La France a décidé en juillet 1994 de ne pas interpeller les autorités rwandaises responsables du génocide, selon un télégramme diplomatique de l’époque. Ce document, révélé dimanche 14 février par Médiapart et obtenu par l’AFP auprès de François Graner, auteur de plusieurs livres sur le Rwanda, constitue selon ce dernier «la pièce écrite manquante, une pièce essentielle du puzzle» sur le rôle de la France au Rwanda.
L’ambassadeur Yannick Gérard, alors représentant du Quai d’Orsay au Rwanda dans le cadre de l’opération militaro-humanitaire Turquoise, avait demandé des instructions concernant la présence de responsables génocidaires dans la «Zone humanitaire sûre» contrôlée par les militaires français.
«Vous pouvez (…) utiliser tous les canaux indirects et notamment vos contacts africains, en ne vous exposant pas directement, afin de transmettre à ces autorités notre souhait qu’elles quittent la Zone Humanitaire Sûre», lui répond un télégramme «confidentiel diplomatie», daté du 15 juillet 1994. «Vous soulignerez que la communauté internationale et en particulier les Nations Unies devraient très prochainement déterminer la conduite à suivre à l’égard de ces soi-disantes autorités», poursuit le texte, en évoquant l’ancien régime de Kigali replié à Cyangugu (sud-ouest), sur la frontière avec le Zaïre (devenu République démocratique du Congo).