Complices

—- Communiqué du Collectif du 8 mars —

Une bombe a explosé sur les belles plages carte postale de Martinique.C’est une lettre qui a tout déclenché… Elle est écrite avec fébrilité, on le sent, elle est écrite avec le cœur, on le sent aussi… Elle est écrite avec la peur au ventre, ça aussi on le sent.

Trois femmes, Barbara, Karine, Valérie ont décidé de dire stop. Stop à la belle impunité qui voulait nous enfoncer nos douleurs, notre rage au fond de la gorge. Elles ont osé hâter la fin du temps des Orphée. Faire tomber les statues qui trônent fièrement dans nos mythologies patriarcales créoles.

Il parlait bien, il était charismatique, s’impliquait pour les damnés de la terre… et dans le même temps il piétinait l’innocence de fillettes. Cela nous rappelle trop d’autres prédateurs. Aujourd’hui Marc Pulvar est déboulonné de son piédestal. Trois femmes, ont pris la main des trois petites filles d’alors et leur ont dit que plus jamais on ne les fera taire. Merci Barbara, merci Karine, merci Valérie…

Marc Pulvar aujourd’hui, Emile Largen hier, et à chaque fois, une espèce de silence de cathédrale des médias «officiels» de notre pays, et de nos élu.e.s! Rien, silence, il n’y a rien à voir, rien à dire… On s’envoie la lettre an ba fey. On s’indigne, on est surpris… ou pas… On savait hein… On se doutait… mais quand même. On ne pensait pas que cela sortirait.

Lol. Les temps ont changé messieurs les agresseurs. Autant vous dire, au nom de nos mères qui ont fermé la bouche pour que la famille ne se disloque pas, en nos noms, qui avons subi vos mains baladeuses, vos insinuations, vos remarques sur les «bonnes femmes», que nos filles reprendront le flambeau. Il a pris du temps le #metoomartinique. Trop petite notre île, on connait nécessairement le copain, du frère de la soeur… cela ferait trop de dégâts. Il a pris le temps, le temps qu’il fallait mais il est là, timide encore, mais assez bruyant pour vous déstabiliser… Et si nous nous mettions à parler enfin? A libérer les vannes de vos saletés? de vos lubricités? de vos humiliations? de vos intimidations ?

Aux élu.e.s, aux médias, à toutes et tous, ne soyons pas complices à notre tour, en ne dénonçant pas unanimement ces crimes. Ne soyons pas complices de l’innommable en ne soutenant pas ces femmes, ces filles, ces mères, ces soeurs, ces amies, ces collègues, nos papillons.

Ce silence nous TUE Ce silence coupable, rance, laid Ce silence au gout de craie Ce silence doit cesser Aujourd’hui.

Le Collectif du 8 mars

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