— Par Jean-François Mattei, membre de l’Institut de France et de l’Académie nationale de médecine —
Depuis quelque temps, un site Internet intitulé « Machine morale » (1) connaît un succès d’affluence qui témoigne de l’intérêt accru pour l’intelligence artificielle. Celle-ci est devenue un sujet de débats dont on aurait tort de minimiser la portée. Alors que le fonctionnement du cerveau humain est encore largement méconnu, la construction de l’intelligence artificielle avance à pas de géant et offre des possibilités dont on imagine mal les limites puisqu’on lui prête même la capacité de porter des jugements moraux.
Ainsi, la plateforme du site en question cherche à comprendre quelles « décisions qualifiées de morales » une machine intelligente comme les voitures autonomes devrait prendre selon les circonstances. Soit le cas simple de freins qui lâchent avec deux solutions possibles : l’une étant de précipiter la voiture contre un mur au risque de provoquer la mort de trois personnes dont une petite fille et l’autre de se résoudre à écraser un athlète avec son chien qui traverse alors que le feu est rouge.