Avignon 2018 : « La forêt des illusions » texte, m.e.s., chorégraphie : Gregory Alexander

La grand-mère n’est plus. Disparue dit-on par cet euphémisme qui n’ose dire la mort. L voleur de vie s’appelle Massala, gardien de cette forêt tropicale qui borde la vie les hommes dans l’attente de les engloutir. L’enfant, Eric, ne veut pas, n’accepte pas. Il part à la recherche de la grand-mère dans le domaine de l’après vie. Elle lui a laissé pour tout viatique morceau de papier avec de mots : une lettre. Il y rencontre un caïman blanc qui pleure sur sa blanchitude, un faune Maskili semblable à ceux de Flaubert « frappant sur la mousse des bois la corne de leurs pieds, les faunes à bouche fendue », une sirène, une Mami Wata » ,un « Wata Mama » plus connue sous le nom de « Maman Dilo » ou Maman Dlo », qu’importe le nom pourvu qu’on ait la crainte qui l’accompagne. De monstre en monstre l’enfant chemine et toujours échappe aux dangers qui menacent de l’engloutir, de l’avaler, de l’absorber. Images d’une oralité grand-maternelle qu’il faudra laisser sur le coté du chemin…

Sur le plateau deux comédiens . Devano Bhatooe, déguisé en enfant perdu dans la quête d’un retour vers un temps qui n’est plus celui d’une enfance à l’ombre de la grand-mère, et Anne Meyer qui donne vie à toutes les figures fantastiques rencontrées. Elle ne le fait pas sans un certain talent. La direction d’acteurs ne joue pas dans la finesse ni la subtilité. Beaucoup de cris pour dire les menaces et les frayeurs. Uniformisation d’un dire qui vire à aplatissement. Comme si le texte ne suffisait pas à évoquer le surnaturel et qu’il fallait le surjouer. La scénographie est construite autour de longs draps blancs qui descendent des cintres et sur lesquels sont projetés des vidéos qui évoquent les différents mondes que visite l’enfant au risque d’une saturation visuelle. « La forêt des illusions » m^me s’il est porteur de jolis moments manque encore d’un véritable travail d’écriture.

R.S.