Festival d’Avignon : du côté du jeune public

— Par Dominique Daeschler —

Tout d’abord il faut signaler l’attention particulière que porte Olivier Py aux jeunes spectateurs. Depuis 2014 un lieu leur est consacré dans le in (Chapelle des pénitents blancs)  et des tarifs particulièrement attractifs (jusqu’à 9 euros la place) sont pratiqués. Mieux, un guide du jeune  spectateur réalisé avec  élèves d’écoles et collèges, animateurs, professeurs  indique spectacles et lieux, retrace l’histoire du festival, présente la cour d’honneur, initie au vocabulaire technique du théâtre etc…Intelligemment  il permet de, comme le dit le directeur du Festival, « reconsidérer le réel au prisme des artistes » et de ne pas oublier que «  l’émerveillement est bien plus une question qu’une réponse ».

Sous la neige. Compagnie des Bestioles.

Au cœur d’une scénographie épurée, deux comédiens évoluent sur un tapis épais de papiers de soie, plongent dans cette matière douce, y rêvent et en complicité totale avec une lumière changeante et une musique qui apporte aux bruissements du papier émotions et rythmes, inventent mariée, princesse, lapin…Une grande liberté de conception, des déplacements chorégraphiés nous entrainent loin du narratif et du conventionnel. Nous voilà en poésie, dans l’attente de ce qui va naître dans l’instant. Il y a dans ce spectacle simplicité et générosité : c’est un souffle bienveillant envoyé vers le spectateur. La fascination des tout petits, froissant à leur tour les papiers de soie ou s’y roulant à la fin du spectacle est le meilleur des hommages : l’émotion communiquée a su créer du lien social.

Petit théâtre nomade. Centre de créations pour l’enfance de Tinqueux.

Avec Petit théâtre Nomade, le centre de création pour l’enfance de Tinqueux continue sa démarche singulière de lier littérature jeunesse, art contemporain, marionnettes, édition de jeux d’artistes. C’est l’importance du point de vue sur l’art, de la lecture de l’artiste qui prime : formation de l’esprit critique et rencontres sensibles. Petit théâtre nomade est bien dans l’esprit maison avec une attention particulière à la création plastique. Gaëlle Allart  a conçu un  théâtre miniature  se refermant comme une boîte où peuvent s’emboîter décors  et objets peints avec  des détails raffinés, deux comédiens  masqués manipulant des marionnettes à tige  et racontant des histoires juste assez tragiques ou loufoques inventées par Pierre Soletti. L’astuce est de faire tirer la carte d’une histoire par un spectateur, de lui donner de petits mots voire un morceau de nuage… C’est bien fait, gracieux, un rien trop lisse.  

 

Plastic cow-boy. Clair de lune.

Chroniqueur littéraire et musical à ses heures, plongé jusqu’au cou dans le conte,  le québécois Jean –Marc Massie nous entraîne dans une cavalcade de mots avec culot et bravache. Personnage haut en couleurs, il raconte sans sourciller comment son héros a passé 36 mois dans le ventre de Big Mama pour aller rapidement bouder dans un cratère lunaire !  De retour sur terre il devient plastic cow boy grâce à son cheval orange électrique. Beaucoup d’aisance  pour un conteur bonimenteur de charme, un rien de lassitude cependant à rester en selle une heure durant.