Roland Sabra

Venezuela : l’inflation devrait grimper à 1 000 000% d’ici fin 2018 d’après le FMI

L’inflation au Venezuela devrait accélérer de 1 000 000 % d’ici la fin de l’année et le PIB du pays, en crise financière et humanitaire, devrait se contracter de 18 % en 2018, selon des prévisions du FMI publiées lundi.

Le Venezuela, en proie à une crise politico-économique, va sombrer davantage dans la récession cette année avec une hyperinflation qui devrait grimper à 1 000 000% d’ici fin décembre, a estimé lundi 23 juillet le FMI.

Le Produit intérieur brut (PIB) vénézuélien devrait se contracter de 18 % en 2018, a indiqué lundi le Fonds monétaire international (FMI). C’est pire que ce qui était estimé en avril (15 %).

« Nous projetons une poussée de l’inflation de 1 000 000 % d’ici la fin 2018, ce qui signifie que le Venezuela est dans une situation similaire à celle de l’Allemagne en 1923 ou à celle du Zimbabwe à la fin des années 2000 », a commenté dans un blog Alejandro Werner, un des responsables du Fonds monétaire international.

Il souligne en outre que les pays voisins risquent d’être de plus en plus exposés aux répercussions de l’effondrement de l’économie vénézuélienne.

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Avignon 2018 – « Le Misanthrope » – « Le comte de Monte-Cristo » – (Off)

Le Misanthrope, Molière,  m.e.s. Claire Guyot (Off)

— Par Dominique Daeschler —

Quelle belle idée que ce Misanthrope à la sauce politique ! traité tambour battant dans le texte de Molière, justement revigoré par ce coup de jeune ! Nous voilà dans les cabinets de ministre avec Alceste en « spin doctor ». Ça gesticule, ça communique, ça conspire ça flatte ! le pouvoir vous dis-je ! Pour qui connaît un peu le monde des éléments langage » du TTS (très très signalé), c’est un régal § Claire Guyot metteur en scène a su diviser son espace scénique de façon à rendre lisibles ses fonctions : q g, salon, bar de luxe. Les éclairages entrent astucieusement dans la construction du décor, apportant une dimension cinématographique à l’espace et en donnant un côté « people » aux acteurs. Pour Alceste, qui veut quitter le monde sans empathie de la politique reste un espoir ; entraîner la belle Célimène loin de cet « entre soi » grêlé de coups tordus. Fi donc ! Molière étant respecté jusqu’au bout Alceste se prend un râteau.
Tonique, insolent, faisant passer la primauté du politique ? le Misanthrope de Claire Guyot gagne nos voix haut la main, bien servi par une équipe de comédiens solides et solidaires dans le jeu.

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Avignon 2018 – « Ton beau capitaine » – (Off)

Texte de Simone Schwartz-Bart / m.e.s. Maud Galet Lalande

— Par Dominique Daeschler —

Wilnor dans sa « cage » en tiges de bois nous longe en voyeur dans la réalité de sa pauvreté, réalité loin de son rêve d’une maison à colonnades. Loin de chez lui, il fait partie de ces immigrés séparés de leur famille qui envoient de quoi vivre chaque mois. Il correspond par cassettes avec marie Ange la bien nommée dont le traitement en mapping vidéo accentue encore la distance la part rêvée.

Le beau texte de Simone Schwarz Bart est célébré avec simplicité, magnifiant les trouvailles de la langue créole qui crie l’absence, la séparation, la reconstitution et nous interroge tous, exilés ou non, sur la construction de l’amour. Une mise en scène épurée joue de ce donné et de ce fabriqué, du dedans, dehors comme d’un espace symbolique. Wilnor est à la fois naïf et petit joueur dans le mensonge. Marie Ange triche aussi jusqu’à la preuve (l’enfant) de l’adultère. Le dialogue se perd, se renoue dans l’impossibilité d’accepter les réalités auxquelles l’un et l’autre sont confrontés. Il y a de l’orgueil, de la colère, de l’humilité, du désarroi, du déni chez ces deux personnages qui d’une certaine façon sont traités en miroir par la mise en scène.

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Nomination d’Hassane Kassi Kouyaté à la direction du Festival des Francophonies en Limousin

Françoise Nyssen, ministre de la Culture, se réjouit de la nomination d’Hassane Kassi Kouyaté à la direction du festival des Francophonies en Limousin conformément au vote du conseil d’administration présidé par Alain Van der Malière et composé de l’État (ministère de la Culture), de la Région Nouvelle-Aquitaine, du Département de la Haute-Vienne et de la Ville de Limoges. Il prendra ses fonctions le 1er janvier 2019.

Né en 1963 au Burkina Faso, descendant d’une famille de griots (il est le fils du génial Sotigui Kouyaté, acteur qui fut si cher à Peter Brook), metteur en scène prolixe (une quarantaine de pièces depuis 1976), comédien au théâtre et au cinéma, formateur, Hassane Kassi Kouyaté est à l’origine de la compagnie « Deux temps trois mouvements », du théâtre Galante à Avignon. Il est également le fondateur du festival international de contes, de musique et de danse Yeleen et du centre culturel et social Djéliya à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Il est depuis le 1er novembre 2014 directeur de la scène nationale Tropiques Atrium de la Martinique, où il a œuvré pour le repérage, le soutien et la professionnalisation des équipes émergentes ainsi que pour la diffusion artistique au plus près des populations de l’ensemble du territoire martiniquais.

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« Dictionnaire universel de l’éducation à l’amour » de Obrillant Damus

— Préface d’Aurélia Gaillard, professeure de littérature française du XVIIIe siècle à l’université Bordeaux Montaigne —

Lecteur, si vous cherchez des définitions, des limites aux mots et aux notions, un savoir sur l’amour, un enseignement sur l’amour, passez votre chemin, ceci n’est pas un livre pour vous. Ceci, même s’il est aussi un livre de savoir, avec des études réflexives, des bibliographies critiques, est d’abord un livre pour promeneur et curieux, non pas pour amateur plutôt que connaisseur, même si d’amateur il est forcément question dans un dictionnaire sur l’amour, mais pour la connaissance qui surgit de l’innutrition et de la méditation, pour un enseignement de l’amour et non sur l’amour, pas tant un savoir, donc, qu’une éducation. Le titre d’ailleurs affiche la couleur : Dictionnaire universel de l’éducation à l’amour, l’amour s’éduque donc – nous éduque tandis que nous nous éduquons à l’amour.

Un célèbre tableau de la Galleria Borghese à Rome, intitulé L’Éducation de l’Amour (1565) par Titien, présente Vénus en train de nouer un bandeau sur les yeux du dieu Amour. Pour Titien comme pour une large part de l’iconographie du thème à la Renaissance, il s’agit d’abord d’affirmer la dimension sacrée et pas seulement profane de l’amour, sa nécessaire élévation du plan charnel au plan spirituel.

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Avignon 2018 : « Les femmes se font baiser »

— Par Carole Thibaut —

Carole Thibaut, directrice du centre national dramatique de Montluçon (Théâtre des Îlets – CDN de Montluçon), vient de refuser un #Molière au #FestivalAvignon2018, dans un discours contre le sexisme, et la domination masculine !
Voici le texte écrit et lu par Carole Thibault à Avignon :
« Je vous remercie pour ce Molière.
Probablement le seul Molière que je recevrai jamais.
Ce n’est pas une question de talent, il n’est pas question ici de talent.
Je suis désolée. J’avais commencé à écrire un truc rigolo.
Un de ces trucs pour lesquels on fait appel à moi de temps en temps.
Oh tiens si on invitait Thibaut. Elle est rigolote Thibaut. C’est une excitée rigolote. Elle nous casse bien un peu les coucougnettes avec ses histoires d’égalité femmes-hommes, mais elle est rigolote. Elle pique des gueulantes rigolotes, bien brossées. Et puis elle met des jolies robes. Elle porte bien. Elle fait désordre policé.
On devient vite le clown de service. Le bouffon du roi.
Et ici le roi, comme ailleurs, c’est la domination masculine.
Il a beau faire GENRE, le roi, il est et reste la domination masculine.

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Avignon 2018 : « Cyclone » de Michèle Césaire, m.e.s. de William Mesguich (Off)

Un couple domino. Elle antillaise. Lui métro. Ils vivent à Paris.Ils se sont aimés il y a vingt ans de cela. Lui était photographe, elle comédienne. Artistes sur le retour ils sont aujourd’hui dans une indifférence parfois polie, parfois pleine d’aigreurs, dans une quotidienneté qui tue toute velléité de différenciation. Il ne la désire plus vraiment. Il végète dans un petit journal avec un boulot qu’il exècre et qui lui renvoie l’image dévalorisée de ce qu’il st devenu. Il peut rester des heures et des jours à ne rien faire. Il picole un peu. Elle, elle a encore des rêves d’accomplissement théâtral, sans trop y croire. Le lien qui les tient est celui d’une complicité passée. Ils cherchent leur bien dans l’ombre de leurs souvenirs. Morts à leurs désirs ils semblent survivre. Relation en miroirs dans sa dimension mortifère que viendra sauvée l’irruption d’un tiers. Michèle Césaire ne recompose pas pour autant un «Théorème» pasolinien, ni même la sempiternelle triangulation amoureuse. Elle fait de l’irruption d’un troisième artiste, peintre celui-là, le vecteur d’une recomposition, d’une renaissance dans le domaine des arts.

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Parutions : nouveautés du 21 juillet 2018

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Adolescebat autem obstinatum propositum erga haec et similia multa scrutanda, stimulos admovente regina, quae abrupte mariti fortunas trudebat in exitium praeceps, cum eum potius lenitate feminea ad veritatis humanitatisque viam reducere utilia suadendo deberet, ut in Gordianorum actibus factitasse Maximini truculenti illius imperatoris rettulimus coniugem.

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas.

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Avignon 2018 : « L’herbe de l’oubli », écriture et m.e.s. Jean-Michel d’Hoop

Festival d’Avignon off 2018, théâtre des Doms

« L’herbe de l’oubli », c’est-à-dire l’absinthe, est un mot qui se traduit en russe par Tchernobyl. C’est ce qu’on peut appeler un lieu bien nommé, même si la signification du mot a pu sembler heureuse et faste jusqu’au 26 avril 1986, date à laquelle survint la plus grande catastrophe technologique de l’histoire de l’humanité. Car depuis, c’est devenu un territoire de désolation, dans lequel les ruines semblent hurler leur déréliction dans le vide cosmique. On se souvient que l’explosion du réacteur a engendré un nuage radioactif et des pluies contaminées qui ont atteint toute la Biélorussie et l’Ukraine, et plus largement tout le continent européen.
C’est le drame que se propose de faire revivre pour nous la compagnie Point Zéro, en se basant sur les témoignages recueillis par Svetlana Alexiévitch (« La Supplication »). La pièce aurait pu s’intituler « Les gens de l’après », car tout le monde n’a pas eu les moyens de fuir et beaucoup sont revenus dans les environs, soit parce qu’ils n’avaient pas le choix, faute d’aide du gouvernement russe, soit par nostalgie et amour de leur pays.

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Avignon 2018 : « De Dingen die voorbijgaan », « Les choses qui passent » d’après Louis Couperus, m.e.s. d’Ivo Van Hove

Die dingen die voorbijgaan, pièce adpatée de la nouvelle que Louis Couperaus écrivit en 1904 alors qu’il résidait à Nice, restitue avec une justesse confondante le climat moral sombre et angoissant dans lequel évolue la bourgeoise puritaine de La Haye, dans des familes fortunées organisées en clans, dont une partie réside en Inde. L’omniprésence de l’angoisse de mort, l’obsession du vieillissement, de la flétrissure du corps et la présence obsessionnelle du sexe et de toutes ses perversions y rendent l’atmosphère étouffante et propice à tous les débordements, à tous les crimes et aux assauts de la culpabilité.

C’est cette ambiance noire que s’ingénie à restituer la mise en scène d’Ivo Van Hove, où la couleur noire affecte tous les habits (à l’exception d’un seul personnage, l’italien, vêtu de blanc), le sol, les images dans le miroir et même la neige. Tout, les actes, les sentiments, le décor respire la mélancolie, l’angoisse et l’approche inéluctable de la mort. Il n’est pas jusqu’au sexe le plus exubérant (scène ambiguë des amants jouant à recouvrir leur corps de crème chantilly) qui ne soit teinté de cette tristesse et de ce fond de désespoir.

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« L’impossible procès » d’après Guy Lafages, m.e.s. Luc Saint-Eloi

 Vendredi 20 juillet 2018 à 19h 30 au T.A.C.

Du lundi 19 février au vendredi 1er mars 1968 va se dérouler un procès traduisant dix-huit patriotes guadeloupéens, devant la Cour de Sûreté de l’État. Un seul d’entre eux, déclaré « en fuite » sera jugé par contumace.
Qui sont ces hommes ?
Que leur reproche-t-on ?
Pourquoi un juridiction d’exception?
Ce texte est une adaptation théâtrale proposant de larges extraits des audiences, telles que rapportées dans l’ouvrage de référence intitulé « Le procès des Guadeloupéens », étayé du traitement réservé à cette affaire, étayé essentiellement par la presse écrite de l’époque. Le processus de création renvoie, en même temps à un talk-show, un programme de télévision au cours duquel au cours de laquelle un journaliste et un historien analysent et commentent les termes de la poursuite.

Guy LAFAGES est professeur d’arts plastiques, après avoir exercé à la télévision. Il enseigne, par ailleurs, le cinéma et l’audiovisuel. Son travail de dramaturge l’a déjà amené à adapter, en créole, des textes d’Eugène Ionesco et de Marcel Pagnol. Il accorde autant de place au travail d’écriture qu’à la mise en scène, nous invitant à être lecteurs et spectateurs.

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Derrière l’algorithme de Parcoursup, un choix idéologique

— Par Hugues Bersini —

DISSENSUS. Cessons de penser que les algorithmes prennent des décisions ; ils ne font qu’exécuter les choix de ceux qui les ont écrits, rappelle le chercheur Hugues Bersini.

Parcoursup est-il un modèle de la méritocratie républicaine ou, au contraire, un instrument de discrimination sociale, et l’un des modèles du genre en France ? Hugues Bersini (*) propose à « l’Obs » une lecture de la conception politique et économique utilitariste inscrite au cœur même de la formule algorithmique de Parcoursup. Docteur en génie nucléaire et professeur en programmation et en intelligence artificielle à l’Université libre de Bruxelles, il est l’un des inspirateurs du projet France IA (Intelligence Artificielle) et a été consultant d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique et de l’Innovation sous la présidence de François Hollande.

La répartition des étudiants entre les universités et les filières est un problème complexe puisqu’elle s’effectue sur base d’un conflit massif entre l’offre et la demande : on dénombre plus de 880.000 candidats pour un total (à raison de 10 vœux possibles par candidat) de quelques 7.000.000 de vœux de formation [810.000 ont in fine validé leurs voeux, NDLR].

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Wouéééééé ! « Les Bleus » ont gagné !

Les fans étaient déchainés dans les centres commerciaux  qui, certainement par amour des clients, avaient installé chaises et grand écran. Ce même amour qui avait conduit des chefs d’entreprises, tellement peu conciliants le reste du temps, à assurer que leurs salariés puissent suivre les matchs sur le lieu de travail.

Source Illustration : Courrier International

« Les Bleus » ont gagné ! On a pu voir nos compatriotes- supporters, bardés de « bleu-blanc-rouge », sillonner les rues en klaxonnant et en brandissant des pancartes « vive la France ! » Certainement, se comptaient parmi eux, beaucoup qui, chaque jour que fait la vie, protestent contre l’escroquerie aux prix pratiquée par la grande distribution, accusent les lois françaises inadaptées et les impôts injustes d’écraser leurs petites entreprises et d’entrainer le vol de leurs terrains, se plaignent que les banques et les logeurs discriminent leurs enfants étudiants en France, s’opposent à leur affectation arbitraire en France et à la nomination d’européens sur des postes dont devraient bénéficier leurs fils et filles plus méritants au pays.

Ceux d’en haut ont, sans nul doute, marqué des points grâce à leur tapageuse offensive assimilationniste.

Mais, qu’est-ce qui a vraiment motivé les fans, l’amour de la France, l’amour du football ou le chant des sirènes ?

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Lapenn vo! (ça vaut la peine)

— Par Frantz Succab —

Je n’ai pas le colonialisme français et les faiseurs de pwofitasyon au bout du fusil. De fusil je n’en ai pas.
Je n’ai aucun talent d’artificier. De bombes je n’ai que quelque bomba de Boriquén du temps-longtemps d’avant le zouk, parmi mes vieux disques remisés.
Je voudrais bien marcher, marcher, des kilomètres et des années, jusqu’au Grand Soir. De jambes, je n’en ai plus de bien vaillantes, j’ai gaspillé mon pas dans des courses fanfaronnes.

Il me reste l’écriture. J’assume cet art sans culpabilité, sans contournement ni retournement sur ma pauvre figure des mauvaises consciences de l’ordre musculaire. L’écriture ne me fait montre que d’un seul besoin : que je la pratique sans vergogne, en toute liberté, sans aucune retenue sensuelle, sans aucune censure intellectuelle, sans le moindre sens du devoir (ni politique, ni idéologique, ni moral – surtout pas!), sans concession à l’égard de l’infinité des possibles sur laquelle ouvre l’aventure des mots; leur beauté et leur puissance renversante, pourvu que je n’en perde pas la clé.

Trop souvent égaré dans des querelles volatiles de pit-a-kòk, j’ai perdu assez de plumes.

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Roger Bellemare : progressiste, syndicaliste, féministe….

Après la mort de Roger Bellemare, beaucoup de ses élèves, ses collègues, ses camarades syndicaux et politiques lui ont rendu hommage.

Je voudrais les remercier tous et toutes et ajouter à leurs témoignages que Roger était soucieux avant tout de l’émancipation des peuples opprimés et des classes exploitées. S’il a fait du syndicalisme, c’était, bien sûr, parce qu’indigné par la situation des Maîtres Auxiliaires, taillables, corvéables et déplaçables à merci, mais c’est surtout aussi avec l’espoir d’entraîner les enseignants martiniquais dans la solidarité avec les autres travailleurs de leur pays.

Par ailleurs, un aspect de sa pensée et de son action a été souvent passé sous silence, même par lui, ce sont ses profondes convictions pro-féministes. Élevé, avec ses cinq frères, par une femme deux fois veuve, extrêmement courageuse et dynamique, il a toujours eu un grand respect des femmes. Plus tard, même quand il a commencé à douter un peu de ses contemporains, à se dire, comme beaucoup d’entre nous, que la révolution ne serait peut-être pas pour tout de suite, il a toujours exprimé beaucoup d’admiration pour cette éclosion dans notre pays de jeunes femmes universitaires, artistes… et c’est d’elles surtout qu’il espérait un renouveau pour la Martinique !

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Avignon 2018 : « La Reprise » Histoire(s) du théâtre (I) Conception et m.e.s. : Milo Rau


Festival d’Avignon 2018. Gymnase du lycée Aubanel

« La Reprise » est la première partie de la série « Histoire(s) du théâtre » que Milo Rau envisage comme un pendant à l’oeuvre de Godard « Histoire du cinéma ». Il s’agit donc d’entreprendre une vaste réflexion sur l’essence du théâtre, ses codes, sa relation au public, son engagement dans la vie de la cité. A l’issue de la série doit émerger un manifeste pour un théâtre démocratique du réel. Et le réel, envisagé dans ses dimensions sociale et personnelle ne passe pas tel quel sur le plateau: il convient donc de poser la question de la représentation! Comment représenter le réel sur le plateau et à quel prix? Certes la question n’est pas nouvelle, elle est consubstantielle au théâtre lui-même, qui a toujours réfléchi les conditions de son émergence. Le théâtre en tant qu’il est un élément primordial de la vie démocratique de la cité: ce sont les termes mêmes du contrat fondateur, à Athènes. Cependant elle mérite d’être posée à nouveaux frais à la lumière de l’évolution sociale et en rapport avec les nouvelles formes artistiques, cinéma, vidéo, performances en tout genre.

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Avignon 2018 : « La forêt des illusions » texte, m.e.s., chorégraphie : Gregory Alexander

La grand-mère n’est plus. Disparue dit-on par cet euphémisme qui n’ose dire la mort. L voleur de vie s’appelle Massala, gardien de cette forêt tropicale qui borde la vie les hommes dans l’attente de les engloutir. L’enfant, Eric, ne veut pas, n’accepte pas. Il part à la recherche de la grand-mère dans le domaine de l’après vie. Elle lui a laissé pour tout viatique morceau de papier avec de mots : une lettre. Il y rencontre un caïman blanc qui pleure sur sa blanchitude, un faune Maskili semblable à ceux de Flaubert « frappant sur la mousse des bois la corne de leurs pieds, les faunes à bouche fendue », une sirène, une Mami Wata » ,un « Wata Mama » plus connue sous le nom de « Maman Dilo » ou Maman Dlo », qu’importe le nom pourvu qu’on ait la crainte qui l’accompagne. De monstre en monstre l’enfant chemine et toujours échappe aux dangers qui menacent de l’engloutir, de l’avaler, de l’absorber. Images d’une oralité grand-maternelle qu’il faudra laisser sur le coté du chemin…

Sur le plateau deux comédiens . Devano Bhatooe, déguisé en enfant perdu dans la quête d’un retour vers un temps qui n’est plus celui d’une enfance à l’ombre de la grand-mère, et Anne Meyer qui donne vie à toutes les figures fantastiques rencontrées.

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Avignon 2018 : « Vertiges »,texte et m.e.s. Nasser Djemaï


Festival d’Avignon off 2018. Théâtre des Halles

Voici le troisième volet d’une trilogie consacrée aux Chibanis, citoyens français originaires du Maghreb. Le premier volet était « Invisibles » consacré des jeunes des cités en 2011, et le second « Immortels » en 2014; Le texte de « Vertiges » a été salué par divers prix et nomination. Il est publié chez Acte Sud-Papiers. Nasser Djemaï a la formation et l’expérience la plus complète que l’on puisse trouver au théâtre: il est acteur, metteur en scène et auteur.
Son expérience du plateau, non moins que sa recherche documentaire expliquent la complétude de son travail. Celui-là a l’incommensurable (et rare) mérite de conjoindre la vérité de l’approche documentaire et la solidité de l’écriture dramatique. Son écriture résulte d’une connaissance aboutie et d’une réflexion sur les codes du théâtre alliées à un travail en immersion auprès de familles dont il appréhende les rôles avec justesse et finesse. On ne se contente pas ici de l’exactitude sociologique de son objet, on recherche une vérité humaine au-delà des apparences, une forte différenciation des personnages dont les caractères sont d’une vérité poignante.

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Avignon 2018 : »Thyeste » de Sénèque m.e.s. de. Thomas Jolly

Festival d’Avignon 2018, cour d’honneur du palais des Papes

Voici LE spectacle du cru 2018, puisque tous les ans, il y en a un qui domine la scène avignonaise du haut des tours du palais. Une vréritable entreprise quand on voit se présenter en front de scène l’équipe responsabe de cette oeuvre scénique au grand complet: au bas mot une cinquantaine de personnes. Pour un spectacle grandiose où le décor et la magie des lumières joue un rôle majeur.
L’histoire de ce crime si terrible, un crime « nefas » dit Sénèque, ce qui signifie qu’il échappe dans l’horreur à toute dimension humaine, de telle sorte qu’aucun châtiment n’est à sa mesure. M^me la terre et le soleil se détournent de ce crime contre nature. Alors qu’Atrée règne en paix sur Mycènes, son jumeau, Thyeste, séduit sa femme et s’empare du bélier d’or. Devant ce double vol, Atrée a la vengeance furieuse et sert à celui qui est son frère la chair de ses enfants en banquet.
Il semble que Sénèque ait choisi de réunir dans cette tragédie les forfaits les plus noirs: adultère, vol, infanticide, cannibalisme, on est au comble de l’horreur.

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Avignon 2018 : « Gibraltar », texte et m.e.s. de Guy Giroud

Chorégraphie Bachir Tassembedo, avec Jules Soguira Gouba et Bachir Tassembedo

La compagnie Marbassaya qui fit l’ouverture de la saison 2016-1017 à Tropiques-Atrium avec Baâda le malade imaginaire et « Candide l’Africain » propose cette année, « Gibraltar », une création, fruit d’une résidence à Ouagadougou. Adieu Molière, adieu Voltaire, il y a urgence, notre monde va mal. Il semble submergé par ce qu’une certaine mauvaise foi persiste à nommer «  crise migratoire », «  crise des réfugiés » alors qu’il ne s’agit d’une crise de l’accueil de ceux-ci. Pudibonderie, hypocrisie qui consiste à reporter sur les victimes l’origine du malheur qui leur ait fait. Salif, troisième fils de Sokina, rève d’Europe, de hip-hop, de fic facile, de belle bagnole, casquette vissée sur la tête façon visière arrière. Il veut «  d’la marque, frère ». Insolent, peu respectueux des coutumes locales, il est en conflit avec la figure du pater familias, méprise le boutiquier du quartier qui après avoir réussi, au terme d’une longue et éprouvante épopée à poser un pied sur le sol du rêve européen a fait retour au pays des siens ne supportant plus l’exil.

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Harcèlement de rue en Martinique : un sujet qui mérite débat ?

18 juillet, à 18 heures, à Un Œuf

— Par Géraldine de Thoré, membre de Culture Égalité —

Lundi 9 juillet a eu lieu au Cénacle un débat sur « le harcèlement de rue ». Le sujet polémique, mais intéressant touche à notre conception des relations à l’autre et plus précisément aux rapports entre les sexes. Malheureusement, il a été très rapidement escamoté.

D’abord par la journaliste et essayiste Peggy Sastre. Selon elle, le vrai sujet est les violences subies par les femmes dans le cercle familial et la diminution des violences sexistes en général, le harcèlement de rue étant une création des féministes radicales et non une réalité. Son attaque en règle des positions féministes sur ledit harcèlement a donc interdit d’aborder un sujet devenu nul et non avenu. Ensuite, par la psychiatre et psychanalyste Jeanne Wiltord qui explique le passage en quelques décennies du « simple pssit » à la violence verbale et sexuelle par le fait que notre société coloniale a privé les colonisé·es de « parole », fragilisant les hommes dans leur virilité, c’est-à-dire dans « leur capacité à parler en leur nom propre ». Les Martiniquais·es éprouveraient donc de la « difficulté à faire confiance à la parole » et lui préférait le « passage à l’acte ».

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Avignon 2018 : « La Musica deuxième » de Margueritte Duras, m.e.s. Philippe Baronnet

L’impossible de l’amour,

Ils se retrouvent le jour de leur divorce dans un hôtel de province qui abrita leurs amours débutantes. Pour une dernière danse. Celle de la relation à l’autre, du désir, du rejet, de la haine, des jeux de pouvoirs, de la vie, de la mort et bien sûr de l’amour où « réside le cœur de l’âme humaine ». Ils se sont aimés. Ils se sont déchirés. Ils n’ont pas d’âge. Ils sont une image du public qui assiste à la mise à mort. Architecte et traductrice. La souffrance et la douleur sont ses compagnes à elle. Il s’y expose avec plus de sensibilité. Il élève la voix plus facilement qu’elle. Lui, avait des envies de meurtre, elle, elle voulait mourir. Dès le premier jour il lui dit qu’il voulait la quitter. Il ne supporte pas la part d’ombre, presque secrète, qui la berce. Il l’espionne. il dit : Je vous ai suivie. Je suis rentré dans le cinéma. On jouait un western que vous aviez déjà vu avec moi… Vous étiez seule. Vous étiez assise dans les premiers rangs… personne n’est venu vous rejoindre… Le soir, vous ne m’avez rien dit de ça… et je ne vous ai posé aucune question… C’était le printemps il y a trois ans… vous étiez déjà triste quelquefois… Le lendemain, après le déjeuner, je vous ai demandé si vous deviez sortir.

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Avignon 2018 : « Ô toi que j’aime ou le récit d’une apocalypse », texte et m.e.s. Fida Mohissen


Festival d’Avignon off 2018. 11. Gilgamesh Belleville

« Un 4 octobre, il y a tout juste 20 ans, un avion m’a jeté ici alourdi de valises, de livres et de visions claires, de certitudes. J’avais pleuré pendant les quatre heures de vol qui séparaient Paris de Damas. Et si l’objet de mes larmes n’était pas uniquement la perte de familles, d’amis ou de la terre natale, mais une intuition prémonitoire de la perte de celui-là même qui parlait?

Telle est la crainte de Nour-Assile dont le spectacle nous conte l’histoire:
Une jeune réalisatrice de documentaires, Marie et un metteur en scène, Ulysse, viennent en prison faire travailler des détenus radicalisés sur un projet de spectacle autour de la figure de Jalaluddine Rûmi, poète mystique du 13ème siècle. Une entreprise courageuse envisagée comme un électrochoc, quand on connaît l’extrême hostilité des salafistes islamistes envers la mystique musulmane, le Soufisme. Marie et Ulysse font la rencontre de Nour Assile, jeune détenu syrien, au parcours singulier mais qui ne désire qu’une chose : mourir en Martyr. Les trois protagonistes vivront au même moment l’expérience de la rencontre de l’autre.

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Avignon 2018 : « Portrait Foucault- Letzlove », m.e.s. de Pierre Maillet

— Par Michèle Bigot —

Les portraits, créés par Elise Vigier et Marcial Di Fonzo BO à la Comédie de Caen sont des créations itinérantes, portées par un ou deux acteurs, parfois accompagnés d’un musicien.
Le portrait dont il s’agit ici est double : c’est à la fois celui de Michel Foucault et celui de Thierry Voeltzel, tels qu’ils se manifestent dans l’action, au cours de la conversation qui se noue entre eux. Thierry Voeltzel, c’est un inconnu rencontré sur la route par M. Foucault. Thierry faisait du stop pour rentrer chez lui en Normandie, M. Foucault le prend à son bord, et la conversation commence. Découverte réciproque, Foucault se montre le plus curieux et le plus attentif des partenaires de l’échange. Une relation amoureuse forte va se nouer rapidement. Thierry c’est pour Michel « Le garçon de vingt ans ». On est en 1975 et ce dernier représente la jeune génération d’après 68. Il parle comme il fait l’amour, sincèrement, librement, finement, avec audace et malice. Bientôt la conversation va prendre une forme plus officielle : celle d’une suite d’entretiens au cours desquels Michel se fait enquêteur et activateur de maïeutique.

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Avignon 2018 : « Une saison en enfer », m.e.s. Ulysse di Gregorio, avec Jean-Quentin Châtelain

— Par Michèle Bigot —
D’Arthur Rimbaud
Festival d’Avignon off 2018

Théâtre des Halles
N’en doutons pas : seul Jean-Quentin Châtelain était à même de relever le défi : porter sur scène ce texte prodigieux, qui défie les lois du temps : Une saison en enfer. Entreprise aussi intrépide que périlleuse. Comment faire passer le spectateur anonyme de la vie ordinaire au sublime et au monstrueux, sans autre forme de transition ?  On arrive dans la salle obscure et envahie de fumée : la respiration peine, le regard se fait errant. Nous voilà au bord de la géhenne. La cérémonie peut commencer. Sur le plateau, un espace chtonien, une sorte d’anneau magique et menaçant, dessiné par une levée de terre. En son centre, une surface noire : l’avant dernier cercle de l’enfer, l’entrée de l’empire des morts. C’est là que se produit l’acteur. Quand arrive la lumière, il est déjà placé au centre, pieds nus, fiché au sol à une place d’où il ne bougera pas. Corps immobile mais mouvant au gré de la musique du texte, ondulant sous l’orage des mots, terrassé par la force noire de l’expression, il est à la torture, il jouit.

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