« Là, c’est mort » : en Martinique, le tourisme au seuil d’une deuxième année blanche

Entrée en vigueur le 2 février, l’obligation de justifier d’un motif impérieux pour voyager entre l’Hexagone et l’outre-mer a porté un coup d’arrêt à ce secteur déjà sinistré par le confinement en 2020.

— Par Jean-Michel Hauteville (Trois-Ilets, correspondance) —

Un calme inhabituel règne sur la plage de la Pointe du Bout, en cette première semaine de vacances scolaires, commencées lundi 8 février. Dans ce haut lieu du tourisme balnéaire en Martinique, le soleil est pourtant au rendez-vous, et la mer des Caraïbes, étale et cristalline, promet, comme toujours, une délicieuse baignade.

Cependant, alors que la haute saison touristique devrait battre son plein, des jet-skis se languissent, bâchés et amarrés devant le centre de location fermé. Au Coco Bar, pittoresque paillote sur pilotis posée au milieu du lagon aménagé, les serveurs sont désœuvrés. Et sur la plage de sable blond, parmi les rangées de transats vides, les visiteurs ont l’embarras du choix pour s’installer.

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Pour Yves Jacquet, directeur général de l’hôtel Bakoua, l’établissement quatre-étoiles qui s’étire le long de la plage, il y a une explication simple à cette situation navrante : les restrictions successives imposées aux voyageurs hexagonaux désirant se rendre en Martinique et en Guadeloupe après les vacances de Noël ont fait fuir les touristes. Depuis le lundi 18 janvier, ceux-ci doivent, à leur débarquement à Pointe-à-Pitre ou Fort-de-France, non seulement présenter un test PCR négatif datant de moins de soixante-douze heures, mais aussi observer un isolement obligatoire de sept jours à domicile.

Les vacanciers sont ensuite priés de se soumettre à un nouveau test au bout de leur « septaine ». « Nous avions 95 % de taux d’occupation en décembre 2020, et même 97 % en janvier. Après l’introduction de la septaine obligatoire, 20 % de nos réservations ont été annulées en quelques jours », se désole l’hôtelier.

Coup de grâce
Puis, mardi 2 février, une nouvelle mesure a porté le coup de grâce à la saison touristique : depuis cette date, seules les personnes pouvant justifier d’un motif impérieux – d’ordre familial, personnel ou professionnel – sont autorisées à faire le déplacement entre l’Hexagone et les deux départements antillais (Guadeloupe et Martinique).

Annoncée par Sébastien Lecornu, le ministre des outre-mer, afin de prévenir l’importation de nouveaux variants du Covid-19, cette restriction draconienne a produit l’effet escompté : du jour au lendemain, les avions se sont vidés. « Une grosse part de notre clientèle, ce sont les Français de métropole qui fuient l’hiver, explique M. Jacquet. Une fois qu’on rate la haute saison, l’année est perdue. Et, là, c’est mort. »…

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