en profondeur sur le théâtre. Un metteur en scène se tient face à nous. Nous représentons les comédiens du Français. Il est là pour distribuer les rôles et délivrer quelques pistes d’interprétation. C’est l’occasion de faire quelques commentaires sur le sens du texte et l’art du comédien. Le spectacle auquel nous assistons figure une répétition . La forme reprend en l’inversant la figure de mise en abyme. Du coup,les principes édictés par le metteur en scène valent pour l’ensemble de la discipline. C’est aussi l’occasion d’apurer quelques comptes avec les gens de théâtre : les acteurs vaniteux, les directeurs et producteurs prétentieux, les scénographes obsessionnels et obtus, tout le monde y trouve trois ou quatre vérités.

C’est une fête pour l’esprit et une fête tout court pour tout passionné de théâtre : il n’est que de voir ce que Jacques Kraemer peut faire sur scène avec un théâtre de marionnettes et deux mains !

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Guyane : faute de personnel, des femmes enceintes sont évacuées aux Antilles

—Par franceinfo avec AFP—

La situation est critique à l’hôpital de Cayenne, en Guyane française. Des femmes accouchant avant terme et des nouveau-nés prématurés du département sont actuellement évacués vers les Antilles, en raison d’un manque de personnel, ont annoncé des sources médicales mercredi 19 juillet.

Depuis fin juin, cinq femmes enceintes et quatre grands prématurés suivis par le centre hospitalier de Cayenne ont été évacués, rapporte la direction de l’hôpital, car son service de réanimation néonatale est dans l’incapacité d’accueillir l’ensemble des patientes.

Des transferts sont donc « organisés sur les Antilles et concernent des transferts in utero [après l’accord de la femme en train d’accoucher] et des bébés », a précisé la direction. « Tous les jours, il y a une réunion de crise », a ajouté un médecin.
La moitié du personnel n’est pas à son poste

Depuis le 30 juin, plusieurs médecins de l’hôpital de Cayenne et des médecins réservistes du Centre opérationnel de réception et de régulation des urgences sanitaires et sociales (Corruss) sont mobilisés. La raison ? La moitié – voire plus – de la dizaine de praticiens du service de réanimation néonatale n’est pas à son poste.

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Jazz Night 7ème édition dans les jardins du parc culturel A. Césaire

22 juillet 2017 de 19h à 1h du matin

Table 30€, Gradins et Pelouse 25€
Rendez-vous Musique et Découverte Culinaire
Niché dans les jardins, sous les étoiles flottera comme un air de dolce vita.
Au menu 6 groupes venus d’ici et d’ailleurs :
Jessica VAUTOR Little Jessie on the shore (Martinique /USA). Retour au pays natal d’une voix martiniquaise.Jessica revisite l’âge d’or de la Bossa-nova teinté de sonorités caribéennes.
Un voyage inspirant autant l’écoute qu’une danse.
Joachim DESORMEAUX AND FRIENDS Un Jazz Mutant (Martinique/Guadeloupe/Réunion). Une jolie gamme de couleurs et d’arômes jazz, matinée de poésie, au rendez-vous de cette soirée ; avec A.DOLMEN, T. VATON, B.POULOT, J.BERNARD.
Sébastien DRUMEAUX QUINTET Fos é Lanmou Un parcours initiatique musical (Guadeloupe/Martinique). A travers son dernier opus, il pose ses racines créoles, empreintes de gwo ka traditionnel, de soul, de pop, hip hop et de jazz. Artiste pluriel, il nous propose un hommage à ses diverses influences.
Max TÉLÈPHE et Guy Marc VADELEUX QUARTET Mizik ké tombé ! (Martinique)
Inédit ! Composé de musiciens hors pair, c’est le fruit d’expérience, et d’improvisation qui a rassemblé ces talents martiniquais (mélange explosif !!).

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Parutions : nouveautés du 15 juillet 2017

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas. hanc provinciae inposito nomine rectoreque adtributo obtemperare legibus nostris Traianus conpulit imperator incolarum tumore saepe contunso cum glorioso marte Mediam urgeret et Parthos.

Post hoc impie perpetratum quod in aliis quoque iam timebatur, tamquam licentia crudelitati indulta per suspicionum nebulas aestimati quidam noxii damnabantur. quorum pars necati, alii puniti bonorum multatione actique laribus suis extorres nullo sibi relicto praeter querelas et lacrimas, stipe conlaticia victitabant, et civili iustoque imperio ad voluntatem converso cruentam, claudebantur opulentae domus et clarae.

Tantum autem cuique tribuendum, primum quantum ipse efficere possis, deinde etiam quantum ille quem diligas atque adiuves, sustinere. Non enim neque tu possis, quamvis excellas, omnes tuos ad honores amplissimos perducere, ut Scipio P.

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Banalisation de l’état d’urgence : une menace pour l’Etat de droit

— Par collectif —

Dans un appel lancé dans Libération et Mediapart, près de 500 universitaires et chercheurs s’alarment de la volonté du gouvernement d’inscrire dans le droit ordinaire les principales mesures de l’état d’urgence.

Voilà plusieurs décennies que la lutte antiterroriste est le vecteur d’une mutation profonde de notre système politique : contre la menace terroriste, les gouvernements successifs ont progressivement renoncé à des principes essentiels protégeant les individus contre l’arbitraire. A cet égard, le énième projet de loi «renforçant la lutte antiterroriste» marque une étape décisive : proposant d’inscrire dans le droit ordinaire les principales mesures autorisées à titre exceptionnel dans le cadre de l’état d’urgence, il hypothèque les libertés de tous de manière absolument inédite.

Malgré les dénégations de l’exécutif, c’est bien à une banalisation de l’état d’urgence que procède le projet de loi qui va être présenté au Parlement suivant la procédure accélérée : seraient en effet inscrits dans un droit commun qui, auparavant, les ignorait, des mécanismes tels que : l’assignation à résidence, la perquisition administrative, la généralisation des périmètres de sécurité, la fermeture administrative des lieux de culte… Il s’agit là de mesures gravement attentatoires aux libertés qui, en vertu de ce texte, pourraient être décidées par le ministre de l’Intérieur ou le préfet, non plus en situation de «péril imminent» mais, bien plus largement, en tout temps et en tout lieu.

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De quelle Guyane la mobilisation de mars est-elle le nom ?

— Par René Ladouceur —

Bien sûr, il y a aussi pour chacun de nos élus politiques des raisons personnelles ou stratégiques de plaider en faveur des Accords de Guyane, d’autant plus que, dans l’opinion publique guyanaise, la mobilisation populaire de mars/avril dernier jouit encore d’un prestige intact. Mais prenons vite de l’altitude : nous en avons besoin.
C’est un fait que des hommes et des femmes qui n’ont pas été d’accord entre eux sur des points d’importance ont estimé, à l’occasion de notre grand mouvement social, devoir mettre les intérêts de la Guyane au-dessus de leurs désaccords. Il m’est arrivé de me poser la question de savoir s’il existe un sentiment d’appartenance proprement guyanais et si ce sentiment peut être considéré comme suffisamment important pour triompher de toutes les querelles partisanes. La réponse, sans ambages, est « oui », et ce sentiment est digne de l’intérêt le plus attentif. Evitons les conclusions faciles sur la versatilité de nos hommes politiques selon le changement des circonstances et des intérêts. Ce qui paraît le plus intéressant, c’est de voir que le sentiment que les intérêts supérieurs de la Guyane doivent prévaloir sur tout le reste commence à s’enraciner dans la conscience politique du pays.

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